vendredi 26 août 2011

Nationalisme et culture de la haine


C’est sans doute un des effets de la période orageuse que nous subissons, bien aidée par la reprise du championnat de football et des hostilités politiques : les couillonneries volent bas !

Est-ce parce qu’il est maladroit ? Est-ce parce qu’il est moins habile que ses confrères politiciens dans l’usage de la langue de bois ? Stefaan De Clerck joue décidément de malchance. Après avoir été brillamment élu « couillon de la semaine » lors de l’émission La Semaine infernale (RTBF radio) du 20 mai 2011, suite à son dérapage au sujet de l’amnistie des collabos de la Seconde Guerre Mondiale ; notre brave Stefaan en a remis une couche ce matin sur les ondes de la radio francophone (émission « Matin première »). Bien qu’il n’ait plus abordé ce sujet qui fâche, il n’a pas manqué de faire étalage de tout le bon sens dont il semble devenu coutumier.

En réponse à une question relative aux exigences de son parti lors des négociations en cours pour tenter de conclure un accord en vue de la formation d’un gouvernement (oui, nous en sommes toujours là), monsieur De Clerck explique que le programme du CD&V est élaboré pour répondre aux demandes de l’électorat flamand, et que le nationalisme est une réalité dont son parti a dû tenir compte dans l’élaboration dudit programme.

Monsieur De Clerck entretient une « culture de l’oubli » qui force l’admiration. Lorsque le nationalisme flamand était essentiellement l’apanage d’un parti d’extrême droite appelé Vlaams Blok, aux thèses racistes, flamingantes et séparatistes visant à « faire crever la Belgique », les autres partis (dits « démocratiques ») du nord du pays, dans un touchant ensemble, refusaient de négocier avec lui. Un « cordon sanitaire » avait été établi, qu’il aurait fallu maintenir et renforcer. Mais dix, quinze voire vingt pour cent des voix, c’était bien trop alléchant ! Dans un touchant ensemble (à nouveau !), les partis « démocratiques » ont récupéré la plus grande part des thèses de ces hors-la-loi flamingants d’extrême droite, plutôt que de les anéantir. Le bouc émissaire n’est plus l’Étranger, le basané, le musulman (le racisme et la xénophobie, c’est interdit par la loi) ; mais tout simplement le Francophone, brebis galeuse du troupeau belge et boulet chevillé à la Flandre.

Ces idées, ce ne sont pas celles du peuple flamand, mais celles que, par souci électoraliste, les politiciens du nord du pays lui ont inlassablement répétées. Certains un peu plus, certains un peu moins, mais tous l’ont fait et le font encore. Monsieur De Clerck comme les autres.

Mais là où Stefaan De Clerck s’enfonce dans une mauvaise foi qui frise le ridicule et qui lui vaudrait à coup sûr un second titre de « couillon de la semaine » si l’émission La Semaine infernale existait encore, c’est lorsqu’il prétend très sérieusement que le nationalisme, ce n’est pas une culture de la haine. Qu’est-ce donc, alors ? Le respect d’autrui ? Le sens de l’hospitalité ? L’esprit de solidarité ?

Oui, c’est tout ça, le nationalisme flamand selon Monsieur De Clerck et ses semblables : respect, amour, hospitalité, solidarité, prospérité. Seule condition à remplir pour en bénéficier : être Flamand. Ce n’est pas la culture de la haine, on peut vous le garantir. Les autres, on ne leur souhaite aucun mal, du moment qu’ils restent chez eux, ne nous demandent rien et nous laissent faire tout ce qu’on choisit de faire.

(À lire : cet article du 21/05/2011, où il était déjà question de Monsieur De Clerck.)

mercredi 24 août 2011

La démocratisation dérange


Lors de la création de ce blog, il n’y a pas bien longtemps de cela, je le reconnaissais ouvertement : je suis démodé. Notre monde va vite, très vite, trop vite ; et je suis bien souvent dépassé par les événements, largué par l’évolution technologique, honteux de mon ignorance.

Malgré ces limites dues à mon âge, à mon éducation, à ma paresse chronique ou à mon incapacité à évoluer plus rapidement que ne l’autorise mon statut de descendant de l’Homme des cavernes, j’ai réussi à comprendre certaines choses. En matière d’échanges d’idées, de moyens d’expression écrite et de télécommunications, par exemple.

