samedi 24 décembre 2011

Prendre le temps d'écouter


— Salut ! Alors, ça va mieux ?
— J’ai encore un peu mal, mais avec les antibiotiques, je…
— Ne m’en parle pas ! Oh là là ! Moi-même, depuis deux jours blablabla blablabla et patati et patata…



— Dis, p’pa…
— Oui ?
— T’aurais pas le temps de jeter un coup d’œil sur mon travail pour l’école ?
— Et c’est maintenant que tu me demandes ça ? Y a le foot, là, à la télé. C’est pour demain, ton truc ?



— Hou là ! Qu’est-ce qui se passe ? T’as pas l’air dans ton assiette.
— C’est rien, p’pa.
— Ouais, ouais, tu dis que c’est rien, mais moi je vois bien que ça ne va pas. Alors, qu’est-ce qui ne va pas ?
— Mais rien, j’te jure !
— Mais te fâche pas, quoi, c’est pour t’aider… Ah là là ! Si on peut plus poser de questions…



— Bonsoir. Je suis le père de Ludovic.
— Ah ! Je suis content de vous voir. Il n’est pas facile, hein !
— Mais justement, c’est étrange, parce qu’à la maison, il…
— Oh ! Monsieur… À la maison, vous savez… et blablabla et blablabla patati patata et blababli et blablabla…
— Oui, mais…
— Et je ne vous ai pas encore parlé de ce qu’il a fait au cours de ce lundi… et patati et patata et blablabla et blabla blablabla…



Tiens, Chéri, cet après-midi, au boulot, je me suis énervée parce que blablabla blabla blablabla blablabla patati et patata… Heu… Tu m’écoutes, là ?
— Mais oui.
On ne le dirait pas ! Je sais, ça t’intéresse pas, mes tracas professionnels.
Mais si, je t’assure… Mais je suis peut-être un peu fatigué, voilà tout.
T’es toujours fatigué pour m’écouter.



Voilà. Je suis toujours fatigué, ou ce n'est pas le moment, ou je pense que je n'ai pas le temps...
Mais le temps, il faut le prendre.

En 2012, je vais essayer de prendre le temps d’écouter. Et vous ?

En attendant, passez de joyeuses fêtes de fin d'année !

vendredi 16 décembre 2011

Les couillons dans l'Histoire

Lorsqu’à l’issue d’un épuisant casting de plus d’un an et demi, les noms des heureux bénéficiaires de maroquins ministériels ont été proclamés, quelle ne fut pas ma déception d’apprendre que mon ami Stefaan De Clerck ne ferait plus partie de la distribution !

Je l’aimais bien, moi, Stefaan De Clerck ! J’aimais ses déclarations si bien pensées qu’elles lui valaient parfois, à l’époque où l’émission « La semaine infernale » existait encore sur les ondes de la radio francophone belge, d’être l’heureux lauréat de l’élection du « couillon de la semaine ».
Peut-être Stefaan devait-il rentrer dans le rang en raison de la suppression de ladite émission…

Évidemment, des couillons, on en a encore. Comme Bart De Wever, par exemple. Lui non plus n’est pas dans le gouvernement fédéral. Il n’a pas voulu. Il a tout fait pour que les négociations foirent, et maintenant il est jaloux. Et il trouve que notre nouveau gouvernement est obèse. C’est vrai qu’en matière d’obésité, Bart en connaît un rayon !

De beaux couillons, ce sont les têtes pensantes de notre police fédérale. Comme il fallait acheter plusieurs milliers de nouveaux flingues pour nos pandores, ils ont sélectionné un modèle Smith & Wesson. On achète donc des milliers de calibres aux Amerloques, alors qu’on a chez nous en Belgique une super manufacture d’armes, mondialement réputée pour la qualité de sa production : la FN (pas confondre avec le FN, même si c'est aussi pour flinguer). Et après, on râle quand les Belges refilent leurs pétards aux étrangers ! N’est-ce pas, paraît-il, avec un pistolet de la FN que les vaillants révolutionnaires ont achevé Kadhafi ?

Il faut quand même dire que la FN, qui doit ses initiales à son nom « Fabrique Nationale », n’a plus rien de national puisqu’elle est située à Herstal, dans la partie francophone du pays, et que son unique actionnaire est… la Région wallonne !

Comment la Police fédérale, dirigée par une majorité de Flamands (comme tout ce qui est fédéral en Belgique, puisque les Flamands sont majoritaires à 60 %), pourrait-elle s’abaisser à passer un contrat avec la Région wallonne pour la fourniture d’armes de poing, alors qu’il y a tant de chômeurs aux USA ? Que ces couillons de Wallons aillent donc au chômage, et s’ils ne le veulent pas, qu’ils vendent donc leurs armes aux étrangers. Mais pas aux régimes instables, hein ! Sinon on dénonce le scandale !

