samedi 24 décembre 2011

Prendre le temps d'écouter


— Salut ! Alors, ça va mieux ?
— J’ai encore un peu mal, mais avec les antibiotiques, je…
— Ne m’en parle pas ! Oh là là ! Moi-même, depuis deux jours blablabla blablabla et patati et patata…



— Dis, p’pa…
— Oui ?
— T’aurais pas le temps de jeter un coup d’œil sur mon travail pour l’école ?
— Et c’est maintenant que tu me demandes ça ? Y a le foot, là, à la télé. C’est pour demain, ton truc ?



— Hou là ! Qu’est-ce qui se passe ? T’as pas l’air dans ton assiette.
— C’est rien, p’pa.
— Ouais, ouais, tu dis que c’est rien, mais moi je vois bien que ça ne va pas. Alors, qu’est-ce qui ne va pas ?
— Mais rien, j’te jure !
— Mais te fâche pas, quoi, c’est pour t’aider… Ah là là ! Si on peut plus poser de questions…



— Bonsoir. Je suis le père de Ludovic.
— Ah ! Je suis content de vous voir. Il n’est pas facile, hein !
— Mais justement, c’est étrange, parce qu’à la maison, il…
— Oh ! Monsieur… À la maison, vous savez… et blablabla et blablabla patati patata et blababli et blablabla…
— Oui, mais…
— Et je ne vous ai pas encore parlé de ce qu’il a fait au cours de ce lundi… et patati et patata et blablabla et blabla blablabla…



Tiens, Chéri, cet après-midi, au boulot, je me suis énervée parce que blablabla blabla blablabla blablabla patati et patata… Heu… Tu m’écoutes, là ?
— Mais oui.
On ne le dirait pas ! Je sais, ça t’intéresse pas, mes tracas professionnels.
Mais si, je t’assure… Mais je suis peut-être un peu fatigué, voilà tout.
T’es toujours fatigué pour m’écouter.



Voilà. Je suis toujours fatigué, ou ce n'est pas le moment, ou je pense que je n'ai pas le temps...
Mais le temps, il faut le prendre.

En 2012, je vais essayer de prendre le temps d’écouter. Et vous ?

En attendant, passez de joyeuses fêtes de fin d'année !

vendredi 16 décembre 2011

Les couillons dans l'Histoire

Lorsqu’à l’issue d’un épuisant casting de plus d’un an et demi, les noms des heureux bénéficiaires de maroquins ministériels ont été proclamés, quelle ne fut pas ma déception d’apprendre que mon ami Stefaan De Clerck ne ferait plus partie de la distribution !

Je l’aimais bien, moi, Stefaan De Clerck ! J’aimais ses déclarations si bien pensées qu’elles lui valaient parfois, à l’époque où l’émission « La semaine infernale » existait encore sur les ondes de la radio francophone belge, d’être l’heureux lauréat de l’élection du « couillon de la semaine ».
Peut-être Stefaan devait-il rentrer dans le rang en raison de la suppression de ladite émission…

Évidemment, des couillons, on en a encore. Comme Bart De Wever, par exemple. Lui non plus n’est pas dans le gouvernement fédéral. Il n’a pas voulu. Il a tout fait pour que les négociations foirent, et maintenant il est jaloux. Et il trouve que notre nouveau gouvernement est obèse. C’est vrai qu’en matière d’obésité, Bart en connaît un rayon !

De beaux couillons, ce sont les têtes pensantes de notre police fédérale. Comme il fallait acheter plusieurs milliers de nouveaux flingues pour nos pandores, ils ont sélectionné un modèle Smith & Wesson. On achète donc des milliers de calibres aux Amerloques, alors qu’on a chez nous en Belgique une super manufacture d’armes, mondialement réputée pour la qualité de sa production : la FN (pas confondre avec le FN, même si c'est aussi pour flinguer). Et après, on râle quand les Belges refilent leurs pétards aux étrangers ! N’est-ce pas, paraît-il, avec un pistolet de la FN que les vaillants révolutionnaires ont achevé Kadhafi ?

Il faut quand même dire que la FN, qui doit ses initiales à son nom « Fabrique Nationale », n’a plus rien de national puisqu’elle est située à Herstal, dans la partie francophone du pays, et que son unique actionnaire est… la Région wallonne !

Comment la Police fédérale, dirigée par une majorité de Flamands (comme tout ce qui est fédéral en Belgique, puisque les Flamands sont majoritaires à 60 %), pourrait-elle s’abaisser à passer un contrat avec la Région wallonne pour la fourniture d’armes de poing, alors qu’il y a tant de chômeurs aux USA ? Que ces couillons de Wallons aillent donc au chômage, et s’ils ne le veulent pas, qu’ils vendent donc leurs armes aux étrangers. Mais pas aux régimes instables, hein ! Sinon on dénonce le scandale !

C’est vrai qu’en Belgique, on a des couillons. Mais on en trouve aussi dans d’autres pays, hein ! Vous pouvez dresser vos propres listes, si vous le voulez.

Et dans l’Histoire ! Qu’est-ce qu’on a eu comme couillons dans l’Histoire ! Largement de quoi commencer une nouvelle série intitulée : « Les couillons dans l’Histoire ».

À tout seigneur, tout honneur, dit-on souvent. Alors, on va commencer par lui.

Jésus de Nazareth

Tu parles d’un couillon !
Alors, voilà un gus qui a des superpouvoirs tels que Batman, Superman, Spiderman et Berlusconi peuvent aller se rhabiller (surtout Berlu) ; et il se laisse flageller, insulter et clouer sur un bout de bois sans moufter alors qu’il pourrait, en l’espace d’une flatulence discrète, changer toute la soldatesque de Ponce Pilate en merguez hallal !

Quel couillon !
Et vas-y que je te tends l’autre joue quand tu me fous une baffe sur la première, et vas-y que je pardonne aux autres parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font…
Bon, une fois, c’est vrai, il se fâche en donnant des coups de pied au cul de quelques commerçants ; mais ça, nous aussi on le ferait bien de temps à autre. Et sans superpouvoirs ! Parce que des mecs qui veulent refiler leur camelote aux autres, ça ne manque pas !

Et en plus, il s’est fait couillonner comme pas deux. Par exemple, il s’en foutait d'être treize à table, alors que tout le monde savait bien que ça portait malheur.

Et puis, même pas capable de voir qu’il a un ticket avec une belle nana. Un jour, il y en a une qui se met à genoux devant lui ; et au lieu d’écarter les jambes pour se laisser tailler une petite pipe, il lui fait laver ses pieds et se les essuie avec les tifs de la donzelle. Incroyable, non ?

C’est bien simple, ce couillon de Jésus a si bien marqué l’Histoire (on n’a pas fait pire couillon depuis, probablement), qu’on a réglé notre calendrier grâce à lui. Pouf ! Le mec arrive en pleurnichant dans une étable, et on fout tous les compteurs à zéro.
Enfin, pas lui, directement, mais d’autres couillons, plus tard, genre papes, empereurs et tout ça…

Ben oui, parce que Jésus fait des émules.

