Mon propos n'est pas de jouer les
nostalgiques en clamant que « c'était mieux avant », ni
de tirer des généralités à partir de ma seule expérience, mais
depuis quelque temps, certaines situations me préoccupent.
Autrefois, les adolescents de mon
quartier étaient souvent visibles en rue. Ils se rassemblaient en
petits groupes, parfois bruyants au grand dam d'un voisinage aux
oreilles sensibles, surtout lorsque ledit voisinage avait à
supporter les pétarades de cyclomoteurs trafiqués en sus des éclats
de voix, ou le ta-ta-boum de la sono de la GTI d'occasion entièrement
« kitée » récemment acquise et bichonnée par l'un des
aînés de la bande.
Aujourd'hui, tout cela a disparu. Du
moins, là où je vis. Les jeunes ne sortent plus le soir, ou alors
tard, très tard, après minuit, « en boîte » jusqu'à
l'aube. Que font-ils de leurs fins d'après-midis et de leurs débuts
de soirée ? Sont-ils au centre sportif ? Sont-ils quelque
part à galoper dans les bois ou à pédaler sur les routes, chemins
et sentiers ? Font-ils des emplettes ? Prennent-ils à leur
compte de menues charges ménagères afin de soulager leurs parents
d'une partie du poids des corvées quotidiennes ou hebdomadaires ?
Sont-ils copieusement absorbés par leurs devoirs et leçons au point
qu'on en viendrait à penser qu'ils reçoivent à l'école beaucoup
plus de travail qu'auparavant ?
Peut-être sont-ils devant la
télévision, aux heures où l'on programme les documentaires et les
bulletins d'informations ? Peut-être ont-ils décidé de se
tenir au courant de l'actualité, des multiples problèmes qui
surgissent çà et là dans notre Monde survolté ; ou de
s'asseoir tranquillement pour bouquiner, écrire, dessiner ?
Eh bien, non ! Rien de tout cela.
Ils « tchattent », ils
« surfent » sur Internet, ils s'acharnent sur des jeux en
ligne et fréquentent assidûment les réseaux sociaux. Ils ont
beaucoup d'amis qu'ils ne rencontrent jamais, des relations
virtuelles, des dialogues volatils...
Oh ! Bien sûr, tous ne sont pas
comme ça ; mais aujourd'hui nos enfants savent-ils rédiger une
lettre, la mettre sous enveloppe en indiquant correctement l'adresse,
coller le timbre réglementaire à l'endroit adéquat et s'en aller
la poster dans la boîte prévue pour ?
J'ai parfois l'impression qu'ils ne
vivent plus vraiment dans notre Monde, qu'ils ne sont pas conscients
de nos réalités, que la vraie vie ne les intéresse pas. Je me
demande s'ils seront capables, dans quelques années, d'assumer
eux-mêmes leurs responsabilités autrement que par absolue
nécessité, quand « il le faudra bien ».
Mais, cela dit, peut-être que je me
trompe. Peut-être que je n'ai pas conscience que le Monde a changé,
et que celui dans lequel je vis n'est plus le mien, mais déjà le
leur. Peut-être qu'ils ont raison et qu'il sera important, dans cinq
ou dix ans et quand leurs parents n'auront plus l'impression de
devoir faire tant de choses à leur place, d'avoir abondamment
« surfé » sur Internet, « tchatté » avec
des potes, fréquenté assidûment les réseaux sociaux et s'être
acharné sur des jeux en ligne.
En plus, en les critiquant ou, à tout
le moins, en me posant ces questions, je joue la carte de
l'hypocrisie, puisque moi aussi je « surfe » sur
Internet. J'ai même un blog ou j'écris des bafouilles plus ou moins
débiles. Mais j'écris. Et plutôt correctement, question
orthographe. Le temps que j'y consacre me tient à l'écart des
réseaux sociaux, des jeux en ligne et des émissions débiles à la
télévision.
Et puis, de la journée, je vais
bosser. Quand je rentre, je fais le ménage, je vais rouler à vélo,
j'écoute les nouvelles du Monde, je lis des bouquins, je m'occupe de
ma petite famille, du jardin (en saison) et d'un tas d'autres choses
encore.
Évidemment, je me lève tôt. Même le
week-end. Parce que je suis un vieux croûton persuadé que le temps
s'écoule si vite que je n'aurai jamais assez d'une seule vie pour
entreprendre tout ce que j'ai envie d'entreprendre et pour m'informer
de tout ce qui m'intéresse.
et oui, Ludovic, le temps passe. Sans vouloir joueer, moi non plus, les nostalgiques, je me souviens cependant que quand j'étais ado (mes copains et moi n'avions que des vélos), mes parents me serinaient en disant que "les jeunes d'aujourd'hui ne pensent qu'à s'amuser à des jeux idiots, qu'à écouter des musiques débiles dans des boums, qu'à courir les filles", alors, qu'eux, de leur temps, savaient vivre, ils allaient à la chorale, au patronage et ne pensaient qu'à faire des choses bien, et surtout pas à "coucher"... Bref, des gens parfaits...C'est vrai qu'à leur époque, il n'y avait pas de mères célibataires (ils disaient filles mères avec une moue de dégout et de réprobation), on ne baisait pas hors mariage, pas d'adultère, pas de divorces, pas de guerres, rien que le bonheur!!!
RépondreSupprimerOui. C'était mieux avant nous.
SupprimerMais en fait, non.
C'est difficile, quand on est démodé.