mercredi 24 avril 2013

Rien là-contre !

— Dites une fois, madame Peeters, vous ne trouvez pas ça un peu bizarre, vous, cette histoire de mariage pour tous ?
— Bizarre ?
— Oué. Le mariage pour tous. Les Français ils sont un peu embêtés avec ça, en ce moment.
— Ah ! Oué, madame Janssens, c'est vrai. Mais enfin... bon... Moi, je dis rien là-contre, hein, parce qu'il me semble quand même qu'on a déjà ça en Belgique.
— On a déjà ça ?
— Oué, madame Janssens. Le mariage pour tous. Même si on n'appelle pas ça comme ça et qu'on fait beaucoup moins de bruit là autour.
— Ah ! Ça, c'est sûr ! On a déjà. Mais moi non plus, hein, je n'ai rien là-contre, madame Peeters. Du moment qu'on vient pas m'embêter chez moi, y a pas de problème. Moi, si ils veulent s'embrasser et tout ça, ça me dérange pas, hein ! Du moment qu'ils viennent pas se pûteler en public ; parce que ça, c'est pas bien.
— C'est pas bien de faire ça en public. Surtout si on est gay.
— Oué. Si on est triste aussi, notez bien.
— Non, je veux dire : si on est gay. Les gays, c'est comme ça qu'on appelle les homosexuels.
— Ah, oué ! J'avais pas compris tout de suite.
— Pasque qu'on soit gay ou pas gay, on fait pas ça en public, quand même !
— Allez, madame Peeters, vous avez été jeune vous aussi, même si y a longtemps, donc vous pouvez comprendre.
— Je comprends pas moins bien que vous, madame Janssens, d'autant que vous êtes plus toute jeune non plus.
— Ah, ça ! On a vécu, hein !
— Il n'empêche qu'en public, il faut se tenir. En privé, ça...
— Oué, en privé, oué, ça peut aller. Ça choque personne.
— Mais y a quand même quelque chose que je comprends pas très bien, madame Janssens, c'est pourquoi les Français ils sont d'accord pour ça, et pas pour les enfants.
— Pas pour les enfants ?
— Tout le monde peut se marier ensemble à deux, vous comprenez, mais quand on se marie ensemble à deux, c'est peut-être bien aussi pour fonder une famille, avoir des enfants...
— Ah ! Oué... C'est vrai que deux mâles ensemble, ça va pas être simple du premier coup.
— Remarquez, deux femmes ensemble non plus. Mais enfin, là, elles peuvent tricher.
— Oué, madame Peeters. Ça est encore une fois un avantage qu'on a, nous autres du beau sexe. On peut tricher.
— Ah, ça ! On peut même faire semblant.
— Faire semblant ?
— Oué, madame Janssens. Faire semblant. J'ai vu ça au cinéma. Enfin, à la télé, dans un film.
— Faire semblant d'avoir un enfant ou faire semblant d'en faire ?
— Non ! Faire semblant de... Enfin ! Vous voyez ce que je veux dire, hein !
— Non.
— Je veux dire... heu... faire semblant d'avoir... heu... du plaisir.
— Du plaisir quand...
— Ben oué, hein !
— Ah ! Oué ! Simuler, vous voulez dire ?
— Voilà.
— Ah ! Ça, c'est vrai que nous, on sait faire ça. Tandis que nos hommes... quand ça veut pas, ça veut pas.
— Je ne vous le fais pas dire !
— Ah, bon ? Parce que Jefke...
— De temps en temps, oué.
— C'est comme Fonske, alors. De temps en temps... Et même plus souvent que de temps en temps, je dois dire.
— Rhoooo...
— Grandeur et décadence !
— Sic transit gloria mundi...
— Verdoume ! Vous avez été à l'école, vous !
— Un peu, oué. Mais pour en revenir à ce que je disais, madame Janssens, ce que je trouve une fois bizarre, c'est que ce soit oui pour une chose et non pour l'autre.
— Oué, mais ça c'est ce qu'on appelle « faire passer la pilule progressivement ». D'abord un petit peu, puis un moyen peu, puis un gros peu. Pasque quand on commence à autoriser, y a pas de raison qu'on n'autorise plus le reste derrière.
— Et même devant !
— Mais vous ne pensez qu'à ça, vous, madame Janssens ! Vous êtes en manque à ce point-là ?
— Non, alleie, je plaisante !
— Ah, bon ! Je me disais...
— Il n'empêche que quand même, ça doit faire mal, hein !
— Faire mal ?
— Oué... je veux dire : faire mal de faire ça par là.
— Faire quoi par où, donc, madame Janssens ?
— Mais enfin, madame Peeters ! Les gays, ils font ça par où, vous croyez ?
— Ah, oué ! C'est moi qui n'avais pas compris, cette fois-ci. En effet, ça doit faire mal.
— Je ne vous le fais pas dire !
— Ah, bon ? Parce que Jefke...
— Il a déjà essayé, oué. Mais j'ai pas voulu.
— C'est comme avec Fonske, alors. J'ai pas voulu non plus.
— Et les femmes, alors, comment elles font, entre elles ? Elles se mettent des trucs dedans, et tout ça ?
— Ça, je sais pas. Y faudrait leur demander.
— J'oserais jamais.
— Moi non plus ! Et pourtant, j'en connais deux, dans le quartier où habite ma fille. Elles se sont mariées l'année dernière, mais on les entend jamais, paraît-il. Et on les voit presque pas.
— Elles sont discrètes.
— Voilà.
— C'est comme près de chez nous, alors.
— Où ça, madame Janssens ?
— L'appartement, au-dessus de chez le marchand de pneus.
— Ah, oué ! C'est le p'tit Louis, qui habite là. Louis... Louis je ne sais plus comment. On l'appelle toujours le p'tit Louis.
— Oué. Le p'tit Louis. Et ben il vit avec un homme.
— Alleie ! C'est vrai ?
— Oué. Comme je vous l'dis.
— Le p'tit Louis. Moi qui l'ai connu tout gamin, tout broebeleir. Avec son snotneus.
— Oué. Et ben il vit avec un homme.
— Ça, j'l'aurais jamais cru ! Et il vit là ?
— Là et chez l'autre. On les voit pas souvent. Ils sont discrets.
— C'est mieux, hein ! C'est ça que j'ai rien là-contre, moi, madame Janssens. Du moment que c'est discret, ils font ce qu'il veulent.
— C'est sûr. Il faut être pour la liberté, madame Peeters.
— Oué. Comme les Français. Liberté, presque égalité et grande fraternité.
— Ha, ha, ha ! Ouééé !


