Les MGM, vous connaissez ?
Aucun rapport avec la célèbre firme
cinématographique au lion rugissant, bien sûr. Il s'agit tout
simplement de Moustiques Génétiquement Modifiés.
J'ai entendu cette info ce matin :
dans des labos, des scientifiques – on ne les arrêtera jamais,
ceux-là – tripotent l'ADN des moustiques pour en faire de
supermoustiques qui détruisent eux-mêmes les vilains virus qu'ils
transportent parfois et qu'ils transmettent à l'Homme en le piquant.
Rien que ça !
Et mieux encore : les chaînes
d'ADN modifiées sont stables et transmissibles. Ce qui veut dire que
ces charmantes bestioles piqueuses-suceuses transmettent à leurs
descendants la même caractéristique génétique, qui fait qu'ils se
débarrassent eux-mêmes tranquillement de ce qui pourrait nous nuire
en cas de vampirisme. Alors, fini la malaria, la dengue et toutes ces
saloperies, grâce aux moustiques génétiquement modifiés !
Génial, non ?
À la réflexion, pas tant que ça.
Parce qu'avant de lâcher ces bestioles dans la nature
(rassurez-moi : certaines ne vont pas s'échapper d'elles-mêmes
du labo, n'est-ce pas ?), il est indispensable de réaliser
d'importantes études d'incidence.
C'est que ces moustiques d'un nouveau
pedigree, non contents de piquer aussi efficacement que les autres,
seront aussi toujours consommés par leurs prédateurs (si, si, ils
en ont d'autres que le spray insecticide et la tapette électrifiée).
Et là, on ne sait pas.
C'est un peu comme le soja transgénique
et les bricoles du même tonneau : on ne sait pas trop si c'est
bien d'en manger, même si on est sûr que ça rapporte gros à ceux
qui en produisent.
Imaginez que des touristes, qui
viennent innocemment visiter votre pays où on a lâché quelques
nuées de MGM, bouffent un morceau d'animal qui a bouffé un animal
qui a bouffé quelques MGM et ramassent un truc tout neuf et pas du
tout maîtrisé qui leur ramollit la cervelle et les change en bêtes
furieuses à défaut de leur refiler une sale maladie bien connue
qu'ils auraient attrapée en se faisant piquer pendant la sieste...
Et voilà ces braves touristes occupés
à tout casser en ville, à balancer des canettes, à hurler des
insanités... un peu comme des hordes de hooligans avec lesquels on
risquerait de les confondre, alors que ce sont seulement de pauvres
victimes de notre science, contrairement aux hooligans qui, eux, sont
une variété d'Homo Sapiens pas tellement sapiens puisque non
équipée d'un cerveau.
Ce serait vilain, non, comme résultat,
pour les scientifiques ?
Je sais, je fais un peu mon vilain
pessimiste catastrophiste, mais c'est l'ambiance du moment qui veut
ça : avec le sport à toutes les heures et sur toutes les
chaînes, puis la violence aussi à toutes les heures et partout dans
le Monde, difficile de garder toujours le sourire.
Pourtant, le sport, j'aime bien. En
faire (pas trop, j'y veille) et en regarder (pas trop, Chérie y
veille).
Ça met un peu d'ambiance dans les
soirées télé. Et puis, ça change des téléréalités pas très
inspirées et de la musique encore moins inspirée dont Coluche, s'il
était encore là, dirait sans doute à nouveau : « Quand
on pense qu'il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que
ça ne se vende pas ! »
J'aime bien le sport, écrivais-je, et
cette glorieuse incertitude du sport dont on trouve fréquemment
l'illustration et qui permet de répondre « non, pas tant que
ça » à ceux qui prétendent que « c'est couru
d'avance ». Combien de matchs de football où un but est marqué
quelques secondes avant que l'arbitre ne donne le coup de sifflet
final ? Combien de courses cyclistes où le vaillant échappé,
qui méritait la gagne, est rejoint puis dépassé à deux cents
mètres de la ligne d'arrivée ?
Et ces incroyables dix dernières
minutes des récentes 24 heures du Mans, où tout d'abord le second,
incapable de rattraper le premier, est rappelé au stand pour un
changement de pneus en vue d'assurer tranquillement la deuxième
place ; quelques minutes avant que ledit premier, qui croyait
course gagnée, s'immobilise au bord du circuit et regarde le drapeau
à damiers s'abaisser devant son rival ?
J'aime bien aussi le « Café des
Sports », sur Internet, où les entraîneurs sur clavier
énoncent leurs vérités, leurs conseils tactiques, dénoncent,
encensent, conspuent tout en s'injuriant les uns les autres.
Il est surtout intéressant de comparer
ce que nous disons des nôtres avec ce que les autres disent des
leurs ; comparaison qui illustre à merveille le sage dicton :
« nul n'est prophète en son pays ».
Quand nous gagnons, c'est parce que
l'adversaire était faible. Nous recevrons d'ailleurs notre branlée
bien méritée des œuvres du premier adversaire sérieux que nous
rencontrerons. Alors, pas la peine de s'imaginer qu'on est les
meilleurs et qu'on va tout gagner les doigts dans le nez ; pas
la peine d'attraper le melon après un match gagné in extremis face
à une équipe de culs-de-jatte...
À l'inverse, lorsque nous perdons,
c'est parce que nous sommes mauvais, comme on nous l'avait bien dit.
Et sans les largesses de l'arbitre, le talent du gardien de but, un
poteau salvateur ou la flexibilité de la queue de la vache au moment
d'entrer dans l'étable, nous aurions été aussi ridicules dans les
chiffres que dans la manière.
Regardez les autres équipes : ça,
c'est du talent ! Ils n'ont pas, comme nous, hérité d'un
tirage au sort favorable voire carrément arrangé. D'ailleurs, ils
se réjouissent de nous rencontrer au prochain tour, car il vaut
mieux nous rencontrer, nous, que certains cadors bien plus
talentueux, travailleurs et mieux entraînés.
Bon, moi, je parle de l'équipe belge
de football. De ce qu'on en dit chez nous. De sa faiblesse maladive
quand il s'agit de rencontrer une équipe convenable.
Je ne parle pas des autres équipes,
mais j'ai pu lire un peu ce qu'on raconte en France. Et puis en
Angleterre, aussi. Et vous voulez que je vous dise ? À en
croire les intervenants sur leurs forums, ils ont aussi des joueurs
qui manquent de talent, qui ne mouillent pas le maillot et qui ont du
bol de rencontrer des équipes faibles. Faudrait pas qu'ils attrapent
le melon !
Non, vraiment, on n'est pas prophète
chez soi. Juste oiseau de mauvais augure.