C’est
un peu dingue, parfois, ce qu’on découvre dans les médias. Il n’y
a guère, j’ai entendu que, dans certains pays, les femmes se
plaignent de la place occupée par les hommes dans les transports en
commun. Et quand j’écris « la place occupée », c’est
relatif à l’espace pris individuellement par un individu mâle
normalement (et moyennement) constitué. Il ne s’agit pas d’une
question de parité hommes/femmes. En principe, tous les voyageurs
payants sont les bienvenus. En principe.
Par
contre, tous les comportements ne le sont pas. Et ça se comprend. La
politesse devrait rester de mise, l’hygiène également. Bref, le
respect d’autrui.
Or,
dans certains pays, comme je l’écrivais, l’homme a tendance,
apparemment, à occuper davantage que l’espace qui lui est
normalement dévolu, par exemple sur une banquette dans une rame de
métro. On a même, paraît-il, institué dans certaines villes une
réglementation assortie de pictogrammes pour la rappeler.
Un
homme, quand il s’assoit, occupe trop de place. Avec ses jambes.
Si, si. Nous, les mâles, lorsque nous nous asseyons, nous avons
tendance à les écarter, et les femmes trouvent que ça envahit
l’espace qui leur est normalement dévolu. Nous avons de grandes
guibolles et de gros genoux ; doublés d’une tendance machiste
et virile consistant à bien faire comprendre que quelque chose
d’important niche au milieu qui a besoin d’avoir ses aises. D’où
la réglementation et les pictogrammes : Messieurs, asseyez-vous
et serrez les genoux, s’il vous plaît. Les écarter, c’est
limite indécent et surtout franchement envahissant.
Soit.
Ce n’est pas faux, pour le côté envahissant. Mais ces dames ne
semblent pas réaliser – fort logiquement compte tenu de leur
constitution différente de la nôtre – que nous devons faire face
à plusieurs problèmes à la fois, nous les messieurs.
Tout
d’abord, en moyenne, nous sommes plus grands qu’elles. Afin de
rendre les places assises accessibles sans trop de gymnastique aux
moins athlétiques des voyageurs, aux enfants, aux personnes âgées…
les banquettes sont plutôt basses. Personne ne peine à s’y
installer. Les pieds des enfants ne toucheront cependant pas le sol,
ceux des adultes de petit gabarit non plus. Ou de justesse. Les dames
bénéficieront, en moyenne, d’un soutien correct de leurs cuisses
par l’assise lorsqu’elles se tiendront bien droites.
Ce
ne sera généralement pas le cas pour les hommes de taille moyenne
ou supérieure. Les pieds à plat sur le sol, leurs creux de genoux
seront surélevés et leurs cuisses ne bénéficieront d’aucun
soutien efficace. De manière naturelle, elles s’écarteront dès
que leur propriétaire songera à autre chose qu’à les maintenir
soigneusement serrées l’une contre l’autre. C’est inévitable.
Rester assis ne devrait d’ailleurs pas exiger de tension musculaire
constante.
Un
moyen simple d’éviter à nos jambes de s’écarter naturellement
est de les croiser. Cela fera peut-être plaisir à notre voisine de
banquette, mais certainement pas au voyageur installé en face et peu
soucieux d’accueillir contre ses tibias une pointe de chaussure de
grande pointure, même soigneusement cirée.
Cette
réglementation stupide est donc inadaptée aux hommes de taille
moyenne ou grande.
En
réaction, certains collectifs masculins ont, paraît-il, fait
réaliser des pictogrammes indiquant que les banquettes, dans les
transports en commun, c’est réservé aux postérieurs des
voyageurs et voyageuses ; et que les sacs à main – très
appréciés des dames – n’ont rien à y faire aux côtés desdits
postérieurs.
Je
ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je trouve qu’on vit une
époque à la con. Il faut des réglementations pour tout, y compris
l’insignifiant, parce que nous sommes globalement égoïstes et
qu’il faut sans cesse nous rappeler que les autres existent, qu’ils
ont droit au respect, à un espace vital, à la décence.
Tout
est devenu sérieux à l’excès, puisque même l’humour est
réglementé. La distinction entre taquinerie et sexisme, observation
et racisme, humour et politique… est devenue impossible à établir.
Nous
ne devrions pas avoir besoin de toutes ces règles puisque, de
manière simple et pourtant très connue, notre liberté individuelle
s’arrête là où commence celle des autres ; mais voilà :
ça ne semble pas facile à comprendre et appliquer, comme principe.
Nous
pourrions peut-être consentir quelques efforts ? Cela nous
permettrait sans doute d’avoir beaucoup moins l’impression d’être
constamment fliqués, non ?
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