lundi 5 novembre 2018

Charlot et les F-35

Le 26 octobre dernier, je suis sorti de ma léthargie automnale pour écouter, sur la première chaîne radio, notre brave Premier ministre Charles Michel nous expliquer pourquoi la Belgique avait choisi le F-35 américain pour remplacer nos bons vieux F-16, américains eux aussi.

Et tout d’abord, il y avait toutes ces choses qu’on savait bien à propos du choix à opérer entre les divers concurrents encore en lice : le déjà nommé F-35 américain, le français Rafale et l’européen Eurofighter. On savait, par exemple, que le chouchou de nos militaires était le F-35. On savait aussi que, de tous les appareils mis en concurrence, il était de loin le plus cher. On se doutait bien que l’attribution de ce juteux marché ferait l’objet de pressions diverses et que la transparence allait être reléguée au second plan. Mais quand même…

Quelques jours auparavant, alors que les médias annonçaient que le choix était fait et que l’heureux élu serait le F-35, Charles « tout-va-bien » Michel, la voix vibrante d’indignation, nous rappelait que le marché n’était pas encore attribué, que rien n’était décidé, etc. Il n’empêche que le 25, le couperet tombait et, qu’à la surprise générale, notre Premier ministre nous annonçait, la voix vibrante d’émotion, que le choix de la Belgique s’était porté sur le… F-35 !

Donc, ce 26 octobre vers 7 h 45, j’entends à la radio l’interview de notre Premier à ce sujet. Et que nous déclare ce brave Charlot, pour qui tout va toujours très bien si l’on en croit son perpétuel petit sourire satisfait quand il passe à la télé ?

Il nous dit qu’en réalité, le F-35 américain est moins cher. Si, si. Et Charlot d’ajouter que grâce à ce choix judicieux, nous économiserons quelque six cents millions que l’État pourra consacrer à autre chose, comme venir en aide aux plus démunis, par exemple (chez nous, les libéraux ont inventé le libéralisme social – c’est le terme qu’ils utilisent – qui, si j’ai bien compris, consiste à tenter de nous faire croire que c’est la droite libérale qui a inventé la sécu et est le meilleur garant de sa pérennité).

On nous aurait donc menti ? Le F-35 ne serait pas le plus cher ? Le journaliste insiste, mais Charlot nous rassure une nouvelle fois. L’avion américain est bien le moins cher. D’ailleurs, ajoute le Premier ministre, « je ne connais même pas le prix de l’avion français ». « On n’a pas d’offre ».

Vertuchou ! Trop fort, notre Charlot ! C’est un peu comme si je rentrais chez moi pour dire à ma femme :

« On va acheter cette voiture-là. Elle est moins chère.
Ah bon ! me répondrait-elle. Et les autres, c’est combien ?
Je ne sais pas, mais elles sont plus chères. »

Bon, là, c’est mes sous et ceux de ma femme, donc j’ai le droit d’être un tout petit peu de mauvaise foi. Et de toute façon, ma femme peut aussi aller au garage et demander le prix des autres modèles, des autres marques…

Mais Charlot, c’est avec nos sous qu’il joue. Avec le fric de tout le Pays. Et quand on essaie de savoir, c’est « top-secret ». Nos politiciens et nos militaires peuvent claquer notre pognon comme ils l’entendent, en quelque sorte.

Du côté des retombées économiques, il me revient d'avoir entendu que l’offre française était alléchante. Mais bon, c’est la France. C’est pas les States. C’est pas Trump avec ses menaces sur l’OTAN et son insistance à rappeler qu’on ne contribue pas assez aux finances de la défense commune.

Là aussi, Charlot insiste : il n’y a pas eu de pressions américaines.

Et les retombées économiques pour nous, alors ? Ah, oui ! On en aura. Des tas. Combien ? Ben, ça, on ne sait pas. Nous n’avons reçu, nous rétorque-t-on par ailleurs, que de vagues lettres d’intention…

Dis, Charlot, tu ne nous prendrais pas un peu pour des couillons, des fois ?