mardi 16 avril 2013

je vent, j achaite


En Belgique, nous sommes reconnus comme experts en langue française. Alors que nos voisins francophones semblent s’évertuer à massacrer ou réinventer la manière de s’exprimer ; nous, Belges, contre vents et marées et en dépit des multiples tentatives de déstabilisation que nous subissons de la part de nos compatriotes néerlandophones ou des eurocrates anglo-germanophiles, nous posons en chaleureux partisans du beau langage.

Les efforts que nous consentons pour défendre le bon usage, perpétuant inlassablement l’œuvre de notre éminent grammairien Maurice Grevisse dont les travaux font référence, autant que les initiatives dont nous faisons quotidiennement preuve en vue d’enrichir notre expression écrite et orale nous valent l’admiration voire la jalousie de nos collègues francophones du Monde entier.

Il suffit de se mettre à l’écoute de nos médias pour constater à quel point nous sommes à la pointe du progrès, par exemple en matière verbale. Aucun présentateur de bulletin d’information routière ou de prévisions météorologiques ne négligerait l’art d’éviter les pataquès et autres enchaînements douteux. Avec un soin et une opiniâtreté suscitant l’admiration, nos commentateurs nous rappellent à longueur d’intervention que nous devons, en accord avec les meilleurs traités d’expression orale, placer aux meilleurs endroits les « e » dont l’absence nuit à l’intelligibilité du discours : l’estE du pays, l’autoroute AnversE-Liège…

