Non,
je ne vais pas vous entretenir de politique. Le centriste
en question ne fait pas partie de la race des élus ou de ceux
aspirant à l’intégrer, bien qu’avec ces gens on ne sache jamais
vraiment à quoi s’en tenir.
Non,
le centriste
dont je veux vous parler, c’est celui qui, imperturbablement,
squatte la bande centrale de nos autoroutes au fil des kilomètres
qu’il parcourt. Le plus souvent, ce centriste est respectueux des
limites de vitesse, choisissant même de circuler cinq à dix kilomètres/heure en dessous du maximum autorisé.
Si
vous roulez –
en toute légalité – plus rapidement que lui, vous devrez
impérativement le dépasser par la gauche (donc en empruntant la
troisième bande de circulation) et non par la droite, manœuvre
interdite par le Code de la route sauf en de rares circonstances.
Les
deux comportements sont répréhensibles,
les autorités viennent de nous le rappeler, et le montant de
l’amende infligée aux contrevenants a récemment été doublé.
Apparemment,
la hausse du coût des sanctions n’a exercé aucun effet immédiat :
les centristes sont toujours aussi nombreux sur nos autoroutes. Il
est même certains jours où je me demande s’ils ne sont pas
majoritaires. Un comble, car des centristes majoritaires, même en
politique, ça se voit rarement !
Ce
qui m’interpelle,
en réalité, c’est le nombre d’automobilistes qui se plaignent
de la situation actuelle. Autour de moi et dans les médias,
j’entends des gens rapportant le nombre incroyable de contrevenants
qui les agacent quotidiennement et déplorer qu’ils ne soient pas
sanctionnés.
Mais
sanctionner un centriste, c’est
difficile. La limite entre le séjour prolongé en bande centrale et
l’enchaînement de dépassements de véhicules plus lents est
difficile à cerner. Elle serait même, comme dans beaucoup de cas,
soumise à l’arbitraire des agents des Forces de l’Ordre, avec
tous les doutes, dérives et abus qu’on peut craindre. En outre,
pour apporter la preuve de l’infraction, il faudrait des photos
explicites ou, mieux encore, des captures vidéo accablantes.
L’exercice n’est sans doute pas des plus aisés.
Si
le nombre impressionnant d’automobilistes se plaignant des
centristes m’interpelle, la curieuse absence des centristes
eux-mêmes dans les conversations m’interpelle davantage ! Je
n’ai pas rencontré depuis longtemps quelqu’un avouant squatter
régulièrement la bande centrale de l’autoroute au mépris du
Code ; et pourtant, les conducteurs se comportant de la sorte
existent incontestablement.
Il
faut croire que ceux-là sont un peu comme certains piétons
adressant
des gestes de reproche aux automobilistes qui ne leur cèdent pas la
priorité sur les passages protégés ; mais qui se transforment
en chauffards mettant en danger les usagers faibles dès qu’ils
s’installent au volant de leur bolide.
Les
mauvais, c’est
les autres, c’est bien connu.
En
attendant, une nouvelle race commence à proliférer : le
gauchiste. Contrairement à ce qui se passe au plan politique dans la
plupart des pays de l'Union, les partisans de la gauche sont
désormais en progression. Ne pouvant dépasser par la droite les
centristes, la plupart le font par la gauche, mais certains d'entre
eux décident désormais de s'installer là, squattant la bande de
gauche à une vitesse supérieure de dix à vingt kilomètres/heure
au maximum autorisé.
Ces
gauchistes sont peut-être des centristes un peu pressés ne
supportant plus de rester dans la file des centristes ordinaires...
Finalement,
je verrais d’un bon œil le parallèle politique avec les
centristes, en appliquant à ces derniers le principe qu’avait un
jour lancé Lionel Jospin : « Le Centre, c’est comme le
Triangle des Bermudes ; qui s’en approche tend à
disparaître ».
Excellent ! Oui ! Je râle, moi aussi ! Même en bécane, je fais l'effort de me rabattre après chaque dépassement...
RépondreSupprimerEt j'aime bien ce petit parallèle avec la politique...
Et vous avez aussi des boulets jaunes, chez vous ?
Oui, malheureusement.
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