Dans leur immense bonté et dans le but
d'offrir aux cyclistes un espace spécialement aménagé pour qu'ils
y circulent en toute sécurité, les pouvoirs publics créent,
aménagent et entretiennent de merveilleuses pistes cyclables.
Contrairement à ce que certains
pourraient songer, ces parties de chaussée ne sont pas là pour
interdire ailleurs la présence des modestes deux-roues et de ceux
qui les chevauchent, mais pour montrer à quel point, en haut lieu,
on se préoccupe de leur bien-être.
Pour vous le montrer, j'ai pris la
peine de m'arrêter pour capturer quelques images le long des routes
que je fréquente presque quotidiennement à la force des guibolles,
à la belle saison.
Comme vous pouvez le constater
ci-après, les autorités compétentes, toujours soucieuses de nous
enchanter, ont aménagé le long des espaces réservés aux cyclistes
quelques parterres abondamment fleuris qui créent de la couleur, de
l'odeur et possèdent un petit je-ne-sais-quoi d'attachant qui incite
même à opérer de petits détours en leur honneur !
Afin de rompre la plus petite amorce de
ce que les plus ingrats des cyclistes pourraient qualifier à tort de
monotonie, les pouvoirs publics ont songé à installer quelques
passages en dévers qui procureront aux plus hardis la sensation de
fréquenter un coûteux vélodrome. Ils y ont ajouté fort
opportunément, ici et là, des changements d'aspect du revêtement
destinés à retenir l'attention de ceux qui, fatigués peut-être,
risqueraient l'endormissement.
Émus par tant de sollicitude, les
riverains ne sont pas en reste, eux qui désormais agrémentent les
abords des mêmes pistes cyclables par de charmantes haies qui
procurent un ombrage si bienfaisant que nous ne pouvons résister au
réflexe de leur offrir en guise de remerciement quelques
respectueuses et admiratives courbettes.
Mieux encore : certains d'entre
eux, préoccupés par l'un ou l'autre défaut de revêtement qui
pourrait rendre dangereuse cette aire de pur plaisir, ne reculent
devant aucun effort pour nous venir en aide ! Plus prompts
encore que les autorités publiques, ils réparent séance tenante
les passages devenus dangereux en y ajoutant l'indispensable couche
de gravillons qui avait malencontreusement disparu.
Qu'elles sont belles, nos pistes
cyclables !
Probablement envieux de notre sort, de
nombreux automobilistes n'hésitent guère à franchir le pas :
ils délaissent les mornes espaces qui leur sont réservés et
viennent s'installer dans nos charmants espaces verts si
accueillants, tout en veillant cependant à nous laisser encore en
partage la place nécessaire à notre bonne circulation. Quels
charmants voisins !
Parfois, dans un moment d'égarement,
distraits ou poussés par une bourrasque inattendue, il arrive que
nous nous égarions hors de ces pures merveilles que sont nos pistes
cyclables. Qu'à cela ne tienne ! Toujours attentifs à notre
bonheur, les autres usagers de la route nous rappellent aimablement,
d'un discret et musical coup d'avertisseur accompagné de gestes
amicaux de la main, à côté de quel plaisir nous sommes en train de
passer !
Merveilleuse Belgique !
Bravo ! J'adore !!!
RépondreSupprimerOui, c'est partout pareil ; y a vraiment des connards qui ne pensent qu'à leur cul : garons-nous sur les pistes cyclables, ces crétins de cyclistes, on s'en fout ! Ils se démerderont bien ! De toute façon, s'ils ont le temps de faire du vélo, c'est qu'ils ne sont pas pressés, donc on s'en fout de ces crétins !
Voilà. Ou peut-être, simplement, qu'ils ne se rendent même pas compte que c'est une piste cyclable, ce qui, je crois, est encore un pire syndrome de connerie profonde.
Bon, c'est vrai, les cyclistes n'ont pas le monopole : il arrive que des voitures se garent tout simplement sur toute la largeur du trottoir, de façon qu'aucun piéton, et surtout aucune poussette ou aucun fauteuil roulant, ne puisse jamais passer. Sans doute de sympathiques automobilistes qui veulent s'assurer que ces connards de vieux, de femmes enceintes ou jeunes mamans, voire d'handicapés (enfin bref... tous ces assistés sociaux qui ne foutent rien de leur journée) passent de bons moments. Après tout, avec ce qu'on travaille, on est quand même en droit de faire chier les autres, merde !
Désormais, je vois (avec ravissement) beaucoup de gens qui n'ont plus de scrupules, que ce soit à pied ou en vélo : si une bagnole est garée comme une merde, ils passent quoi qu'il arrive. Et des fois, ça laisse un rétro en vrac ou quelques éraflures par-ci par-là et ça a tendance à me faire beaucoup rire.
Ils devraient peut-être même ajouter un petit mot : "Monsieur, vous étiez garé comme une merde, aussi ai-je légèrement abîmé la peinture de votre carrosserie."
Voilà qui est exprimé cash !
SupprimerEt j'apprécie le commentaire concernant les trottoirs et les piétons : c'est effectivement pareil. Je pourrais truffer mon blog de photos de bagnoles garées sur les trottoirs et qui ne laissent même pas un demi-mètre aux piétons ! Alors, des gens en voiturette, des mamans et leur voiture d'enfant, vous pensez bien...
Et parfois, sans doute suite à quelques plaintes, les flics passent et déposent des avertissements. Alors, pendant un mois ou deux, les bagnoles sont stationnées sur la chaussée ; mais comme elles sont trop nombreuses pour rester toutes d'un seul côté dans le respect du stationnement alterné, on en trouve un peu partout, avec deux roues sur le trottoir... puis bientôt les quatre et on est repartis pour un tour !
J'ai préféré en rire dans mon article en utilisant le second degré, mais les faits sont là : les cyclistes, les piétons et autres usagers faibles, ils gênent. Et quant à aménager les choses en leur faveur, faut pas rêver : la bagnole, ça rapporte bien trop de pognon à l'État.