Depuis plus d'un mois, nous en sommes
aux « travaux de printemps ».
Tout le monde connaît ça. Il suffit
de disposer d'un lopin de terre, d'une cour, d'un jardinet... mais
aussi de divers endroits où on entasse, pendant la mauvaise saison,
tout un bric-à-brac dont on aurait été mieux inspiré de se
défaire sans attendre.
La procrastination, alliée au mauvais
temps, nous incitant à garder les fesses dans le fauteuil et à nous
rouler sous la couette plus que de raison, nous voici contraints de
nous retrousser les manches pour de bon une fois que la bise s'en est
allée.
Au long des années, qui pourtant ont
filé bien trop vite, j'ai pu accumuler une somme d'expériences qui
m'autorisent à vous mettre en garde contre certaines pratiques
autant qu'à vous faire partager quelques-uns de mes déboires
saisonniers.
Vous disposez d'un logement ?
C'est bien.
Mais ne faites pas comme moi :
virez tout de suite ce qui ne servira plus à rien.
Je sais : on se dit qu'on va quand
même le garder, « parce que ça pourrait encore servir »,
mais ça ne sert plus jamais. Ou très rarement, à l'occasion, ça
sert à nous faire maugréer des « c'est encore là, ce
truc-là ? » et des « pourquoi on n'a pas foutu ça
à la poubelle ? » ; parce que ces objets dont on a
reporté l'évacuation finissent toujours par nous gêner. On
entasse, on entasse... et puis on a besoin de quelque chose qui se
trouve derrière ou en dessous.
Le vieux service « 6 couverts »
qu'on n'a pas jeté lorsqu'on en a acheté un nouveau parce qu'on se
disait que pour servir trois personnes et demie supplémentaires, les
restes pouvaient encore être utilisés, qu'en avons-nous fait ?
Rien.
Enfin, pas tout à fait. Parce qu'un
soir où nous recevions du monde et qu'il nous manquait trois
assiettes, on est allés piocher dans la vieille boîte (qu'il avait
fallu retrouver dans le grenier) pour en récupérer, en laver et en
mettre à table. Et c'était moche, une table avec des assiettes
dépareillées.
C'est à ce moment-là qu'on se dit que
la porcelaine blanche « d'hôtellerie », c'est solide,
sobre, facile à compléter et que ça va avec toutes les nappes.
Et en allant chercher les assiettes, on
réalise qu'au grenier, vraiment... il faudrait organiser un
« nettoyage de printemps » qu'on rebaptiserait facilement
« nettoyage par le vide » sans risque de se tromper de
beaucoup, si on a décidé d'être pragmatique.
Pourquoi diable conserver ces vieux
téléphones portables hors d'usage, ces appareils électroménagers
défaillants ou obsolètes qu'on a remplacés ? Eh bien !
C'est pour se donner de l'ouvrage au printemps ! Et direction la
déchetterie (je vous en parle plus loin)...
Mais le nettoyage de printemps, c'est
surtout dehors que ça se passe. Tout ce qu'on a perdu de vue pendant
l'hiver parce qu'on restait frileusement cloîtrés nous adresse de
criants reproches : nettoyer, rafraîchir, déblayer, rénover,
transformer... Ne cédez pas à la facilité ! Certains choix
sont moins judicieux qu'ils n'y paraissent.
Parmi ce que je classerais volontiers
dans les trucs à éviter figure le décrassage au nettoyeur à haute
pression. Voilà bien un engin de m*^§#|~ ! D'ailleurs, votre
voisin en a certainement acheté un pour « démousser »
sa terrasse, ce qui vous garantit un raffut particulièrement agaçant
le samedi (ou le dimanche, si c'est un enquiquineur) où il va
l'utiliser pendant des heures pour nettoyer tout ce qui passe à
portée de lance. C'est si efficace ! Autant pour désincruster
la crasse que pour vous casser les oreilles ! Mais ne dites
rien. Riez sous cape. L'efficacité et la facilité ont un prix qui
s'appelle abrasion du matériau ou destruction des joints.
Donc, ne faites pas comme vos voisins.
Ni comme les miens, qui n'ont plus de nettoyeur à haute pression et
usent désormais d'huile de bras.
Vous disposez d'un jardin ? Fort
bien. D'une pelouse ? C'est sympa. Seulement, il faut la tondre
de temps en temps. Et souvent, si vous avec commis la bévue d'y
ajouter de l'engrais. Très souvent.
Alors, ne mettez pas d'engrais. Ça
coûte cher, l'essence pour la tondeuse coûte cher elle aussi ;
et c'est bien plus intéressant de prendre l'apéro sur une chaise
longue que de faire des va-et-vient dans la propriété derrière (ou
sur) un engin pétaradant qui ne démarre pas toujours avant votre
première bordée de jurons.
