lundi 28 décembre 2015

Cinq ans et des poussières

Ce sont peut-être de grosses poussières, ou alors une bonne couche, si l'on considère que deux mois ne sont pas quantité négligeable ; mais toujours est-il que cela fait à présent plus de cinq ans que j'ai créé ce blog, sans me prendre la tête en mises en forme alambiquées et sans charger la mule en images débordantes de mégaoctets ou vidéos gourmandes en ressources.

C'est donc un petit blog sans chichis que je me suis efforcé de tenir à jour de manière plus ou moins régulière en vous entretenant de choses de plus en plus diverses : états d'âme personnels, coups de gueule et coups de cœur, considérations sur la pratique cycliste... le tout entrecoupé de sarcasmes sur la politique belge, l'actualité ou le monde cruel de l'édition.

Je réalise n'avoir pas toujours été drôle, commettant parfois l'une ou l'autre faute de goût ou me fendant d'un article complètement dépourvu d'inspiration ; mais c'est un peu le sort qui guette le scribouillard. Les idées ne sont pas toujours là ; et lorsqu'elles viennent, elles ne sont pas nécessairement bonnes. Dans ce dernier cas, peut-être aurais-je dû fermer mon clapet plutôt que d'écrire des conneries ou des paragraphes de remplissage ; mais je voulais continuer à faire vivre mon blog coûte que coûte, semaine après semaine. Au début, c'était mon tempo : la bafouille hebdomadaire.

Depuis, j'ai considérablement ralenti mon rythme de production. J'évoquais le manque d'idées, la panne d'inspiration ; mais c'est peut-être à tort. L'actualité foisonne de sujets brûlants, le Monde reste en marche, chaque jour apporte son lot de nouveautés et la seule bêtise humaine est une source inépuisable de comportements ridicules.

C'est donc plutôt ma tendance à la procrastination, lourdement présente depuis mon adolescence, qui m'incite à ne plus écrire que quelques phrases par mois là où je produisais allègrement plusieurs pages par semaine.

Nous sommes ainsi faits : chacune des tâches que nous entreprenons, et plus encore quand il s'agit d'un hobby, est consommatrice de temps. Et la vie est courte. Si courte qu'elle nous apparaît comme misérablement insuffisante pour pouvoir mener à bien tout ce que nous voudrions mener à bien. Alors, il nous faut opérer des choix qui, pour la plupart, ne sont ni définitifs, ni incontournables.

Ce qui nous semble lourd aujourd'hui nous paraissait, hier encore, si léger ! Comment est-ce possible, alors que si peu d'éléments ont changé entretemps ? Sur les plateaux de la balance nous servant à peser le pour et le contre séjournent toujours les mêmes arguments, positifs et négatifs ; mais, étrangement, leur poids respectif semble sujet à modifications.

Sans intervention de l'extérieur, sans événement important venant changer la donne, un état d'esprit s'installe peu à peu en nous, en moi ; et cet élément s'appelle la lassitude. Il s'oppose, en quelque sorte, à l'attrait de la nouveauté un peu comme chez l'enfant qui découvre un nouveau jouet, se passionne pour lui, puis le délaisse alors qu'il est toujours pareil.

Cinq ans après, j'aime toujours mon blog, je le visite régulièrement ; mais je n'ai plus, comme au début, les doigts qui me démangent au-dessus du clavier ; je ne dois plus, comme autrefois, me dire « non, pas encore, attends quelques jours, ton dernier article a seulement été publié hier ».

Par cette petite bafouille, je tiens à remercier tous ceux qui sont venus visiter l'une ou l'autre de ces pages, plusieurs dizaines voire toutes (on peut encore rêver !), au fil de ces cinq années. Je remercie encore plus chaleureusement les lecteurs qui ont pensé à laisser un petit mot en souvenir de leur passage. Cela fait toujours plaisir, même si le petit mot n'est pas toujours aimable ; car cela vaut mieux que l'indifférence.

À tous, je vous adresse mes meilleurs vœux pour l'année à venir : que 2016 vous comble de bonheur.

Et je vous dis « à votre santé ! », car la santé est, en ce Monde, le bien le plus précieux dont nous puissions disposer.

mercredi 16 décembre 2015

Tolérance zéro

Ici, en Belgique, nous avons nos génies. Surtout côté politique.

J'imagine que c'est un peu comme partout ailleurs où règne le suffrage universel : on ne nous demande notre avis qu'à l'occasion des élections. Ensuite, une fois élu, on fait un peu ce qu'on veut mais rarement ce qu'on a promis publiquement.

Une autre coutume semble également bien établie, lorsqu'un élu hérite d'un maroquin ministériel : marquer son passage par l'une ou l'autre réforme prétendument indispensable, nécessaire, voire intelligente ; mais qui dans les faits s'avère presque toujours inutile ou contreproductive.