Même avant lui, il fait déjà des émules. Par exemple, un couillon d’empereur romain. Un certain Jules César. Comme le calendrier calculé sur la lune (pour les mois) et le soleil (pour les années) ne lui plaît pas trop et qu’en plus il n’est pas juste, il décide qu’on va faire des mois de 30 et 31 jours et en mettre 31 à juillet, le mois de Julius. Le sien. Pour être plus que les autres, sans doute. Et aussi 31 au mois d’août, en l’honneur de son neveu Auguste qui sera empereur plus tard et ne peut pas être moins que les autres. C’est pour ça que février est plus court. Parce que comme il n’appartient à personne de la haute et est dévolu aux pénitences et purifications, autant que ça dure le moins longtemps possible. S’il faut enlever un jour quelque part pour le recoller ailleurs, c’est tout trouvé.

Quelle bande de couillons, ces Romains !

Après, mais beaucoup plus tard, il y a eu un autre couillon pour foutre un peu le bronx dans le calendrier : le pape Grégoire XIII. Quand on est treizième d’un nom, faut bien donner dans la couillonnerie, non ?
Donc, en 1582, ce bon Grégoire et ses sbires remarquent qu’on s’est gourés dans les calculs, et qu’on a dix jours de retard.
Dix jours de retard sur le calendrier, pour une femme, c’est un peu préoccupant. Mais pour un pape…
Alors, d’un coup, on rattrape tout et, du jour au lendemain, tout le monde se prend un bon coup de vieux : 10 jours dans les gencives !

Ah ! Ces papes, ces curés, ces moines, quels farceurs ! Il y en a même un, de moine (peut-être un moine trappiste), qui s’est planté un jour dans ses calculs, quand il a dit à Charlemagne qu’on était en l’an 800 alors que c’était déjà 804… Mais là, paraît-il, on n’a pas rectifié.

Charlemagne. Le couillon qui n’a pas inventé l’école mais qui l’a rendue obligatoire. Et son couillon de neveu qui est mort à Roncevaux en soufflant dans un éléphant. On peut en parler aussi, de ces couillons-là. Mais une autre fois…

dimanche 11 décembre 2011

Chacun sa merde !

Parfois, je me dis qu'on a tous nos marottes, nos vices, nos trucs incurables.
Tout petit, déjà, on me disait de ne pas me mettre le doigt dans le nez. Quelle connerie ! Le doigt dans le nez, c'est pas si mal. En tout cas, c'est moins dangereux que de se le foutre dans l'œil. Parce que ça, ça arrive souvent. Et des fois, c'est incontrôlable.

Il y a bien d'autres endroits où on peut se mettre le doigt : du moment qu'il y a un trou, une fente, un jour, un écart...

Internet, par exemple, c'est comme un engrenage. Vous mettez le doigt dedans, et hop ! Incurable !

On a tous nos vices, écrivais-je. L'alcool, le tabac, le coke, la violence, la vitesse, le sexe, la drogue, le rock & roll, la politique, le karaoké, le cinoche... et même la téléréalité.

La boisson, par exemple. Il y a des études statistiques très sérieuses qui indiquent qu'une consommation exagérée d'alcool réduit l'espérance de vie (celle des autres aussi, si le pochard prend le volant). Les mêmes études indiquent aussi que boire un ou deux verres de vin ou de bière chaque jour est bénéfique. Et qu'en tout cas, ce n'est pas parce qu'on ne consomme pas de boissons alcoolisées qu'on vit plus longtemps. Étonnant ? Pas vraiment.

Je connais des gens qui ne consomment jamais la moindre goutte d'alcool, mais qu'est-ce qu'ils avalent, croyez-vous ? De la limonade. Light, la limonade, parfois. Avec cette p... d'aspartame qui est un poison chimique. Beurk !

Avant d'avaler quelque chose, avant de jeter l'emballage, lisez-vous la composition du produit ? C'est ce que j'ai tendance à dire à ceux qui font la grimace en me regardant boire une bière ou un verre de rouge. Devant leur air dégoûté, j'exhibe l'étiquette. Je les invite à comparer les ingrédients douteux entassés dans leur canette de soda avec ceux que renferme ma bouteille de blonde.

Un ou deux verres de vin ou de bière par jour, et se limiter à ça, c'est déjà une hygiène de vie.

Récemment, je lisais là-bas un article sur la clope et les quelques réactions qu'il a suscitées. Moi, je ne veux pas faire la morale aux autres, puisque j'ai horreur qu'on me la fasse.

Chacun sa merde.

Mais quand on voit l'opiniâtreté des gens, leur motivation à céder à leurs vices – ou plutôt, leur manque de motivation à y résister –, on s'interroge...

Quelle volonté faut-il pour résister à la tentation du verre de trop ? Quelle excuse nous trouvons-nous pour avaler le « petit dernier pour la route » ? Et justement, à propos de route, quels trésors d'imagination faut-il déployer ensuite pour éviter les itinéraires les mieux surveillés par la maréchaussée ?

Qu'est-ce qui fait que, malgré le vent, la pluie, le froid... nous allons battre la semelle sur le trottoir pour en « griller une » ? Comment certains ne profitent-ils pas de leur hospitalisation pour tenter de cesser de fumer, plutôt que de franchir les portes de la clinique en poussant près d'eux le pied à sérum ? J'en connais qui, contraints et forcés, vont fumer dehors puisque dans les bureaux, c'est interdit. Ils ne fument plus non plus dans leur voiture, parce que ça sent mauvais et que c'est une moins-value à la revente. Et chez eux, ils grillent leur clope dans la cour ou le garage...

Arrêter de fumer, c'est facile. C'est comme ne plus boire d'alcool. Facile aussi. Moi, ça fait au moins dix fois que j'arrête de boire. Vingt fois que je dis « j'arrête avec Internet ». Cent fois que je dis que je vais aller faire du sport, supprimer l'apéro et cesser de manger gras.

Pour vivre plus longtemps, il faut manger à heures fixes, dormir suffisamment mais pas trop, pratiquer le sport sans violence mais assidûment, prendre l'air, boire de l'eau, ne pas fumer, limiter les heures de télé, de jeux vidéo, d'Internet. Pas bouffer trop de viande, de graisses, de friandises ; mais consommer des fruits et des légumes, des céréales, des produits laitiers...
Il faut aussi se soigner quand on est malade, éviter le stress et faire souvent l'amour.

Fameux programme, en vérité !

samedi 3 décembre 2011

Nouvelle pelletée d'actualités à la con

* François Hollande : « La différence entre Sarkozy et moi, c’est qu’il est président et que je ne le suis pas. Mais lui peut ne plus l’être, tandis que moi je peux le devenir ».
Voilà une réflexion dont la profondeur laisse pantois ! Après ça, on comprend mieux pourquoi, au moment de voter, les Français auront vraiment l’embarras du choix.


* Les experts sont formels : Anders Brevik (77 meurtres par balle ou à l’explosif le même jour en Norvège) est complètement cinglé. Tout le monde s’en doutait, bien sûr, mais le verdict des spécialistes nous rassure : on n’est pas si cons que ça, finalement, puisqu’on l’avait deviné.


* En 2012, l’État belge n’accordera plus de primes à l’achat de voitures neuves « propres », sous forme de remise de 15 % du prix d’achat. Restrictions budgétaires obligent.
Les marchands de bagnoles font le forcing pour liquider leur stock en décembre. L’an prochain, ils ne pourront plus s’en mettre plein les poches sur le compte de la collectivité en vendant leurs voitures « propres » à des prix scandaleusement élevés compensés par les primes versées par l’État.


