Un jour, j'avais reçu cette pub dans
ma boîte à lettres :
J'en ai juste scanné une page, mais il
y en avait plusieurs comme ça, à la file, vantant les mérites de
diverses voitures de cette marque bien connue. Chacune de ces pages
comportait le même genre de littérature. C'est de la publicité,
donc ça vaut ce que ça vaut, mais ce n'était pas la première fois
que les têtes pensantes chargées du boulot promotionnel chez
Renault dépassaient les bornes de ce que j'appelle la décence.
Peut-être que ça ne vous choque pas,
ce genre de propos ; mais moi, bien. A priori, pas pour ce qui
concerne le fond, car à la limite je m'en ficherais royalement, mais
pour ce qui est de la forme.
A priori, écrivais-je, parce qu'en y
réfléchissant un peu, l'indécence de la forme rejaillit fatalement
sur le fond du message, qui devient lui aussi de mauvais goût.
Dès lors, je ne vois pas pourquoi on
appliquerait à l'égard d'un véhicule automobile un langage qu'on
ne tient pas toujours en parlant des gens, des vraies personnes.
Chez les personnes correctement
éduquées, courtoises et mesurées, on n'utilise l'article, en
parlant de quelqu'un, que pour marquer du mépris, du courroux... On
dirait, par exemple, avec agacement : « Le François, il
m'a encore sali le trottoir avec son clebs ».
Inversement, quand on parle poliment
d'une personne, on s'abstient d'utiliser cette tournure dévalorisante
qui fait appel à l'article : « François fête son
anniversaire, ce soir » ; et non « Le François fête
son anniversaire ce soir ».
Alors, la Mégane (déjà affublée
d'un prénom, comme une personne), ce n'est qu'une voiture. Un tas de
ferraille, de plastique et de tissu. Rien qu'un objet. Et qu'elle
soit nouvelle, ça ne change rien. Alors, écrire « Mégane »,
« Nouvelle Mégane », « Renault Mégane »,
« Nouvelle Renault Mégane »... sans l'article et avec
des majuscules partout, c'est élever l'objet au rang d'une personne.
Et ça, ce n'est pas bien.
Comparativement, les travailleurs ont
droit à moins de respect, bien qu'ils soient des personnes.
Alors, quand un constructeur automobile
comme Renault déclare, par exemple, qu'il va devoir se séparer d'un
certain nombre de salariés en raison d'une restructuration ou d'une
rationalisation de l'outil de production (manière pudique de dire
qu'on veut diminuer les frais en vue d'augmenter les bénéfices), il
pourrait oublier l'article et utiliser la majuscule. Ouvriers ne sont
pas des objets, contrairement aux bagnoles. Courageux Travailleurs
ont donc droit à davantage de respect. Ou à autant de respect, au
minimum.
Vous pourriez vous dire que je me
choque pour pas grand-chose, mais moi, rien à faire, ce genre de
message publicitaire rédigé comme ça rien que pour des bagnoles,
ça me débecte.
Oui...
RépondreSupprimerIl y a la même chose sur un site que je fréquente. Les commentaires dithyrambiques de certains me font penser à ce genre de publicités.
"Nouvelle ***biiipp*** vous rend plus beau que beau grâce à sa superbe écriture pédante et surévaluée par ses copains fanatisés."
À eux aussi, faudrait leur faire faire des crash-tests...
Faut croire qu'ils ont senti l'oignon, chez Renault, car hier soir, ils ont récidivé avec ce genre de pub.
RépondreSupprimerNon, vraiment, ça ne passe pas. Un objet, ce n'est pas quelqu'un. Et quelqu'un, c'est quelqu'un !
Est-ce qu'il y a que chez Renault ?
RépondreSupprimerPeut-être que d'autres marques l'ont déjà fait, mais je n'en ai pas le souvenir. Chez Renault, c'est presque systématique.
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