Internet est un outil formidable. Nous sommes nombreux à l’utiliser, mais beaucoup moins à en saisir toute la portée. Cette bafouille que je publie aujourd’hui peut non seulement faire le tour du Monde bien plus rapidement et facilement que Phileas Fogg, mais dès l’instant où je la « mets en ligne », je ne la contrôle plus. Elle m’échappe. N’importe qui peut l’imprimer, la recopier, la recoller en tout ou en partie, la transmettre, la transformer…
Néanmoins, puisque je suis à l’origine de cet article et que j’ai pris la liberté de le publier, je suis responsable de son contenu. Ces propos sont les miens ; et s’ils ne le sont pas, si par exemple je cite quelqu’un d’autre, il convient que je divulgue mes sources.

Il n’est pas rare que des gens réagissent à un texte publié sur un blog, comme le font ceux qui critiquent un livre, un article de journal… Quoi de plus normal ? Publier, c’est s’exposer à la critique, susciter des réactions, provoquer des levées de boucliers… aussi bien que rencontrer l’indifférence.

On peut dès lors s’étonner de certains propos tenus en réaction à ce qui se publie sur les blogs. On peut y lire des reproches quant à l'anonymat des intervenants. Oui, bien sûr, de nombreux administrateurs de blogs utilisent un pseudonyme, un nom de plume, comme le font la plupart des auteurs « papier » ; mais ils n’en sont pas moins responsables du contenu des articles qu’ils écrivent et, dans une certaine mesure, de celui des messages envoyés par des lecteurs (travail de modération). Anonymat ou pseudonyme ne veut pas dire « impunité ».

Dernièrement, suite à une de mes réactions (commentaire numéro 5) à cet article, monsieur Eric Poindron tenait des propos étonnants, assortis de quelques insultes méprisantes jetées en bloc à l’adresse de Stoni et de plusieurs intervenants (commentaires numéros 11 et 19). Je peux parfaitement comprendre que l’ironie des uns et les sarcasmes des autres puissent irriter ceux qui en sont la cible ; et j’avoue que le côté abrupt ou la verdeur du langage utilisé en réponse ne me surprennent que très modérément.

Par contre, les invitations du genre « on se rencontre et on en discute de vive voix », que l’on peut traduire par « espèce de lâche, t’oserais pas me dire ça bien en face », émanent de gens qui n’ont pas assimilé le principe fondamental du droit de réponse et qui s’imaginent sans doute que toute divergence d’opinions ne se règle que par la violence physique. Or, parmi ceux-là se trouvent des auteurs, des gens qui, on peut le croire, aiment écrire. Les échanges par courrier, fût-il électronique, disposent d’un charme certain.

Mon blog n’étant pas un site de rencontres, c’est par le biais de l’écriture que les avis s’y expriment, et le mien en premier. J’écris et s’il vous plaît de me répondre par le même moyen, ne vous en privez pas. J’assume ma prose, assumez la vôtre. Mais ne comptez pas sur moi pour courir à votre rencontre si vous m’invitez à le faire. Ce n’est pas là un acte impossible mais, de prime abord, je ne le ferai pas car mon but premier en créant un blog n’est pas de rencontrer des gens en chair et en os.

On lit et entend par ailleurs de bien sombres commentaires au sujet d’Internet, des blogs, de la lecture, de l’écriture et, d’une manière plus globale, des différentes formes de publication. En voici quelques exemples :

« Les gens se cachent derrière des pseudonymes. »
Les gens s’expriment. Sous n’importe quelle identité, ils sont responsables de leurs propos. Qu’est-ce qui dérange, finalement ? Est-ce bien leur identité, nom véritable ou nom d’emprunt, qui importe ou le fait qu’ils puissent s’exprimer aussi aisément ? Aujourd’hui, l’information (ou la désinformation) n’appartient plus uniquement à ceux qui détiennent les clés des médias ou les leviers du pouvoir.