* Hécatombe chez les hommes au sifflet. Je parle des flics de terrain. De terrain de foot. Il faut comprendre le stress de ces gens-là, minablement payés en regard des vedettes dont ils espèrent qu’ils respecteront l’adversaire, le public, les règles du jeu et… le corps arbitral.
Le ridicule ne tue pas, mais il doit fatiguer les nerfs. L’angoisse de l’arbitre doit être de ne pas voir ce que des millions de téléspectateurs pourront voir et revoir au ralenti.
Peut-être qu’un jour les abrutis de la FIFA et de l’UEFA comprendront que la technologie peut vraiment aider le football sans pour cela envahir les terrains de jeu.


* Nous avons récemment franchi le cap des sept milliards d’êtres humains vivant sur terre, paraît-il. Je ne suis pas de cet avis. Peut-on appeler « humains » ceux qui tirent à balles de guerre sur leurs congénères, ceux qui enferment et torturent, ceux qui maltraitent les enfants, ceux qui s’enrichissent sur le dos des plus pauvres, ceux qui volent et pillent, ceux qui font des expériences sur les animaux, ceux qui…
J’arrête là, mais ça fait déjà un gros paquet en moins, non ?


* Le week-end dernier, j’ai entendu à la radio un reportage réalisé en Bulgarie, dont la frontière sud longe la Grèce sur plusieurs centaines de kilomètres. Parents pauvres de l’Union européenne, les Hellènes n’hésitent pas à franchir cette frontière pour s’approvisionner, se restaurer et faire du tourisme chez leurs voisins bulgares. Là-bas, ils peuvent jouer les riches, même sans avoir vraiment le sou (comme quoi ces gens-là ne sont pas ceux de Jacques Brel).
Tout ça pour rappeler à ceux qui l’ignoreraient encore que la pauvreté, c’est relatif.


* L’année dernière à pareille époque, nous étions sous la neige. Un mois de décembre 2010 très rude, franchement hivernal.
Il y a quelques semaines déjà, des illuminés sans doute motivés par des objectifs mercantiles nous ont prédit un hiver 2011-2012 de derrière les fagots. Rigoureux, impitoyable, avec un thermomètre chutant à -25 °C ! Ils ont encore largement le temps d’avoir raison, bien sûr, mais pour l’instant ils ont tort. Après tout, ce n’est qu’une chance sur deux.
Rappel : chez nous, les prévisions météorologiques à plus de cinq jours sont généralement fantaisistes.


* Mohammed VI du Maroc a nommé premier ministre Abdelilah Benkirane, quelques jours à peine après les élections dont son parti est sorti vainqueur.
En Belgique, il aura fallu 535 jours pour accoucher d’un accord gouvernemental et quelques jours supplémentaires seront nécessaires avant que les maroquins (pas confondre !) ne soient attribués. Et vous savez quoi ? La Belgique s’en sort bien. Même sans austérité. Surtout sans austérité, dirais-je.
Vous en connaissez, vous, des pays mélangeant langues et cultures et pouvant encaisser une crise politique et gouvernementale aussi longue sans violences et sans désastre économique ?
Les médias étrangers mettent souvent en exergue nos querelles communautaires (essentiellement verbales et ridicules), et certains ne se privent pas d’annoncer la fin du pays…
Pour montrer à quel point plus personne n’y croit, les épargnants belges ont souscrit en quelques jours à l’achat de plus de cinq milliards d’euros en bons d’État (Yves Leterme, premier ministre démissionnaire, espérait… deux cents millions d’euros).
La fin de la Belgique, ce n’est pas encore pour cette fois-ci.

lundi 28 novembre 2011

Le processus créatif

Le processus créatif a quelque chose de mystérieux. Tous ceux qui écrivent le savent : s'il existait une recette infaillible apportant l'inspiration, on en userait et abuserait.

Mais quand bien même une telle recette existerait, serait-elle applicable à tout le monde ? Peut-être que chaque scribouillard a besoin d'une recette personnalisée.

Étrangement – ou logiquement – les choses qui m'inspirent sont d'origine si variée que ce que je vous donne à lire peut aussi bien avoir été suscité par la lecture ou l'audition d'un simple mot qu'être le fruit de longues heures de méditation.

Une mésaventure sur le chemin du travail, un pataquès du présentateur des infos à la radio, un fait d'actualité, une conversation entre collègues, une engueulade avec le boss...
Parfois, il suffit de quelques minutes d'inspiration pour que le clavier crépite et que les mots s'enchaînent sur l'écran.

Il m'arrive d'écrire quelques sarcasmes sur l'état des routes du pays, le talent des gestionnaires des sociétés de transport en commun, la maîtrise imparable du français de nos orateurs...
Les frasques d'une poignée de moines peuvent m'inciter à leur offrir une volée de bois vert ; de même qu'un échange verbal un peu nerveux avec Chérie peut m'inspirer quelques considérations sur les joies de la vie conjugale. Sans parler de quelques très chaudes séances agitées – parfois consécutives à l'échange verbal précité – que la nature de ce blog m'interdit de décrire en substance et sur lesquelles donc je m'abstiendrai de m'étendre ici, ce qui ne veut pas dire qu'elles ne m'auront pas inspiré là-bas.

Bizarrement, il arrive que tout un article découle d'un simple titre ou d'une phrase qui sonne bien ; alors qu'en d'autres circonstances, trois ou quatre pages d'écriture dans mon traitement de texte ne m'auront pas encore inspiré le moindre mot d'introduction.

Dans ma série d'articles sur la crise politique belge, j'ai assez souvent évoqué l'art du compromis dont nous avons toujours fait montre, dans mon petit pays. Malgré plus de cinq cents jours de crise politique et institutionnelle, malgré le contexte économique difficile, le chômage galopant, les banques qui jouent avec notre fric et les spéculateurs qui en profitent, le Belge garde son calme. Il reste patient. Il ne cogne pas sur ses voisins, sur ses compatriotes. Il manifeste sans grands débordements, sans violence. Le Belge est patient, optimiste et – il faut bien l'admettre – un peu fataliste.

Mais il sait que le compromis arrivera. Le compromis à la belge. Celui qui nous distingue, fait notre renommée et suscite la perplexité, les grattements de crâne, les soupirs, les yeux au ciel et les tapotements de l'index sur la tempe. Le Belge est simple, mais la Belgique est compliquée. Elle a été rendue si compliquée par la succession de compromis que nous avons faits pour contenter les uns sans fâcher les autres, et vice-versa.

Après plus de cinq cents jours de crise, donc, nos élus sont enfin parvenus à un accord, tant sur le communautaire que sur le budgétaire. Dans quelques jours, moins peut-être, nous aurons notre nouveau gouvernement de plein exercice.

Mais quel est cet accord ? Quel est ce compromis ?

C'est, en réalité, un ensemble de compromis qui fait que ceux qui étaient fâchés sont encore fâchés, mais un peu moins. Que ceux qui étaient contents sont encore contents, mais un peu moins.

À l'issue de ce formidable compromis à la belge, de cet ensemble d'accords qui ont enfin été conclus et qui vont nous sortir de l'embarras, que constatons-nous ?

Il fallait prendre des décisions budgétaires lourdes (plus de onze milliards d'euros à économiser), qui font que Les Flamands sont mécontents, les Wallons sont mécontents, les Bruxellois sont mécontents, les syndicats sont mécontents, les patrons sont mécontents, les travailleurs sont mécontents, les allocataires sociaux sont mécontents...

C'est cela, la magie du compromis à la belge : si tout le monde est mécontent, c'est un bon accord.

