Maintenant qu'ils sont rentrés à la
maison, je peux vous l'avouer : les Belges ont mal joué.
Je parle de notre équipe nationale de
football, à la Coupe du Monde. Ils ont mal joué.
Ici, les gens ont été surpris. Les
gens, ce sont les joyeux supporters qui avaient pendu des drapeaux
aux fenêtres, décoré leurs voitures aux couleurs nationales et
défilé dans les rues au son du klaxon. Ils attendaient le retour
des diables rouges à Zaventem pour pouvoir les acclamer, puis
leur réserver un accueil triomphal sur la Grand-Place de Bruxelles ;
mais... rien de tout ça !
Les communiqués ne leur promettaient
rien de tout ça, et c'est juste une paire d'heures avant
l'atterrissage que les vedettes
ont annoncé qu'ils accepteraient de saluer la foule avant de prendre
leurs deux semaines de vacances.
Alors,
ils sont venus et ils ont salué. Mollement. Brièvement.
Que
s'est-il passé ?
Le bon
peuple peine à comprendre, parce qu'ici, nous étions fiers d'avoir
enfin des représentants en phase finale de la Coupe du Monde de
football, ce qui ne s'était plus produit depuis douze ans !
On
était contents de les avoir vus se qualifier brillamment (huit
victoires et deux partages), décrocher une place enviable de tête
de série, sortir de la phase de
groupes en terminant à la première place, franchir les huitièmes
de finale et n'échouer qu'en quart, face à une très efficace
équipe d'Argentine. Alors, quoi ?
Disons-le
tout net : ces messieurs sont gênés. C'est trop la honte. Ils
espéraient mieux. Ils rentrent au pays avec le sentiment d'avoir
failli. Un peu comme l'élève que ses parents entendent féliciter
parce qu'il a réussi ses examens avec 70 % des points, mais qui
fait la moue parce qu'il considère avoir bâclé l'ouvrage en n’en
obtenant pas 80 !
Cela
prouve deux choses : l'orgueil et l'ambition de ces joueurs qui
restent persuadés d'avoir failli au moment crucial ; et la
passion doublée d'indulgence qui a animé leurs supporters pendant
toute cette campagne.
Avant
que ne s'entament, dès ce soir, les demi-finales de la Coupe du
Monde, j'aimerais livrer ici quelques observations...
— En
phase finale, il n'y a plus de « petites équipes », si
on en juge par les scores souvent étriqués. En effet, les deux
tiers des rencontres jouées se sont soldés soit par un partage
(parfois jusqu'à la fin des prolongations), soit par une victoire
par un seul but d'écart.
Tout
le monde se défend bien, tous les pays tirent leur épingle du jeu.
Il n'y a plus de « clients », de « petites nations
du football » s'inclinant par quatre ou cinq buts d'écart. Les
quelques raclées qui ont été administrées l'ont été à
l'Espagne (tenante du titre !) et au Portugal (pourtant bien
coté).
— Ce
nivellement n'est peut-être pas seulement dû à une amélioration
des performances des pays les moins huppés ! Les grandes
nations, celles qui recueillent les faveurs des pronostics, sont loin
d'avoir convaincu ! C'est à se demander si ces cadors qui
peinent à s'imposer n'arrivent pas en phase finale dans de piètres
conditions : joueurs-vedettes épuisés par des championnats
éprouvants, nervosité face à l'enjeu quand on a plus à perdre
qu'à gagner, volonté d'en garder « sous la pédale »
pour des matchs à priori plus compliqués...
— Le
football moderne est devenu très tactique et très physique.
Souvent, l'équipe qui ouvre la marque s'impose au terme de la
rencontre. La tendance est à fermer le jeu et à attendre l'erreur
de l'adversaire. Y a-t-il trop d'argent en jeu ?
— Les
Belges ont peiné lors de leur première rencontre face à l'Algérie
qui jouait la défense à tout crin et qui a eu la chance d'ouvrir
rapidement la marque sur coup de réparation (leur seul tir cadré en
90 minutes) ! On a dit alors que les Belges jouaient mal, mais
dans ces conditions, il était difficile de produire un jeu
chatoyant. Ils ont pu néanmoins renverser la vapeur en fin de match,
à force d'opiniâtreté et grâce à des remplacements judicieux.
— Les
Belges ont également peiné lors de leur seconde rencontre, les
Russes pourtant obligés de réussir un bon résultat (ils n'avaient
obtenu qu'un partage face à la Corée) se montrant à peine moins
prudents que les Algériens. C'est sûr : Kokorin doit encore se
botter l'arrière-train pour son occasion complètement loupée !
Cette fois-là, les diables
n'ont pas bien joué, mais ils ont pu s'imposer dans le dernier quart
d'heure grâce à une condition physique exemplaire, une technique
supérieure et un jeu plus collectif.
— Face
à la Corée, qualification acquise et importants changements dans la
composition de l'équipe ont fait que le match n'avait plus trop
grande importance. L'adversaire ayant surtout songé à casser le
jeu, aucun miracle n'était à attendre. Un match honorable, avec un
résultat plus positif que la manière.
— En
huitième de finale face aux États-Unis, le spectateur a pu vibrer.
Enfin ! Une rencontre très spectaculaire qui prouve une fois de
plus que pour réussir un beau match, il faut que les deux équipes
jouent le jeu. Le score final n'en fut pas moins serré que lors de
rencontres précédentes, mais la manière – si l'on excepte les
nombreuses occasions manquées – était cette fois plaisante et
porteuse d'espoirs.
— C'est
face à l'Argentine que les Belges ont vraiment déçu (un peu à la
manière des Français contre les Allemands, d'ailleurs). Un but
rapidement encaissé en première mi-temps... et la messe fut dite :
très professionnellement, l'équipe ayant ouvert le score a « fermé
la boutique », laissant l'adversaire se briser les dents sur
une défense bien organisée tout en n'osant pas trop se découvrir
de crainte de prendre un second but lors d'une contre-attaque
meurtrière.
— C'est
ce dernier match qui a laissé à nos joueurs un goût d'inachevé :
ils restent persuadés d'avoir failli dans leur tâche, d'avoir déçu.
Cette
réaction me semble positive s'ils ont la volonté de faire mieux la
prochaine fois. Ils sont jeunes et talentueux alors, pourquoi pas ?
D'autant que cette « prochaine fois », ce sera en France,
lors de l'Euro 2016. Avec des Bleus jeunes et talentueux et qui, pour
l'occasion, ne manqueront certainement pas d'ambition !
En
attendant, la Coupe du Monde entre dans sa dernière ligne droite
avec, toujours en suspens, cette question que tant de gens se posent
depuis le début : « Qui perdra la finale face au
Brésil ? »
Edit 9 juin 2014 :
Bon, quand j'avouais n'y rien connaître en football, je n'étais pas loin de la vérité. Qui, hormis un ignare dans mon genre, aurait pronostiqué la raclée du Brésil (7 buts à 1) face à l'Allemagne ?
Edit 9 juin 2014 :
Bon, quand j'avouais n'y rien connaître en football, je n'étais pas loin de la vérité. Qui, hormis un ignare dans mon genre, aurait pronostiqué la raclée du Brésil (7 buts à 1) face à l'Allemagne ?
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