« À cause d’internet, les gens ne lisent plus. »
Non seulement ils lisent, mais en plus ils écrivent. Et non seulement ils écrivent, mais en plus ils publient, ils diffusent, ils communiquent. Ils ne perdent pas leur temps sur des blogs ou des forums ; simplement, ils lisent et écrivent un peu différemment de ce à quoi certains voudraient que l’on conserve ou entretienne l’habitude (lisez donc cet article).

« L’informatique a tué (ou va tuer) le livre papier. »
J’ai plutôt l’impression qu’il n’y a jamais eu autant de livres qu’aujourd’hui, et autant de facilité à s’en procurer. Les éditeurs, les distributeurs et les libraires ont dû s’adapter aux nouvelles technologies, aux nouvelles modes, mais le livre est toujours présent. Il a l’avantage de la pérennité, du confort d’usage et du plaisir tactile. Les techniques d’impression et de vente évoluent, ceux qui ne s’y adaptent pas vivent ou vivront de mauvais jours, tout simplement.

« Aujourd’hui, tout le monde peut publier. »
Ceux qui disent et écrivent cela peuvent être ceux qui le voient d’un bon œil et profitent de l’aubaine (les auteurs amateurs et les éditeurs à la demande) ; aussi bien que ceux qui craignent de voir offrir à tous ce qui était réservé à quelques privilégiés (les auteurs reconnus et les grandes maisons d’édition). Quand les partisans de cette évolution disent « tout le monde », ses détracteurs comprennent « n’importe qui ». De la même façon que la popularisation du do it yourself a fait fleurir les slogans du genre « aujourd’hui, tout le monde peut poser un parquet ou monter un chauffage central » et fait dire aux professionnels que « n’importe qui peut se prétendre chauffagiste ».
La vérité est plus subtile, parce que le résultat dépendra essentiellement de la compétence de celui qui agit et du soin qu’il mettra à réaliser l’ouvrage. Il existe des amateurs talentueux et travailleurs ; mais aussi des professionnels qui déshonorent leur métier.

La démocratisation dérange. Qu’elle soit du pouvoir ou d’une technologie, elle dérange les happy few qui craignent de perdre leurs privilèges.

J’ai beau être démodé, ça ne m’a pas empêché de m’adapter à l’évolution des moyens de publication. Mais de même que je n’ai pas attendu d’avoir un blog pour écrire et de disposer d’un accès à Internet pour lire, je n’ai pas cessé d’acheter et lire des livres parce que j’utilise à présent le support informatique. Il n’y a pas pour moi d’antagonismes entre ces supports, mais de la complémentarité.

Grâce à Internet et à la démocratisation des moyens de diffusion, je lis plus encore qu’auparavant, je publie enfin ce que j’écris (tant sur mon blog que sur papier) et j’ai amélioré ma maîtrise de la grammaire et des subtilités de la mise en page. Je ne deviendrai ni riche ni célèbre par ce biais (ce n’est d’ailleurs pas mon objectif, j’ai un emploi qui me permet de vivre décemment), mais j’écris, je publie et des gens me lisent. Et j’ai la faiblesse de croire que ces gens ne perdent pas leur temps.

Sans Internet, sans mon blog et ceux des autres, c’était mission impossible. Vive la démocratisation !


mardi 23 août 2011

Horoscope de la rentrée


Bélier
Si vous pouviez exceptionnellement accomplir l’effort de penser avant d’agir, tout pourrait baigner dans l’huile. Par exemple, avant de vous acharner sur la télécommande ou de placer à l’envers un mauvais type de piles, prenez la peine de lire le mode d’emploi. À table, mâchez avant d’avaler. Au lit, évitez de commencer par la conclusion. Si vous êtes chef d’entreprise, ne chargez pas quatre personnes de vous rapporter la même information. Posez les bonnes questions et enfoncez-vous une bonne fois pour toutes dans la tête qu'une réunion efficace se prépare plus de dix minutes à l’avance.

Taureau
Si vous avez tendance à brouter au démarrage, n’en faites le reproche à personne. C’est sans doute votre tendance au surpoids qui est en cause ou la mauvaise qualité de vos semelles. Inutile de voir rouge si ça ne va pas et de vouloir démolir toutes les barrières ou faire des vacheries à vos proches. Prenez du recul. Mettez-vous au vert, fumez de l’herbe, faites un voyage en Afrique pour vous changer les idées (mais gare aux chasseurs, aux famines, aux révoltes et à la dengue).

