mardi 6 mai 2014

À présent que le passé avait de l'avenir

 « Ce qui est triste avec le passé, c'est qu'il est passé », disait John Lennon. Même s'il y est passé lui aussi, je trouve qu'il avait plutôt raison, dans le fond. C'est vrai que le passé, c'est le passé et que, quelle que puisse être l'envie de le refaire, la possibilité n'existe pas (encore). Autant éviter de nourrir des regrets, donc.

Je préfère donc laisser vivre avec leur passé ceux qui n'ont plus d'avenir ou se comportent comme s'ils n'en avaient plus. Peut-être que quand je serai vieux, malade, grabataire et encore plus chiant qu'aujourd'hui, je m'appesantirai sur mon passé avec la plus intense des nostalgies... mais je n'en suis pas là.

Certains font des projets d'avenir. C'est bien, les projets d'avenir. Parfois, des profs, à l'école, nous disaient qu'il fallait avoir un but, dans la vie. Et même plusieurs. Moi, j'aimerais bien vivre vieux, mais ce n'est pas un but. C'est juste une envie, comme ça, parce que je trouve que la vie est bien courte et que le temps passe trop vite, si vite que j'ai parfois l'impression que je n'aurai pas le temps de faire tout ce que j'ai envie de faire.

Certains envisagent leur retraite. Ils s'impatientent même d'atteindre enfin cet âge où ils ne devront plus aller bosser mais pourront jouir d'un repos qu'ils estiment bien mérité. Pourquoi pas ? Eux aussi, dans le fond, ils ont raison. Sauf que...

Sauf que je trouve qu'il existe une nuance de taille entre faire des projets d'avenir et s'impatienter d'être dans cet avenir. Ça me semble tellement sympa de penser que « cet été je pars en vacances » ou que « l'an prochain, je change de boulot » ; mais tellement incongru de dire « vivement l'été que... » ou « vivement l'an prochain que... »

Quand j'entends des collègues s'exclamer « vivement la pension ! » et décompter impatiemment les jours qu'il leur reste à travailler, même si ça dure encore trois ans, je ne puis m'empêcher de songer qu'ils ne profitent pas de la vie mais, qu'au contraire, ils se la pourrissent avec leur hâte d'être demain, après-demain, l'été prochain, l'an prochain... jusqu'à me donner l'impression qu'ils ont envie d'être (un peu plus) vieux.

C'est un peu comme si aujourd'hui n'était pas bien. Comme si l'instant présent était une corvée à liquider dans l'attente de mieux ; alors que le bonheur, le bonheur tout simple, on peut le trouver à tout moment, à portée de main, dans la lumière d'un sourire, dans la musique des mots gentils et dans tous les bons petits moments que la vie nous donne.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire