La bicyclette et moi, c'est une vieille
histoire d'amour que j'entretiens depuis l'âge de cinq ans, ce qui
signifie une durée de... heu... de pas mal d'années.
En fonction des aléas de la vie
professionnelle et des contingences familiales, je n'ai pas toujours
pratiqué assidûment, me contentant souvent de quelques balades
dominicales... et d'apprécier les efforts des compétiteurs
retransmis à la télévision.
Comme je dispose à présent d'un peu
plus de temps, j'ai pu renouer avec cette pratique que j'ai trop
souvent mise de côté et je m'aperçois que si les guibolles
demandent quelques égards avant d'atteindre une température de
fonctionnement acceptable, le plaisir de parcourir les routes est
resté parfaitement intact.
L'insouciance de la jeunesse s'étant
envolée vers des contrées où elle se trouve mieux à son aise,
j'ai décidé de m'intéresser de plus près à des choses que je
négligeais fréquemment autrefois : santé du corps,
alimentation, hydratation.
Terminé de sortir sans le moindre
bidon de flotte, sans un peu de matériel pour réparer un pneu et
sans souci de ce que je compte faire de mon temps et de mon énergie.
À présent, je prépare. Je planifie.
Mais si l'improvisation n'a plus cours
qu'en cas de réel imprévu, je ne manque pas de m'intéresser à
l'occasion à l'une ou l'autre pièce d'équipement inédite voire à
quelque denrée alimentaire dont je me soucie d'expérimenter les
effets sur la pratique du sport cycliste.
En matière d'alimentation, par
exemple, je suis à présent à même de vous livrer quelques
impressions, fruits de mon expérience.
Concernant les pâtes, par exemple...
Les pâtes bolo
Il est communément rapporté que les
coureurs cyclistes s'enfilent des kilos de pâtes alimentaires,
surtout lorsque de longs efforts sont à prévoir dans les heures qui
en suivent la digestion. Et pas trop cuites, de préférence, sinon
elles passent trop rapidement du statut de « sucre lent »
à celui de « sucre rapide » et ne constituent plus une
bonne réserve d'énergie.
Je me suis dit que ça tombait bien,
puisque j'aime les pâtes cuites al dente,
à la mode italienne, et j'ai donc testé les pâtes bolo.
Les
pâtes bolo, précision
destinée à ceux qui ne sortent jamais de chez eux ou ne
s'intéressent à rien, c'est une manière brève et populaire de
désigner les non moins populaires spaghettis à la
bolognaise, préparation
typiquement belge et qui n'a rien à voir avec la ville de Bologne.
La
Belgique ayant accueilli, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, de
nombreux ouvriers transalpins venus accomplir dans les charbonnages
les tâches que les autochtones n'étaient plus assez nombreux à
assumer, il était inévitable que quelques-unes de leurs habitudes
alimentaires aient trouvé leur place sur nos tables, agrémentées
de quelques spécificités locales.
Le
Belge étant friand de viande hachée (souvent roulée en boulettes)
et l'Italien de macaronis et de sauce à la tomate, le mélange était
à prévoir. D'autres affaires italiennes allaient d'ailleurs elles
aussi se mélanger à des affaires belges, mais c'est un autre débat
que je n'aborderai pas ici.
Il
existe quantité de recettes de spaghettis à la
bolognaise, mais la base est
presque inévitablement faite de tomates, d'oignons et de viande
hachée, que chacun épice selon ses goûts. Au-delà de cette base,
d'aucuns ajouteront qui des carottes, qui des champignons, qui des
céleris, de l'ail, du basilic, des olives, des petits pois...
Le but
de la manœuvre n'est finalement pas de vous livrer la recette, mais
juste de vous signaler que manger des pâtes en quantité en vue
d'efforts prolongés sur une bicyclette, c'est bien, mais qu'il faut
se contenter des pâtes. Eh oui ! Sans sauce. Un peu d'huile –
mais très peu – ou de beurre si vous voulez, mais pas de sauce. Et
surtout pas de sauce bolognaise.
Tout
d'abord, c'est lourd à digérer. Et puis c'est gras. Les oignons
donnent des flatulences et la viande hachée contribue à leur
puanteur. Si vous roulez seul, vous n'en aurez peut-être cure ;
si vous roulez en groupe aussi, d'ailleurs, parce que vous n'êtes
pas obligé d'avoir des égards pour les autres ; mais sachez
que de toute façon vous serez peu performant. Surtout que des pâtes
bolo, ça s'arrose. Au
rouge, généralement. Et ça non plus, ce n'est pas bon avant
l'effort.
Et
puisqu'on aborde le sujet de la boisson, autant vous le dire tout de
suite : certaines boissons ne sont pas compatibles avec une
pratique saine du vélo.
La bière
trappiste, par exemple.
Ou
toute autre bière.
Même
si c'est bon, c'est mauvais avant l'effort et peu recommandé après.
Et
ne parlons pas de la bière sans alcool, parce que c'est mauvais en
n'importe quelle circonstance.
Je
sais que certains objecteront que la bière, et plus particulièrement
la bière trappiste, est très appréciée dans de nombreux clubs
cyclistes. Et c'est vrai qu'après la sortie du dimanche matin, tous
les joyeux pédaleurs se retrouvent à la buvette autour de quelques
Chimay, Rochefort, Orval, Westmalle... (mais plus rarement autour
d'une Westvleteren, pour des raisons que j'ai déjà exposées) dans
une ambiance de saine camaraderie.
Pourquoi
pas ?
Mais
après l'effort, ce n'est pas bon. Je veux dire : juste après
l'effort.
Ceux-là,
ceux dont je vous entretiens ci-dessus, on les voit parfois changer
de tenue avant de gagner la buvette, mais le plus souvent, ils y vont
« comme ça ». En tenue de cyclo.
Alors,
de deux choses l'une : ou ils n'ont vraiment pas fait beaucoup
d'efforts, ou ils ne se soucient pas du mal de crâne. Parce que,
quand on a sué, la seule chose qu'il faut boire, ce n'est pas de la
bière mais de l'eau. De l'eau sucrée ou du jus de fruits (qu'on
peut même augmenter d'une pincée de sel).
Je
sais. C'est moins bon que la bière trappiste, mais c'est préférable.
Surtout si, après ça, il faut reprendre le volant de sa voiture (le
vélo étant remisé dans le coffre ou sur un porte-vélo).
Alors ?
Ni pâtes bolo,
ni bière trappiste ?
Et
les frites, alors, puisqu'on est dans les spécialités belges ?
Oui,
les frites, on peut. Après l'effort. Et modérément, parce que
c'est gras et que ça fait grossir.
Mais,
me direz-vous, comment concilier cyclisme, si on aime ça, avec
spécialités belges si on les aime elles aussi ?
C'est
simple : il y a des jours pour le vélo, des jours pour l'apéro.
De
la même façon qu'entre boire et conduire, il faut choisir ;
entre pédaler et s'empiffrer, il faut décider.
Je confirme !
RépondreSupprimerJ'ai grimpé la Planche des Belles Filles après l'apéro et le vin du midi... eh ben j'en ai bien chié !!!
Valait mieux se contenter de grimper les Belles Filles, tout compte fait.
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