C’est vrai qu’en Belgique, on a des couillons. Mais on en trouve aussi dans d’autres pays, hein ! Vous pouvez dresser vos propres listes, si vous le voulez.

Et dans l’Histoire ! Qu’est-ce qu’on a eu comme couillons dans l’Histoire ! Largement de quoi commencer une nouvelle série intitulée : « Les couillons dans l’Histoire ».

À tout seigneur, tout honneur, dit-on souvent. Alors, on va commencer par lui.

Jésus de Nazareth

Tu parles d’un couillon !
Alors, voilà un gus qui a des superpouvoirs tels que Batman, Superman, Spiderman et Berlusconi peuvent aller se rhabiller (surtout Berlu) ; et il se laisse flageller, insulter et clouer sur un bout de bois sans moufter alors qu’il pourrait, en l’espace d’une flatulence discrète, changer toute la soldatesque de Ponce Pilate en merguez hallal !

Quel couillon !
Et vas-y que je te tends l’autre joue quand tu me fous une baffe sur la première, et vas-y que je pardonne aux autres parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font…
Bon, une fois, c’est vrai, il se fâche en donnant des coups de pied au cul de quelques commerçants ; mais ça, nous aussi on le ferait bien de temps à autre. Et sans superpouvoirs ! Parce que des mecs qui veulent refiler leur camelote aux autres, ça ne manque pas !

Et en plus, il s’est fait couillonner comme pas deux. Par exemple, il s’en foutait d'être treize à table, alors que tout le monde savait bien que ça portait malheur.

Et puis, même pas capable de voir qu’il a un ticket avec une belle nana. Un jour, il y en a une qui se met à genoux devant lui ; et au lieu d’écarter les jambes pour se laisser tailler une petite pipe, il lui fait laver ses pieds et se les essuie avec les tifs de la donzelle. Incroyable, non ?

C’est bien simple, ce couillon de Jésus a si bien marqué l’Histoire (on n’a pas fait pire couillon depuis, probablement), qu’on a réglé notre calendrier grâce à lui. Pouf ! Le mec arrive en pleurnichant dans une étable, et on fout tous les compteurs à zéro.
Enfin, pas lui, directement, mais d’autres couillons, plus tard, genre papes, empereurs et tout ça…

Ben oui, parce que Jésus fait des émules.

Même avant lui, il fait déjà des émules. Par exemple, un couillon d’empereur romain. Un certain Jules César. Comme le calendrier calculé sur la lune (pour les mois) et le soleil (pour les années) ne lui plaît pas trop et qu’en plus il n’est pas juste, il décide qu’on va faire des mois de 30 et 31 jours et en mettre 31 à juillet, le mois de Julius. Le sien. Pour être plus que les autres, sans doute. Et aussi 31 au mois d’août, en l’honneur de son neveu Auguste qui sera empereur plus tard et ne peut pas être moins que les autres. C’est pour ça que février est plus court. Parce que comme il n’appartient à personne de la haute et est dévolu aux pénitences et purifications, autant que ça dure le moins longtemps possible. S’il faut enlever un jour quelque part pour le recoller ailleurs, c’est tout trouvé.

Quelle bande de couillons, ces Romains !

Après, mais beaucoup plus tard, il y a eu un autre couillon pour foutre un peu le bronx dans le calendrier : le pape Grégoire XIII. Quand on est treizième d’un nom, faut bien donner dans la couillonnerie, non ?
Donc, en 1582, ce bon Grégoire et ses sbires remarquent qu’on s’est gourés dans les calculs, et qu’on a dix jours de retard.
Dix jours de retard sur le calendrier, pour une femme, c’est un peu préoccupant. Mais pour un pape…
Alors, d’un coup, on rattrape tout et, du jour au lendemain, tout le monde se prend un bon coup de vieux : 10 jours dans les gencives !

Ah ! Ces papes, ces curés, ces moines, quels farceurs ! Il y en a même un, de moine (peut-être un moine trappiste), qui s’est planté un jour dans ses calculs, quand il a dit à Charlemagne qu’on était en l’an 800 alors que c’était déjà 804… Mais là, paraît-il, on n’a pas rectifié.

Charlemagne. Le couillon qui n’a pas inventé l’école mais qui l’a rendue obligatoire. Et son couillon de neveu qui est mort à Roncevaux en soufflant dans un éléphant. On peut en parler aussi, de ces couillons-là. Mais une autre fois…

dimanche 11 décembre 2011

Chacun sa merde !

