Passe-temps, passion ou profession ;
en dilettante ou pressées par le temps ; gracieusement ou
contre rétribution... nombreuses sont les personnes régulièrement
amenées à commenter l'actualité.
Parfois, les sujets se bousculent ;
alors qu'à d'autres moments, il faut fouiller les fonds de tiroirs
et les vieux disques durs afin de trouver quelque chose à raconter,
à commenter, à critiquer.
Très souvent, les journalistes sont
rattrapés, dépassés par l'actualité. Le temps de boucler
l'article, de l'envoyer dare-dare et de le voir publié dans la
foulée... suffit parfois à lui faire franchir la date limite de
fraîcheur.
Ainsi, ce matin, dans le petit journal
« Métro » et sous le titre « Candeloro et Longo
dans le même bateau », on pouvait lire quelques commentaires
relatifs au nouveau jeu d'aventure « Dropped », et
notamment les deux phrases suivantes :
« Dropped est un jeu de téléréalité adapté d'un concept suédois. Des sportifs sont lâchés depuis un hélicoptère en pleine nature sauvage. »
La maladresse tient donc à peu de
chose, tout au moins en ce qui concerne le temps écoulé entre la
publication d'un article et des événements qui rendent soudain
celle-ci incongrue, maladroite ou malheureuse.
Le décès tragique et imprévisible
d'une dizaine de personnes, la plupart bien connues, est une affreuse
nouvelle et, dans de tels cas, on aimerait parfois pouvoir ravaler la
phrase qu'on vient à peine de prononcer, faire disparaître les
quelques lignes qu'on aurait écrites ou partir se cacher quelque
part.
Moi qui n'hésite pas, sur ce blog, à
me moquer de diverses personnes, à fustiger certaines attitudes, à
critiquer l'une ou l'autre prise de décision... je réalise que,
même au motif de faire rire, je peux aisément commettre un impair,
écrire des choses que je pourrais regretter.
Bien sûr, il est difficile d'en
vouloir à celui qui ne sait pas. Les journalistes ne sont pas devins
et, s'ils pouvaient prévoir l'actualité, ils seraient tous à pied
d’œuvre au bon endroit, au bon moment, et s'abstiendraient
d'écrire par ailleurs des articles qui perdent tout sens quelques
heures après leur publication.
Écrire toute son admiration pour
monsieur Machin, mademoiselle Truc ou madame Bazar ; puis devoir
commenter l'arrestation du premier pour meurtre, la déchéance de la
seconde dans l'enfer de la drogue ou les travers politiques soudains
de la troisième, ça n'a rien de drôle. Et ce même s'il n'y a,
paraît-il, que les imbéciles qui ne changent jamais d'avis.
J'ai donc une pensée émue pour les
victimes du dramatique accident d'hélicoptère, leurs familles,
leurs proches et ceux qui les aimaient ; et je compatis à
l'embarras de ceux qui auraient pu se moquer d'avance de l'émission
de téléréalité qui se préparait ou la décrire un peu
maladroitement.
Pour l'accident, des responsables
seront cherchés, peut-être même trouvés ; mais cela ne
rendra pas la vie aux dix malheureux ni n'effacera le bout de phrase
malencontreux les annonçant « lâchés depuis un
hélicoptère ».
La vie est parfois cruelle, surtout
lorsqu'elle s'interrompt prématurément.
Ouaip...
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