mercredi 10 août 2016

À côté de la plaque...

Ce matin, sur la route qui me conduisait au boulot, j'ai pu m'apercevoir une fois de plus que les plaques d'immatriculation des véhicules peuvent avoir parfois un charme particulier.

Comme les législations et modes d'attribution de ces combinaisons de caractères alphanumériques distinctifs varient selon les pays, il serait fastidieux de tenter d'en dresser un relevé comparatif exhaustif, mais sachez que ce n'est pas toujours aussi aléatoire qu'il n'y paraît de prime abord.

Certains pays, par exemple, pratiquent la « mise aux enchères » de certaines combinaisons, lorsqu'elles sont disponibles, ce qui peut rapporter pas mal de pognon aux autorités compétentes tout en déchaînant les passions des amateurs les plus fortunés.

Certains diront que c'est accorder beaucoup de valeur à des futilités, mais en chacun de nous – ou presque – un collectionneur sommeille ; et il n'est donc pas rare que l'on puisse s'attacher à certains objets au point de donner de l'importance à ce qui, a priori, n'en a aucune.

Tous les pays ne pratiquent pas non plus la règle indiquant qu'une plaque d'immatriculation est attribuée d'abord à une personne, pour être ensuite collée sur un véhicule, puis sur un autre, à chaque fois que le propriétaire concerné change de voiture. Chez nos proches voisins francophones, par exemple, le principe serait plutôt inverse : la combinaison alphanumérique suit le véhicule, même s'il change de propriétaire (au sein du même département, toutefois).

En Belgique, le principe est, de longue date, d'attribuer une plaque à une personne (parfois plusieurs s'il immatricule à son nom plusieurs véhicules en même temps), plus ou moins aléatoirement. Tant qu'il en a besoin, le propriétaire conserve la combinaison qui lui a été attribuée. S'il change de voiture, conserver sa propre plaque lui permet de réduire les frais : il ne paie que la taxe d'immatriculation et de mise en circulation, pas l'objet lui-même, puisqu'il l'a déjà acquis précédemment.

Néanmoins, la possibilité existait de longue date d'obtenir, moyennant supplément, une combinaison dite « personnalisée ». Autrefois, le choix se limitait à choisir parmi les séquences disponibles (donc essentiellement « à venir »), sans autre fantaisie ; mais actuellement, nos autorités ont flairé le bon coup : pour deux mille euros (au lieu de trente normalement), presque toutes les fantaisies sont permises, pour autant qu'elles soient encore disponibles (lisez : non encore attribuées à l'un ou l'autre gugusse) ou ne fassent pas partie de combinaisons expressément interdites ou réservées (famille royale, ministres, diplomates et autres sommités), comme expliqué ici.

Donc, si vous aimez être un automobiliste belge qui sort de l'ordinaire – et qui est prêt à sortir deux mille euros pour le faire –, optez pour une immatriculation qui vous distinguera du tout-venant : « CHOUCHOU », « TITINE-2 », « FRANK-4 », « POPOL-69 », « MOI-MOI »... l'imagination me manque, mais sachez que les injures sont interdites, de même que certains sigles réservés. C'est idiot, n'est-ce pas ? Surtout au prix que ça coûte ; mais si ça fait rentrer des sous dans les caisses de l'État... Comme disait Coluche : « S'il y a des couillons pour payer... »

Mais pourquoi suis-je en train de vous raconter ça, en fait ?

Ben, c'est parce que, ce matin, j'ai pu m'apercevoir une fois de plus que le hasard ne fait pas toujours bien les choses. Si vous êtes économe, si vous vous en foutez d'avoir une plaque personnalisée sur votre bagnole, si vous jugez que trente euros pour un bout de ferraille orné de chiffres et de lettres, c'est déjà plus que suffisant... laissez donc faire les « séries officielles ». Avec un peu de chance, vous toucherez une combinaison pas trop tarte commençant par « 1- » (actuellement, les plaques ordinaires commencent par « 1- »), suivi de trois lettres et trois chiffres séparés par un tiret. Par exemple : « 1-ABC-789 ».

Un manque de bol, par contre, pourrait vous attribuer un truc du genre « 1-PUI-100 » ou des combinaisons de lettres intégrant « KK », « QQ » ou « PT ».

C'est à cela que j'ai songé ce matin, alors que de nombreuses voitures me dépassaient sur l'autoroute – des tas de voitures me dépassent toujours sur l'autoroute – et que parmi elles j'ai successivement vu une plaque commençant par « 1-JPU » et une autre débutant par « 1-GPT ». Est-ce que ces gens qui n'ont pas eu de bol (enfin, il me semble) ne pourraient pas avoir droit à une réduction ? Quinze euros au lieu de trente ? Ou la gratuité ?

Moi, j'ai échappé à ça. Mais enfin, ce qu'on m'a refilé est imprononçable (en français) mais pourrait – qui sait ? – avoir un sens en polonais ou en slovaque.

Toujours est-il que si vous trouvez des combinaisons très drôles à trente euros, vous pouvez me les faire suivre : ça doit commencer par « 1 », puis trois lettres et trois chiffres. Et bientôt, sans doute, on inversera : trois chiffres et trois lettres. Y a de quoi faire !