Parfois, je me dis qu'on a tous nos marottes, nos vices, nos trucs incurables.
Tout petit, déjà, on me disait de ne pas me mettre le doigt dans le nez. Quelle connerie ! Le doigt dans le nez, c'est pas si mal. En tout cas, c'est moins dangereux que de se le foutre dans l'œil. Parce que ça, ça arrive souvent. Et des fois, c'est incontrôlable.

Il y a bien d'autres endroits où on peut se mettre le doigt : du moment qu'il y a un trou, une fente, un jour, un écart...

Internet, par exemple, c'est comme un engrenage. Vous mettez le doigt dedans, et hop ! Incurable !

On a tous nos vices, écrivais-je. L'alcool, le tabac, le coke, la violence, la vitesse, le sexe, la drogue, le rock & roll, la politique, le karaoké, le cinoche... et même la téléréalité.

La boisson, par exemple. Il y a des études statistiques très sérieuses qui indiquent qu'une consommation exagérée d'alcool réduit l'espérance de vie (celle des autres aussi, si le pochard prend le volant). Les mêmes études indiquent aussi que boire un ou deux verres de vin ou de bière chaque jour est bénéfique. Et qu'en tout cas, ce n'est pas parce qu'on ne consomme pas de boissons alcoolisées qu'on vit plus longtemps. Étonnant ? Pas vraiment.

Je connais des gens qui ne consomment jamais la moindre goutte d'alcool, mais qu'est-ce qu'ils avalent, croyez-vous ? De la limonade. Light, la limonade, parfois. Avec cette p... d'aspartame qui est un poison chimique. Beurk !

Avant d'avaler quelque chose, avant de jeter l'emballage, lisez-vous la composition du produit ? C'est ce que j'ai tendance à dire à ceux qui font la grimace en me regardant boire une bière ou un verre de rouge. Devant leur air dégoûté, j'exhibe l'étiquette. Je les invite à comparer les ingrédients douteux entassés dans leur canette de soda avec ceux que renferme ma bouteille de blonde.

Un ou deux verres de vin ou de bière par jour, et se limiter à ça, c'est déjà une hygiène de vie.

Récemment, je lisais là-bas un article sur la clope et les quelques réactions qu'il a suscitées. Moi, je ne veux pas faire la morale aux autres, puisque j'ai horreur qu'on me la fasse.

Chacun sa merde.

Mais quand on voit l'opiniâtreté des gens, leur motivation à céder à leurs vices – ou plutôt, leur manque de motivation à y résister –, on s'interroge...

Quelle volonté faut-il pour résister à la tentation du verre de trop ? Quelle excuse nous trouvons-nous pour avaler le « petit dernier pour la route » ? Et justement, à propos de route, quels trésors d'imagination faut-il déployer ensuite pour éviter les itinéraires les mieux surveillés par la maréchaussée ?

Qu'est-ce qui fait que, malgré le vent, la pluie, le froid... nous allons battre la semelle sur le trottoir pour en « griller une » ? Comment certains ne profitent-ils pas de leur hospitalisation pour tenter de cesser de fumer, plutôt que de franchir les portes de la clinique en poussant près d'eux le pied à sérum ? J'en connais qui, contraints et forcés, vont fumer dehors puisque dans les bureaux, c'est interdit. Ils ne fument plus non plus dans leur voiture, parce que ça sent mauvais et que c'est une moins-value à la revente. Et chez eux, ils grillent leur clope dans la cour ou le garage...

Arrêter de fumer, c'est facile. C'est comme ne plus boire d'alcool. Facile aussi. Moi, ça fait au moins dix fois que j'arrête de boire. Vingt fois que je dis « j'arrête avec Internet ». Cent fois que je dis que je vais aller faire du sport, supprimer l'apéro et cesser de manger gras.

Pour vivre plus longtemps, il faut manger à heures fixes, dormir suffisamment mais pas trop, pratiquer le sport sans violence mais assidûment, prendre l'air, boire de l'eau, ne pas fumer, limiter les heures de télé, de jeux vidéo, d'Internet. Pas bouffer trop de viande, de graisses, de friandises ; mais consommer des fruits et des légumes, des céréales, des produits laitiers...
Il faut aussi se soigner quand on est malade, éviter le stress et faire souvent l'amour.

