dimanche 4 septembre 2016

Photos de vacances

Contrairement à ce que le titre de cet article pourrait donner à penser, je ne vais pas vous gratifier de mes photos de vacances. J'en ai fait des tas, comme d'habitude, que j'ai dû trier, comme d'habitude aussi, puis qu'il me faudra bientôt archiver, lorsque j'aurai fait réaliser quelques impressions pour mes albums de souvenirs.

Car je suis démodé, comme je l'ai avoué à plusieurs reprises sur ce blog. Cela ne me gêne pas. Et même, quelque part, j'en serais plutôt fier, car les modes, ça passe et, tant qu'à faire, tant qu'à choisir, j'aimerais autant rester.

Tandis que je me vautrais dans mes confortables et rassurantes habitudes, le monde de l'image a évolué. Moi aussi, par conséquent, mais non sans avoir, au début, rechigné à modifier quelque peu mon comportement.

Autrefois, je tiens à le préciser à l'attention de l'éventuel lecteur qui n'aurait pas connu cette époque, pas encore si lointaine, où la photographie était davantage une question de chimie que d'informatique et où les images se travaillaient dans d'obscurs labos plutôt que sur des ordinateurs... autrefois, donc, rapporter des images de mes vacances équivalait à acheter quelques rouleaux de pellicule de vingt-quatre ou trente-six poses, à les exposer, puis à les déposer au labo pour leur développement et l'impression des meilleurs résultats. Comme tout était payant et que les instantanés ratés étaient bons pour la poubelle ou, à la rigueur, quelque vieille boîte à chaussures (quelques mots à ce sujet un peu plus loin), il fallait avoir le déclencheur parcimonieux lorsque le portefeuille avait la platitude d'un estomac de fakir.

Pour les vacances, le meilleur choix était la diapositive, qui permettait de « shooter » abondamment puis de déposer les rouleaux et de demander juste leur développement. Un premier tri envoyait une bonne partie à la corbeille, le reste étant mis sous cache et examiné à la visionneuse. Un chargeur permettait de sélectionner les meilleures diapos que l'on se projetait sur écran, en grand format et en famille. L'écueil habituel était : attention, pas trop, sous peine de changer la séance de projection en séance de torture.

Le plus comique, en fin de compte, c'était la confection d'albums à se passer de la main à la main ou à feuilleter, en petit groupe entassé dans le canapé. Les meilleures diapositives étaient donc, à cet effet, converties en images sur papier.

Ça, c'était pour les vacances ou certains événements au cours desquels l'index pouvait être pris de frénésie sur le déclencheur. En temps ordinaire, le film « négatif » faisait l'affaire. Il était possible de demander une « planche contact » destinée à sélectionner les images avant leur tirage en format standard (ou plus grand), mais généralement, je donnais les films et demandais toutes les impressions en petit format (10x15cm), les trop moches étaient déchirées, les belles mises dans des albums, les meilleures tirées plus tard en grand format. Quant aux « pas terribles », elles filaient dans une boîte à chaussures, comme je l'évoquais ci-dessus. À de très rares occasions, exhumer une de ces boîtes remplies d'images médiocres qu'on ne regarde jamais et qu'on a à peu près oubliées, c'est l'assurance de quelques bons moments d'hilarité.

En famille, avec les amis, nous feuilletions les albums. C'était quelques moments de plaisir auxquels nous sommes, Chérie et moi, restés attachés. La photographie étant désormais numérique, le tri se fait sur écran, la mise à la poubelle également. Plus de boîtes à chaussures, mais des disques durs nomades pour l'archivage des bonnes images. Les meilleures, nous continuons à les imprimer et à les ranger dans des albums, parce que nous trouvons ça chouette, qu'elles s'y conservent bien, qu'on n'en égare pas dans un plantage d'ordinateur, la perte d'un CD-rom ou les obscurs méandres d'Internet.

Autour de nous, de plus jeunes que nous mitraillent à tout va avec leur smartphone, réalisent des « selfies » qu'ils regardent immédiatement, des images où ils grimacent, d'autres immédiatement trafiquées à l'aide de petites applications rigolotes, de minis séquences filmées... Ils se les envoient, les déposent sur les réseaux sociaux, les commentent dans les minutes où elles ont été prises, voire quelques heures ou jours plus tard ; puis elles disparaissent. Elles ne sont pas éliminées séance tenante, non, mais elles sont un peu perdues, un peu – ou beaucoup – oubliées, et ne ressortiront sans doute jamais. Peu seront imprimées et placées dans des albums. De toute façon, leur qualité technique ne permet généralement pas d'en réaliser de beaux tirages. Qu'importe ! Ce n'est pas ce que ces accros au smartphone et aux réseaux sociaux recherchent.

Récemment, un de ces adeptes m'assurait que ces images étaient archivées sur « des clés USB », ce que je crois volontiers. Seront-elles encore regardées plus tard ? Et, surtout, pourront-elles être encore regardées plus tard ? La technologie évolue si vite, les supports numériques sont si capricieux...

Les photos imprimées, je leur fais confiance. Elles sont un reflet de l'histoire du siècle dernier. J'en possède encore, soigneusement étiquetées ou annotées au verso, en noir et blanc comme en couleur, du temps de mon enfance. D'autres, en noir et blanc, me montrent mes parents et grands-parents tels que je ne les ai jamais connus ou tels que j'en ai perdu le souvenir. Mes arrières-grands-parents existent encore, en image sur papier, en petit format aux bordures festonnées.

Nos enfants, aujourd'hui, découvrent tout cela en écarquillant les yeux. Pourra-t-il en être autant, dans quelques dizaines d'années, pour les enfants de leurs enfants ?

Nous ne vivons pas dans le passé (qui est triste parce que, justement, il est passé), mais c'est à la lumière de ce qui existait autrefois que l'on comprend mieux ce qui se passe aujourd'hui et qu'on peut imaginer ce qui se passera demain.

De nombreuses images imprimées en témoignent.

1 commentaire:

  1. Ouaip... c'est beau !

    Tiens, un instant, j'ai pensé à ça : https://www.youtube.com/watch?v=Mz62VkqD-KE

    RépondreSupprimer