Gémeaux
Une fois dans votre vie, prenez la résolution de savoir clairement ce que vous voulez, et de le vouloir encore une fois que vous l’avez. On dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis, mais ce n’est pas pour ça que les Gémeaux doivent se prendre pour les génies de la création. Qui trop embrasse mal étreint, et tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle nous les brise. Maîtrisez vos envies. Essayez le yoga, ça vous détendra. Ou le silence, qui détendra vos proches.

Cancer
Vous n’êtes pas malade. Moins que vous ne le pensez, en tout cas. Bien sûr que c’est moralement pénible d’être né sous un signe qui rappelle que la chimiothérapie n’est pas faite pour les chiens, même s’ils peuvent aussi en profiter dans des établissements spécialisés et même si la thérapie a déjà été testée sur des animaux. Cessez donc de vous plaindre à tout bout de champ ou de rendre les autres responsables de vos ulcères gastriques et de vos problèmes de tension artérielle, et tout ira pour le mieux. Si vous êtes enseignant et que la rentrée n’est pas bonne, envisagez de changer de métier.

Lion
Ne vous en faites pas et poursuivez tranquillement votre sieste. Rien ne presse : les autres s’activent pour vous. Quand vous secouerez vos puces, d’ici quelques jours, songez quand même à aérer votre chambre, qui aurait tendance à sentir le fauve. Brossez-vous les dents de temps en temps, si vous ne pouvez pas renoncer au régime carné. Professionnellement, tout devrait bien se passer, mais si vous êtes dans la politique ou décidez de vous y lancer, évitez la Belgique : les bonnes places sont prises et il n’y aura pas de redistribution de portefeuilles dans l’immédiat.

Vierge
Penser qu’il y a douze signes dans le zodiaque et qu’on est justement tombé sur celui-là, ça fait mal ! C’est se dire que Papa et Maman auraient quand même pu se lâcher un peu plus tôt ou se retenir un peu plus longtemps ! Que de sarcasmes, à l’école ! Que de brimades, pendant l’adolescence ! Par contre, pour les Vierges, la rentrée sera bonne. Elle est toujours bonne pour les Vierges, puisqu’elle se fait sous le signe de la Vierge. Mais attention : il suffit parfois que Vénus soit plus proche que nous du Soleil au moment même où Mars en est plus loin, et tout part en eau de boudin. À surveiller, donc.

Balance
Professionnellement, vous ne ferez pas le poids et vous serez un fléau pour votre entourage. Avant d’envisager le suicide, consolez-vous en songeant qu’en amour tout ira bien. À condition, bien sûr, que votre partenaire ne soit ni Bélier (trop rapide pour vous) ni Lion (trop mauvaise haleine). Ni Vierge, d’ailleurs, car quoi que vous fassiez, il le restera. Les professions à éviter cette année : ministre des Finances, comptable, diététicien(ne), haltérophile.

Scorpion
Cette année, les Scorpions ne feront pas mentir leur réputation : obsédés par le sexe et toujours aussi agréables qu’une mitrailleuse en haut d’un mirador. Personne, à part eux, n’ignore qu’il ne s’agit que d’esbroufe et que tous ceux qui en pincent pour un Scorpion se sont laissé berner par ses histoires sans queue ni tête. Si vous êtes Scorpion mâle, méfiez-vous des femmes, et plus particulièrement des prostituées qui voyagent dans des cars à passes. Si vous êtes un Scorpion femelle (qu'on n'appelle pas « scorpionne »), tant pis pour vous.

Sagittaire
Le Sagittaire est représenté comme un être mi-humain, mi-chevalin qui, comme le chantait Jacques Brel, « court le monde en hennissant, se voyant refuser l’amour par les femmes et par les juments ». Voilà bien là le drame : vous courez partout en pure perte. La journée du Sagittaire peut se résumer à une suite d’efforts inutiles, bien que ce pauvre être soit persuadé de servir à quelque chose. Alors, avant de vous mettre en piste et d’essayer de faire flèche de tout bois ou de garder plusieurs fers au feu, adoptez le principe du lion : ne rien dire et laisser faire, et s’éveiller à l’heure du dîner. C’est dur, bien sûr, mais un bon picotin est à ce prix.