Notre bien-aimée ministre de la mobilité vient donc de nous sortir une idée de génie qu'elle appelle « tolérance zéro ». Un truc très à la mode en cette période agitée où l'on sent bien enfler le spectre de la répression.

Cette tolérance nulle concerne l'alcool au volant. Voilà un truc très meurtrier, très vilain et contre lequel il faut lutter : l'alcool au volant. Car tout le monde le sait : boire ou conduire, il faut choisir.

Donc, notre géniale ministre, s'appuyant sur des statistiques qui donnent le frisson (13 à 15 mille accidents chaque année sont dus à une vitesse excessive ou inappropriée, tandis que l'alcool est responsable d'environ 180 décès par an sur les routes), décide tout de go qu'il faut s'en prendre à ce fléau qu'est l'éthylisme.

Oui, mais attention : pas pour tout le monde. C'est pour les jeunes, nous explique madame Galant : « Quand on conduit, on ne boit pas. Quand on obtient son permis de conduire, on est inexpérimenté, puisqu'on n'a pas encore beaucoup roulé sur la route. Donc, on ne consomme pas d'alcool. » Concrètement, les conducteurs ayant leur permis depuis moins de trois ans ne pourront plus avoir 0,5 g d'alcool par litre de sang, mais 0,2 g. Là, c'est même plus un p'tit verre, c'est rien du tout.

Tudieu ! Quelle idée de génie ! Là, personne n'y aurait songé !

Moi, quand on me balance des chiffres pour justifier quelque chose, je sors la carte méfiance. Et tout d'abord, quels sont les chiffres qu'on nous balance, dans cette histoire d'alcool au volant ?

On nous explique que 3 % des conducteurs sont sous l'effet de l'alcool. Pour moi, ça veut dire que 3 % des conducteurs contrôlés présentaient des signes irréfutables d'intoxication alcoolique, marquée par une quantité de plus de 0,5 g d'alcool par litre de sang. Or, comme tout le monde s'en doute, les barrages de police assortis de tests d'alcoolémie sont installés en des lieux stratégiques, aux heures les plus propices. Cela veut donc dire qu'en temps normal, ça ne fait probablement pas 3 pour cent de conducteurs, mais soit. Admettons.

On nous explique aussi que l'alcool est responsable de nombreux accidents. En d'autres termes, que beaucoup de conducteurs responsables d'un accident ont, lors du test auquel ils ont été soumis, été contrôlés à plus de 0,5 g d'alcool par litre de sang.
Ce qu'on ne nous dit pas, par contre, c'est de combien ils dépassaient ce seuil de tolérance.

On nous explique en outre que ce sont les jeunes qui, lorsqu'ils organisent des petites sorties festives le soir et le week-end, mélangent le plus souvent beuverie et conduite automobile. Et comme ils sont inexpérimentés, ça fait mal : non seulement ils n'ont pas assez d'expérience pour éviter les contrôles de police, mais en outre ils n'en ont pas assez non plus pour éviter les accidents !

Alors, la bonne idée, c'est la « tolérance zéro ».

Honnêtement, je me demande à quoi ça va bien pouvoir servir.

Je n'y suis pas opposé, certes, mais imposer cette mesure uniquement aux jeunes conducteurs, ça me paraît stupide. C'est tout le monde ou personne. Inutile de créer des injustices, des discriminations et des a priori débiles : on en déplore déjà bien assez sans cela.

Et d'autre part, comme je l'écrivais ci-dessus, on ne nous dit pas si les conducteurs – jeunes ou moins jeunes – qui occasionnent des accidents de la route et sont contrôlés positifs à l'alcool présentaient un taux de 0,6 g/l seulement ou bien davantage.

Avec mon pragmatisme usuel, je me dis que ceux qui roulent bourrés s'embarrassent finalement très peu du taux minimal ; et que 0,2 ou 0,5 g/l, qu'on soit jeune ou vieux, ça ne va rien changer du tout. Simplement, la « tolérance zéro » risque de changer une seule chose : obliger ceux qui boivent vraiment très peu (un seul verre de vin ou de bière en mangeant, par exemple) à s'en priver lorsqu'ils savent qu'ils devront ensuite prendre le volant. Or, ce ne sont pas ceux-là qui provoquent les accidents. Pas plus que d'autres qui carburent aux boissons énergisantes, par exemple, ou même aux jus de fruits.

Alors, madame Galant, votre « tolérance zéro », appliquez-la à tout le monde ou à personne ; et dites-vous bien qu'elle ne changera rien du tout ; mais que ce qui serait bien plus efficace, c'est d'intensifier les contrôles en maintenant le seuil là où il est déjà fixé depuis longtemps : à 0,5 g/l.

Mais évidemment, en ne changeant rien, vous ne « marqueriez pas votre ministère », que vous avez jusqu'à présent plutôt marqué par des maladresses et divers dérapages qui nous feraient plutôt rire s'ils n'étaient pas aussi navrants.

