samedi 25 juin 2016

Sans les Brittons ?

D'autres que moi, bien plus qualifiés sans nul doute, ont largement commenté le sujet ces derniers jours ; d'abord afin de tenter de deviner si ce serait « avec » ou « sans » à l'issue du référendum ; ensuite afin d'essayer de prévoir ce que seraient les conséquences du choix opéré par les Britanniques.

« La majorité, il n'y a que ça de vrai, faisait-on dire par Jacques Brel dans Mon oncle Benjamin. Mets dix savants d'un côté et onze imbéciles de l'autre, les imbéciles l'emportent. »

Loin de moi l'idée de qualifier qui que ce soit de savant ou d'imbécile, c'est juste une manière de dire que la démocratie et le suffrage universel, aussi intéressants soient-ils, ne sont pas obligatoirement une réponse à tous les problèmes.

N'étant spécialiste de rien du tout, y compris du sarcasme bien que je m'y entende assez bien, je suis bien incapable d'argumenter valablement dans un sens comme dans l'autre. Non, je ne sais pas si ce sera mieux ou moins bien sans les Brittons. À l'Euro de football, certainement : je soutiens à fond l'Islande pour le prochain match. Pour le reste, je n'ai ni argument m'incitant à dire « bonne affaire », comme ceux qui pensent qu'ils seront mieux sans nous et ceux qui se souviennent du Général et de sa volonté de tenir en dehors de l'Union ces Anglais qu'il connaissait si bien, ni argument à dire « catastrophe », comme bon nombre d'économistes qui songent à l'état de leurs Affaires.

Je serais plutôt à mettre dans le camp de ceux qui estiment que tout le monde va y perdre hormis les ennemis du Royaume-Uni et de l'Union européenne. Mais ne comptez pas sur moi pour vous expliquer le pourquoi du comment de cette impression.

La seule chose que la vie m'a apprise en la matière, c'est qu'on a toujours intérêt à bien s'entendre avec ses voisins. Toujours. Le mauvais voisinage, ça complique la vie. Les conflits de voisinage, ça la pourrit. La complicité avec les voisins, par contre, ça met de la joie dans l'existence.

Et quand on s'entend bien avec son voisin et que ledit voisin s'entend bien avec son autre voisin, qui lui-même n'a aucun problème avec ses voisins... on fait le tour du Monde et on lance une fête des voisins.

mardi 21 juin 2016

Actus sportifiques

Les MGM, vous connaissez ?
Aucun rapport avec la célèbre firme cinématographique au lion rugissant, bien sûr. Il s'agit tout simplement de Moustiques Génétiquement Modifiés.

J'ai entendu cette info ce matin : dans des labos, des scientifiques – on ne les arrêtera jamais, ceux-là – tripotent l'ADN des moustiques pour en faire de supermoustiques qui détruisent eux-mêmes les vilains virus qu'ils transportent parfois et qu'ils transmettent à l'Homme en le piquant. Rien que ça !
Et mieux encore : les chaînes d'ADN modifiées sont stables et transmissibles. Ce qui veut dire que ces charmantes bestioles piqueuses-suceuses transmettent à leurs descendants la même caractéristique génétique, qui fait qu'ils se débarrassent eux-mêmes tranquillement de ce qui pourrait nous nuire en cas de vampirisme. Alors, fini la malaria, la dengue et toutes ces saloperies, grâce aux moustiques génétiquement modifiés ! Génial, non ?

À la réflexion, pas tant que ça. Parce qu'avant de lâcher ces bestioles dans la nature (rassurez-moi : certaines ne vont pas s'échapper d'elles-mêmes du labo, n'est-ce pas ?), il est indispensable de réaliser d'importantes études d'incidence.
C'est que ces moustiques d'un nouveau pedigree, non contents de piquer aussi efficacement que les autres, seront aussi toujours consommés par leurs prédateurs (si, si, ils en ont d'autres que le spray insecticide et la tapette électrifiée). Et là, on ne sait pas.
C'est un peu comme le soja transgénique et les bricoles du même tonneau : on ne sait pas trop si c'est bien d'en manger, même si on est sûr que ça rapporte gros à ceux qui en produisent.

Imaginez que des touristes, qui viennent innocemment visiter votre pays où on a lâché quelques nuées de MGM, bouffent un morceau d'animal qui a bouffé un animal qui a bouffé quelques MGM et ramassent un truc tout neuf et pas du tout maîtrisé qui leur ramollit la cervelle et les change en bêtes furieuses à défaut de leur refiler une sale maladie bien connue qu'ils auraient attrapée en se faisant piquer pendant la sieste...

Et voilà ces braves touristes occupés à tout casser en ville, à balancer des canettes, à hurler des insanités... un peu comme des hordes de hooligans avec lesquels on risquerait de les confondre, alors que ce sont seulement de pauvres victimes de notre science, contrairement aux hooligans qui, eux, sont une variété d'Homo Sapiens pas tellement sapiens puisque non équipée d'un cerveau.
Ce serait vilain, non, comme résultat, pour les scientifiques ?