De la même manière, nos reporters nous répètent avec conviction que le bon usage requiert de dire : « Quelle va-t-être l’attitude du gouvernement »,  « Par quoi est-ce que les banques remplaceront ce service » et « Pourquoi est-ce-que les syndicats seraient favorables à une grève ? »

La presse écrite n’étant pas en reste, avec « Les rennes du pouvoir » et « Après que le pape ait donné sa bénédiction », j’ai voulu m’assurer que ces règles – et bien d’autres – étaient assimilées par le bon Peuple de mon Pays. Pour ce faire, j’ai jeté mon dévolu sur « 2ememain.be », un site belge bien connu de vente aux enchères entre particuliers et accessible gracieusement à tous.

Lorsqu’une personne souhaite proposer quelque objet à la vente, aussi bien sur ce site-là que sur d’autres de la même veine, certaines données doivent être obligatoirement fournies, tant sur le formulaire d’inscription que dans les cases à compléter lors de la confection de l’annonce. De judicieux conseils sont généralement proposés en lecture à l’annonceur, comme celui de joindre l’une ou l’autre jolie photo de l’objet mis en vente et de rédiger l’annonce dans un langage clair et précis, en ne négligeant aucune donnée importante. Une annonce doit être attrayante et explicite, faute de quoi les candidats acheteurs se feront désirer.

En Belgique, c’est une notion que nous avons très bien intégrée et, un petit dessin valant mieux qu’un long discours, je vais vous soumettre ci-après quelques exemples prouvant à quel point notre compétence en matière linguistique fait désormais autorité dans toute la francophonie.

Ne pouvant m’attarder sur toutes les rubriques et soucieux de joindre l’utile à l’agréable, j’ai choisi de piocher quelques annonces dans un domaine qui m’intéresse, à savoir la photographie, puisqu’il m’arrive d’acquérir de temps à autre du matériel de seconde main pour enrichir ma collection d’objets inutiles et encombrants.


« bonjour vend appareil photo praktica »

N'allez surtout pas croire qu'une personne qui s'appelle Bonjour vend un appareil photo Praktica. C'est juste qu'en Belgique, outre la maîtrise de la langue, nous possédons aussi celle de la politesse. Donc, on oublie rarement de souhaiter le bonjour.

« bonjour voilla je vend ou echange une camera full hd rouge nouvelle
dans sa boite avec tout elle fait video foto j ai dautre annonce
contacter moi via le site pare sms ou apelle merci bonne visite »

Là, c'est pareil. Ce n'est pas quelqu'un qui souhaite le bonjour à une personne qui s'appelle Voilla, mais tout simplement un vendeur qui entame son annonce par les politesses d'usage. Comme c'est écrit en bon français, il est possible que tout le monde n'en comprenne pas les subtiles nuances ; voilà pourquoi il m'a paru bon d'ajouter quelques explications.


« Vend appareils photos objectif canon. Ils sont neuf manque juste les films pour faires les photos et c'est bon , il y'a un flash avec.Il yen a deux. »

Un objectif canon, ça peut faire du dégât, sauf si c'est de la marque Canon, auquel cas nul projectile n'est à craindre. Le lecteur attentif aura rectifié la malencontreuse petite erreur de typographie. Pour se faire pardonner son étourderie, le vendeur offre un second flash en prime. C'est ça, la générosité belge !
C'est comme dans la suivante :


« appariel numerique »

Tout le monde aura bien entendu pardonné la légère faute de frappe assortie d'un accent bien belge.
N. B. Ce vendeur a omis de dire bonjour.


« Ancienne appareil photo AGFA CLICK I
état comme neuf, il a encore un scellé des douannes dessus. »

En sus d'être un virtuose de la grammaire et de l'orthographe, l'annonceur bien de chez nous est d'une intégrité à toute épreuve. C'est une autre qualité qui mérite d'être soulignée.

D'ailleurs, nous ne vendons que du matériel certifié en parfait état et ayant très peu servi :

« bonjour j evend mon appareil photo fonction tres bien servi que deux fois je le revend car j em en sert pas a venir chercher a la maison merci d avance »

Moi, ça m'épate. Et ceci :

« appareil photo numerique bleu turquoise avec house »

Il a appartenu à un médecin célèbre.