Le mieux, bien entendu, serait de redorer votre blason à l'aide d'une initiative vraiment intelligente ; mais je crains que ce soit là un objectif bien ambitieux.

lundi 9 novembre 2015

J'aime ma banque

J'ai déjà expliqué dans ces pages tout le bien que je pense de ma banque et des banques en général, ces bienfaitrices de l'Humanité, ces sociétés œuvrant activement et inlassablement à notre bonheur et à la sécurité de nos avoirs financiers.

Client depuis de longues années d'une grande enseigne qui, à diverses reprises au cours de cette période de son histoire et de la mienne, a pris soin de se rebaptiser au hasard des fusions, absorptions, restructurations et menaces de faillite ; je me suis déjà demandé pourquoi je lui accordais une telle fidélité car, non contente de réduire la qualité de son service, le nombre de membres de son personnel et, accessoirement, le taux d'intérêt de mon compte-épargne, cette même banque n'accorde crédit qu'à grand-peine et à des taux usuraires, ne reçoit le client que sur rendez-vous et facture des frais administratifs lorsque vous lui demandez d'effectuer un virement que vous ne pouvez encoder vous-même au guichet automatique parce que dépassant le montant maximal admissible.

À chaque fois que je me pose cette question, les réponses se bousculent : force de l'habitude, paresse, interminables problèmes administratifs et, surtout, aucune garantie de trouver moins mauvais ailleurs.

Tout récemment, ma banque chérie m'adresse donc un courrier postal pour m'avertir que la « carte à puce » qui me sert à effectuer un tas d'opérations depuis mon compte courant sera bientôt remplacée car arrivant au terme de sa période de validité. Un regard sur le bout de plastique en question m'indiquant que c'est vrai, je me dis « fort bien », d'autant que l'objet commençait à afficher de méchantes traces d'usure (sans jeu de mots).

Ma banque chérie, dans son courrier, m'explique (texto) qu’« Optimiser sans cesse votre confort est pour nous une mission quotidienne ». Et elle ajoute ceci : « Votre carte de banque actuelle doit être mise à jour. Nous allons donc bientôt vous en envoyer une nouvelle. Ainsi, vous pourrez continuer à profiter du confort de paiement avec votre carte de banque. »

S'ensuit alors une description de la procédure :

1. Nous avons déjà commandé votre nouvelle carte.
2. Vous allez d'abord recevoir un nouveau code secret par la poste. Veuillez le conserver précieusement. Une fois votre nouvelle carte activée, vous pourrez le modifier à tout moment à un automate de notre banque.
3. Quelques jours plus tard, vous recevrez, par courrier distinct, votre nouvelle carte.
4. Vous pouvez activer votre carte dès réception. Vous trouverez ci-joint les instructions de la procédure d'activation.
5. Une fois que vous aurez utilisé votre nouvelle carte, vous ne saurez(*) plus utiliser l'ancienne.

Important : Veuillez conserver cette lettre et son annexe jusqu'au moment de l'activation de la carte.
(*) En belge dans le texte.

Sur la feuille annexe, en sus de mon nom et de mon adresse, figurent mes coordonnées IBAN, une suite de 11 chiffres et la procédure d'activation de la nouvelle carte. C'est facile :

1. La carte que nous vous envoyons est encore bloquée quand vous la recevez.
2. Pour la débloquer, vous avez besoin d'un code d'activation de 11 chiffres. Attention : ne confondez pas ce code d'activation avec le code secret qui vous a été envoyé séparément par la poste. Votre code d'activation se trouve en haut de cette annexe. Gardez ce numéro à portée de main quand vous allez appeler.
3. Formez le numéro gratuit **** *** **. Vous pouvez téléphoner 24h/24, 7j/7.
4. Suivez les instructions.
5. C'est fait ? Votre carte est alors immédiatement activée. Attention : votre ancienne carte reste encore active jusqu'à la première utilisation de la nouvelle.

Muni de la carte, bien reçue dans une autre enveloppe, de cette lettre et de son annexe, j'ai donc appelé le numéro gratuit et suivi les instructions... qui consistaient simplement à me dire d'envoyer le code de onze chiffres. Aucune vérification de quoi que ce soit. Cela consiste donc probablement à vérifier que le courrier contenant la carte est bien dans les mêmes mains que celui contenant le code d'activation. Peu importe que ces mains ne soient pas les miennes.

Je résume donc en quelques lignes le sens de la sécurité de ma banque adorée :
— Un courrier m'annonçant l'arrivée de ma nouvelle carte, m'expliquant la procédure d'activation et contenant un code à onze chiffres à envoyer par téléphone.
— Un courrier contenant la carte en question.
— Un courrier contenant le nouveau code secret lié à cette même carte.

