L'autre jour, à la télévision belge,
nous avons eu droit à une sorte de débat au cours duquel différents
invités donnaient leur opinion sur des questions posées via
Internet aux électeurs soucieux de savoir vers quel parti tendaient
leurs préférences. Ce n'était qu'un test sans grande prétention
doublé d'un sondage parmi tant d'autres, mais en répondant
anonymement aux différentes questions, le quidam indécis pouvait
avoir une petite idée quant aux gens défendant théoriquement le
mieux ses souhaits personnels.
Plusieurs « tests » de ce
genre étaient proposés sur la Toile et, comme rien n'est jamais
tout à fait blanc ni noir, seul un participant particulièrement peu
au fait de l'actualité aurait pu s'étonner de ne trouver, en guise
de conclusion à ses réponses au questionnaire, qu'une indication de
« tendance » plutôt qu'un incisif « vous devriez
voter pour... »
J'avais tenté le coup moi-même et
avais obtenu cette confirmation : les partis traditionnels sont
moins éloignés les uns des autres qu'ils n'en ont l'air de prime
abord et, par-dessus tout, leurs différents programmes sont exempts
de la moindre originalité, de la moindre idée franchement
novatrice.
Alors, le débat...
Invités prévisibles, propos
prévisibles et soupirs de lassitude du téléspectateur.
La rédaction de la RTBF avait invité
cinq personnes. Laurette Onkelinx pour le PS, parti de l'actuel
premier ministre. Ce qu'il y a de bien avec elle, c'est que non
seulement on se doute bien de ce qu'elle va dire, mais qu'on est sûr
du ton qu'elle va utiliser, genre « mais vous ne vous rendez
pas compte, vous autres, que c'est moi qui ai raison ? »
Courageusement, Melchior Wathelet, pour
les sociaux-chrétiens, avait fait le déplacement. Empêtré dans
ses problèmes de survol des agglomérations entourant l'aérodrome
de Zaventem (un plan que tous ses adversaires prennent plaisir à
appeler « Plan Wathelet »), le pauvre avait pourtant des
chats plus galeux à fouetter, mais il était là. Une bonne occasion
pour le téléspectateur de le prendre en pitié, finalement. Être
fils à papa (son père s'appelait comme lui – ou plutôt, non :
c'est lui qui s'appelle somme son père), ça n'a pas que des bons
côtés.
En parlant de « fils à papa »,
on aurait pu avoir droit à Charles Michel, mais non : pour les
libéraux du MR, le plateau accueillait Olivier Chastel. Rien à
faire : celui-là, depuis qu'il s'est fait un nom en dénonçant
avec tambours et trompettes de cavalerie les dérives du « PS
carolorégien corrompu », il aura toujours l'air pour moi d'un
délateur ivre de jalousie plutôt que d'un type prêt à construire
quelque chose. Un gus qui nous adresse sa bonne morale la main sur le
cœur en évitant de se tremper les mains dans le cambouis...
Pas très loin de lui – à table, du
moins – siégeait Émily Hoyos. Ce n'est pas que son discours soit
spécialement intéressant, puisqu'elle est du parti Écolo
(coprésidente, s'il vous plaît), mais au moins elle n'est pas
désagréable à regarder. C'est déjà ça !
En bout de table, nous pouvions
profiter des interventions très doctorales d'Olivier Maingain (FDF),
toujours prêt à intervenir – avec condescendance – pour
défendre les intérêts des francophones de Bruxelles. Selon les
bons principes de monsieur Maingain, entre deux abrutis qui se
disputent pour des queues de cerises, c'est fatalement le francophone
qui a raison.
Dommage que nous n'ayons pas eu droit à
la présence d'un représentant du PTB (parti qui n'est plus du tout
bolchévique, paraît-il), ça nous aurait un peu astiqué la gauche
socialiste autrement qu'avec les libéraux faisant sortir Laurette de
ses gonds (c'est facile, de faire sortir Laurette de ses gonds).
Ils auraient pu également inviter
Mischaël Modrikamen, le président du Parti Populaire, ça nous
aurait fait rire un peu au cours de cette soirée vraiment pas drôle
du tout ! Ce n'est pas tant qu'il soit comique, Modrikamen, mais
c'est surtout qu'il ne le fait pas exprès. Voilà.
Le populisme, ce n'est pas une
nouveauté. Tous ceux qui pratiquent cette doctrine en vue de les
amener au pouvoir savent très bien ce qu'ils font, en général :
balancer des slogans faciles pour profiter de la naïveté des gens.
Ils savent bien que c'est du vent, que c'est irréaliste, débile et
sans fondement sérieux, mais ils s'en servent pour arriver là où
ils le veulent : être élus.
Modrikamen, il a quelque chose de plus.
Il y croit. Il ne fait pas semblant. Il croit vraiment à toutes les
salades qu'il essaie maladroitement de nous servir. C'est pour ça
qu'il est drôle, Modrikamen.
Si c'était pour rigoler, je voterais
pour lui. Mais les élections, c'est du sérieux. On ne rit pas avec
ça.
Alors ? ça y est ? c'est fait ?
RépondreSupprimer"Mais les élections, c'est du sérieux. On ne rit pas avec ça."
RépondreSupprimerje suis tout à fait d'accord avec toi, Ludovic.
En France, en 2002, des gens de gauche, au premier tour, "pour donner une leçon à Jospin", ont préféré voter C. Taubira plutôt que pour lui: on connait le résultat: JM Le Pen au 2ème tour.
Et quand on se souvient qu'entre les programmes de Jospin et de Taubira, il n'y avait pas vraiment de différences, on se dit, qu'éffectivement, les élections, c'est du sérieux et qu'il faut mieux éviter de prendre ça à la rigolade!
Souvent, on entend l'argument "c'est surtout un vote de rejet, pas un vote d'adhésion". Ce ne seront toutefois pas les termes utilisés par les leaders d'un parti extrémiste qui obtient 25% des suffrages exprimés. Pour eux, c'est de l'adhésion.
SupprimerEn Belgique, où les élections fédérales et régionales avaient lieu en même temps que les européennes, on vient de l'échapper belle ! Si la victoire des nationalistes flamands s'était combinée à une véritable défaite de la gauche wallonne, nous pouvions nous préparer à verser quelques larmes à la mémoire de notre sécurité sociale ! Les déçus de la gauche se sont quand même un peu ressaisis, ont mis leur grogne en poche et ont voté "utile" plutôt que "rejet". Ce n'était pas le moment de déconner.