Capricorne
Les Capricornes, cette année, seront comme à leur habitude de petits êtres insignifiants veillant jalousement sur leurs économies ou sur leur carte de pointage. Trouver un Capricorne dans un groupe de gens est la chose la plus facile qui soit, si vous disposez d’une pièce de monnaie : ce sera en effet le premier à vouloir la ramasser avant qu’elle ne touche le sol, si vous la laissez tomber. Évitez ce jeu si vous pensez qu’il peut y avoir plusieurs Capricornes dans les parages, sinon vous risquez quelques problèmes, comme en Angleterre tout récemment.

Verseau
Le Verseau est le signe du zodiaque régnant pendant le moins grand nombre de jours, ce qui est une bonne chose si on s’attache à essayer de limiter la prolifération des natifs de ce signe, qui ont tendance à puer des pieds. Cette année, comme toutes celles qui la précédaient et toutes celles qui la suivront, le Verseau sera obsédé par son ordinateur, sa console de jeu, sa chaîne hi-fi ou sa cuisine hi-tech. Si vous ne comprenez rien à ce qu’il raconte, ne vous en faites pas, il n’y entrave rien lui non plus. Le meilleur moyen d’énerver un Verseau est de déchirer un dépliant publicitaire de Media Markt avant qu’il ne l’ait lu ou de lui couper la parole quand il explique quelque chose.

Poissons
Les Poissons sont toujours représentés par deux, tête-bêche, alors que ces bêtes ignorent tout du soixante-neuf autant qu’ils méconnaissent la monture d’écaille, la marée noire et la raie au milieu. Si vous êtes Poisson, cette année vous nagerez en eaux troubles, seul moyen ad hoc pour vous glisser entre les mailles du filet. Vous n’aurez toutefois guère plus de consistance qu’à l’accoutumée et il faudra invariablement aérer après votre passage si on veut respirer agréablement. Votre ennemi : la sécheresse. La Belgique est donc une bonne terre d’accueil pour les Poissons, à condition qu’ils évitent de sortir les jours de marché.