Les trois missives ayant atterri dans ma boîte à lettres en moins d'une semaine, j'ose à peine imaginer ce qu'un postier indélicat aurait pu mettre en place en quelques jours en interceptant les enveloppes (identifiables car porteuses du logo de la banque) : en possession de la carte, de la procédure et de tous les codes nécessaires, il aurait non seulement pu agir à ma place, mais aussi rendre inopérant le sésame encore en ma possession.

Inquiet par la fragilité de la procédure, je me suis rendu à mon agence habituelle en vue d'y utiliser ma nouvelle carte et d'en modifier le code secret : peine perdue ! La machine m'a averti d'une erreur système. J'ai donc fait quelques virements avec l'ancienne, heureusement toujours active.

Le lendemain, j'ai tenté la même opération, toujours aussi infructueuse ; mais comme cette fois le guichet était ouvert, j'ai pu exposer le problème à un employé qui m'a expliqué que mon cas n'était pas isolé. Apparemment, les courriers ont été envoyés trop tôt ! Il m'a été suggéré de recommencer dans une semaine.

La semaine écoulée, j'ai amorcé une nouvelle tentative d'utilisation, mais sans succès. Trop tôt, encore ?

Voilà donc environ dix jours que je promène deux cartes de banque et deux codes secrets, ce qui, à mon âge et compte tenu de ma mémoire déjà lourdement mise à contribution, n'a rien de confortable ni de rassurant.

Alors, là, pour le coup, j'aime vraiment ma banque !

samedi 24 octobre 2015

Suppression du klaxon

Les usagers de la route dits faibles – piétons, cyclistes – sont fréquemment soumis au stress du coup de klaxon : sursaut, frayeur, écart... Bien souvent, lesdits usagers ignorent à qui l'avertissement sonore est réellement destiné, mais qu'il le soit à eux-mêmes ou à quelqu'un d'autre, le résultat en est inévitablement un emballement soudain du rythme cardiaque.
Le klaxon, ça effraie l'usager faible.

Au volant de votre voiture, vous entendez souvent l'un ou l'autre coup de klaxon, mais à moins de voir et de savoir qu'il vous est destiné – auquel cas vous marmonnerez ou crierez à haute voix quelques imprécations bien senties assorties de qualificatifs peu flatteurs à l'intention de celui qui vient de perturber votre sérénité –, vous vous demanderez également pour qui et pour quoi il a retenti. Et vous regarderez peut-être ailleurs que là où vous vous dirigez, ce qui est rarement sécurisant. Car c'est bien là une des caractéristiques de base du coup de klaxon : il est presque toujours destiné à une seule personne, mais nous sommes nombreux à l'entendre.
Le klaxon, ça perturbe l'attention au volant.

Il arrive évidemment que le coup d'avertisseur vous soit destiné et que vous le sachiez ; mais, comme nous venons de l'évoquer brièvement ci-dessus, votre réaction sera probablement davantage à ranger dans la catégorie des agressions verbales voire gestuelles que dans celle des humbles excuses et attitudes contrites. Car, il faut bien le dire : le klaxon, ça énerve.

Peut-être avez-vous déjà vécu la situation consistant à se trouver deuxième d'une file immobilisée à un feu rouge ? Peut-être aussi avez-vous déjà vécu la situation où le premier de file, distrait, ne se décide pas à démarrer alors que le feu est passé au vert ?
Patient, vous attendez. Mais, derrière vous, le troisième de file klaxonne. Immanquablement, le premier sort de sa léthargie et, dans le meilleur des cas, démarre immédiatement. Mais il est possible aussi qu'il se retourne vers vous et, gestes à l'appui, vous crie des insanités que vous n'entendez pas mais dont vous devinez la teneur. Pas de doute : il croit que vous êtes l'auteur du coup de klaxon. Vous avez beau lui faire un geste d'impuissance et désigner l'automobiliste qui vous suit, rien n'y fait.
Le klaxon, ça suscite l'incompréhension.

Furieux et décidé à se venger, le premier automobiliste démarre alors que le feu passe à l'orange. Vous voilà bon pour attendre la phase verte suivante ! En ruminant de sombres pensées et un qualificatif peu amène précédé du mot « quel ».
Le klaxon, ça rend agressif.

Dans le même ordre d'idées, si vous voulez faire perdre ses moyens à un conducteur débutant qui a misérablement « calé » à un carrefour au moment de démarrer, klaxonnez impatiemment derrière lui. Il calera son moteur deux, trois, cinq, dix fois, peut-être, et c'est tout ce que vous aurez gagné : pour vous la colère, pour lui, la frayeur.
Le klaxon, c'est source de stress.

J'ai un jour été témoin d'un grave accident de circulation : un automobiliste voulant quitter la chaussée pour s'engager vers la gauche dans une rue adjacente avait coupé la route à un autre automobiliste circulant en sens inverse.
Alors que l'ambulance s'éloignait, emportant le conducteur imprudent et sa passagère, tous deux sérieusement blessés, l'autre conducteur – indemne – me répétait pour la énième fois son « et pourtant, j'ai klaxonné ».
Je ne lui ai pas dit que moi, quand je vois une voiture qui se prépare à me couper la route, je ne songe pas à klaxonner. Je songe à freiner. Car un puissant coup d'avertisseur n'éloigne pas nécessairement le danger ni ne force à s'arrêter le chauffeur distrait ; mais malheureusement, certains automobilistes restent encore persuadés du contraire.
Le klaxon, ça rend idiot.