Si, certainement ; mais ne t’en fais pas. Dans quelques mois, en prenant le chemin de l’isoloir, on saura s’en souvenir.


samedi 10 mars 2018

Westvleteren : les moines ne sont pas contents

Dans cette bafouille publiée en 2011 (Dieu, que le temps passe vite !), je vous entretenais de ma façon de penser aux moines trappistes de l'abbaye de Westveteren.

Pour faire plus bref, je rappelle que ces abrutis de tonsurés, qui ont vu leur bière trappiste « XII » se faire élire « meilleure bière du Monde » par quelques illuminés d'Outre-Atlantique, ne peuvent plus faire face à la demande, qui a grimpé en flèche depuis lors. Comme leur objectif – louable, je l'admets – n'est pas de s'enrichir mais juste de vendre leur modeste production pour subvenir à leurs tout aussi modestes besoins, les moines refusent donc d'augmenter ladite production. Catégoriquement.

Donc, leur bière est rare. Si vous en voulez, il faut prendre contact (par téléphone) avec l'abbaye, réserver un ou deux casiers (pas plus, ils ne veulent pas) et aller les chercher et les payer sur place. La bière est également servie par l'un ou l'autre bistrot des alentours, mais rien de plus.

Comme tout ce qui est rare et apprécié devient forcément très cher, de deux euros cinquante la bouteille achetée à la source, certains petits malins tirent des dizaines, des centaines d'euros (ou de dollars). On voit donc fleurir dans les parages de l'abbaye de Westvleteren un trafic de casiers de bière passant d'un coffre de voiture à un autre coffre de voiture, moyennant bénéfice au passage. Le trésor change alors de mains à plusieurs reprises avant de s'en aller enfin arroser la dalle de quelques consommateurs passionnés et – fatalement – suffisamment fortunés (ou fous) pour claquer un tas de fric dans de la bière qui n'en vaut pas autant.

Tout récemment, j'ai entendu aux infos que ces putains de moines étaient mécontents. Pourquoi ? Parce que, par un curieux concours de circonstances qu'on ne qualifie pas mais qui a sans doute un tout petit peu à voir avec de la magouille, une chaîne de supermarchés des Pays-Bas serait entrée en possession de quelques milliers de bouteilles de « XII » qu'elle proposerait à la vente à un prix environ cinq fois supérieur à celui demandé « à la source ».

Alors, les moines sont fâchés. Se faire du fric avec leur bière, ça ne se fait pas. Une honte. Un scandale. Jusqu'alors, ils pouvaient toujours faire semblant de ne pas savoir que leur bêtise crasse permettait la mise en place de petits trafics juteux ; mais cette fois, que des supermarchés s'y mettent à grand renfort de pub...

Alors, j'ai une suggestion à faire à ces abrutis de tonsurés : augmenter leur production, ce qui permettra d'une part de couper l'herbe sous les pieds des magouilleurs, et d'autre part d'autoriser le commun des mortels à goûter une de leurs bières aussi facilement et honnêtement que les autres.
Et s'ils ne veulent pas s'enrichir, chose que j'approuve entièrement, qu'ils donnent donc leur excédent de pognon, généré par la vente de brassins supplémentaires, aux malades et aux nécessiteux. Il y a sur notre Terre suffisamment de misère à soulager !

Je vois déjà les bras se lever au ciel, les moues dégoûtées, les crucifix s'agiter... Mais pourquoi ? S'entêter dans un tel crétinisme, ce n'est pas faire le bien, c'est permettre au mal de sévir.

Ou alors, tiens, qu'ils soient logiques : puisque leur breuvage suscite des vocations malhonnêtes, qu'ils en arrêtent la production ! Je ne vais pas pleurer ; car je n'en bois jamais, de toute façon. Je ne vais quand même pas me taper Westvleteren pour deux casiers de bière. Qu'il y en ait un pack de six à vendre au supermarché où je me rends toutes les semaines, ou qu'on en serve au bistrot du coin ne me dérangerait pas. Peut-être même que j'en boirais, de leur fichue « XII ». Mais ils sont vraiment trop cons.

