C'est vrai qu'il y a trop de bagnoles.
En ville, il y en a trop. Beaucoup
trop.
En zone périurbaine, il y en a trop.
Et même à la campagne, on en voit
partout.
Sur les routes quotidiennement et
essentiellement à vélo, c'est une observation qu'on pose d'autant
plus aisément qu'on a une vue presque panoramique sur le trafic et,
étant donné la vitesse où l'on circule, rarement identique à
celle des véhicules motorisés. On se retrouve alors acteur autant
que témoin.
Alors, oui, il y a trop de bagnoles. Il
y en a de plus en plus et pourtant, en dépit de leurs embrassades
furtives et de leurs étreintes passionnées, elles ne se
reproduisent pas. Leurs rencontres parfois violentes laissent souvent
des traces, mais pas de celles-là. Et pourtant, elles sont de plus
en plus nombreuses.
C'est simple : en ville, il en est
qui restent immobiles et d'autres qui n'avancent pas. Ce n'est pas la
même chose, toutefois. Les immobiles sont en stationnement, celles
qui n'avancent pas en chercheront bientôt un lorsqu'elles auront
réussi à se dépêtrer des habituels embouteillages.
C'est dingue, non ? Rien que
d'imaginer que toutes celles qui sont à l'arrêt pourraient essayer
de s'immiscer dans la circulation en même temps que toutes les
autres, ça laisse songeur.
Quelque part, je me demande si
l'automobiliste n'est pas un peu maso. Ou exagérément optimiste.
Tous les jours, à la radio, retentit
la même sérénade : l'énumération des bouchons n'en finit
pas. Quand on entend ça, à quoi bon aller se jeter dans la cohue ?
« Il faut bien aller bosser ! »
répliquerez-vous. Et vous auriez raison. Vous auriez raison de
pester sur l'absence de solution de rechange, sur les transports en
commun peu fiables et inconfortables, sur les loyers trop élevés
pour envisager un déménagement, sur la météo trop incertaine ou
les distances trop longues pour la bicyclette, sur la pratique de la
moto trop dangereuse, etc.
Il n'empêche que tout ça nous fait
trop de bagnoles sur les routes, le long des routes et sur les
trottoirs (parce qu'il n'y a guère plus de place pour stationner que
pour rouler).
Récemment, j'écoutais un débat à la
radio où étaient évoqués, outre les problèmes de mobilité, ceux
des coûts de la circulation automobile pour la collectivité. Et là,
les avis divergent. Comme je ne maîtrise pas les chiffres assenés
par les uns et les autres, je m'abstiendrai de prétendre que tel
spécialiste affirmant que la voiture coûte plus qu'elle ne rapporte
à l'État a raison de contredire tel autre spécialiste soutenant le
contraire. C'est trop compliqué. D'autant plus compliqué qu'en
Belgique viennent se greffer sur des chiffres bruts (taxes et accises
perçues, dépenses d'infrastructure), d'autres données tentant de
définir l'impact du secteur automobile sur la santé et sur l'emploi
des citoyens. Si l'on y ajoute le phénomène typiquement belge des
« véhicules de société », il est difficile de décider
qui des uns ou des autres pourrait détenir un semblant de vérité.
En attendant, le constat de visu
reste valable : trop de bagnoles. Chez nous, plus de bagnoles
que de ménages, c'est dire !
De
plus en plus, les exigences urbanistiques imposent à celui qui
envisage la construction d'une habitation d'y prévoir un garage et
jusque deux emplacements de stationnement en dehors de la voie
publique mais en bordure de celle-ci ! Cela situe l'ampleur du
problème.
Bien
sûr, nos élus pourraient tenter de légiférer afin de réduire le
nombre de véhicules en circulation, mais les conséquences
immédiates d'une telle tentative seraient une grogne du secteur
automobile (avec chantage à l'emploi) et une bataille de chiffres
qui ne ferait qu'ajouter à la confusion. Car, à la question de
savoir si la bagnole coûte plus ou moins qu'elle ne rapporte à
l'État, s'ajouterait celle de prévoir de quel côté ferait pencher
la balance une diminution du nombre de voitures sur les routes.