Je sais, je fais un peu mon vilain pessimiste catastrophiste, mais c'est l'ambiance du moment qui veut ça : avec le sport à toutes les heures et sur toutes les chaînes, puis la violence aussi à toutes les heures et partout dans le Monde, difficile de garder toujours le sourire.

Pourtant, le sport, j'aime bien. En faire (pas trop, j'y veille) et en regarder (pas trop, Chérie y veille).
Ça met un peu d'ambiance dans les soirées télé. Et puis, ça change des téléréalités pas très inspirées et de la musique encore moins inspirée dont Coluche, s'il était encore là, dirait sans doute à nouveau : « Quand on pense qu'il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça ne se vende pas ! »

J'aime bien le sport, écrivais-je, et cette glorieuse incertitude du sport dont on trouve fréquemment l'illustration et qui permet de répondre « non, pas tant que ça » à ceux qui prétendent que « c'est couru d'avance ». Combien de matchs de football où un but est marqué quelques secondes avant que l'arbitre ne donne le coup de sifflet final ? Combien de courses cyclistes où le vaillant échappé, qui méritait la gagne, est rejoint puis dépassé à deux cents mètres de la ligne d'arrivée ?
Et ces incroyables dix dernières minutes des récentes 24 heures du Mans, où tout d'abord le second, incapable de rattraper le premier, est rappelé au stand pour un changement de pneus en vue d'assurer tranquillement la deuxième place ; quelques minutes avant que ledit premier, qui croyait course gagnée, s'immobilise au bord du circuit et regarde le drapeau à damiers s'abaisser devant son rival ?

J'aime bien aussi le « Café des Sports », sur Internet, où les entraîneurs sur clavier énoncent leurs vérités, leurs conseils tactiques, dénoncent, encensent, conspuent tout en s'injuriant les uns les autres.

Il est surtout intéressant de comparer ce que nous disons des nôtres avec ce que les autres disent des leurs ; comparaison qui illustre à merveille le sage dicton : « nul n'est prophète en son pays ».
Quand nous gagnons, c'est parce que l'adversaire était faible. Nous recevrons d'ailleurs notre branlée bien méritée des œuvres du premier adversaire sérieux que nous rencontrerons. Alors, pas la peine de s'imaginer qu'on est les meilleurs et qu'on va tout gagner les doigts dans le nez ; pas la peine d'attraper le melon après un match gagné in extremis face à une équipe de culs-de-jatte...
À l'inverse, lorsque nous perdons, c'est parce que nous sommes mauvais, comme on nous l'avait bien dit. Et sans les largesses de l'arbitre, le talent du gardien de but, un poteau salvateur ou la flexibilité de la queue de la vache au moment d'entrer dans l'étable, nous aurions été aussi ridicules dans les chiffres que dans la manière.

Regardez les autres équipes : ça, c'est du talent ! Ils n'ont pas, comme nous, hérité d'un tirage au sort favorable voire carrément arrangé. D'ailleurs, ils se réjouissent de nous rencontrer au prochain tour, car il vaut mieux nous rencontrer, nous, que certains cadors bien plus talentueux, travailleurs et mieux entraînés.

Bon, moi, je parle de l'équipe belge de football. De ce qu'on en dit chez nous. De sa faiblesse maladive quand il s'agit de rencontrer une équipe convenable.

Je ne parle pas des autres équipes, mais j'ai pu lire un peu ce qu'on raconte en France. Et puis en Angleterre, aussi. Et vous voulez que je vous dise ? À en croire les intervenants sur leurs forums, ils ont aussi des joueurs qui manquent de talent, qui ne mouillent pas le maillot et qui ont du bol de rencontrer des équipes faibles. Faudrait pas qu'ils attrapent le melon !

Non, vraiment, on n'est pas prophète chez soi. Juste oiseau de mauvais augure.

lundi 6 juin 2016

La juste dose de sport

La juste dose de sport, c'est un sujet à la mode. Je ne parle pas du sport qu'on regarde à la télé, style match de foot avec sac de chips sur les genoux et canette de bière à la main. Je parle du sport qu'on pratique soi-même, à la sueur de son front, de ses aisselles et de ses pieds.

Je ne sais pas ce qu'il leur prend, à tous ces toubibs et ces scientifiques à la gomme, mais ils n'arrêtent pas de réaliser des études statistiques sur l'état de santé des gens, du patapouf de canapé au plus acharné des triathloniens, sur leur espérance de vie, sur les trucs qu'ils avalent pour satisfaire leur goinfrerie ou qu'ils s'abstiennent d'avaler dans le respect de leur chasse aux kilos, sur le temps qu'ils passent à glander ou à suer... enfin, toutes ces données qui sont supposées dresser le bilan de ce que nous faisons et qu'il ne faudrait pas faire, et vice-versa.