« En tres bon etat de fonctionnement. Je n'est plus la boite en carton. Je les acheté 170€ »

On ne va pas chicaner pour une boîte en carton.
L'annonce suivante est une véritable affaire :

« zoom "Soligor" F3000 mm zoom télé-auto avec sa housse de protection. bon état »

Je me suis renseigné auprès du vendeur, mais l'objet avait déjà trouvé acquéreur : un type payant rubis sur l'ongle et venu avec un petit camion pour emporter l'objectif d'une focale de trois mètres.

« Bonjour je vend mon olympius us600zu pour 80 euro il est en parfait état!! Il n'a pas de baterie il fonctionne à pilles. N hésitez pas a me contactez »

Bonjour aussi ! Et tant pille pour la sans t de la baterie.


« Zoom à vendre. Se fixe sur appareil numériques ,canon,sony ou possible autres..
150 euro ou faire offre. Reçu de mon oncle mais ne connais pas les caractéristiques.. »

Là, le vendeur est honnête : il ignore sur quel appareil on peut monter le zoom, alors il ratisse large en suggérant plusieurs marques et même possiblement d'autres ; et en ajoutant, en toute intégrité, qu'il a hérité gracieusement de l'objet et qu'il souhaite en faire profiter quelqu'un d'autre. Merci, Tonton !


« Appareil tout neuf (Il à une semaine) 2 ans de garantie trés trés peu utilisé »

Attention quand même : je connais des gens qui, en une semaine, prennent autant de photos que moi en un an ! Il peut donc avoir été très peu utilisé, mais très intensément.


« à vendre
ma grand mère , vend deux appareils photos avec film qui date de 1950 si y a des amateurs ou amatrices pour sa vous pouvez la contacter pour plus d'informations »

Oui, ça m'a surpris, moi aussi. Initialement, j'avais lu que l'annonceur proposait sa grand-mère à la vente ; mais c'est juste deux appareils photo avec un film de 1950. La date de péremption est dépassée, bien entendu, mais c'est juste pour collection.


« A vendre 1 appareil photo numérique pentax 5mp servis 2 fois et un traveler numérique aussi 14mp jamais servis »

Ben voilà : des gens incroyables qui vendent des objets qu'ils ont achetés pour ne jamais ou presque jamais s'en servir, et qui sont prêts à vous les céder pour une croûte de pain. Tout le charme et la générosité des francophones du nord !


« couple 28 ans pose toute sorte de pose »

Eh, oui ! Ce sont des annonces pour du matériel photographique.


« Description
rangers neuve a vendre 60 ,50euro »

Une paire de bottes qui s'est glissée là par hasard, pensez-vous ? Pas du tout. Ce sont des bottes pour pied-photo !


« Capaciter 7.1 megapixel
ont peux prendre des photos ou filmer sous l'eau étanche jusqu’à 10m état encore impeccable seulement la batterie ne va plus du tout. une batterie coute je pense entre 20 ou 30 euros. »

Là, je me méfierais malgré tout. Le vendeur donne tous les signes de l'honnêteté, mais parler de « capaciter » pour un appareil destiné à prendre des photos sous l'eau... J'espère qu'il n'est pas question de sa contenance en liquide.


« Cette une vente aux enchères Réserve Non pour un Sachtler vidéo DV 12 SB Tête fluide Vitesse équilibre et CF-100ENG fibre 2CF Carbon 2 Trépied étape 5386. Dans la conduction Excellent avec des signes mineurs de l'utilisation très propre et fonctionne parfaitement. »

Moi non plus, je n'ai pas tout compris ; mais c'est normal : les subtilités de la langue me donnent de temps à autre un peu de fil à retordre.
Ne pas confondre avec l'annonce suivante :

« Cosmétique excellent état ??de fonctionnement. Il n'y a pas partout des rayures sur le verre.
Il s'agit d'un objectif grand pour être utilisé pour des plans très longs et il possède extension 2x pour faire que le zoom 42x du.
L'objectif est de 2/3'' monture B4 caméra HD et peut être utilisé avec Sony HDCAM, P2 et caméras DVCPROHD, aussi bien d'autres comme Ikegami.
Les options incluent objectif de type HDxs, navette tir techology, cadre et consignes de vitesse. »

Ce ne sont pas les subtilités du beau langage, mais un vendeur néerlandophone qui a utilisé « Google translate ».
C'est pas bien !