Mode apparemment importée en Belgique depuis l'Italie, le concert de coups de klaxon qui accompagne un cortège nuptial reste encore de mise aujourd'hui. Après la cérémonie et pour se rendre à la salle de banquet, les voitures précédant ou suivant celle qui emporte les heureux mariés sont brillantes comme des sous neufs et parées de rubans blancs. En salivant à l'idée du bon repas qui s'annonce, les chauffeurs actionnent l'avertisseur. Le riverains entendent de loin arriver le cortège, regardent la mariée descendre de la voiture, commentent sa toilette...
Les coups de klaxon, parfois, ça promène un air de fête.
À trois heures du matin, quand les derniers invités quitteront la salle de fêtes, certains n'hésiteront pas à adresser aux autres de gentils coups de klaxon en guise d'ultime « au revoir ». Et tant pis pour le sommeil des riverains !
Le klaxon, ça rend irrespectueux.

D'ailleurs, lorsque l'une ou l'autre équipe de football, à l'occasion d'une Coupe du Monde ou d'une Coupe d'Europe des nations, forgera un bon résultat, les supporters enthousiastes n'hésiteront pas à défiler en voiture dans les rues, bien après vingt-deux heures, en agitant des drapeaux et en usant et abusant du klaxon.
Le klaxon, ça attise les hystéries collectives.

La loi interdit pourtant l'usage de l'avertisseur sonore, sauf pour signaler un danger ; mais force est de constater que cette loi est si rarement respectée que le klaxon est devenu en lui-même la principale source de danger : stress, distraction, incompréhension, agressivité, irrespect, tapage, bêtise, hystérie...

Non, franchement, le klaxon, ça ne sert à rien. Et puisque l'interdiction pure et simple est impossible à faire respecter, je ne vois à ce problème qu'une seule solution : la suppression du klaxon.

samedi 26 septembre 2015

Trop de bagnoles !

C'est vrai qu'il y a trop de bagnoles.
En ville, il y en a trop. Beaucoup trop.
En zone périurbaine, il y en a trop.
Et même à la campagne, on en voit partout.

Sur les routes quotidiennement et essentiellement à vélo, c'est une observation qu'on pose d'autant plus aisément qu'on a une vue presque panoramique sur le trafic et, étant donné la vitesse où l'on circule, rarement identique à celle des véhicules motorisés. On se retrouve alors acteur autant que témoin.

Alors, oui, il y a trop de bagnoles. Il y en a de plus en plus et pourtant, en dépit de leurs embrassades furtives et de leurs étreintes passionnées, elles ne se reproduisent pas. Leurs rencontres parfois violentes laissent souvent des traces, mais pas de celles-là. Et pourtant, elles sont de plus en plus nombreuses.

C'est simple : en ville, il en est qui restent immobiles et d'autres qui n'avancent pas. Ce n'est pas la même chose, toutefois. Les immobiles sont en stationnement, celles qui n'avancent pas en chercheront bientôt un lorsqu'elles auront réussi à se dépêtrer des habituels embouteillages.
C'est dingue, non ? Rien que d'imaginer que toutes celles qui sont à l'arrêt pourraient essayer de s'immiscer dans la circulation en même temps que toutes les autres, ça laisse songeur.

Quelque part, je me demande si l'automobiliste n'est pas un peu maso. Ou exagérément optimiste.

Tous les jours, à la radio, retentit la même sérénade : l'énumération des bouchons n'en finit pas. Quand on entend ça, à quoi bon aller se jeter dans la cohue ?

« Il faut bien aller bosser ! » répliquerez-vous. Et vous auriez raison. Vous auriez raison de pester sur l'absence de solution de rechange, sur les transports en commun peu fiables et inconfortables, sur les loyers trop élevés pour envisager un déménagement, sur la météo trop incertaine ou les distances trop longues pour la bicyclette, sur la pratique de la moto trop dangereuse, etc.

Il n'empêche que tout ça nous fait trop de bagnoles sur les routes, le long des routes et sur les trottoirs (parce qu'il n'y a guère plus de place pour stationner que pour rouler).

