Je sais que ça peut sembler bizarre,
un titre comme celui-là, alors que notre équipe nationale est
qualifiée pour le Mondial et fait partie de ce qu'on appelle les
« outsiders », mais c'est vraiment l'impression que j'ai
lorsque j'ai sous les yeux les résultats de nos clubs.
La Belgique est un pays où l'on vit
encore bien, en moyenne, même s'il y a de la pauvreté un peu
partout. Ce qui est pauvre, hormis notre enseignement, nos subsides à
la culture et la mentalité d'une bonne partie de nos dirigeants,
c'est notre football. Et quand je parle du football belge, c'est à
nos clubs et à notre championnat que je pense, pas à nos joueurs
expatriés. Ceux-là ne sont pas pauvres.
Mais la Belgique est un petit pays ;
et un petit pays ne peut pas lutter à armes égales avec les gros,
surtout quand il fait partie d'un système politicoéconomique –
comme l'UE – qui lui enlève une bonne part de ce qu'il pourrait
encore faire valoir comme sujet de fierté : le vrai chocolat,
la bière trappiste, les frites bien cuites, les moules marinières
et les querelles communautaires.
Le contraste entre les résultats de
notre équipe nationale de foot et ceux de nos clubs est édifiant :
le jour et la nuit. Nos meilleures équipes font de la figuration
dans les compétitions européennes dominées par les entreprises les
plus fortunées. Je dis bien « entreprises », parce que
le football de clubs est devenu un vrai bizness, avec mises de fonds
et retours sur investissements.
Nous ne pouvons plus lutter. Nos stades
sont si proches les uns des autres que le potentiel de spectateurs est
limité. Les recettes publicitaires le sont donc aussi, de même que
les occasions, pour les caïds de la finance, de trouver gloire et fortune en investissant dans nos
clubs.
Si sur la scène européenne nous sommes
presque ridicules, chaque semaine nos matchs de championnat sont,
pour la plupart, d'une médiocrité crasse : manque de talent,
manque de motivation, manque de moyens.
Incapables de garder au pays nos
meilleurs joueurs faute de pouvoir leur offrir un salaire à la
hauteur de ce qu'ils peuvent négocier ailleurs, nous devons nous
contenter de ceux qui restent mais qui espèrent toutefois
s'améliorer pour trouver embauche extra-muros. Certains de
nos clubs font pourtant des efforts en matière de formation :
trouver de jeunes talents, les amener sur le devant de la scène...
Las ! À peine formés, ils s'en vont chercher ailleurs ce
qu'ils ne peuvent trouver chez nous.
Chaque période de transferts voit nos
petits clubs pillés par les plus gros et nos plus gros pillés par
l'étranger. Les recruteurs belges sont désormais passés maîtres
dans l'art d'embaucher, un peu partout en Europe, des joueurs qui
font banquette dans leur club ou jouent en équipe « réserve »
dans l'attente de jours meilleurs. Ceux-là, comme tant d'autres,
viennent un temps exercer chez nous leurs talents ou se refaire une
santé, avant de s'envoler vers des cieux plus rémunérateurs.
La conséquence en est une instabilité
générale de nos équipes, qui alternent le chaud et le froid en se
montrant incapables d'aligner plusieurs matchs de qualité convenable
dans un championnat émaillé d'incidents ridicules voire
préoccupants (agressivité des supporters et des joueurs,
vandalisme, insultes, quolibets...) et dans lequel les meilleurs
clubs ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils ont pu être à une
époque où le sport n'était pas encore aussi pourri par le fric.
Tous ces propos peuvent paraître bien
amers, mais ils ne sont que le constat d'une triste réalité.
Les résultats de notre équipe
nationale viennent heureusement nous mettre un peu de baume au cœur
et on se dit « pourvu que ça dure » !
Et, pour terminer sur une note
d'optimisme, je signalerai qu'une finale du Coupe du Monde opposant
la France à la Belgique est tout à fait possible : il suffit
de gagner tous nos matchs, chacun de notre côté, et de nous
expliquer à la fin.
C'est simple, non ?
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