« Je vends un canon power shot s1 is , mais en panne,
Il est comme neuf au niveau carrosserie, s'allume, mais on ne voit plus l'image sur l'écran . Ce qui interessant en cas ou vous pourriez le réparer, il fonctionne avec des piles crayons »

Traduction en sabir de banlieue : il est complètement naze et si vous êtes assez pigeon pour l'acheter, vous ne tarderez pas à vous en apercevoir. Quant aux piles crayon, il ne vous restera plus qu'à chercher un autre endroit où les mettre.
Vendeur malhonnête, essayant de vous arnaquer avec de belles paroles. En Belgique, on parle bien, mais on n'est pas tous absolument honnêtes.


« KODACK easy share C633 AF 3x opital zoom »

Un pauvre Kodack malade à l'opital ? Ça s'écrit comme ça, Kodack ? Ou alors Kodac, comme ci-après ?

« Nous nous séparons de ce vieil appareil Kodac. Il doit dater des années 60. Faire offre à partir de 25 €. »

Quand on songe que monsieur Eastman avait choisi de créer un nom comme celui-là afin qu'il soit facile à écrire et prononcer dans toutes les langues...
On sent toutefois poindre l'émotion, dans l'annonce ci-dessus. Les Belges sont de grands sentimentaux rechignant à se séparer d'un objet qu'ils ont chéri pendant de longues années.
En voici d'ailleurs une preuve supplémentaire :

« Je donne mon appareil reçu à ma communion. Il fonctionne encore mais ce n'est pas très utile de nos jours. Peut servir de décoration pour ceux qui aiment. »

C'est donné. Même pas vendu. Sentimentaux, nous sommes ! Cela peut même aller jusqu'au déchirement :

« Bonjour
Suite au passage à un appareil reflex, je me sépare de mon fidèle Panasonic numérique DMC-FZ8. »

Mais ça ne nous empêche pas de rester polis et de vous souhaiter le bonjour. Même si nous sommes un peu troublés par l'immensité de la peine que suscite cette séparation :

« Pour cause de passage chez Canon, Je vends mon matériel Canon dont l'excellent Nikkor AF 50 mm f/1.8D »

Tout est dans la nuance. Si vous ne comprenez pas cette finesse de langage, vous êtes pardonné.
Mais s'il est douloureux de se séparer de son matériel chéri, il faut songer qu'il était aussi parfois douloureux de s'en servir :

« tres grosse jumelle neuve dans ca boite neuf 
Description
trop lourd pour moi porte a plusieur klm genial sac de transport fourni mode demploi ect voir photos »

Et aussi :

« Reflex canon poignet avec toute commende (GRIP)+batteries Boîtier canon 50D + une poignée avec toute les commende +2 batteries je 600€
Je vend 4 Objectifs 1) 10/22 f:3,5 canon 450€ 2) 17/50 f: 2,8 stabilise Tamron 380€
3) 24/105 f:4 L canon 800€ 4) 70/300 f:3,5-4 L blanc pro 1050€ le tous a peux servi
Le tous a moins 2 ans se inpecable je vend paseque j'ai plus de 73 ans se louré
Pour partire en vacance pour moi »

Nous comprenons votre douleur et compatissons de tout cœur à votre peine, cher vendeur !

Autre subtilité de la langue :

« appareil photos yashica sors du grenier besoin d'un nettoyage »

Ce n'est pas un ordre donné à Yashica, contrairement à ce qu'on pourrait comprendre quand on ne maîtrise pas parfaitement le français.