mardi 16 août 2011

Rentrée politique


Salut, Jean-Mi !
Eh ! Dis donc, Joëlle, t’es toute bronzée !
Ah, c’est pas comme toi. T’es allé en vacances dans ta salle de bains ?
Ben non, je suis resté au pays. J’ai fait les festivals de l’été, et tout ça.
Ah oui : les bains de foule… Très peu pour moi pendant les congés.
En fait de bains de foule, c’était le bain tout court. La douche, je veux dire. Au moins, avec mon vélo, j’aurai pas pollué. Tandis que ton avion…
Bah ! Ramené au kilomètre par tête de pipe, ça fait pas tant que ça. Tiens ! Voilà Charlot ! Alors, fiston, on reprend le collier ?
Chez nous, on ne le lâche jamais.
Ah ouais, c’est vrai. Les congés payés, c’est juste pour le prolétariat.
Dis donc, le vert, t’as bouffé quoi pendant tes congés ?
La bouffe, ça allait.
Par contre, il a bu beaucoup d’eau !
C’est vrai ? Eh bien nous, on s’est trouvé une petite auberge, avec un de ces petits beaujolais…
Je croyais que t’avais pas pris de congés.
J’ai pas lâché le collier, mais ça n’empêche pas le changement d’air. Y avait wi-fi et tout ça, pour rester branchés sur l’actu.
Ben moi, aux îles, j’avais pas la tête à ça, mais n’empêche que quand ils ont battu le rappel des troupes, j’ai bien été avertie. Dommage. J’ai dû écourter mon séjour et...
T’tention, voilà le boss. Notre futur premier.
Tu crois ? Oui, peut-être… Hello, Elio.
Salut, la jeunesse ! Alors, on pète la forme ?
On pète ce qu’on veut, hein ! Par exemple, Joëlle, on l’aurait laissé péter sa sieste un peu plus longtemps…
Va t’occuper de ta bicyclette, toi. T’as un pneu pété.
Du calme, à gauche.
Ha ha ha ! Va péter ton beaujolais, toi !
Ce serait pas de refus, mais hélas ! Le boulot nous attend.
Parlez-m’en. Je sors de chez Albert. On va finir par être à tu et à toi, lui et moi.
Albert Frère ?
Albert Deux, tête de nœud ! Je fréquente pas tes copains, moi !
T’énerve pas, Elio. On rigole.
Rigolez tant qu’il en est encore temps. Bientôt, faudra causer avec les Flamands. BHV, et tout ça. Réforme de l’État…
Entre nous, ça pouvait attendre encore un peu. J’ai dû écourter mon séjour et…
Et voilà ! Elle est de mauvais poil, elle va encore dire non.
C’est pas plutôt ton pote Olivier qui va dire non ?
Il n’y a pas de problème avec Olivier.
Eh ben ça reste à prouver.
L’avenir nous le dira, les enfants. J’ai dû programmer des bilatérales pour commencer.
Pffff… Marre des bilatérales !
Ouais. En plus, je comprends pas pourquoi on nous fait rentrer plus tôt. C’est d’un calme.
Et la crise boursière ?
Mais enfin ! C’est un non-sens ! Regardez le peuple. Est-ce qu’il s’affole ? Et il a raison : tout rentre dans l’ordre sans qu’on intervienne. Faisons comme le Belge moyen : laissons les boursicoteurs se bouffer le nez et profitons de la vie. Prenons du bon temps.
Ben justement, question de bon temps… Tenez, ce week-end, je suis passé avec mon vélo près des barrages de l’Eau d’Heure... Y avait personne. Le calme plat.
Tu vas à vélo jusque là-bas ?
Il a dit « avec son vélo », pas « sur son vélo ». Si je ne m’abuse, sa bagnole a des barres de toit.
On va pas se chamailler pour ça, les enfants.
Mais on rigole, quoi !
Oui, profitez-en. Parce qu’avec les Flamands…
Tu vas de nouveau te mettre à table avec Wouter ?
Faudra bien.
Il sait se tenir ?
Tant qu’il n’a pas de voisin, il s’occupe de sa propre assiette, oui.
Et on va faire quoi, avec lui ?
Ben, comme avant les congés : gagner du temps. C'est notre meilleur allié, Wouter. S'il bouge, il est mort.
Ah. Alors, Yves peut rempiler ?
Pas de problème.
Génial ! Moi, je le trouve très bien, comme démissionnaire. Et vous ?
Extra.
Sensas’ !
Ne nous emballons pas. Faudra tenir le coup comme ça jusqu’en 2014.
On peut y arriver, tu crois ?
Sans avoir l’air con, ça va être difficile.
Mais… on n’a pas déjà l’air con, là ?
Heu… Un peu, oui.
On reprendrait pas des vacances ? Un peu de soleil ?
Un peu de beaujolais ?
Et un peu de vélo, peut-être ? Plus pour moi, merci. Mais dis-moi… Il reste pas des places, dans ta petite auberge avec wi-fi et beaujolais ?

mardi 9 août 2011

Considérations sur le PQ


Dans un précédent article , j'avais abordé la question des objets qui énervent. Il est effectivement des inventions qui semblent juste avoir pour objectif de nous pourrir la vie, même si les meilleures intentions du monde sont à leur origine.

Je n'avais pas mentionné le PQ ! Le célèbre papier-cul. Le papier chiotte. Le papier w-c. Le papier de toilette ou, pour les plus subtils, le papier électrique. Ben oui : le papier accu ! Ha, ha, ha !

Je me dois néanmoins de signaler que si le papier de toilette peut être rangé – outre de l'être dans l'endroit adéquat – dans la catégorie des objets qui énervent, il le doit davantage à l'usage qu'on en fait qu'à ses propres indélicatesses.

Bien sûr, l'entame d'un rouleau peut générer son petit lot d'agacement : les deux couches désynchronisées dont les perforations ne coïncident pas, par exemple. Mais c'est bien souvent dû à une maladresse de l'utilisateur qui néglige de soigner l'amorçage.
Il est évidemment déconseillé de lâcher l'objet, surtout dans les toilettes publiques, sous peine de le voir filer en se déroulant par-dessous la porte... ou de tomber dans le pot !