J'aimerais bien qu'un jour nos éminences grises accouchent d'un accord où tout le monde serait content. Ça devrait être un bon accord, non ?

Mais je suis peut-être naïf. Ou idéaliste.

Ou optimiste et heureux de vivre.

Ben oui, je suis Belge.

vendredi 18 novembre 2011

Westvleteren : p... de moines !

Il y a bien longtemps, les compagnons de la joyeuse robe de bure avaient pris pour coutume de fabriquer de la bière et du fromage, entre autres denrées, à l’abri des murs épais de leurs abbayes. L’échange ou la commercialisation de leur production leur permettait de subsister, dans la chasteté et le dénuement, tout en se vouant à la prière. Un sage programme qui leur valait le doux surnom de « moines trappistes ».

Au fil des ans, les bières d’abbaye se sont si bien répandues qu’elles ont peu à peu échappé à la mainmise des vaillants pères trappistes pour tomber dans l’escarcelle de la grande industrie brassicole. Nous trouvons donc aujourd’hui sur le marché quantité de bières d’abbaye, mais les véritables « bières trappistes », encore brassées par les moines trappistes au sein des murs abbatiaux, sont devenues rares et font l’objet d’une appellation d’origine protégée.

Il resterait donc six véritables bières trappistes de par le monde, dont cinq originaires de Belgique. Hourra ! Voilà donc au moins quelque chose que la Terre épicurienne tout entière nous envie au moins autant que le gratin diplomatique tient en haute estime notre capacité à négocier interminablement pour tenter de former un gouvernement de plein exercice (j’ai réussi à la placer, celle-là) !

La vie suivrait encore paisiblement son petit bonhomme de chemin au pays de la bière catholique, des moules-frites et de la crise politique, si les Américains s’étaient abstenus d’intervenir. Parce que quand il s’agit de foutre le bronx quelque part, ceux-là, ils en connaissent un bout !

Il y a quelques années, quelques illuminés d’outre-Atlantique ont lancé un sondage sur un site Web, sondage au terme duquel la bière trappiste « 12 » de l’abbaye de Westvleteren a été élue « meilleure bière du monde ».
Comme s’il y avait une meilleure bière, un meilleur vin ou les meilleures frites du monde, sinon dans l’esprit de ceux qui les produisent (qu’un producteur soit convaincu de l’excellence de ce qu’il fabrique, c’est compréhensible) ! Il y a tant de plaisirs gustatifs ici et là qu’il faut être particulièrement bas de plafond pour se livrer à ce genre de sondage.

Cela serait purement anecdotique si cette cornichonnerie américaine n’avait pas accouché d’effets particulièrement pervers. Le premier étant un engouement anglo-saxon pour ladite bière trappiste de Westvleteren, entraînant une hausse de la demande.

Bien qu’on le leur ait souvent demandé, ces putains de moines trappistes de Westvleteren, contrairement à leurs confrères des autres abbayes, ont toujours refusé d’augmenter leur production pour satisfaire à la demande ! Ils ne sont pas là pour s’enrichir, disent-ils, et la vente de ce qu’ils fabriquent suffit déjà amplement à couvrir leurs modestes besoins.

Il convient en outre de préciser que cette confrérie de tonsurés refuse de confier la vente et la distribution de son nectar aux brasseurs et aux cafetiers ! La « Westvleteren 12 » est en vente exclusivement à l’abbaye. Et n’imaginez pas pouvoir vous pointer chez les moines pour vous porter acquéreur de six casiers ! C’est strictement contingenté à un ou deux casiers par ménage, sur présentation de documents officiels et autres conneries de haut vol.

Résultat des courses : un trafic monstre dans les parages de l’abbaye, où l’on voit des casiers de bière passer de coffre de voiture en coffre de voiture moyennant espèces (et généreux bakchichs à la clé). En fin de course (lisez : aux States), le breuvage est vendu à un prix exorbitant, pour le plus grand plaisir des petits malins qui se remplissent les poches au passage.

Mais attendez : ce n’est pas fini.

Récemment, la troupe de joyeux trappistes s’étant rendu compte de l’état de délabrement avancé de certaines parties de son abbaye et de l’urgence d’entreprendre quelques travaux de consolidation avant que l’édifice ne s’écroule de lassitude, une menue opération commerciale a été lancée : la production d’un lot de packs exclusifs de six bouteilles et deux verres, dont la vente a été confiée à une chaîne belge de magasins d’alimentation.

Cependant, afin d’éviter de faire les choses simplement, les tonsurés ont également mis dans le coup un quotidien et deux hebdomadaires du pays, qui offraient dans une de leurs éditions un « bon » sans lequel il n’était pas possible de se porter acquéreur d’un des précieux packs de « Westvleteren 12 ».

Donc, nanti de l’indispensable bon d’achat et de la somme de vingt-cinq euros, l’amateur avisé n’a pas manqué de se presser, le 3 novembre, avec ses semblables et bien avant l’heure de l’ouverture, devant les portes d’un magasin commercialisant la précieuse denrée.

Faute de pouvoir dénombrer les mécontents générés par l’opération, je me contenterai d’énoncer ci-dessous les principales causes de leur frustration.

Il n’y avait plus, chez le libraire, de quotidien et d’hebdomadaire participant à l’opération.
De nombreux exemplaires desdits quotidiens et hebdomadaires ne contenaient pas le précieux bon.
Il n’y avait plus de packs de bière dans les magasins une demi-heure après l’ouverture.
Les caissiers des magasins étaient inflexibles : pas de bon, pas de bière.

Le résultat des courses est visible dès à présent sur les sites de vente aux enchères. Je ne donnerai pas de chiffres, ils sont continuellement à la hausse. Allez donc voir vous-même.


Immoralité : en refusant d’augmenter leur production de bière sous prétexte du refus de s’enrichir, les moines trappistes de l’abbaye de Westvleteren permettent à des profiteurs de tout poil de se remplir les poches ; alors que fabriquer davantage mettrait fin à la plupart de ces magouilles.
Et si la mise en route de brassins supplémentaires leur rapportait trop de pognon, aux tonsurés, qu’ils fassent don de leurs bénéfices aux nécessiteux : les villes et les campagnes sont pleines de misères à soulager. La charité chrétienne, ça devrait encore exister, non ?

Vous savez quoi ?
Si ces putains de moines de Westvleteren pouvaient se noyer dans leur cuve à bière ou se laisser ensevelir sous les vieilles pierres de leur abbaye, je ne serais certainement pas le dernier à m’en réjouir.

dimanche 13 novembre 2011

Les excuses sont faites pour s'en servir

C'est avec effroi que je me rends compte que la première bougie d'anniversaire de ce blog a tranquillement rôti en mon absence !

Il faut néanmoins que je vous explique que ce n'est pas entièrement de ma faute et, surtout, que ça ne résulte pas d'une crise de mauvaise volonté de ma part.

En réalité, j'ai été puni. Puni d'Internet avec confiscation de mon notebook, dans la foulée. Mes gardiens ne sont pas tendres. Et tout ça parce que j'ai profité d'une période de relâchement de surveillance pour m'autoriser à surfer sur des sites de cul. Ce n'est pas bien grave pour moi, mais pour eux, si. Le règlement est strict.

Et bien sûr, privé de mon PC, il m'a été impossible de tenir à jour mon blog ; comme il m'a été impossible d'ailleurs de lui souhaiter un joyeux anniversaire. Voilà qui est réparé, à présent.

