* Ne le répétez pas : les
grandes banques seraient en difficulté. Mais on nous rassure, ce
n'est pas aussi grave qu'en 2008. En réalité, pour les banques,
c'est à peu près aussi grave ; mais pour les épargnants, ça
l'est moins. Les États ont pris leurs précautions, certaines
pratiques ont été interdites et des garanties ont été données.
Les banques, évidemment, ça n'arrange pas leurs petites affaires,
puisqu'elles ne gagnent plus autant de pognon et qu'on ne les
autorise plus à en perdre n'importe comment. Même les placements
douteux ne rapportent plus. Et, évidemment, maintenant qu'elles ne
peuvent plus faire vraiment tout ce qu'elles veulent de nos petites
économies, ça la fout mal. Pour elles. Moi, avec le peu d'économies
dont je dispose, ça me ferait plutôt marrer.
* Je n'arrête pas d'être ému autant
que séduit par « notre modèle de société » (c'est ce
qu'on disait des States, jadis, quand ils avaient – à ce qu'il
paraît – vingt ans d'avance sur nous). Quel pays de rêve !
Gendarmes du Monde, les United States voudraient tout et tous à
leurs bottes de cow-boys.
Ce qui laisse rêveur, outre les
contradictions véhiculées par leur puritanisme hypocrite et leur
habitude de vouloir faire faire par d'autres les efforts auxquels ils
ne s'astreignent pas eux-mêmes, c'est le haut folklore qui agrémente
leurs campagnes électorales : si les politiciens belges
disaient autant de conneries, ils seraient rayés de notre carte
politique. Même Jacqueline Galant ne leur arrive pas à la
cheville ! Évidemment, dans le genre « je n'ai pas dit
ça » (bien qu'elle l'ait dit et que tout le monde l'ait
entendu), « je n'ai pas fait ça » (bien qu'elle l'ait
fait et que tout le monde soit au courant) et « vous avez mal
interprété mes paroles » (bien que tout le monde ici
comprenne suffisamment le français pour éviter les erreurs
d'interprétation), elle se pose un peu là. Mais ce sont, à ce
qu'il paraît, des maladresses. C'est des bobards qu'elle balance
comme ça pour essayer de se tirer de la bouse en essayant de nous
faire croire que ce sont les autres qui l'ont mise là et pas elle
qui s'y est fourrée toute seule. Elle se rend quand même bien
compte qu'elle les dit, les bobards. Alors, rien à voir avec les
comiques en campagne aux States. Eux, ils sont vraiment convaincus de
ce qu'ils disent. Quoique...
Vous avez sûrement entendu que la Cour
Suprême des États-Unis bloque le programme de lutte contre le
réchauffement climatique qu'Obama se proposait de mettre en place.
Il avait pourtant promis...
Mais dans son cas, à Obama, promettre,
ça ne coûte rien. C'est la fin de son second mandat et il n'en
obtiendra pas en supplément (non, aux States, on ne change pas la
Constitution comme ça pour s'en payer un troisième). Il peut
promettre, même s'il se doute bien en promettant qu'il ne pourra pas
tenir, puisque tout sera rejeté par la suite. Mais il pourra faire
son petit Jacqueline Galant : c'est pas moi, c'est eux.
* Tiens, et en parlant des States, je
lisais dernièrement cet article écrit sur son blog par un
cardiologue américain en visite en Allemagne. Le brave homme
s'étonne : en Europe, on roule à vélo. Et même : on
marche. Il n'y a pas en rue que des caisses monstrueuses
monstrueusement polluantes. Pas à dire, mais nous sommes en retard.
Eux, les Américains, ça fait déjà longtemps qu'ils n'utilisent
plus leurs guibolles qu'avec la plus grande parcimonie. Nous, on en
est encore à les employer de temps à autre à ce pour quoi elles
ont été conçues. Nous sommes de bien piètres élèves.
Heureusement quand même que le bon docteur n'est allé se promener
qu'en Allemagne. S'il avait visité les Pays-Bas ou le Danemark, son
étonnement aurait pris l'allure de la stupéfaction.
* Un pays où on fait tout très bien,
c'est la Corée du Nord. On tire des missiles et on fait des essais
nucléaires, tous avec un franc succès, cela va sans dire. On
invente même un médicament qui guérit instantanément la gueule de
bois. Si, si. Ils sont tellement géniaux, là-bas, qu'ils ont
inventé ça. Mais comme ils n'ont aucun objectif mercantile, ils
n'envisagent pas de vendre le remède à la France ou à la Belgique.
Mauvais joueurs !
* À Bruxelles, les tunnels de
circulation automobile tombent en ruine. On doit les fermer les uns
après les autres pour éviter que les automobilistes ne reçoivent
des morceaux de béton au passage. C'est vilain, mais c'est comme
ça : on a construit, on n'a pas entretenu. Et maintenant, il
faudrait réparer, mais on manque d'oseille. Alors, en attendant, on
envisage de créer des commissions d'enquête pour savoir, par
exemple, « comment il se fait qu'on n'ait pas entretenu »
ou « qui est responsable de ces négligences »... C'est
du surréalisme à la belge dans toute sa splendeur : pleurer
sur le lait répandu ou essayer à tout prix de savoir qui l'a
renversé, pourquoi et comment il a procédé. Honnêtement, je
trouve qu'il serait plus utile de plancher sur les solutions :
sortir la lavette ou la serpillière et aller racheter du lait. Mais
ça, c'est sans doute trop évident : en Belgique, on aime faire
compliqué.
* On nous reparle de la réforme de
l'orthographe comme si elle venait d'être instaurée, alors que ça
fait quelque vingt-cinq ans qu'elle a été mise en place. Et que,
depuis lors, rien n'a changé : les modifications proposées
n'ont rien d'obligatoire. En attendant, même chez nous, en Belgique,
on voudrait inciter les enseignants à adopter la nouvelle graphie et
à l'apprendre à leurs potaches. Je remarque toutefois que, quelle
que soit l'orthographe adoptée, ancienne ou nouvelle, rares sont les
enseignants qui la maîtrisent parfaitement. En proposant de
simplifier, on est parvenu à compliquer ; et là, je ne pense
pas que ce soit le but recherché. La proposition de réforme ne
venait pas de la Belgique, rappelons-le.
* Il n'y a pas si longtemps, je me
trouvais dans une clinique, dans une salle d'attente très peuplée.
Une porte s'est ouverte sur le couloir voisin et une infirmière, un
papier à la main, a essayé de lire un nom. « Monsieur Brkl...
Brklja... », a-t-elle bafouillé ; mais un type s'est levé
et a dit « c'est moi », lui épargnant la peine d'essayer
de déchiffrer et prononcer la suite.
Pendant les minutes qui ont suivi, je
me suis dit que ce gaillard n'était quand même pas à plaindre,
comparé à d'autres. Imaginez le mec qui s'appelle « Conard »,
« Cocu » ou autre joyeuseté. Je sais qu'il en a
l'habitude, qu'il s'est probablement, à la longue, constitué un
cuir épais. Mais quand même : dans cette situation, ce n'est
pas drôle. Pas pour lui, du moins.
Excellent ! Bravo !
RépondreSupprimerC'est bien fun, tout ça ! Et tellement vrai...