* Kevin De Bruyne vient d'être
transféré à Manchester City pour une somme approchant les 80
millions d'euros. Son salaire mensuel devrait s'élever à plus d'un
million d'euros, si j'ai bien tout compris. Ces chiffres font de lui
le transfert le plus onéreux – à ce jour ! – de l'histoire
du football belge. Ramené au poids de la bête, ça fait cher le
kilo de viande qui shoote. Il faut dire qu'il n'est pas le seul :
plusieurs de ses comparses de l'équipe nationale belge de football
bénéficient de confortables émoluments ! Hazard, Kompany,
Courtois, Benteke et quelques autres comptent en effet parmi les
joueurs les mieux payés de la Planète. En dépit de ces chiffres
vertigineux, les résultats de l'équipe belge n'ont rien
d'enthousiasmant ! Évidemment, s'il suffisait d'être bien payé
pour engranger de bons résultats, ça se saurait ! Nous avons
chez nous quelques politiciens – cumulards ou non – et autres
administrateurs généraux de services publics grassement rémunérés
dont nous attendons toujours en vain qu'ils justifient par de
brillantes prouesses les émoluments qu'ils empochent sans la plus
petite parcelle de mauvaise conscience.
* Du côté des plus jeunes, les peines
sont morales. De plus en plus d'enfants souffrent d'une phobie de
l'école. Il paraît qu'on exige trop de leurs petites personnes,
qu'on leur met trop la pression, qu'il faut des résultats et que le
seul résultat, c'est que ça les bloque. L'angoisse totale.
Je veux bien, moi, qu'on ne bouscule
pas nos chérubins ; mais est-ce que ça va servir à quelque
chose de les choyer avant de les envoyer, quand ils seront grands,
dans le monde cruel du chômage travail ? Bill
Gates, à ce qu'on raconte, aurait d'ailleurs lancé un avertissement
du genre « Si tu trouves que tes profs sont durs, attends
d'avoir un patron ! » ; avertissement qui indique à
quel point le fossé se creuse, dans notre monde moderne, entre une
enfance douillette et un âge adulte nourri de stress.
D'un autre côté, quand j'entends
affirmer qu'on exige de nos rejetons des résultats, c'est
l'étonnement qui m'assaille, puisque ce n'est justement pas
l'impression que j'avais de l'école d'aujourd'hui. Déjà, on ne
donne plus de points (c'est vilain, ça dévalorise, ça crée un
climat d'échec là où on voudrait mettre les jeunes dans une
spirale de réussite) ; on ne classe plus (c'est vilain, ça
traumatise, ça crée et renforce les inégalités) ; on ne fait
plus redoubler (c'est vilain et encore plus traumatisant). Jadis, les
bulletins, c'était tous les mois (j'en ai même connu qui se
donnaient toutes les semaines !) ; les résultats et
classements s'annonçaient publiquement en fin d'année ; et
quand un enfant ne s'en sortait pas à l'école, on l'envoyait
travailler en espérant qu'il pourrait au moins se familiariser avec
un métier manuel.
J'apprends par ailleurs que des études
très sérieuses démontrent que les étudiants peinent dorénavant à
mémoriser. C'est une évolution du cerveau, paraît-il : on
mémorise moins. Et cela se justifierait par le fait qu'on dispose de
tout un fatras informatique hyper branché qui permet de trouver en
deux coups de cuiller à pot – entendez : quelques clics de
souris ou papouilles d'écran tactile – les informations dont on a
besoin sans avoir pris la peine de les apprendre par cœur
auparavant !
Quand je songe qu'on m'envoyait (tout
seul et à pied !) chez l'épicier du quartier et que je
répétais mentalement en chemin la liste de ce que je devais
rapporter (la sanction de l'erreur éventuelle étant une engueulade
maison et un second aller-retour, toujours tout seul et toujours à
pied, pour rectifier la bévue), j'en frémis rétrospectivement.
Mais quand même, qu'on ose annoncer
qu'il s'agit d'une évolution du cerveau, ça me paraît gros !
Les évolutions génétiques sont plutôt lentes, très lentes. Elles
exigent davantage qu'une demi-poignée de générations !