Récemment, j'écoutais un débat à la radio où étaient évoqués, outre les problèmes de mobilité, ceux des coûts de la circulation automobile pour la collectivité. Et là, les avis divergent. Comme je ne maîtrise pas les chiffres assenés par les uns et les autres, je m'abstiendrai de prétendre que tel spécialiste affirmant que la voiture coûte plus qu'elle ne rapporte à l'État a raison de contredire tel autre spécialiste soutenant le contraire. C'est trop compliqué. D'autant plus compliqué qu'en Belgique viennent se greffer sur des chiffres bruts (taxes et accises perçues, dépenses d'infrastructure), d'autres données tentant de définir l'impact du secteur automobile sur la santé et sur l'emploi des citoyens. Si l'on y ajoute le phénomène typiquement belge des « véhicules de société », il est difficile de décider qui des uns ou des autres pourrait détenir un semblant de vérité.

En attendant, le constat de visu reste valable : trop de bagnoles. Chez nous, plus de bagnoles que de ménages, c'est dire !

De plus en plus, les exigences urbanistiques imposent à celui qui envisage la construction d'une habitation d'y prévoir un garage et jusque deux emplacements de stationnement en dehors de la voie publique mais en bordure de celle-ci ! Cela situe l'ampleur du problème.

Bien sûr, nos élus pourraient tenter de légiférer afin de réduire le nombre de véhicules en circulation, mais les conséquences immédiates d'une telle tentative seraient une grogne du secteur automobile (avec chantage à l'emploi) et une bataille de chiffres qui ne ferait qu'ajouter à la confusion. Car, à la question de savoir si la bagnole coûte plus ou moins qu'elle ne rapporte à l'État, s'ajouterait celle de prévoir de quel côté ferait pencher la balance une diminution du nombre de voitures sur les routes. Faudrait-il augmenter les taxes ? Rendre la (seconde voire la troisième) voiture financièrement inaccessible à certains ménages ? Est-ce que la diminution du nombre de roues parcourant notre réseau routier permettrait de faire baisser suffisamment le coût de son entretien ?

Une chose est cependant certaine : le vélo, ça tient moins de place qu'une voiture et ça encombre donc moins les routes, sauf en le comparant à une voiture avec quatre personnes à l'intérieur. Et vous en voyez beaucoup, vous, aux heures de pointe, des voitures avec quatre personnes à l'intérieur ? Et avec trois ? Ou même deux ? Voilà une idée de taxation souvent proposée mais rarement mise en pratique. Et pourtant, elle aurait un sens.

Parce que pour rouler tout seul, sur deux roues c'est suffisant. Et le faire sans moteur, c'est plus économique et ça pollue moins.

lundi 31 août 2015

Actus à la noix

* Kevin De Bruyne vient d'être transféré à Manchester City pour une somme approchant les 80 millions d'euros. Son salaire mensuel devrait s'élever à plus d'un million d'euros, si j'ai bien tout compris. Ces chiffres font de lui le transfert le plus onéreux – à ce jour ! – de l'histoire du football belge. Ramené au poids de la bête, ça fait cher le kilo de viande qui shoote. Il faut dire qu'il n'est pas le seul : plusieurs de ses comparses de l'équipe nationale belge de football bénéficient de confortables émoluments ! Hazard, Kompany, Courtois, Benteke et quelques autres comptent en effet parmi les joueurs les mieux payés de la Planète. En dépit de ces chiffres vertigineux, les résultats de l'équipe belge n'ont rien d'enthousiasmant ! Évidemment, s'il suffisait d'être bien payé pour engranger de bons résultats, ça se saurait ! Nous avons chez nous quelques politiciens – cumulards ou non – et autres administrateurs généraux de services publics grassement rémunérés dont nous attendons toujours en vain qu'ils justifient par de brillantes prouesses les émoluments qu'ils empochent sans la plus petite parcelle de mauvaise conscience.

