Les usagers de la route dits faibles –
piétons, cyclistes – sont fréquemment soumis au stress du coup de
klaxon : sursaut, frayeur, écart... Bien souvent, lesdits
usagers ignorent à qui l'avertissement sonore est réellement
destiné, mais qu'il le soit à eux-mêmes ou à quelqu'un d'autre,
le résultat en est inévitablement un emballement soudain du rythme
cardiaque.
Le klaxon, ça effraie l'usager faible.
Au volant de votre voiture, vous
entendez souvent l'un ou l'autre coup de klaxon, mais à moins de
voir et de savoir qu'il vous est destiné – auquel cas vous
marmonnerez ou crierez à haute voix quelques imprécations bien
senties assorties de qualificatifs peu flatteurs à l'intention de
celui qui vient de perturber votre sérénité –, vous vous
demanderez également pour qui et pour quoi il a retenti. Et vous
regarderez peut-être ailleurs que là où vous vous dirigez, ce qui
est rarement sécurisant. Car c'est bien là une des caractéristiques
de base du coup de klaxon : il est presque toujours destiné à
une seule personne, mais nous sommes nombreux à l'entendre.
Le klaxon, ça perturbe l'attention au
volant.
Il arrive évidemment que le coup
d'avertisseur vous soit destiné et que vous le sachiez ; mais,
comme nous venons de l'évoquer brièvement ci-dessus, votre réaction
sera probablement davantage à ranger dans la catégorie des
agressions verbales voire gestuelles que dans celle des humbles
excuses et attitudes contrites. Car, il faut bien le dire : le
klaxon, ça énerve.
Peut-être avez-vous déjà vécu la
situation consistant à se trouver deuxième d'une file immobilisée
à un feu rouge ? Peut-être aussi avez-vous déjà vécu la
situation où le premier de file, distrait, ne se décide pas à
démarrer alors que le feu est passé au vert ?
Patient, vous attendez. Mais, derrière
vous, le troisième de file klaxonne. Immanquablement, le premier
sort de sa léthargie et, dans le meilleur des cas, démarre
immédiatement. Mais il est possible aussi qu'il se retourne vers
vous et, gestes à l'appui, vous crie des insanités que vous
n'entendez pas mais dont vous devinez la teneur. Pas de doute :
il croit que vous êtes l'auteur du coup de klaxon. Vous avez beau
lui faire un geste d'impuissance et désigner l'automobiliste qui
vous suit, rien n'y fait.
Le klaxon, ça suscite
l'incompréhension.
Furieux et décidé à se venger, le
premier automobiliste démarre alors que le feu passe à l'orange.
Vous voilà bon pour attendre la phase verte suivante ! En
ruminant de sombres pensées et un qualificatif peu amène précédé
du mot « quel ».
Le klaxon, ça rend agressif.
Dans le même ordre d'idées, si vous
voulez faire perdre ses moyens à un conducteur débutant qui a
misérablement « calé » à un carrefour au moment de
démarrer, klaxonnez impatiemment derrière lui. Il calera son moteur
deux, trois, cinq, dix fois, peut-être, et c'est tout ce que vous
aurez gagné : pour vous la colère, pour lui, la frayeur.
Le klaxon, c'est source de stress.
J'ai un jour été témoin d'un grave
accident de circulation : un automobiliste voulant quitter la
chaussée pour s'engager vers la gauche dans une rue adjacente avait
coupé la route à un autre automobiliste circulant en sens inverse.
Alors que l'ambulance s'éloignait,
emportant le conducteur imprudent et sa passagère, tous deux
sérieusement blessés, l'autre conducteur – indemne – me
répétait pour la énième fois son « et pourtant, j'ai
klaxonné ».
Je ne lui ai pas dit que moi, quand je
vois une voiture qui se prépare à me couper la route, je ne songe
pas à klaxonner. Je songe à freiner. Car un puissant coup
d'avertisseur n'éloigne pas nécessairement le danger ni ne force à
s'arrêter le chauffeur distrait ; mais malheureusement,
certains automobilistes restent encore persuadés du contraire.
Le klaxon, ça rend idiot.
Mode apparemment importée en Belgique
depuis l'Italie, le concert de coups de klaxon qui accompagne un
cortège nuptial reste encore de mise aujourd'hui. Après la
cérémonie et pour se rendre à la salle de banquet, les voitures
précédant ou suivant celle qui emporte les heureux mariés sont
brillantes comme des sous neufs et parées de rubans blancs. En
salivant à l'idée du bon repas qui s'annonce, les chauffeurs
actionnent l'avertisseur. Le riverains entendent de loin arriver le
cortège, regardent la mariée descendre de la voiture, commentent sa
toilette...
Les coups de klaxon, parfois, ça
promène un air de fête.
À trois heures du matin, quand les
derniers invités quitteront la salle de fêtes, certains
n'hésiteront pas à adresser aux autres de gentils coups de klaxon
en guise d'ultime « au revoir ». Et tant pis pour le
sommeil des riverains !
Le klaxon, ça rend irrespectueux.
D'ailleurs, lorsque l'une ou l'autre
équipe de football, à l'occasion d'une Coupe du Monde ou d'une
Coupe d'Europe des nations, forgera un bon résultat, les supporters
enthousiastes n'hésiteront pas à défiler en voiture dans les rues,
bien après vingt-deux heures, en agitant des drapeaux et en usant et
abusant du klaxon.
Le klaxon, ça attise les hystéries
collectives.
La loi interdit pourtant l'usage de
l'avertisseur sonore, sauf pour signaler un danger ; mais force
est de constater que cette loi est si rarement respectée que le
klaxon est devenu en lui-même la principale source de danger :
stress, distraction, incompréhension, agressivité, irrespect,
tapage, bêtise, hystérie...
Non, franchement, le klaxon, ça ne
sert à rien. Et puisque l'interdiction pure et simple est impossible
à faire respecter, je ne vois à ce problème qu'une seule
solution : la suppression du klaxon.
Ha ha ha ! Excellent !
RépondreSupprimerBon, en cherchant bien, il doit y avoir des cas où c'est utile... Mais effectivement, c'est plus souvent n'importe quoi.
Ou alors, il faut le transformer pour le rendre drôle : qu'il fasse "coin coin !" ou "meeeeuhhh !" ou un truc comme ça...
Les tonalités de klaxons sont réglementées. Même si ça peut être drôle, pas de "meeeeuhhh ! " ni de "coin coin ! ".
SupprimerEn gros, le klaxon doit obligatoirement équiper la voiture, sa tonalité doit être homologuée ("tuuut", "piiiip", "poueeet" - "pwaaap" pour les camions)... et il est interdit de l'utiliser.
Autant le supprimer, hein !