« bonjour vend appareil photo zenit »

Un autre vendeur poli qui ne s'appelle pas bonjour. En réalité, c'est celui qui proposait aussi un Praktica, tout à l'heure.


« Je vent apareille photos en tres bon etat. cause double emploi »

Le « double emploi », ça arrive fréquemment, chez nous. Par exemple, quand on achète un truc en oubliant qu'on en avait déjà un. Alors, des deux, on garde le meilleur et on revend l'autre. Le vendeur joint donc une très belle image du moins bon des deux appareils (qu'il revend), prise avec le meilleur des deux appareils (qu'il a choisi de garder) :






Dans les pièces d'occasion, il y a aussi du neuf :

« Appareil Neuf. Jamais servi. »

C'est pour ça qu'il est revendu en seconde main.
En y réfléchissant bien, d'ailleurs, les appareils neufs sont toujours au minimum de seconde, de troisième voire de quatrième main, si on tient compte de celle du fabricant, de celle du grossiste, de celle du revendeur et de celle de l'acheteur. Et s'ils en ont chacun deux, comme conseillé dans tout bon manuel de photographie, ça fait déjà une belle collection de doigts.

En Belgique, outre le français, nous manions aussi cette sorte d’espéranto abondamment pratiquée dans les hautes sphères des institutions européennes :

« Hey,
Je vends mon nikon parce que je n'ai pas utilisé. Il n'a pas de coups ou de griffes, il piko bello en ordre.
Je n'ai plus de chargeur donque je donne une pochete gratuit avec ! Il as 12.2 megapixels et video movie HD il est mauve. »

Et en plus, il est mauve ! Donc, ne pas hésiter.

Pour terminer, je vous propose cette annonce qui m'a tout d'abord intrigué parce que je pensais qu'il s'agissait d'une erreur. Mais encore une fois, les finesses de la langue...


« Je vous propose un forfait "nice price" pour passer la journée avec vous pour immortaliser cette belle journée. »

Non, ce n'est pas une annonce qui a glissé de la rubrique « rencontres » ; c'est juste un photographe qui propose ses services pour les cérémonies : mariage, baptême, divorce, funérailles...

Et sur ces bonnes paroles, je vous quitte, parce que je viens de voir l'annonce de quelqu'un qui vents quelque chose que j achaitterait bien.


mardi 9 avril 2013

Les braves types

Il est toujours joli, le temps passé
Une fois qu'ils ont cassé leur pipe,
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés,
Les morts sont tous de braves types.
(Georges Brassens, « Le temps passé »)


Quand une célébrité nous quitte – pour un monde meilleur, diront certains –, je songe inévitablement à ces quelques vers de Maître Georges.

Même s'il est vrai que le temps, un peu comme l'érosion qui s'évertue à remplir les creux et à aplanir les reliefs, aurait tendance à nous faire oublier le pire et à conserver le souvenir du meilleur ; je ne peux m'empêcher de penser que l'hypocrisie ne mourra qu'avec les derniers représentants de la race humaine.

Avec un cynisme que je trouve comique, certains ont suggéré que les frais engendrés par les inévitables cérémonies qui présideront aux obsèques de Miss Maggie soient entièrement pris en charge par le secteur privé.

Peut-être pourrait-on demander à d'anciens mineurs de creuser la tombe ? Ou, en cas d'incinération, à quelques ex-sidérurgistes de préparer le four ?

Qu'ils sont pathétiques, tous ces leaders, tous ces politicards, avec leurs hommages qui puent l'opportunisme de circonstance !

Bien sûr, Miss Maggie avait quelques fervents partisans dans les hautes sphères, les ultralibéraux qui ont mené notre monde là où il est, et qui se félicitent de l’œuvre accomplie : les pauvres sont plus pauvres, les riches, plus riches.

Je ne peux pas non plus m'empêcher de penser que la liberté d'expression, en quelques années, a pris un solide coup sur la cafetière. Lorsque j'entends nos anciens humoristes, certaines vieilles chansons, certains vieux films, livres, bandes dessinées... je me dis qu'on n'oserait plus, aujourd'hui, dire les choses telles qu'on les disait il y a trente ou quarante ans sans se faire traiter de raciste, se voir intenter un procès pour xénophobie, antisémitisme et autres formes d'expression devenues douteuses même sous forme d'humour.

