dimanche 13 mars 2022

Non, le carburant n'est pas trop cher !

 

Le titre est volontairement provocateur, je sais, et même franchement exagéré, aussi vais-je nuancer le propos dans les lignes ci-après...

Et je vais commencer par citer Coluche qui, dans un des ses sketches, disait : « On a doublé le prix de l'essence. Est-ce qu'il y a deux fois moins de voitures sur les routes ? Non ! »

Une sorte de postulat qui ne se promenait pas dans la dentelle, lui non plus, mais qui basait son raisonnement sur le fait que le doublement du prix d'une denrée n'entraîne pas nécessairement une réduction de moitié de sa consommation.

Si on doublait soudain le prix du pain ou d'une autre denrée de base de notre alimentation, je suis certain que les gens en achèteraient moins ; mais la bagnole, ça, il ne faut pas y toucher.

Il y avait jadis des slogans du genre « Ma voiture, c'est ma liberté » qui paraissent ridicules aujourd'hui ; mais il n'en reste pas moins que, dans nos pays de l'UE, on a tellement eu tendance à verser dans le « tout à la bagnole » au cours des dernières décennies qu'il est devenu difficile aujourd'hui de s'en passer à moins de changer de mode de vie – ce qui peut imposer un changement de domicile, par exemple.

Les commerces des villages ayant disparu au profit des grands centres commerciaux plantés en périphérie des grosses agglomérations, seuls les ménages domiciliés au centre des villes et à proximité des boutiques peuvent éventuellement faire l'économie d'une voiture et certainement celle de la seconde.

Donc, le carburant double de prix et il y a toujours autant de voitures sur les routes. C'est un fait. Et les gens vous diront que « ce n'est pas possible autrement », « qu'il faut bien aller bosser, faire les courses et conduire les enfants à l'école ».

Tiens, justement, comme j'en parlais dans un ancien article (toujours d'actualité) : j'habite en face d'une école.

Là aussi, en dépit du doublement du prix du carburant, il y a toujours autant de bagnoles aux heures « chaudes ». C'est hallucinant, quand on y songe, car la plupart de ces gens n'habitent pas loin. Ils pourraient faire le déplacement à pied, d'autant plus que ces courts trajets motorisés sont proportionnellement les plus coûteux en énergie au kilomètre.

« Oui, mais de toute façon, je dois prendre la voiture, car je vais bosser et l'école est justement sur le chemin du travail ».

Je ne juge pas les gens, ils disent sans doute vrai. Je constate, tout simplement.

D'ailleurs, moi aussi, je suis dans le même cas. Et bien que je n'aie plus d'enfants à « déposer à l'école en passant » (mais ce n'était pas nécessaire, puisque, je le rappelle, j'habite en face), je dois utiliser la voiture pour aller au turbin ou faire les courses. Mais Chérie et moi, nous nous modérons. Nous prenons nos vélos autant que possible. Et les transports en commun. Et nous ne rechignons pas à user de nos guibolles, elles sont conçues pour ça.

Ce que nous devrions constater autour de nous, en raison de la forte hausse des prix des carburants, c'est une modification de certains comportements. La conduite « économique », cela existe. Et c'est si simple à mettre en place qu'on se demande si, vraiment, les automobilistes ont davantage de pognon que de cervelle.

C'est ce constat qui me fait dire que non, le carburant n'est pas (encore) trop cher. En tout cas, pas pour tout le monde. Sinon, les gens rouleraient moins et, surtout, beaucoup plus calmement. Cela leur permettrait de réaliser de substantielles économies.

Et, comme je le disais, c'est simple à mettre en place. Il suffit d'anticiper.

Le principe est qu'à véhicule égal, une conduite en douceur et une vitesse modérée font baisser la consommation de carburant. Grosses accélérations et coups de frein sont des gaspillages d'énergie ; et la résistance à l'avancement (pertes par frottements) est proportionnellement plus forte à vitesse élevée.

Le truc le plus simple, donc, quand on ne peut pas se déplacer autrement qu'en voiture, est de partir un peu plus tôt et de rouler en évitant de devoir freiner. Cela nécessite de l'anticipation, non seulement sur la circulation, mais aussi sur notre emploi du temps. Partir cinq ou dix minutes plus tôt, ce n'est pas si compliqué dans la plupart des cas. Juste une habitude à prendre.

Et non seulement cela permet de diminuer la consommation de carburant, mais aussi le stress d'arriver en retard.

Autre bonne surprise : partir plus tôt, cela permet également de passer un peu plus tôt les carrefours difficiles et d'éviter les plus gros encombrements. Double économie.

Je vois toutefois si peu de comportements raisonnables, de conducteurs calmes, de gens déstressés, que j'en arrive à dire que non, décidément, le carburant n'est pas encore assez cher.

Pour certains automobilistes, en tout cas, comme je l'écrivais ci-dessus. Car il est vrai que je vis en Belgique, et que la Belgique est le paradis de la « voiture de société ». La bagnole dont le patron offre l'usage à son employé, ça lui coûte moins cher que du salaire. Donc, en Belgique, il y a des « voitures-salaire ». Et, en complément, le patron paie aussi assez fréquemment une carte carburant. Cela fait partie des « avantages en nature ».

Alors, bien sûr, comme près de la moitié des bagnoles neuves vendues en Belgique sont des « voitures de société », ceci explique cela. « C'est pas moi qui paie, donc pas besoin de faire des économies ».

D'ailleurs, question voiture, le Belge vit au-dessus de ses moyens. La caisse offerte par le patron est bien souvent une à deux catégories au-dessus de celle que le travailleur pourrait s'offrir avec ses propres deniers ; ce qui explique l'abondance sur nos routes de berlines et SUV allemands autrement plus coûteux que la Clio du Français ordinaire.

Pas encore assez chère, donc, l'essence. Quand elle le deviendra assez pour que les patrons se disent « Holà ! Stop ! Y a de l'abus », les choses changeront peut-être. Mais, en attendant, ils auraient tort de se plaindre, puisque ce système a bien arrangé leurs petites affaires pendant de nombreuses années.


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