mardi 30 juin 2015

La piste cyclable, lieu où les cyclistes sont en sécurité !

Dans leur immense bonté et dans le but d'offrir aux cyclistes un espace spécialement aménagé pour qu'ils y circulent en toute sécurité, les pouvoirs publics créent, aménagent et entretiennent de merveilleuses pistes cyclables.

Contrairement à ce que certains pourraient songer, ces parties de chaussée ne sont pas là pour interdire ailleurs la présence des modestes deux-roues et de ceux qui les chevauchent, mais pour montrer à quel point, en haut lieu, on se préoccupe de leur bien-être.

Pour vous le montrer, j'ai pris la peine de m'arrêter pour capturer quelques images le long des routes que je fréquente presque quotidiennement à la force des guibolles, à la belle saison.

Comme vous pouvez le constater ci-après, les autorités compétentes, toujours soucieuses de nous enchanter, ont aménagé le long des espaces réservés aux cyclistes quelques parterres abondamment fleuris qui créent de la couleur, de l'odeur et possèdent un petit je-ne-sais-quoi d'attachant qui incite même à opérer de petits détours en leur honneur ! 



Afin de rompre la plus petite amorce de ce que les plus ingrats des cyclistes pourraient qualifier à tort de monotonie, les pouvoirs publics ont songé à installer quelques passages en dévers qui procureront aux plus hardis la sensation de fréquenter un coûteux vélodrome. Ils y ont ajouté fort opportunément, ici et là, des changements d'aspect du revêtement destinés à retenir l'attention de ceux qui, fatigués peut-être, risqueraient l'endormissement.





Émus par tant de sollicitude, les riverains ne sont pas en reste, eux qui désormais agrémentent les abords des mêmes pistes cyclables par de charmantes haies qui procurent un ombrage si bienfaisant que nous ne pouvons résister au réflexe de leur offrir en guise de remerciement quelques respectueuses et admiratives courbettes.



Mieux encore : certains d'entre eux, préoccupés par l'un ou l'autre défaut de revêtement qui pourrait rendre dangereuse cette aire de pur plaisir, ne reculent devant aucun effort pour nous venir en aide ! Plus prompts encore que les autorités publiques, ils réparent séance tenante les passages devenus dangereux en y ajoutant l'indispensable couche de gravillons qui avait malencontreusement disparu.

Qu'elles sont belles, nos pistes cyclables !

Probablement envieux de notre sort, de nombreux automobilistes n'hésitent guère à franchir le pas : ils délaissent les mornes espaces qui leur sont réservés et viennent s'installer dans nos charmants espaces verts si accueillants, tout en veillant cependant à nous laisser encore en partage la place nécessaire à notre bonne circulation. Quels charmants voisins !



Parfois, dans un moment d'égarement, distraits ou poussés par une bourrasque inattendue, il arrive que nous nous égarions hors de ces pures merveilles que sont nos pistes cyclables. Qu'à cela ne tienne ! Toujours attentifs à notre bonheur, les autres usagers de la route nous rappellent aimablement, d'un discret et musical coup d'avertisseur accompagné de gestes amicaux de la main, à côté de quel plaisir nous sommes en train de passer !

Merveilleuse Belgique !

lundi 15 juin 2015

Dracula est-il bien mort ?

C’est bizarre, comme question, parce que Dracula ne meurt pas. Il est déjà mort mais il s'agite la nuit pour de funestes activités. Donc, on ne peut pas dire que le célèbre comte de Bram Stoker soit mort dans le sens habituel du terme.

Cependant, quand on songe au fameux vampire, on ne peut s’empêcher de penser à Christopher Lee. Et lui, il est mort. Tout récemment.

Évidemment, il est permis d’entretenir quelques doutes. Surtout si on ne lui a pas planté dans le cœur un pieu en bois béni, qu’on ne lui a pas calé les crocs avec des gousses d’ail, mis un chapelet entre les doigts et, au final, tranché la tête bien proprement.

Ce n’est pas bien de faire ça, donc je présume qu’on ne l’a pas fait. Et Christopher Lee, c’était quand même quelqu’un ! Un physique, une voix et un talent impressionnants ! La toute grande classe, pour un comédien à qui l'on a presque toujours fait interpréter le rôle du méchant.

Et Christopher Lee, c’est quand même quelques scènes mémorables dans les vieux films de la Hammer, dont cette finale exceptionnelle, dans le premier de la série, qui le voit affronter Peter Cushing et à l’issue de laquelle il agonise spectaculairement dans les rayons du soleil, un crucifix brandi devant lui, pour finir en poussière chassée petit à petit par un courant d’air (il y a toujours des courants d’air dans les châteaux).

Imaginez à présent que notre comte des Carpates revienne, sous les traits du célèbre comédien, hanter nos longues nuits d’hiver… Bon sang ! Ce ne serait pas de veine !

Dracula parti, il ne faut cependant pas croire qu’on ne puisse plus nous saigner. Je connais quelques vampires haut placés qui s’ingénient à nous pomper le fruit de notre labeur sans même avoir à visiter nos nuits ! On trouve de sinistres vampires au sang bleu et au regard glaçant au sein du gouvernement et des assemblées parlementaires, mais aussi parmi les administrateurs de sociétés exerçant un monopole de fait ou acoquinées entre elles pour saigner aux six artères le pauvre consommateur contribuable : distributeurs d’énergie, gestionnaires de réseaux de télécommunications ou de transports en commun, industrie pharmaceutique…

Et comme si ça ne suffisait pas, d’autres vilains succubes nous assaillent par milliers, remontant de contrées lointaines et nous apportant, en échange de notre hémoglobine, quelques maladies aux noms imprononçables et aux effets néfastes.

Dracula n’a peut-être jamais existé ailleurs que dans l’imagination d’un écrivain aux cauchemars inspirés ou devant l’objectif de cinéastes adeptes de grand guignol ; mais quand on compare ses agissements à ceux des vilains qui nous pompent à longueur d’année notre sueur, notre sang et nos larmes, reconnaissons que, même et surtout sous les traits du grand Christopher Lee, il lui arrive de nous paraître sympathique.