Pendant mes quelques jours de privation, je me suis quelque peu ennuyé, mais j'ai fini par me souvenir qu'il n'y avait pas que l'informatique et le Web dans la vie, et que la lecture et l'écriture pouvaient se passer de tout le fatras technologique dont je deviens peu à peu le triste esclave.

Je me suis donc penché sur mes lectures en retard, une pile de bouquins de divers calibres, et j'ai redécouvert quelques plaisirs simples.

Comme les occasions de rire sont assez rares de nos jours – surtout lorsqu'on n'est pas privé de journaux et de télévision –, j'ai jeté mon dévolu sur de la littérature divertissante.

En même temps que des oranges et quelques biscuits, un visiteur m'avait offert un petit livre intitulé « Mots d'excuse » et sous-titré « Les parents écrivent aux enseignants ».

Patiemment constituée, pendant une bonne vingtaine d'années d'exercice de la profession d'enseignant, par Patrice Romain, cette collection m'a fait sourire et rire à de nombreuses reprises ; et je m'en voudrais de ne pas épingler ici quelques perles que j'ai trouvées dans ce livre.

L'auteur de ce recueil précise, en avant-propos, que si tous les noms et prénoms figurant dans les « mots d'excuse » ont été modifiés, l'orthographe originelle a, quant à elle, été maintenue en l'état.

Voici quelques menus extraits de ce florilège...


« Monsieur,
Je vous remercie de bien vouloir confirmer à la dénommée Cécile que je ne suis ni une prostituée, ni une fille facile, comme elle a tendance à le dire à ma fille.
Salutations distinguées. »


« Monsieur,
Je m'escuse pour le retard a Tony, mais on a fait la fête hier avec la victoire de l'OM. Vous qui aimé le foot vous devez comprendre.
Sur ce bon courage pour se matin. Moi je retourne me couché. »


« Monsieur,
Mon fils était en retard hier, mais il navait pas de mot parsse que si je fesais un mot il serait encore plus en retard et vous aurez été encore plus en colère. »


« Madame,
Ne gronder pas Mélanie pour la rature sur son devoir : s'est moi qui est mis 12 au lieu de 10 parce que vous vous êtes tromper, mais ne vous en faite pas, sa arrive a tout le monde.
Salutations distinguées. »


Et je termine avec ce mot d'excuse, que j'ai trouvé particulièrement émouvant :


« Monsieur,
Vu son poid, Jordan ne mange pas de bonbon. Pourquoi il faut qui ramasse les papiers dans la cour ? Il est deux fois punis !
Merci d'avoir pitié de lui. »



J'ai passé d'agréables moments avec ce petit recueil, que je vous recommande si vous aimez rire et sourire avec les petites choses de la vie :


par Patrice Romain
Éditions François Bourin

jeudi 3 novembre 2011

Locafoot

Locafoot, bonjour !
Heu… Bonjour, Mademoiselle. Je… je suis bien chez Locafoot ?
Tout à fait, Monsieur. Que pouvons-nous faire pour vous venir en aide ?
Heu… voilà. Je suis Jean-François Dupont, président du Racing Club de Trifouilly-les-Oies, et nous avons un petit problème de… heu… de personnel. On m'a dit que je pouvais m'adresser à vous…
Bien sûr, Monsieur Dupont. Quel est votre problème ?
Eh bien… nous avons eu un petit différend avec notre entraîneur de l'équipe première, et c'est actuellement l'entraîneur des équipes de jeunes qui assure l'intérim… mais… c'est une charge un peu trop lourde pour lui, donc...
Vous avez pensé à nous.
Voilà.
Et vous avez fort bien fait, monsieur Dupont, car quel que soit votre problème, Locafoot vous proposera la meilleure solution. Je suppose que vous n'avez pas encore eu recours à nos services, monsieur Dupont, donc vous vous posez certainement quelques questions sur notre manière de fonctionner.
Ben… un peu, oui.
Ne vous inquiétez pas, monsieur Dupont. Je vais me faire un plaisir de vous expliquer nos méthodes de travail…


Voilà le genre de conversation qui vous attend si, comme monsieur Jean-François Dupont, vous envisagez un jour de recourir aux services de Locafoot.
Mais tout d'abord, connaissez-vous cette société jeune, dynamique et surprenante ?
Pour tenter d'en savoir plus, j'ai pu rencontrer monsieur Louis Lecuir, directeur de Locafoot, qui a fort aimablement accepté de répondre à mes questions.


Monsieur Lecuir, votre société est jeune dans le milieu du football, alors voudriez-vous nous expliquer en quoi consistent ses activités ?

Avec plaisir. Mais permettez-moi tout d'abord de préciser que si Locafoot est une société jeune, elle possède néanmoins déjà de solides références, puisqu'elle compte dans sa clientèle de nombreux clubs issus des championnats parmi les plus huppés d'Europe.
Les services que nous proposons sont variés, mais le plus important est l'offre de service en matière d'entraîneurs de football.


Vous louez des entraîneurs.

Nous proposons leurs services en location.


Comment cette idée vous est-elle venue ?

Très simplement. Vous savez que le métier d'entraîneur d'une équipe de football est assez difficile et souvent très ingrat. Lorsque les résultats ne suivent pas, le premier à faire les frais du mécontentement des supporters et des présidents de clubs est bien évidemment l'entraîneur, qui se retrouve seul contre tous, ou presque. Parce qu'il est plus facile de changer l'entraîneur que toute l'équipe, c'est sûr. Ce qui a souvent fait dire aux plus réalistes d'entre eux que quelle que soit la durée du contrat qu'ils ont signé, celui-ci est généralement remis en cause chaque semaine.


D'un match à l'autre, dans les championnats, par exemple.

Voilà. Et souvent, vous trouvez des clubs à la recherche d'un nouvel entraîneur pour terminer un championnat qui part en eau de boudin, avec menace de relégation. Et s'ils trouvent la personne souhaitée, c'est pour lui offrir un contrat de quelques mois, avec option de prolongation en cas de bons résultats. Comprenez : en cas de sauvetage.


Et c'est ce service que vous proposez ?

Notamment. Un responsable de club peut venir chez Locafoot, et nous lui proposons l'entraîneur qui correspondra le mieux au profil recherché, au budget et aux ambitions du club. Ne croyez pas que nous ne sommes aux prises qu'avec des équipes de bas de classement. Même des ténors européens nous contactent.


Vous disposez d'entraîneurs susceptibles d'intéresser des clubs huppés ?

Absolument. Nous avons tous les profils, toutes les nationalités. Bien sûr, plus un entraîneur a de références, plus la location sera coûteuse. Mais la formule a cet avantage, avec les autorisations et limitations prévues par la loi et acceptées par l'UEFA, que la location est de courte durée. Le contrat est d'un mois, obligatoirement, et ne peut être prolongé que deux fois pour la même durée ; après quoi, si le club est satisfait et désire conserver l'entraîneur à son service, il doit l'engager sous le régime courant. Indépendamment de Locafoot.


Ah, oui ! Un peu comme l'intérim menant à l'emploi ! Mais j'imagine que vous prenez votre pourcentage dans l'affaire…

Oui, c'est logique. Mais ça n'arrive pas très souvent.


Pardon ?

Je dis que ça n'arrive pas souvent parce que les entraîneurs dont Locafoot propose les services préfèrent rester chez Locafoot. Ça vous étonne, il me semble.