Alors, les gens font profil bas, s'inventent la compassion et jettent un regard noir au malappris qui oserait se réjouir ouvertement de la disparition d'une personne qui n'a pas fait que du bien et carrément du mal, n'ayons pas peur de le dire, à certaines classes sociales.

Je sais, je ne suis pas drôle. C'est étrange, ces derniers temps, comme j'ai tendance à remuer des choses tristes, alors qu'en moi-même, je ne suis pas comme ça. J'aurais plutôt tendance à rire de tout, à balancer des sarcasmes et à prendre la vie du bon côté.

Mais que voulez-vous ? Ai-je le droit de rire quand j'apprends qu'on exhume les restes de Pablo Neruda ? Vous le connaissiez, Pablo Neruda ? Moi non plus, j'étais trop petit. Mais j'ai appris, quand même un peu, par la suite, qui il était.
Ne pouvait-on pas laisser ses restes reposer en paix ?
Et si un examen approfondi de la dépouille nous apprend que le poète est mort empoisonné ou tué par balle plutôt que d'un cancer, d'une crise cardiaque ou d'une chaude-pisse, va-t-on exhumer Pinochet pour le lui cracher à la face ?

C'était un brave type, Neruda. Les morts sont de braves types et, avec le temps qui passe, tous les morts finissent par le devenir. On oublie, on banalise.

Pinochet, ce n'était pas un brave type. Même mort, ce n'est pas un brave type. Faut pas exagérer. Et je ne vais pas parler de Mobutu, de Kadhafi ou d'autres personnes encore pires que celles-là, sinon je vais gagner un point Godwin.

Mais je veux dire que le temps efface tant de choses que, bientôt, toutes ces personnes, tous ces gens ne seront qu'un bout d'histoire que nos descendants finiront par banaliser.

Quand on dit « Armstrong », aujourd'hui, les gens pensent à Lance Armstrong. Pas à Neil Armstrong. C'est plus ancien, si ancien qu'on oublie déjà ce petit pas pour l'homme et ce grand pas pour l'humanité (comme le disait je ne sais plus qui).

Et puis, je parle des morts et des vilains tricheurs, alors que chez nous, les vivants ne rigolent pas : on vient de battre le record de faillites mensuelles. Ce n'est pas drôle.

Pas drôles non plus, les deux morts de Koh-Lanta. Le concurrent, puis le toubib. C'était pourtant de braves types, je crois. Le positif de l'affaire, c'est qu'on est débarrassés de l'émission. Pourvu que ça dure !

S'il pouvait y avoir un empoisonnement à Top Chef ou à Master Chef, un noyé à Fort Boyard, un suicide à Secret Story ou quatre disparitions à Pékin Express, ça arrangerait peut-être mes soirées télé. D'autant plus qu'on arrête Julie Lescaut. Enfin, pas elle. La série. Déjà que le mois dernier, la télé belge diffusait la saison 1 de Game of thrones sur la deux, ce qui empêchait de regarder les petites bêtes sur la première : Le jardin extraordinaire suivi de Joséphine, ange gardien ; ça la foutait mal !

Non, ce n'est pas drôle, ce que je raconte. Que des trucs foireux ou cafardeux. Même la météo, toujours mauvaise. Et rien à la loterie.

Si, quand même une bonne nouvelle dans la tourmente : les Chinois se mettent à la bière. De plus en plus, comme on l'annonce chez AB InBev. Quand ils auront pris goût à la bière trappiste, ils se mettront peut-être au catholicisme ?
Mais je rappelle que pour la Westvleteren XII, ils devront se lever tôt, ces p... de moines refusant toujours d'augmenter la production !

Une autre bonne nouvelle (si on veut) : il y a un nouveau disque de Carla Bruni. Moi, je m'en fous, mais ça veut dire qu'elle est encore là. Des fois qu'on l'aurait oubliée...