* Du côté des plus jeunes, les peines sont morales. De plus en plus d'enfants souffrent d'une phobie de l'école. Il paraît qu'on exige trop de leurs petites personnes, qu'on leur met trop la pression, qu'il faut des résultats et que le seul résultat, c'est que ça les bloque. L'angoisse totale.
Je veux bien, moi, qu'on ne bouscule pas nos chérubins ; mais est-ce que ça va servir à quelque chose de les choyer avant de les envoyer, quand ils seront grands, dans le monde cruel du chômage travail ? Bill Gates, à ce qu'on raconte, aurait d'ailleurs lancé un avertissement du genre « Si tu trouves que tes profs sont durs, attends d'avoir un patron ! » ; avertissement qui indique à quel point le fossé se creuse, dans notre monde moderne, entre une enfance douillette et un âge adulte nourri de stress.
D'un autre côté, quand j'entends affirmer qu'on exige de nos rejetons des résultats, c'est l'étonnement qui m'assaille, puisque ce n'est justement pas l'impression que j'avais de l'école d'aujourd'hui. Déjà, on ne donne plus de points (c'est vilain, ça dévalorise, ça crée un climat d'échec là où on voudrait mettre les jeunes dans une spirale de réussite) ; on ne classe plus (c'est vilain, ça traumatise, ça crée et renforce les inégalités) ; on ne fait plus redoubler (c'est vilain et encore plus traumatisant). Jadis, les bulletins, c'était tous les mois (j'en ai même connu qui se donnaient toutes les semaines !) ; les résultats et classements s'annonçaient publiquement en fin d'année ; et quand un enfant ne s'en sortait pas à l'école, on l'envoyait travailler en espérant qu'il pourrait au moins se familiariser avec un métier manuel.
J'apprends par ailleurs que des études très sérieuses démontrent que les étudiants peinent dorénavant à mémoriser. C'est une évolution du cerveau, paraît-il : on mémorise moins. Et cela se justifierait par le fait qu'on dispose de tout un fatras informatique hyper branché qui permet de trouver en deux coups de cuiller à pot – entendez : quelques clics de souris ou papouilles d'écran tactile – les informations dont on a besoin sans avoir pris la peine de les apprendre par cœur auparavant !
Quand je songe qu'on m'envoyait (tout seul et à pied !) chez l'épicier du quartier et que je répétais mentalement en chemin la liste de ce que je devais rapporter (la sanction de l'erreur éventuelle étant une engueulade maison et un second aller-retour, toujours tout seul et toujours à pied, pour rectifier la bévue), j'en frémis rétrospectivement.
Mais quand même, qu'on ose annoncer qu'il s'agit d'une évolution du cerveau, ça me paraît gros ! Les évolutions génétiques sont plutôt lentes, très lentes. Elles exigent davantage qu'une demi-poignée de générations !
Par contre, j'ai aussi entendu que pour lutter efficacement contre l'apparition et l'évolution de la maladie d'Alzheimer, il est essentiel de faire régulièrement appel à sa mémoire, de l'entretenir, de l'exercer le plus possible. Car la cervelle, c'est un peu comme les muscles : ça vieillit, certes, mais ça ne s'use pas quand on s'en sert.

* Un peu dans le même genre que ci-dessus, j'ai lu un autre article où il était question de jeunes gens ayant terminé leurs études et dont la destinée est alors de se lancer dans la vie professionnelle. Apparemment, ils ne sont pas prêts. De longues années passées à étudier, ça marque. Lorsqu'il s'agit de passer à la pratique, de quitter le mode préparatoire pour passer au mode exécutif, ça coince.
Moi qui ai entrepris de très longues études secondaires, j'en sais quelque chose. Il n'a pas été simple de trouver du boulot.
Apparemment, pour les étudiants fraîchement diplômés et promis au monde du chômage travail, il est non seulement très difficile de se dégoter un emploi, mais il est également très compliqué de se lancer dans la recherche dudit emploi. Et ça, c'est quand même nouveau.
En quelque sorte, ça rejoint les propos d'un paragraphe précédent de cette bafouille, où il est question de phobie de l'école, de stress, d'exigence de résultat : on continue à mettre aux jeunes un maximum de pression. Alors que, leurs études terminées, ils aspirent à un repos, à une détente bien méritée (par exemple sous la forme de deux semaines all-in à Ibiza), pourquoi attendrions-nous d'eux qu'ils se lancent d'un seul coup dans la vie professionnelle ?
Apparemment, l'année sabbatique serait plutôt devenue la norme. Cool, cool pendant quelques semaines où il est surtout question de vacances ; puis cool, cool pendant quelques mois hivernaux où il vaut mieux rester dans la chaleur des réseaux sociaux ; pour enfin, à l'approche de l'été, planifier les prochaines vacances tout en se mettant sérieusement en quête d'un emploi – étant entendu que l'éventuel futur patron devra s'accommoder des deux semaines d'indisponibilité de son nouvel employé, qui a déjà « réservé » son séjour estival.
Évidemment, il y a des réfractaires. De ceux qui cherchent tout de suite (et, pour certains, avant même la réussite des dernières épreuves). Ceux-là se retrouveront en concurrence, lors des examens d'embauche, avec d'autres qui auront « décompressé » pendant un an et qui devront faire preuve d'imagination, voire d'audace, au moment de remplir leur CV.
Le Monde évolue, les mentalités évoluent, les monnaies dévaluent. C'est inéluctable.

* Dans un registre plus sérieux au point qu'il en devient dramatique, nous voyons que les réfugiés politiques se bousculent aux frontières de l'Europe comme jadis les manants aux portes des églises et des châteaux : Asile ! Asile !
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça doit ressembler à ce que j'en pense moi-même : assez !
Assez de réfugiés, direz-vous ?
Assez d'aide aux réfugiés, préciserez-vous ?
Votre bonne âme balance-t-elle entre l'idée de les empêcher d'entrer chez nous et celle de les y laisser entrer mais de limiter l'aide qui leur est accordée ?
Pensez-vous plutôt qu'ils devraient rester chez eux ?
Moi, c'est ce que je me dis : ils devraient rester chez eux. Le problème, c'est que chez eux, ce n'est plus chez eux. On leur démolit tout, on leur prend ce qu'ils ont, on massacre leur famille, leurs amis, leurs voisins… Alors ils fuient, parce que, fort logiquement, ils pressentent que leur tour est proche.
Alors, pour qu'ils cessent d'entreprendre de longs et périlleux exodes, il faudrait tout d'abord éliminer les raisons (guerre, famine, maladies, corruption) qu'ils ont de s'enfuir de chez eux et instaurer d'autres raisons (paix, démocratie, sécurité, prospérité) qui leur donnent envie d'y rester. Et ça, c'est une autre affaire, n'est-ce pas ?