Plutôt, oui. Avouez que c'est étonnant.

Pas tant que ça, en y réfléchissant bien. Et ce pour plusieurs raisons. Imaginez, par exemple, qu'un club luttant pour sa survie en première division fasse appel à nos services. Nous lui proposons un entraîneur. Si le club ne se sauve pas, ses dirigeants ne proposeront pas de garder l'entraîneur. S'il se sauve, ils peuvent très bien lui offrir un contrat pour la saison suivante, mais notre employé refusera, parce que son résultat positif lui aura rapporté des points, qui augmenteront la valeur de location de ses services. Il pourra viser un club plus huppé, synonyme de meilleure carte de visite et de nouvelle plus-value pour lui.


Mais s'il échoue ?

Nos entraîneurs sont expérimentés et extrêmement motivés. Ils viennent de tous les horizons. Le taux de réussite chez Locafoot est supérieur à 90 % ! Si vous le désirez, je vous montrerai des chiffres, tout à l'heure.


Et... vous louez aussi des joueurs ?

(Gros rire) Avouez que ça serait tentant ! Mais non, nous ne le pouvons pas. Nous l'avions pourtant imaginé ! Un responsable de club nous disant : « On a joué de malchance, nos deux arrières gauches sont sur la touche pour un mois. Nous avons un aller-retour hyperimportant en coupe d'Europe, et pas de remplaçant expérimenté. Vous, vous en avez ». Mais ce n'est pas possible. Il y a les affiliations, etc. Les règles de l'UEFA et des fédérations sont formelles, les joueurs doivent être « qualifiés » administrativement pour pouvoir participer à un match, à une compétition. Et puis, ça poserait d'énormes problèmes d'éthique. Déjà, pour les entraîneurs, nous sommes soumis à des restrictions, mais au moins n'y a-t-il pas de soucis de « qualification ».


Quelles sont ces restrictions ?

Un entraîneur pouvant être loué plusieurs fois au cours d'une même saison (souvenez-vous, les contrats sont d’un mois minimum à trois mois maximum), il est hors de question qu'il participe à la même compétition successivement pour deux clubs rivaux. On peut l'engager pour quelques matchs de championnat, mais aucun autre club rival – même championnat, même division – ne pourra l'engager ensuite cette saison-là. Sauf pour une coupe, par exemple, qui est une compétition distincte, qu'elle soit nationale ou européenne.


Intéressant. Et... offrez-vous d'autres services ?

Oui, bien entendu, même si l'essentiel de notre business concerne le coaching. Nous offrons, par exemple, des services destinés aux matchs de gala, aux rencontres imprévues. Imaginez qu'un club de D3 passe quelques tours en coupe et se trouve soudain obligé d'accueillir des cadors. Nous pouvons les aider : logistique, personnel, etc. De la tribune supplémentaire démontable aux stewards, hôtesses et buvettes « de campagne », on a tout. Jusqu'aux services de soigneurs, kinésithérapeutes... avec des « médibus ». Une telle rencontre doit être une fête pour un petit club, pas un cauchemar.


Ça doit quand même coûter lourd, à un petit club.

Le « return » est aussi très important, parce que c'est une organisation très professionnelle, bien rodée, qui tirera le meilleur des possibilités offertes localement. La réussite entraîne souvent la réussite. Ce qu'on appelle la spirale positive.


Chez Locafoot, vous êtes dans une spirale positive ?

Absolument. D'ailleurs, je vous invite cordialement à la petite réception que nous organisons dans notre salle de gala. Si vous aimez le champagne millésimé, le caviar et autres douceurs, vous serez enchanté.


Merci, monsieur Lecuir.

Voilà. Alors, si vous êtes gestionnaire d'un club, que vous avez des tracas, des problèmes de personnel ou, plus simplement, des ambitions, pensez-y. Pensez à Locafoot !


mercredi 26 octobre 2011

500 jours !

Cinq cents jours qu'on a voté, et on n'a toujours pas de nouveau gouvernement ! Cinq cents jours que ces messieurs-dames se tâtent, jouent les vierges effarouchées, les frustrés, les indignés, les durs, les mous, les froids, les tièdes, les chauds, les indifférents, les intransigeants, les désabusés… Ils jouent, oui. Avec notre patience, avec notre fric, avec nos pieds. Ils jouent la montre, comme je l'ai expliqué.

Qu'est-ce que cinq cents jours, dans la vie d'un Homme ? Ce n'est pas énorme, certes, mais on n'est quand même pas loin d'un an et demi ! Plus de seize mois, plus de septante et une semaines (soixante et onze pour ceux qui ne lisent pas le belge) ; et ça va chercher dans les douze mille heures (parce qu'on n'est pas à la minute près).

Vous voulez des chiffres ?

12 000 heures, c'était pour moi l'occasion d'en passer à peu près 3500 à roupiller. Gaspillage ? J'en avais bien besoin, pour récupérer de mes quelque 2700 heures de travail chez mon employeur et de toutes celles consacrées à des tâches domestiques diverses, fatigantes et pas toujours agréables. J'ai ainsi dû tondre environ 24 fois la pelouse (si j'avais écouté Chérie, 72 fois au moins), charger plus de 400 fois le lave-vaisselle, ramasser 987 œufs dans le poulailler (et sans doute autant de kilos de merde - c'est fou ce que ça chie, ces bestiaux), tailler trois fois les haies, rouler plus de trente mille bornes en bagnole en brûlant près de 1600 litres de gazole.

Avec Chérie, on s'est partagé le boulot d'éplucher plus de cent kilos de patates, cinquante kilos d'oignons et tout un tas d'autres légumes, entretenir le potager, nettoyer la maison, découper en tranches plus de trois cent cinquante pains, vider une centaine de bouteilles de vin (ben oui, on se modère) ; et on est même partis deux fois en vacances (pas longtemps : trois semaines en tout).

Pendant ces 500 jours, je me suis tapé régulièrement la corvée du changement d'eau de l'aquarium (un total de deux fois trois mille litres manœuvrés à l'huile de coude), j'ai bu plus de 3000 tasses de café, pissé à plus de 2500 reprises et chié environ cinq cents fois ! J'ai baisé 54 fois et me suis branlé 440 fois (je sais, le compte n'y est pas, mais j'ai aussi le droit d'être fatigué de temps en temps) ; et j'ai bien dû roter et péter trois mille fois.

On m'a coupé une douzaine de fois les tifs et je me suis rasé (la barbe) quotidiennement, sauf à l'une ou l'autre occasion où j'étais en congé et avais la flemme. Je me suis brossé 500 fois les crocs, c'est bien mais c'est peu, mais si je devais le faire dès que j'ai boulotté quelque chose, je n'en sortirais pas !

Je n'ai pas compté les occasions de virer le chat de mon fauteuil, mais c'était gratiné ; et je n'ai pas compté non plus le nombre de fois où j'ai marmonné « quelle pub à la con ! » avant de baisser le volume de la radio.

Pendant ces 500 jours, j'ai aussi rendu service à des amis, à ma famille… toutes ces choses difficiles à chiffrer parce qu'on ne les compte pas ; et j'ai aussi consacré un peu de temps à ne rien foutre. Mais si peu !

Le bilan de ces cinq cents jours, pour moi, c'est que j'ai été finalement assez mal payé en regard de tout ce que j'ai produit ; ce qui n'est pas le cas de nos élus, qui me donnent pour la plupart l'impression de présenter un bilan totalement inverse.

