Alors que j'en étais à me demander
avec angoisse comment ce Grand Homme dont j'ai déjà parlé à
plusieurs reprises allait désormais se débrouiller pour faire
encore parler de lui et réussir un énième come-back sur la
scène politique transalpine, mon attention a été soudain détournée
par la publication d'une statistique apparemment rassurante :
seuls vingt pour cent des trains belges auraient été en retard, en
octobre de cette année.
En prenant les chiffres dans l'autre
sens, on doit donc admettre que quatre-vingts pour cent des trains
seraient ponctuels. Et ça, ça me scie. Parce que chaque fois que
j'emprunte ce moyen de transport, c'est-à-dire pas très souvent,
j'ai la désagréable impression que les retards sont systématiques.
Il y a donc quelque chose que je n'aurais pas compris.
Ou alors, c'est comme au supermarché
où je choisis systématiquement la caisse où la file n'avance pas :
c'est précisément le convoi que je dois prendre qui a pris un
retard malencontreux.
Il faut dire également que le train,
je ne me soucie de son existence que lorsque les routes sont rendues
impraticables par des conditions climatiques aussi désastreuses
qu'imprévisibles : apparition soudaine de trois centimètres de
neige tombée d'on ne sait où, pénurie de chlorure de calcium ou
températures tombant à cinq degrés sous zéro, grosse drache ou
feuilles mortes balayées par de puissantes rafales estimées à plus
de soixante kilomètres/heure, manifestation d'agriculteurs en colère
contre la chute du prix des patates à frites, etc.
Alors, apparemment, ce qui fait
souffrir les routes fait aussi souffrir les trains. Ceux que je
prends, tout au moins.
Et puis, en lisant plus loin, je
m'aperçois que, pour la SNCB, un train ponctuel est un train qui a
moins de six minutes de retard ! Là, les choses s'expliquent un
peu mieux.
En ajoutant les rames amputées de la
moitié de leurs voitures « en raison d'un problème
technique », celles qui sont à ce point délabrées qu'on se
demande par quel miracle elles roulent encore, celles dont le
chauffage s'est mis en grève et celles qui sont tout bonnement
supprimées, je me demande si le pourcentage de trains « ponctuels »
n'est pas à inverser.
Quand je pense que certains génies
s'imaginent promouvoir l'usage des transports en commun en installant
des parkings de dissuasion aux alentours des grands centres urbains,
je me demande comment ils peuvent être encore assez naïfs pour
croire que les gens vont grimper dans leur bagnole et, vingt
kilomètres plus loin, aller la garer (s'il y a de la place) sur un
parking à l'écart de tout sauf des vandales et des voleurs, puis
battre la semelle en attendant un autobus payant qui va aller
s'enferrer dans les bouchons et dans lequel ils vont côtoyer une
kyrielle d'enrhumés et attraper leur toux et leur goutte au nez !
Pendant ce temps-là, des compagnies de
taxis manifestent contre l'obligation d'installer de nouveaux
taximètres numériques dans leurs véhicules. L'installation coûte
trop cher, paraît-il, même si elle est financée pour moitié par
les autorités. Il paraîtrait aussi que ces nouveaux taximètres
entraveraient les pratiques frauduleuses ; mais ce sont les
mauvaises langues qui disent ça et ce n'est sûrement pas en
songeant à cela que certains manifestent leur mécontentement.
Et tant qu'on est à parler de
numérique et d'électronique, je viens de lire que les paiements de
demain se feront davantage par SMS et autres moyens électroniques
offerts par notre monde de télécommunications. M'étonnerait pas
que toutes ces ondes finissent par brouiller les émissions de télé
et, accessoirement, nous refiler un cancer de la cervelle ! Ce
serait quand même plus simple de nous promener avec un code-barre au
front, non ? Ou aux fesses, comme les zèbres ?
Non, ce n'est pas drôle.
Pas drôle non plus – pour eux, parce
que moi, ça me ferait plutôt marrer –, c'est la découverte de
fichiers relatifs à plus de trois mille comptes bancaires détenus
par près de deux mille cinq cents Belges ayant, pendant des années,
dissimulé au fisc leurs capitaux au moyen de sociétés bidon créées
dans des paradis fiscaux. Parmi ces Belges, une forte proportion de
diamantaires, et quelques pointures dans les milieux du football
professionnel, du barreau, du patronat... Bravo !
Plus drôles, par contre, sont les
récentes déclarations de Tom Boonen (si, si, il vit toujours et
roule encore à vélo), qui envisage 2014 « avec confiance ».
S'il envisage juste de faire mieux qu'en 2013, il peut se montrer
confiant, en effet.
Je lis aussi dans le canard qu'un
Autrichien s'est fait flamber pendant cinq minutes et quarante et une
secondes, battant de seize secondes le précédent record détenu par
un Américain. Si ça les amuse d'essayer de se transformer en torche
humaine pendant de longues minutes... Mais le véritable record est
toujours français, puisqu'il fut jadis signé par une certaine
Jeanne d'Arc ; même si, hélas ! il ne fut pas homologué.
Et pour terminer, je vous signale que
cette semaine est la semaine de la frite. Vous l'ignoriez ? Moi
aussi. Mais puisqu'on a des journées de ceci et de cela à n'en plus
finir au point que le calendrier est complet jusqu'à perpète, il a
bien fallu trouver, après la quinzaine du beau langage, la semaine
de la frite.
Après tout, pourquoi pas ? Ce
n'est pas plus con que la journée de la femme.
(*) « Un train, des rails », ça fait partie du jeu des pluriels.
Par exemple : une lourde, des fêtes ; un avion, des colles ; une grosse, des illusions ; un voleur, des valises ; etc.
Vous pouvez y jouer vous aussi.
À quand le mois du boudin ?
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