Finalement, je préfère acheter de la bière trappiste brassée en Wallonie par des moines qui ont assez de cervelle pour comprendre que l'argent rapporté par la vente de leur bière peut servir à financer des projets sociaux, éducatifs ou culturels intelligents dans leur région ; et aussi à donner du travail à des gens qui, sans cela, iraient grossir les statistiques du chômage.


dimanche 18 février 2018

Actus à prendre ou à laisser

* Comme suite à la fusillade perpétrée par un jeune gaillard de 19 ans, en Floride, et qui a fait 17 morts, le président Trump aurait promis de s'attaquer au difficile problème des maladies mentales. C'est vrai que les maladies mentales, ça tue beaucoup de gens. Ceux qui en souffrent – s'ils s'en rendent compte – et les victimes de ceux qui en souffrent. Moi, des malades mentaux, j'en ai connu l'un ou l'autre, mais le plus souvent ils étaient bien encadrés et ils n'avaient pas la possibilité de s'acheter un flingue aussi aisément que moi une paire de pompes ou un duffel-coat. Toute charité bien ordonnée commençant par soi-même, le président Trump pourrait s'attaquer d'abord à ses propres lacunes avant de songer à soigner celles des autres.
Edit 22/02/2018 : Je ne sais pas si c'est une blague, mais l'agité du bocal parle maintenant d'armer les profs dans les écoles. Armer les profs ! Ah, mais, pas tous quand même ! Ceux qui connaîtraient le maniement des armes, auraient un passé militaire ou des trucs comme ça... Vous en connaissez, vous, des profs qui ont un passé militaire ? Chez nous, ça doit être rare, mais aux States, cela fait peut-être partie du recyclage des anciens  du Vietnam, de l'Afghanistan, de l'Irak, de... d'un peu partout, quoi ! On sombre dans la débilité totale (un aubaine pour mon blog, tiens !), alors je m'interroge : à quand les gilets pare-balles pour les étudiants ? C'est vrai, quoi : il faut les protéger. Et puis, ça permettrait à la fois de relancer un commerce intéressant et de ne pas toucher à un autre, très florissant aux States. P... mais qu'est-ce que je suis content d'être Européen moi ! J'espère quand même que les gens, là bas, ils n'ont pas vraiment le président qu'ils méritent...
* Les États-Unis n'envisagent pas une action militaire contre la Corée du Nord, paraît-il. Nous voilà donc rassurés ; tout autant qu'on peut l'être lorsque Trump parle de s'attaquer aux maladies mentales. C'est peut-être là son problème, après tout : l'envie d'attaquer et la nécessité de s'en abstenir – pour le moment.

* Le bitcoin, ça marche. Et pourtant, ce n'est pas un truc sexuel. Donc, forcément, c'est du fric. Le cul et les écus, disait le concierge de la Maison communale, y a que ça de vrai. Donc, le bitcoin, c'est du pognon, mais pas tant que ça. C'est virtuel. Quand tu as des bitcoin, c'est comme si tu n'avais rien, mais qui a de la valeur. Et qui prend (ou perd) de cette valeur en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Par exemple, en vingt-quatre heures, ce qui représente quand même un peu plus de temps que celui nécessaire à en parler, ce machin peut augmenter de huit pour cent, comme je l'ai appris récemment. Moi, par exemple, j'ai à peu près une bonne moitié d'un bitcoin à disposition. Ça n'a guère de valeur, mais j'y tiens énormément. Quant à l'autre moitié, il y en a partout autour de moi, et je n'ai jamais songé que ça pouvait valoir quelque chose. Comme on peut se tromper !