Avec un peu de chance, on aura notre nouveau gouvernement pour Noël (2011) ! Ce qui nous fera un an et demi bien sonné depuis qu'on a voté.

Sauf si, tout heureux d'avoir réussi, tout ému de devenir enfin premier ministre, notre formateur bien-aimé nous faisait le coup de la crise cardiaque au moment de prêter serment !

Auquel cas tout serait à recommencer.

lundi 24 octobre 2011

Ras la houppette !

Tout petit déjà, j'avais des tendances rebelles. On disait de moi, avec fierté ou embarras selon l'interlocuteur : « Ludovic, il faut lui demander les choses gentiment, et comme ça vous avez peut-être une toute petite chance qu'il ne vous envoie pas péter ».

Évidemment, en prenant de la bouteille, je n'ai pas fait en sorte que les choses s'arrangent, ce qui laisse augurer bien du plaisir à ceux qui devront, un jour peut-être, se charger de me mettre au lit et d'essuyer mes crasses si je deviens impotent et incontinent.

On n'en est pas encore là. Il n'empêche que moi, les « fais ci, fais ça, il faut absolument que, tu dois… » et tous les ordres qu'on se hasarde à me donner, ça ne m'a jamais plu. Pendant mes années d'école, pendant mon service militaire, j'ai encaissé en serrant les dents. Mais depuis…

Récemment, je vois une grande page de pub, avec une photo et un titre du style : « Vous allez adorer tel produit ». Eh ben non. Je n’aime pas qu'on me dicte mes goûts. Et si ça commence par « ne manquez pas », c'est pareil. Alors, les trucs avec lesquels on nous bassine à longueur d'antenne dans les médias, ça me gonfle sévère. Le film aux six Oscars ou aux huit Césars, le nouveau bouquin de Machinchose, la réédition en coffret de luxe du disque à succès de Trucbazar, les lauréats de prix littéraires, les séries télévisées en vogue ou les fringues à la dernière mode, c'est pareil : je m'en tape. Je n’irai pas voir, je n’achèterai pas, je ne lirai pas… Du moins, pas tant qu'à longueur de journée on me répétera de le faire ! Ce n'est pas un jugement de valeur : ils sont peut-être très bien, ces bouquins, ces disques, ces films… C'est juste mon côté rebelle qui se manifeste.

Eh ben ce week-end, la houppe a débordé ! Je n'ai rien contre le jeune reporter mal fringué qui se trimbale avec un clebs désobéissant et un vieux marin alcoolique et grossier, et qui en outre ne fait rien d'autre que chercher les emmerdes à travers le monde ; je pourrais même dire que j'aime bien. Mais faut pas dépasser les bornes !

On nous gave tellement avec ça depuis quelques semaines mais surtout depuis quelques jours, on nous le chante si souvent sur l'air des lampions, que je me dis qu'il doit y avoir pas mal d'oseille cachée là derrière ! Et je dirais même plus : objectif thunes ! Et comment pourrait-il en être autrement, quand un réalisateur célèbre acquiert les droits de faire un film avec un personnage non moins célèbre, créé par un auteur dont les héritiers gèrent le patrimoine artistique avec une maestria digne de tonton ramasse-fric en voyage au pays de l'or en barre ?

Ne comptez donc pas sur moi pour aller faire la queue pour pouvoir être parmi les premiers à visionner l'affaire. C'est mon côté réactionnaire. Et ne comptez pas sur moi non plus pour citer des noms, je ne tiens pas à être mis sur la sellette par une bande de rapaces pour des questions de copyright !

mardi 18 octobre 2011

Confidences d'une hôtesse de caisse

À l'une ou l'autre reprise déjà, j'ai raconté dans ces pages quelques-unes de mes tribulations dans les allées des grands magasins ou le long du tapis roulant, au moment de payer l'addition. Comme je n'ambitionne pas d'être une exception à qui il arriverait plein de choses hors du commun, je suppose que nombreux sont ceux qui pourraient se reconnaître quelque part dans ce que j'ai raconté à ces occasions.

Récemment, j'ai eu le plaisir de lire toute une collection d'anecdotes, pêchées elles aussi dans les arcanes de la grande distribution, mais racontées depuis le petit siège pivotant de celle qui a pour mission de nous présenter la note de frais lorsqu'elle a fini d'encoder dans la machine (lisez : de scanner, tout au moins quand ça veut bien) la liste des denrées que nous avons choisies d'acquérir, et qu'on appelle, en langage moderne et respectueux, « l'hôtesse de caisse ». En effet, on ne dit plus « une caissière ». Ce n'est pas joli. Et lorsque la caissière est un caissier, je présume qu'il faut parler d'un « hôte de caisse »…

Caissière ou hôtesse, cette personne oublie rarement, même quand l'un ou l'autre client difficile a fini par la mettre de mauvaise humeur, de vous dire « bonjour », « s'il vous plaît », « merci » et « au revoir ». C'est sympa. Et puis, je m'en suis rendu compte à plus d'une occasion, ça ne doit pas être un travail reposant pour le système nerveux. Surtout quand il faut dire « bonjour », « s'il vous plaît », « merci » et « au revoir » à des gens qui ne le méritent pas : prétentieux, grossiers, malpropres, sans-gêne, indécis, traînards, agités, râleurs, durs à la détente et autres personnes pénibles que je n'ai pas mentionnées.

Après les quelques (més)aventures d'un client ordinaire, l'occasion vous est offerte d'aller lire celles d'une hôtesse de caisse, sans doute ordinaire elle aussi, mais qui, de manière très sympathique, a choisi de les partager avec ceux qui le désirent.

Lilly C a donc créé son blog, où vous pourrez découvrir le monde de la grande distribution vécu depuis l'autre côté du tiroir-caisse et du lecteur de cartes de paiement. Sur sa lancée, elle a également compilé dans un petit bouquin toute une collection d'anecdotes qui font rire ou sourire, mais qui n'ont probablement pas dû, pour une bonne partie d'entre elles, provoquer le même effet au moment où elles se sont déroulées dans la réalité.

Nombreuses sont les situations que j'avais déjà vécues, de près ou de loin, mais dans la plupart des cas en tant que spectateur plutôt que dans le rôle, souvent peu enviable, d'acteur ou de victime. Je ne voudrais pas lever le voile sur tout cela en vous racontant ici ce que vous pourrez découvrir là-bas, mais je tiens néanmoins à jeter ici quelques mots au sujet de deux problèmes évoqués par Lilly dans son recueil et sur son blog.

Le premier a trait au « self scanning ». Un truc que je n'aime pas. On a déjà le « do it yourself », le « self bank », le « self service » et même, chez nous, le « tax on web » pour remplir en ligne sa déclaration de revenus. Moi, je déteste scanner moi-même mes marchandises à la sortie du supermarché. Je l'aime bien, l'hôtesse de caisse, derrière son tapis roulant, son lecteur de codes-barres, son clavier, son écran et son tiroir à monnaie. Si je faisais son job moi-même, j'aurais l'impression de contribuer à l'envoyer au chômage. Sans doute que ça plairait à son patron, mais pas à moi. J'aime mieux parler à une personne qu'à une machine.