Par contre, j'ai aussi entendu que pour
lutter efficacement contre l'apparition et l'évolution de la maladie
d'Alzheimer, il est essentiel de faire régulièrement appel à sa
mémoire, de l'entretenir, de l'exercer le plus possible. Car la
cervelle, c'est un peu comme les muscles : ça vieillit, certes,
mais ça ne s'use pas quand on s'en sert.
* Un peu dans le même genre que
ci-dessus, j'ai lu un autre article où il était question de jeunes
gens ayant terminé leurs études et dont la destinée est alors de
se lancer dans la vie professionnelle. Apparemment, ils ne sont pas
prêts. De longues années passées à étudier, ça marque.
Lorsqu'il s'agit de passer à la pratique, de quitter le mode
préparatoire pour passer au mode exécutif, ça coince.
Moi qui ai entrepris de très longues
études secondaires, j'en sais quelque chose. Il n'a pas été simple
de trouver du boulot.
Apparemment, pour les étudiants
fraîchement diplômés et promis au monde du chômage
travail, il est non seulement très difficile de se dégoter un
emploi, mais il est également très compliqué de se lancer dans la
recherche dudit emploi. Et ça, c'est quand même nouveau.
En quelque sorte, ça rejoint les
propos d'un paragraphe précédent de cette bafouille, où il est
question de phobie de l'école, de stress, d'exigence de résultat :
on continue à mettre aux jeunes un maximum de pression. Alors que,
leurs études terminées, ils aspirent à un repos, à une détente
bien méritée (par exemple sous la forme de deux semaines all-in
à Ibiza), pourquoi attendrions-nous d'eux qu'ils se lancent d'un
seul coup dans la vie professionnelle ?
Apparemment, l'année sabbatique serait
plutôt devenue la norme. Cool, cool pendant quelques semaines où il
est surtout question de vacances ; puis cool, cool pendant
quelques mois hivernaux où il vaut mieux rester dans la chaleur des
réseaux sociaux ; pour enfin, à l'approche de l'été,
planifier les prochaines vacances tout en se mettant sérieusement en
quête d'un emploi – étant entendu que l'éventuel futur patron
devra s'accommoder des deux semaines d'indisponibilité de son nouvel
employé, qui a déjà « réservé » son séjour estival.
Évidemment, il y a des réfractaires.
De ceux qui cherchent tout de suite (et, pour certains, avant même
la réussite des dernières épreuves). Ceux-là se retrouveront en
concurrence, lors des examens d'embauche, avec d'autres qui auront
« décompressé » pendant un an et qui devront faire
preuve d'imagination, voire d'audace, au moment de remplir leur CV.
Le Monde évolue, les mentalités
évoluent, les monnaies dévaluent. C'est inéluctable.
* Dans un registre plus sérieux au point
qu'il en devient dramatique, nous voyons que les réfugiés
politiques se bousculent aux frontières de l'Europe comme jadis les
manants aux portes des églises et des châteaux : Asile !
Asile !
Je ne sais pas ce que vous en pensez,
mais ça doit ressembler à ce que j'en pense moi-même :
assez !
Assez de réfugiés, direz-vous ?
Assez d'aide aux réfugiés,
préciserez-vous ?
Votre bonne âme balance-t-elle entre
l'idée de les empêcher d'entrer chez nous et celle de les y laisser
entrer mais de limiter l'aide qui leur est accordée ?
Pensez-vous plutôt qu'ils devraient
rester chez eux ?
Moi, c'est ce que je me dis : ils
devraient rester chez eux. Le problème, c'est que chez eux, ce n'est
plus chez eux. On leur démolit tout, on leur prend ce qu'ils ont, on
massacre leur famille, leurs amis, leurs voisins… Alors ils fuient,
parce que, fort logiquement, ils pressentent que leur tour est
proche.
Alors, pour qu'ils cessent
d'entreprendre de longs et périlleux exodes, il faudrait tout
d'abord éliminer les raisons (guerre, famine, maladies, corruption)
qu'ils ont de s'enfuir de chez eux et instaurer d'autres raisons
(paix, démocratie, sécurité, prospérité) qui leur donnent envie
d'y rester. Et ça, c'est une autre affaire, n'est-ce pas ?
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