En complément à mon précédent
entrefilet, je vais tenter de vous donner un peu plus d'explications
concernant la maison d'édition Nouvelles Plumes, issue d'une
collaboration avec Les Nouveaux Auteurs et chapeautée par le
groupe France Loisirs, qui possède des points de vente en
France, en Belgique et en Suisse, et compte plusieurs milliers de
membres.
Pour ceux qui l'ignoreraient, France
Loisirs est une chaîne de magasins vendant des livres et, plus
accessoirement, des disques audio et vidéo. Leur clientèle est
constituée d'adhérents qui s'engagent à acheter au moins un livre
par trimestre, soit en boutique, soit par correspondance sur base
d'un catalogue envoyé quatre fois l'an.
France Loisirs n'est pas un
éditeur à proprement parler, mais des accords conclus avec des
maisons d'édition lui permettent de distribuer sous son label une
bonne palette d'ouvrages en tous genres, certains en avant-première
ou en exclusivité aussi bien que des rééditions de grands
classiques.
Dans le catalogue n° 172 de la
filiale Belgique Loisirs, j'ai trouvé trois pages titrées
« Avant-premières Nouvelles Plumes – La maison d'édition
des talents de demain ». Au bas de la troisième, j'ai pu
lire ceci : « Vous rêvez d'être publié ?
Déposez votre manuscrit sur nouvellesplumes.com ». Et,
juste en dessous : « Vous avez envie de vivre votre
passion des livres ? Participez à notre communauté de lecteurs
pour lire les manuscrits, partager vos avis et révéler de nouveaux
auteurs ! »
Voilà qui me rappelait fortement les
méthodes d'une autre maison d'édition, à savoir : Les
Nouveaux Auteurs. Une visite sur nouvellesplumes.com me
permit de constater que, côté langage et procédés, c'est bonnet
blanc et blanc bonnet !
Apparemment, NP organise également un
concours – clôturé pour cette année. Pourquoi pas ?
Je ne vais pas répéter tout ce que
j'ai déjà écrit à propos de Les Nouveaux Auteurs et leur
Comité de Lecture Citoyen, puisque Nouvelles Plumes en
reprend le principe sous l'appellation Comité de Lecteurs.
Les plus curieux d'entre vous pourront se balader sur leur site et
prendre connaissance des étapes à remplir pour devenir lecteur ou
envoyer un manuscrit.
Alors, quelles différences y a-t-il
entre les deux éditeurs, à part l'étiquette ?
Peu de choses, dans le principe :
des manuscrits d'auteurs non encore édités sont évalués par des
amateurs de lecture, selon leur bon vouloir et avec des compétences
fort variables, les mieux notés d'entre eux étant sélectionnés et
leur auteur se voyant éventuellement proposer un contrat d'édition
à compte d'éditeur.
La démarche pour faire partie du Comité de Lecture est la même que celle à entreprendre pour devenir membre du Comité de Lecture Citoyen : se connecter sur le site de l'éditeur et remplir un formulaire d'inscription reprenant l'identité, l'adresse et quelques informations sur les habitudes de lecture du postulant. Rien de compliqué.
Le membre du Comité reçoit, par courriel, des listes de manuscrits classés par genre, dans lesquelles il sélectionnera ceux qu'il souhaite lire, noter et commenter. Ils lui seront envoyés en version imprimée, par voie postale. Mais le nombre d'envois est limité, en fonction des demandes faites par lecteurs : les plus rapides seront les mieux servis. Il reste toutefois la possibilité d'en télécharger autant que voulu, en format PDF. J'ai expliqué, dans cet article, tout le bien que je pense de cette méthode qui bafoue allègrement le droit d'auteur : il s'agit d'une diffusion incontrôlée d’œuvres dont l'éditeur n'a pas acquis les droits (aucun contrat n'a été signé). Quand on connaît l'aisance avec laquelle on peut copier et transmettre des fichiers PDF, ça laisse songeur...
Qu'il s'agisse de Nouveaux Auteurs ou de Nouvelles Plumes, il s'agit dans les deux cas d'édition
à peu de frais (corrections sommaires, jaquettes banales) de
primo-auteurs pas trop exigeants sur les conditions financières, ce
qui permet de dégager une marge de profit assez confortable. Si vous
êtes auteur et intéressé par ces éditeurs, envoyez-leur un
manuscrit impeccablement corrigé. Vous ferez d'une pierre deux
coups : vous ne choquerez pas les lecteurs sensibles au respect
de la grammaire et, si vous devez être édité, les correcteurs
« maison » n'auront plus qu'à faire ce qu'ils font le
mieux, c'est-à-dire à peu près rien.
J'ai pourtant déjà reçu des courriels où des auteurs édités là-bas m'affirmaient que la correctrice qui s'était occupée de leur manuscrit était sympa, diplômée, compétente, ouverte au dialogue... ce que je veux bien croire ; mais si on ne laisse pas à cette personne le temps de véritablement exercer son talent (le temps, c'est de l'argent, donc il faut faire vite), le travail sera inévitablement bâclé.