Fameux programme, en vérité !

samedi 3 décembre 2011

Nouvelle pelletée d'actualités à la con

* François Hollande : « La différence entre Sarkozy et moi, c’est qu’il est président et que je ne le suis pas. Mais lui peut ne plus l’être, tandis que moi je peux le devenir ».
Voilà une réflexion dont la profondeur laisse pantois ! Après ça, on comprend mieux pourquoi, au moment de voter, les Français auront vraiment l’embarras du choix.


* Les experts sont formels : Anders Brevik (77 meurtres par balle ou à l’explosif le même jour en Norvège) est complètement cinglé. Tout le monde s’en doutait, bien sûr, mais le verdict des spécialistes nous rassure : on n’est pas si cons que ça, finalement, puisqu’on l’avait deviné.


* En 2012, l’État belge n’accordera plus de primes à l’achat de voitures neuves « propres », sous forme de remise de 15 % du prix d’achat. Restrictions budgétaires obligent.
Les marchands de bagnoles font le forcing pour liquider leur stock en décembre. L’an prochain, ils ne pourront plus s’en mettre plein les poches sur le compte de la collectivité en vendant leurs voitures « propres » à des prix scandaleusement élevés compensés par les primes versées par l’État.


* Hécatombe chez les hommes au sifflet. Je parle des flics de terrain. De terrain de foot. Il faut comprendre le stress de ces gens-là, minablement payés en regard des vedettes dont ils espèrent qu’ils respecteront l’adversaire, le public, les règles du jeu et… le corps arbitral.
Le ridicule ne tue pas, mais il doit fatiguer les nerfs. L’angoisse de l’arbitre doit être de ne pas voir ce que des millions de téléspectateurs pourront voir et revoir au ralenti.
Peut-être qu’un jour les abrutis de la FIFA et de l’UEFA comprendront que la technologie peut vraiment aider le football sans pour cela envahir les terrains de jeu.


* Nous avons récemment franchi le cap des sept milliards d’êtres humains vivant sur terre, paraît-il. Je ne suis pas de cet avis. Peut-on appeler « humains » ceux qui tirent à balles de guerre sur leurs congénères, ceux qui enferment et torturent, ceux qui maltraitent les enfants, ceux qui s’enrichissent sur le dos des plus pauvres, ceux qui volent et pillent, ceux qui font des expériences sur les animaux, ceux qui…
J’arrête là, mais ça fait déjà un gros paquet en moins, non ?


* Le week-end dernier, j’ai entendu à la radio un reportage réalisé en Bulgarie, dont la frontière sud longe la Grèce sur plusieurs centaines de kilomètres. Parents pauvres de l’Union européenne, les Hellènes n’hésitent pas à franchir cette frontière pour s’approvisionner, se restaurer et faire du tourisme chez leurs voisins bulgares. Là-bas, ils peuvent jouer les riches, même sans avoir vraiment le sou (comme quoi ces gens-là ne sont pas ceux de Jacques Brel).
Tout ça pour rappeler à ceux qui l’ignoreraient encore que la pauvreté, c’est relatif.


* L’année dernière à pareille époque, nous étions sous la neige. Un mois de décembre 2010 très rude, franchement hivernal.
Il y a quelques semaines déjà, des illuminés sans doute motivés par des objectifs mercantiles nous ont prédit un hiver 2011-2012 de derrière les fagots. Rigoureux, impitoyable, avec un thermomètre chutant à -25 °C ! Ils ont encore largement le temps d’avoir raison, bien sûr, mais pour l’instant ils ont tort. Après tout, ce n’est qu’une chance sur deux.
Rappel : chez nous, les prévisions météorologiques à plus de cinq jours sont généralement fantaisistes.


* Mohammed VI du Maroc a nommé premier ministre Abdelilah Benkirane, quelques jours à peine après les élections dont son parti est sorti vainqueur.
En Belgique, il aura fallu 535 jours pour accoucher d’un accord gouvernemental et quelques jours supplémentaires seront nécessaires avant que les maroquins (pas confondre !) ne soient attribués. Et vous savez quoi ? La Belgique s’en sort bien. Même sans austérité. Surtout sans austérité, dirais-je.
Vous en connaissez, vous, des pays mélangeant langues et cultures et pouvant encaisser une crise politique et gouvernementale aussi longue sans violences et sans désastre économique ?
Les médias étrangers mettent souvent en exergue nos querelles communautaires (essentiellement verbales et ridicules), et certains ne se privent pas d’annoncer la fin du pays…
Pour montrer à quel point plus personne n’y croit, les épargnants belges ont souscrit en quelques jours à l’achat de plus de cinq milliards d’euros en bons d’État (Yves Leterme, premier ministre démissionnaire, espérait… deux cents millions d’euros).
La fin de la Belgique, ce n’est pas encore pour cette fois-ci.