* D'après une étude canadienne, l'acné, ça ficherait facilement la déprime. Pourtant, tant qu'on ne pousse pas sur le bouton, ce n'est pas dangereux, disait-on encore tout récemment dans l'entourage du président Trump. Mais malgré tout, l'étude insiste pour affirmer qu'une peau acnéique peut avoir une influence importante sur la santé mentale du boutonneux. J'en connais qui ont dû en avoir pas mal, autrefois, de ces inflorescences déprimantes.

* Quelque part dans une localité du Limbourg belge, un voleur de bagnoles sévit qui a l'habitude de s'habiller en schtroumpf et de n'abandonner le fruit de son larcin que lorsqu'il est bien pourri, c'est-à-dire complètement kaput, pour l'écrire en bon français. En schtroumpf ! Je n'en reviens pas. Comment peut-on se servir de l'image de ces personnages si sympathiques pour accomplir des actes aussi répressibles ? Décidément, je ne comprendrai jamais rien aux motivations des uns et des autres.

* Aux dernières nouvelles, Lance Armstrong nous aurait menti. Ou plutôt, il ne nous aurait pas tout dit. Certains spécialistes avancent que non seulement il se dopait, mais que son vélo l'était aussi ! Avec un moteur. Dans ces conditions, comment voulez-vous lutter ? Il n'aurait plus manqué qu'il soit aussi asthmatique, comme la plupart des coureurs professionnels. Fichu métier ! Être obligés de pédaler sur une bicyclette alors que des gens comme vous et moi, flanqués du même handicap, on les laisserait tranquilles en leur suggérant d'aller juste un peu se promener ou pédaler tranquillement, de préférence en dehors des périodes de fenaison, et de ne surtout, mais surtout pas, envisager la compétition.

* Certains hôpitaux ne se gêneraient plus pour annoncer que les soins seraient un peu différents selon que le malade est hébergé en chambre individuelle ou non. Dans le premier cas, l'opération serait, par exemple, effectuée par le spécialiste ; et dans le second, seulement par un assistant. Les soins de santé à deux vitesses, ça existerait donc et, à présent que nous avons un gouvernement résolument de droite, on ne se gêne plus pour le dire. En quelque sorte, les inégalités sociales, ça existe toujours, mais quand la gauche est au pouvoir, on en parle moins parce que c'est très vilain et qu'il ne faut pas que ça s'ébruite. Quand c'est la droite, non seulement on en parle mais, petit à petit, on en arrive même à en être fier, apparemment. Ou alors, c'est un truc tout simple pour rassurer les riches, qui craignent beaucoup pour leur santé alors que les pauvres craignent surtout pour leur garde-manger.

* J'ai lu dans la presse qu'un groupe de bénévoles avaient eu la bonne idée d'aménager un mobile-home en douche ambulante pour les sans-abris. Moi, quand on parle de faire passer les gens à la douche pour les décrasser, ça me fait toujours penser à quelque chose de pas très innocent. Mais chhhht. Je me tais. Le point Godwin n'est pas loin.

* Quand on vous dit que surfer sur le Net et entrer en contact avec des gens, ça peut être dangereux, ce n'est pas une plaisanterie. Par exemple, il y a un type qui a été arrêté parce qu'il se livrait à des activités exhibitionnistes devant sa webcam. À l'autre bout de l'image, il pensait avoir affaire à une innocente jeune fille, mais en réalité, c'était un flic qui le matait. Maintenant que notre exhibitionniste est au gnouf, il n'a plus qu'à se faire mater par les matons.

* Il paraît qu'en Belgique, on consomme de moins en moins de viande de lapin. Bouffer du lapin, c'est pas bien. Ce petit être tout mignon est surtout considéré comme un animal de compagnie ; et un animal de compagnie, ça se chouchoute, à défaut de se mitonner. Déjà qu'on ne mange plus de serpents ni de lézards et encore moins de tortue d'eau ! Manquerait plus que certains commencent à se prendre d'affection pour les moules et en gardent auprès d'eux dans leur living ou leur chambre à coucher ! Qu'est-ce qu'on boufferait avec nos frites, dans pareille situation ?