Faudrait-il augmenter les taxes ? Rendre la (seconde voire la
troisième) voiture financièrement inaccessible à certains
ménages ? Est-ce que la diminution du nombre de roues
parcourant notre réseau routier permettrait de faire baisser
suffisamment le coût de son entretien ?
Une
chose est cependant certaine : le vélo, ça tient moins de
place qu'une voiture et ça encombre donc moins les routes, sauf en
le comparant à une voiture avec quatre personnes à l'intérieur. Et
vous en voyez beaucoup, vous, aux heures de pointe, des voitures avec
quatre personnes à l'intérieur ? Et avec trois ? Ou même
deux ? Voilà une idée de taxation souvent proposée mais
rarement mise en pratique. Et pourtant, elle aurait un sens.
Parce
que pour rouler tout seul, sur deux roues c'est suffisant. Et le
faire sans moteur, c'est plus économique et ça pollue moins.
Ouaip !!!
RépondreSupprimerBien d'accord avec tout ça.
Alors, c'est vrai, c'est sans doute facile de mon point de vue de gus qui va bosser à pied ou en vélo, mais quand même.
En fait, je dois me rendre trois fois par semaine pour mon boulot dans une grande ville loin de chez moi, eh ben vous savez quoi ? j'y vais en train, et en bus, et en métro, et même en vélo de location parfois. Et en plus, c'est cool, je peux bosser, bouquiner, dormir... (enfin, sauf sur le vélo de location ; j'ai essayé, c'est pas pratique...)
Et bien sûr, il y a le covoiturage ! Les gens râlent parce que c'est trop contraignant d'aller faire un détour pour emmener Bob ou chercher Bobette, mais évidemment que ça vaut le coup (et le coût) ! Ça revient moins cher, ça pollue moins, c'est moins chiant sur les routes, et en plus c'est l'occasion de rencontrer des Bob et des Bobette. (Bon, des fois, on n'est pas déçu, mais ça aussi, c'est drôle...)
Non, c'est pas facile. Prendre le bus, le vélo ou marcher un peu, ce n'est pas toujours possible, mais c'est de temps en temps réalisable. Pareil pour le covoiturage ; et ça fait moins de bagnoles sur les routes.
SupprimerIci, en Belgique, on est victimes du "tout à la bagnole". Les magasins sont loin (centres commerciaux), on a tué le commerce de proximité. Les quartiers résidentiels sont désertés de la journée (faut deux salaires pour payer la maison, la tire, les vacances et tout le superflu), donc il n'y a plus de commerçants ambulants.
On accuse les transports en commun d'être inefficaces, mais ils sont sous-financés et, pour les bus par exemple, soumis aux aléas de la circulation.
Trop de bagnoles. Et en plus, elles polluent. Volontairement, même, rien que pour le profit. Scandalonteux !
Non, non, pas de (anti)pub pour des voitures allemandes...
SupprimerMais ce qui est bien, dans la grande ville où je vais bosser : les bus ont vraiment leurs voies, partout ou presque, et sont du fait pas tant que ça soumis à la circulation. Et pour le coup, les "pouvoirs publics" ont axé beaucoup leurs actions sur les transports en commun. Les usagers, paraît-il, trouvent que ça leur revient cher ; mais si j'ai bien compris, s'ils payaient le prix de revient réel, ils feraient des bonds. Il y a une volonté publique et politique de faire fonctionner ça quand même. Et ça se ressent dans la ville.
(Mais encore une fois, c'est peut-être juste un point de vue de mec qui vient juste trois jours par semaine ; peut-être que si j'habitais là tout le temps, je ferais la gueule.)
Il y a trois ans, j'ai vécu deux mois sans monter dans une bagnole. Et je marchais, ou je pédalais, ou je prenais le train. Bon, puis à un moment, c'est chiant quand même, et on prend la tire, histoire de. Mais dans certaines conditions, c'est vraiment possible. (Et j'étais dans une petite ville ; je pense que si on habite une grande ville, c'est très largement possible.)
Certains citadins peuvent être mieux lotis, en effet.
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