Le PQ existe en différentes variétés, en différentes qualités. D'une manière générale, plus les toilettes sont publiques, plus médiocre est le papier. Trop fin, trop raide, trop rêche, trop bon marché, trop recyclé, pas assez écologique, proche du papier journal ou du papier-émeri. Bref : pénible.

À la maison, on peut avoir des exigences : double, triple, quadruple épaisseur ; gaufré, décoré, parfumé ; en pure ouate de cellulose hyperdouce garantie caressante pour les hémorroïdes ; en maxirouleau (dit « jumbo ») ; etc.

Ce n'est pas tant le papier en lui-même, écrivais-je, qui peut énerver, mais plutôt l'attitude de ceux qui l'utilisent. Car, à moins de vivre seul ou de jouir d'un w-c strictement personnel, les toilettes sont rarement un endroit dont on est le seul utilisateur. Il faut partager. Subir les abus et les négligences. Je vais tenter, dans les lignes qui vont suivre, de décrire quelques situations souvent crispantes mais ayant uniquement pour objet l'utilisation du PQ. Je préfère éviter de m'étendre sur d'autres incivismes, même si un peu de scatologie peut parfois faire rire.

Le rouleau baladeur :
Il y a des spécialistes, tant à la maison qu'au boulot ou dans les toilettes publiques, pour éviter de placer le nouveau rouleau dans le dérouleur. On prend les derniers coupons, on entame un nouveau rouleau (pour autant qu'il y en ait un), puis on le dépose sur le sol (parfois humide), sur le réservoir de chasse, sur le paquet de réserve, sur la poubelle... mais jamais sur ce dérouleur qui porte piteusement un ridicule cylindre de carton.

Le dernier coupon :
C'est plus subtil, mais c'est très fréquent. Certains sont balèzes pour laisser un seul coupon sur le rouleau installé sur le dérouleur. Oui, un seul. Juste pour ne pas avoir à se reprocher la négligence que j'ai décrite au point précédent.

Le rouleau mouillé :
Un dérivé du rouleau baladeur. Le nouveau rouleau, posé par terre, l'a été sur du carrelage trempé (au mieux, par de l'eau). Si c'est aussi l'ultime rouleau...

Après moi, les mouches :
Ou les doigts, ou autre chose. Là c'est vilain. Plusieurs coupables, sans doute, parce que ce n'est pas quand il n'y en a plus en réserve qu'il faut s'inquiéter, mais tout de même... Celui qui liquide l'ultime coupon et se tire sans prévoir la suite, c'est vache. Surtout que la réserve, quand elle existe, est rarement à portée de main de celui qui est assis sur le pot et tend la main vers le porte-rouleau nanti d'un minable cylindre de carton, puis s'aperçoit qu'il n'existe rien d'autre que ça pour œuvrer : ni rouleau baladeur, ni paquet de quatre dans le coin par terre... Il convient de noter que c'est généralement dans les sanitaires des dames que la pénurie survient le plus rapidement. (Si elles utilisent bien plus de PQ que les messieurs, c'est parce qu'elles sont plus soucieuses de l'hygiène corporelle. Deux mètres cinquante à trois mètres après un petit pipi, c'est un minimum.)

Il existe sans doute d'autres situations agaçantes liées au PQ, mais comme elles ont davantage trait à son (manque d') épaisseur ou à sa (mauvaise) qualité, je m'abstiendrai de les aborder en détail.

Il me reste néanmoins à évoquer une situation, indépendante – à l'un ou l'autre détail près – du papier w-c, mais que d'aucuns trouveront pénible : les toilettes jumelées. Surtout au boulot.
Vous êtes là, peinard, tranquille, dans une situation bien assise ; et puis soudain la porte du local s'ouvre, puis celle du cabinet voisin. Qui est entré là ?
Quel qu'il soit, cet individu est un enquiquineur. Un empêcheur de se soulager en paix.
Et même s'il y a du P-Q sur le rouleau, vous hésiterez avant d'y mettre la main.

Quoi qu'il en soit, n'attendez pas que ça sèche. Utilisez la quantité de papier nécessaire à faire place nette, sous peine de démangeaison. Et souvenez-vous du proverbe japonais : « Qui s'endort avec le cul qui gratte s'éveille avec le doigt qui pue ».