En gros et sans jeu de mots, voici de quoi il retourne :

— Primo, que l'image que donne le mec svelte et sportif, toujours en mouvement et surveillant son alimentation, c'est l'image d'un mec en bonne santé. Un exemple à suivre.

— Deuzio, que l'image que donne le gus affalé sur son gros cul et qui bouffe en regardant la téloche, c'est l'image d'un gus qui creuse sa tombe avec ses dents. L'exemple à ne pas suivre.

— Troisio, que le truc que les statisticiens et les toubibs ont découvert, c'est que le mec a priori en bonne santé ne l'est pas autant qu'il en a l'air ; et que le lourd du cul ne creuse pas sa tombe aussi vite qu'on pourrait être amené à le penser.

Et paf.
Dans notre tronche à tous, chiffres à l'appui.
Je sais bien que les chiffres, on leur fait parfois dire ce qu'on veut ; mais ils sont quand même là, qui montrent que le gaillard qui galope ses vingt bornes d'affilée ou qui en pédale cent en une seule sortie joue davantage avec sa santé que le touriste peinard qui sirote son pastis en terrasse avant d'aller dîner tranquille puis de se taper une bonne sieste.
J'exagère ?
Presque pas.
Ce qu'il ressort de ces études, c'est que quand on fait zéro exercice physique et qu'on grossit tranquillement, on joue probablement avec son espérance de vie ; mais que quand on s'entraîne assidûment pour un marathon ou la Vasaloppet, c'est à coup sûr qu'on joue avec.

Bref, le sport, c'est comme le reste. Un peu, c'est bien. Beaucoup, c'est trop.
Comme disent les sages quand ils passent à table : « De tout, avec modération ».

Les spécialistes donnent alors des conseils tous azimuts : manger des fruits et des légumes, éviter le café, fuir les sodas et les sucres rapides, éviter les graisses cuites, rechercher les bonnes graisses dans le poisson et l'huile d'olive, limiter sa consommation d'alcool à un verre de vin ou de bière par jour, manger de la viande seulement deux fois par semaine, aller se coucher et se lever à heures régulières, dormir tranquillement six à huit heures par nuit, ne pas mettre la télé dans la chambre, éviter le surmenage et le stress... et pratiquer une activité physique raisonnable (pour la prière avant le repas, ils n'ont pas d'avis). Raisonnable, c'est trois à cinq fois par semaine, pas plus de quarante-cinq minutes par séance, et sans forcer. Et sans oublier d'aller voir le toubib avant pour s'assurer qu'on ne présente pas de contre-indication sérieuse.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, de ces conseils, mais à moi, ils m'inspirent cette constatation : vivre sainement, c'est dur.

Très dur.

Un peu comme un régime amaigrissant. Beaucoup de frustrations, peu de plaisir.

Quand vous avez fini votre apéro, vous n'avez pas envie d'un second ?
Et au barbecue ? Seulement une brochette ? Pas de saucisse à côté ?
Et le steak ? Sans les frites ?
Et comme dessert, une pomme ou une « dame blanche » ?

Et pour l'activité physique ? Trois quarts d'heure, c'est trop ou pas assez ?

Je vais vous le dire, moi : trois quarts d'heure de sport par séance, c'est très dur. Pas sur le moment, non, mais à la longue. C'est un peu comme un régime. Le jour où on commence, ça va. La première semaine, c'est OK. On perd un kilo, on se sent bien. Et puis petit à petit les frustrations arrivent. On craque au bout d'un mois, deux, trois. Et le poids égaré revient dare-dare là où il ne faut pas.

Le sport à petite dose, c'est sain, c'est recommandé par les médecins, mais c'est difficile. Parce que dans le sport, il y a du plaisir. Des endorphines, qu'on appelle ça. Ce sont les hormones du plaisir sportif. Ce sont elles qui donnent envie de refaire du sport le lendemain ou le surlendemain, malgré la fatigue.

Parce que le sport, c'est une drogue. Mais pas avec une séance de quarante-cinq minutes sans trop se fatiguer. Ce genre de truc, ça ne stimule pas. Il n'y a pas de plaisir. C'est donc aussi difficile à tenir qu'un régime amaigrissant. Ce serait un peu comme s'astreindre à faire l'amour sans jamais atteindre l'orgasme. Une fois de temps en temps, pourquoi pas ? Mais systématiquement, ce n'est vraiment pas top.

Vous voulez que je vous dise ? Ces scientifiques, ces statisticiens, ces toubibs... ce sont des rabat-joie.

Pour eux, tout ce qu'on aime bien, c'est mauvais.

Mais le pire, c'est qu'avec leurs études à la noix, on va finir par être convaincus que, finalement, rester le cul dans notre fauteuil, ce n'est pas si mauvais que ça.

Triste époque !