J'ai pourtant déjà reçu des courriels où des auteurs édités là-bas m'affirmaient que la correctrice qui s'était occupée de leur manuscrit était sympa, diplômée, compétente, ouverte au dialogue... ce que je veux bien croire ; mais si on ne laisse pas à cette personne le temps de véritablement exercer son talent (le temps, c'est de l'argent, donc il faut faire vite), le travail sera inévitablement bâclé.
La différence essentielle entre les
deux maisons d'édition est la distribution. Les Nouveaux Auteurs diffuse
assez bien ses livres dans les grandes librairies, en France mais
aussi en Belgique (ailleurs, je ne sais pas), mais attention :
seuls les lauréats des concours sont vraiment mis en valeur avec un
bon potentiel de vente.
Nouvelles Plumes diffuse dans
les boutiques du groupe France Loisirs et par correspondance,
pour plusieurs millions d'adhérents en France, en Belgique et en
Suisse.
Si le principe vous semble intéressant,
si vous décidez de tenter votre chance chez l'un ou l'autre, je
dirais que chez LNA, il vaut mieux ne signer que quand on a
l'assurance de remporter un prix à un de leurs concours.
Pour Nouvelles Plumes, c'est
différent. Le nombre de points de vente et de clients potentiels est
plus réduit, mais pour autant que les ouvrages soient présents au
catalogue et dans toutes les boutiques, leur visibilité sera bonne,
la concurrence étant bien moindre que dans une grande librairie.
En d'autres termes, si votre livre est
à la FNAC, combien de visiteurs le verront et s'y
intéresseront ? Une personne sur cent ? Une sur mille ?
Dans une boutique du groupe France Loisirs, combien de
visiteurs le verront et s'y intéresseront ? Une personne sur
dix ? Une sur cent ?
Je vous laisse imaginer...
Une chose cependant m'inquiète :
pas moins de huit avant-premières ce trimestre pour Nouvelles
Plumes, n'est-ce pas un peu trop ? Quel éditeur va lancer
sérieusement huit nouveaux auteurs d'un seul coup ? Et si cette
cadence devait être maintenue, nous en serions à trente-deux sur un
an !
Moi, ça me semble vraiment beaucoup.
Comme j'aime bien lire, et qu'en outre
je suis membre Belgique Loisirs depuis... heu... très
longtemps, je me suis dit que j'allais acquérir un de ces ouvrages
proposés par Nouvelles Plumes, pour autant qu'ils soient
disponibles en boutique. Et ils y étaient.
J'ai jeté mon dévolu sur un roman qui
n'avait pas trop l'air d'être un polar/thriller avec crimes
horribles, meurtres en série, tueur psychopathe et flic marginal (je
n'arrive pas à comprendre pourquoi les gens aiment ça), et dont le
résumé en quatrième de couverture me semblait suffisamment
intrigant : « Le secret de Diane », par
Jean-Robert Lépan.
Bien m'en a pris ! J'ai trouvé ce
livre très chouette, souvent surprenant, agréablement écrit et
bien documenté. L'auteur a bien campé ses personnages et a choisi
avec soin les mots pour s'exprimer.
N'étant pas critique littéraire, je
m'abstiendrai de commentaires supplémentaires, mais à ceux qui
voudraient tâter de cette collection, je recommanderais celui-là.
Il reste des fautes, le travail de
correction ayant été rapidement expédié, mais la base était
bonne et rien d'excessif n'est à déplorer. De moins maniaques que
moi ne remarqueront peut-être rien.
Je souhaite en tout cas beaucoup de réussite à l'auteur, qui le mérite incontestablement !
Mise à jour : 07/09/2013
Nouveau catalogue FL/BL et quatre nouveaux romans en "avant-première" chez Nouvelles Plumes. Le rythme est soutenu. Ce trimestre, donc, quatre nouveaux titres... et quatre survivants de l'édition précédente. Cela fait donc six mois de mise en avant pour certains auteurs (parmi lesquels J-R Lépan).
Une visite en boutique m'a permis d'apercevoir, bien en évidence sur un présentoir distinct, ces productions de "Nouvelles Plumes".
Aucun doute, donc : ils sont bien visibles, ce qui est généralement bon signe. Aucun doute non plus quant à la volonté de France Loisirs (et sa branche belge) de promouvoir ces ouvrages.
Ne nous leurrons pas : la marge bénéficiaire de l'éditeur doit être confortable. Mais qu'importe ! Si cela permet à l'auteur d'être correctement diffusé, pourquoi pas ? Le pourcentage de droit d'auteur est une chose, le chiffre de vente une autre.
Reste néanmoins une inconnue : cette mise en évidence assure-t-elle un volume de vente intéressant ?
Quoi qu'il en soit et à la grosse louche, la probabilité de succès me paraît plus importante pour un livre d'un auteur encore méconnu présenté dans ces conditions que noyé dans la masse sur un étalage à la FNAC.