Le second a trait à l'anecdote des écolos qui se débarrassent des emballages superflus avant de quitter le magasin. Je sais que l'hôtesse de caisse n'est pas responsable de ce gaspillage, mais il y a là matière à réflexion. Parce que parfois…

J'ai une p… d'imprimante soi-disant écologique parce qu'elle utilise quatre cartouches d'encre (1 noire et 3 couleurs) et que, grâce à cela, on ne remplace que la cartouche vide au lieu de tout remplacer quand il manque une couleur, dans le cas des cartouches combinées.

Je ne citerai pas la marque, mais c'est du foutage de gueule. La contenance des cartouches est ridicule, il faut tout le temps les remplacer, elles coûtent la peau du cul et elles sont emballées dans de très grosses boîtes en plastique qu'on n'arrive à ouvrir qu'en les éventrant et en se blessant les doigts. C'est donc de l'écologie qui produit une masse incroyable de déchets à la con que j'irais bien déverser directement chez l'importateur Epson (tant pis, je l'ai écrit quand même !), parce que j'en ai plein la poubelle, de cette merde en plastique.

Voilà. C'était mon coup de gueule.

Mais n'oubliez pas l'hôtesse de caisse, s'il vous plaît.

Merci et au revoir.


lundi 10 octobre 2011

Messagerie de merde !

Je ne sais pas si c'est parce que je suis démodé et que je n'ai pas compris d'emblée certaines choses lorsque je me suis intéressé à Internet et aux méthodes modernes pour communiquer, mais je m'aperçois que je suis devenu l'heureux gestionnaire d'un tas de comptes de messagerie électronique, au fil des mois et des années, et que j'ai de plus en plus de mal à gérer tout ça.

C'est peut-être aussi une conséquence d'un début de sclérose de la matière grise, dû à un phénomène si incontournable qu'il nous attend tous au moindre tournant, et qui s'appelle le vieillissement. Avec l'âge, en outre, on perd petit à petit la maîtrise de certaines choses et on s'aperçoit soudain qu'on n'est plus obligé, par exemple, de faire semblant de ne pas avoir entendu Chérie demander de sortir les poubelles ou aperçu le panneau indiquant « travaux à cinq kilomètres, sortie n° 23 fermée ».

Toujours est-il que je me sens non seulement démodé, mais aussi dépassé. Dépassé par la technologie et toutes les inventions destinées à révolutionner notre mode de vie mais surtout à nous pomper notre pognon, comme les merveilles de l'informatique : notebooks, netbooks, tablettes, ipods, ipads, ipète… Et dépassé par tout ce qui en découle, comme les logiciels, les jeux et les réseaux sociaux.

Si on m'avait mis tout ça d'un seul coup sous le nez, je me serais probablement enfui à toutes jambes, mais c'est venu insidieusement, comme la baisse du pouvoir d'achat, l'endettement de l'État et des ménages, la hausse du taux de cholestérol et les maladies cardiovasculaires qui en découlent.

Au début, j'avais un PC. Un gros. Je veux dire gros en encombrement, pas en performances ; quoique pour l'époque, ce n'était déjà pas mal. Et puis j'ai obtenu, contre un coûteux abonnement et moyennant l'achat de quelques indispensables accessoires, une connexion à Internet. Et je me suis créé un compte de messagerie. Un vrai. Un bon. Pour mon fournisseur d'accès à la Toile et quelques trucs un peu sérieux que j'envisageais de faire, assis bien tranquille à mon bureau. J'ai donc utilisé mon vrai nom et mon vrai prénom.

Assez rapidement, je me suis rendu compte que ça n'allait pas sans inconvénient (un tas d'inconvénients que je me garderai de détailler ici, car bien connus de la plupart des internautes) ; et j'ai donc créé un autre compte de messagerie, en utilisant un « alias », comme ils appelaient ça. Mais c'était bien sûr insuffisant, ce compte-là étant fortement inféodé au premier.

Étant donné qu'il était plus commode d'avoir un compte « moins sérieux », d'où je pouvais me connecter n'importe où, y compris par exemple depuis un « cybercafé », je n'ai pas manqué l'occasion de le faire. Je me suis donc inventé un blaze à la con et, par mesure de sécurité, j'ai utilisé un autre mot de passe que celui que j'avais choisi pour ma messagerie « de base ».

Après, j'ai fait comme tout le monde : j'ai refilé mon adresse de messagerie avec le blaze à la con à quelques connaissances, qui l'ont refilée ensuite à d'autres connaissances. Comme en outre je l'avais utilisée pour demander des renseignements sur un site de ventes et pour m'abonner à deux ou trois « newsletters », j'ai bien vite été envahi par des courriels indésirables que j'ai fini par supprimer en bloc.

Nanti de cette malheureuse expérience, je me suis résolu à créer un nouveau compte de messagerie, avec un autre blaze à la con et un autre mot de passe, et à l'utiliser avec discernement. Je maintenais l'autre comme « poubelle » et conservais discrètement pour moi seul et quelques correspondants triés sur le volet la nouvelle adresse avec un @ à l'intérieur.

Comme j'aime bien lire et écrire, et que la méthode qu'on utilise généralement pour ouvrir sa gueule sur les forums consiste à blablater sous une identité d'emprunt, je me suis inscrit à gauche et à droite (mais plutôt à gauche, en fait) pour poster mon point de vue sur un tas de choses auxquelles je n'entrave généralement que dalle. Pour éviter d'avoir l'air con plusieurs fois et à plusieurs endroits sous la même identité, j'ai choisi des pseudonymes aussi débiles que variés (et ne comptez pas sur moi pour les citer ici, on est entre gens sérieux), et j'ai fini par y associer des comptes de messagerie secondaires (on est plutôt dans le tertiaire et le quaternaire, en réalité), pour éviter de faire se télescoper des messages personnels qui concernaient des choses totalement différentes.

Vous suivez toujours ? Si c'est le cas, c'est que vous avez dû faire comme moi.

En vous passant encore une foultitude de détails qui n'ont d'importance que pour moi, j'avoue à présent être titulaire d'une bonne vingtaine d'adresses courriel, certaines servant d'adresse de secours à d'autres qui servent elles aussi d'adresses de secours en cas d'oubli de mot de passe, et d'à peu près autant de pseudonymes divers plus ou moins dissemblables de la messagerie qui leur est associée.

Dois-je préciser que j'ai oublié certaines de ces adresses, que je n'ai plus la moindre idée des mots de passe utilisés, que je ne sais même plus sous quel nom je me suis inscrit lorsque j'arrive sur un site où il me semble être déjà intervenu et que je n'ouvre les boîtes aux lettres dont je détiens encore les clés virtuelles qu'une fois toutes les deux lunes ou à peu près ?

Vous me direz peut-être que c'est de ma faute, que je n'avais pas besoin de me compliquer la vie à ce point et qu'il suffisait que je me contente partout de ma véritable identité, parce que celle-là, en principe, on ne l'oublie pas et que quand on l'oublie ce n'est plus la peine d'essayer d'utiliser un ordinateur… et vous auriez raison.

Toutefois, compte tenu de ce que j'écris et des endroits où je l'écris, j'aime autant que Maman ne tombe jamais là-dessus et s'exclame « Ciel ! Est-ce bien toi, mon fils ? », parce que je ne serais pas fier du tout.
Cela étant, Maman n'a ni ordinateur, ni accès à Internet, ce qui limite quand même les risques. Non seulement qu'elle écrive des conneries (« Ciel ! Est-ce bien toi, Maman ? »), mais qu'elle lise les miennes.

Comment ? Vous êtes comme moi ?

Dans mes bras !