Vous disposez d'un potager ? Fort
bien. Les légumes produits chez soi, il n'y a rien de mieux – sauf
si vous résidez à quelques pas d'une autoroute ou d'une zone
industrielle, évidemment ! Mais sachez – si vous l'ignorez
encore – qu'il n'y a rien de plus décourageant qu'un jardin
potager. Et tout d'abord, la terre est basse. La travailler, c'est
épuisant. Alors, quand rien de ce que vous avez semé ou planté ne
pousse correctement, si ce sont les limaces ou les chenilles qui s'en
régalent, imaginez la frustration !
Ce qui pousse bien, par contre, ce sont
les mauvaises herbes. Volontaires, opiniâtres, envahissantes...
elles résistent à tout ! C'est sûr : le jour où nous
aurons décidé d'en manger, elles vont se barrer. Les plantes
doivent avoir une sorte d'instinct qui leur indique si on va les
mettre au menu. Et n'épandez surtout pas d'herbicides sélectifs et
autres saloperies qui coûtent cher et sont inefficaces excepté pour
polluer et occasionner des allergies.
Écoutez d'ailleurs les explications de
Pascal Poot...
Sympa, non, le jardinage écolo ?
Des haies pour vous protéger des
regards indiscrets et des visites non sollicitées, vous en disposez
peut-être ? Fort bien. Mais il faut les entretenir. Alors,
évitez les trucs qui poussent vite. Je sais qu'au début, c'est
intéressant : c'est bon marché, on plante de tout petits
arbustes qui deviennent rapidement grands et touffus... puis
carrément envahissants. Les lauriers-cerises, par exemple, sont une
espèce à éviter.
Des haies épineuses, c'est parfait
pour se protéger des intrus. En plus, les oiseaux y viennent
construire leurs nids et c'est mignon comme tout ! Par contre,
tailler des épineux, c'est un boulot de m*^§#|~ ! Même avec
des gants et des manches longues.
Les haies de conifères, c'est plus
facile à recouper, mais côté faunesque, c'est néant. Sauf si vous
aimez les araignées.
Chez nous, il est interdit de brûler
les déchets de jardin. Il faut donc les composter, les tailler menu
ou, surtout s'il s'agit de branches épineuses dont on ne sait que
faire et qu'on ne voudrait hacher menu et répandre un peu partout,
les conduire à la déchetterie.
« Puisque tu vas à la
déchetterie avec les déchets verts, me dit Chérie, n'oublie pas
les vieilles assiettes, les chaises cassées, l'huile de friture
usagée, les cartons d'emballage, la vieille télé, les...
— Hé ! Ho ! Stop !
J'ai une remorque, pas un semi-remorque, moi ! fais-je
abruptement observer. Et c'est un trajet par jour, au maximum ! »
Il fut un temps où je ne disposais pas
d'une remorque. Je fourrais donc tout dans la voiture, en rabattant
les sièges et en étalant une bâche par-dessus. Ça salissait quand
même un peu mais je m'en accommodais, jusqu'au jour où je me suis
présenté à la déchetterie avec un plein chargement de déchets
verts (résultat de la taille d'une haie de conifères) et que le
préposé m'a prié de revenir le lendemain parce que les conteneurs
étaient remplis. Là, ça n'a plus fonctionné aussi bien. Comme je
ne voulais pas décharger mon véhicule, j'ai tout laissé à
l'intérieur jusqu'au lendemain.
Pendant plus d'une semaine, chaque
matin voyait de nouvelles toiles d'araignée tissées ici et là
entre les sièges, le tableau de bord, le volant...
L'expédition à la déchetterie, ça
fait aussi partie des corvées qu'il faut se farcir toute l'année,
mais qui sont les plus pénibles au printemps, quand justement tout
le monde fait son grand nettoyage : chaises cassées, vieille
vaisselle, télévisions usagées, bidons d'huile de friture qui
traînaient dans le garage, cartons d'emballage...
J'aime bien le printemps, mais sans les
corvées, ce serait quand même mieux !
Oui, oui, oui !
RépondreSupprimerEt sinon, y a l'option : vivre en appart.
Mais c'est vrai que le terrain, mine de rien, ça manque un peu. On a bien la cour, mais elle est commune ; on y a quand même fait un beau carré de jardin, pour poser un barbecue, et même y potager un peu.
Mais voici mon conseil : aller à la déchetterie en vélo. Quitte à s'adjoindre une petite remorque de déchets verts. Voilà un traitement bio jusqu'au bout ! (Bon, j'avoue, pour emmener une vieille télé qui pèse 80 kg, c'est moins fun... mais c'est un beau défi !)
Oui, vivre en appart', j'y songe. Mais y a un inconvénient : plus de jardin.
SupprimerChérie parle donc d'un jardinier, mais je suis réticent.