mardi 11 août 2015

Fascination

Samedi dernier, Arte consacrait ses émissions télévisées aux étoiles et à tous les mystères qui intriguent bon nombre de nos plus grands savants. Pour l'occasion, des documentaires nous étaient proposés ayant pour objet les découvertes dues au télescope spatial Kepler et aux sondes Voyager 1 et Voyager 2, exploratrices spatiales lancées il y a plus de trente-cinq ans !

Moi, tout ça, ça me fascine.

Ce qui me fascine, ce n'est pas tant les photographies des grandes planètes du Système solaire envoyées par les deux sondes depuis la fin des seventies (et qui, pour intéressantes qu'elles soient, n'en sont pas moins d'une qualité pas toujours enthousiasmante) ; ce n'est pas davantage l'examen attentif de milliers d'étoiles entrepris par le télescope Kepler et les formidables découvertes dont il nous a gratifiés, non. Ce qui me fascine, c'est l'immensité de l'Univers et, par opposition, notre taille à nous et celle de notre bonne vieille Terre, tout à fait ridicules.

Kepler avait pour mission de tenter de nous aider à répondre à la troublante question qui obsède tant de chercheurs, aiguise la curiosité des fêlés de l'Espace et excite l'imagination des auteurs de récits de science-fiction : « Sommes-nous seuls ? »

Oui, sommes-nous seuls, nous les Hommes, perdus quelque part au sein de cette immensité ? La Terre est-elle la seule planète qui abrite la vie telle que nous la connaissons ?

Depuis longtemps, on suppute, on émet des hypothèses aussi peu vérifiables les unes que les autres, on invente des engins sophistiqués afin de nous aider à trouver réponse à nos interrogations... et puis lorsqu'une découverte importante est enfin faite retentissent des acclamations de joie parce que ce qu'on espérait, ce qu'on devinait, ce qui paraissait probable mais obstinément caché devient tout à coup vérifiable, observable.

Depuis le temps que nous savons que la galaxie qui nous entoure (la Voie Lactée) comporte plus d'une centaine de milliards d'étoiles et qu'au-delà de cette Voie Lactée, bien plus loin encore, existent des milliards d'autres galaxies renfermant elles aussi des milliards d'étoiles ; depuis le temps que nous savons que chacune de ces étoiles est un « Soleil » plus ou moins gros que le nôtre, ou de taille sensiblement égale ; depuis le temps que nous savons que des étoiles naissent (elles se forment), vivent (elles brûlent en émettant chaleur et lumière) et meurent (en s'éteignant petit à petit ou, pour les plus massives, en explosant en « supernova ») ; depuis le temps que nous observons tout cela, nous n'avions pas encore pu vérifier qu'autour de ces étoiles pouvaient graviter des planètes, comme dans notre système solaire. C'est à présent chose faite : grâce principalement aux images captées par le télescope spatial Kepler, des milliers d'exoplanètes ont pu être détectées et, parmi elles, certaines semblent remplir les conditions (taille, distance par rapport à leur étoile) propices à l'apparition de la vie telle que nous la connaissons chez nous : à base d'eau à l'état liquide.

Bien sûr, on s'en doutait : puisqu'une étoile est un soleil plus ou moins semblable au nôtre, pourquoi des planètes plus ou moins semblables à la nôtre ne graviteraient-elles pas autour ?

Ce qui me fascine, c'est l'immensité de cet Univers et la petitesse, à la fois dans le temps et dans l'espace, de l'existence de l'Homme. Jugeons-en par quelques chiffres :

— Notre Soleil est vieux d'environ 4,57 milliards d'années, et il devrait pouvoir « vivre » encore autant d'années.
— Notre Terre et les autres planètes du système solaire se sont formées à la même époque, la formation de la Terre n'ayant dû prendre « que » quelques dizaines de millions d'années.
— La vie sur Terre sous ses premières formes (bactéries...) remonte à plusieurs milliards d'années, mais les hominidés n'apparaissent qu'il y a environ sept millions d'années ; et l'Homo Sapiens n'est là que depuis environ deux cent mille ans. Une broutille à côté de plus de quatre milliards et demi d'années !

Alors, existe-t-il quelque part dans l'Univers une Terre plus ou moins semblable à la nôtre ? Peut-être ; mais sans aller si loin, pourrait-il seulement en exister une au sein de la Voie Lactée (plus de cent milliards d'étoiles, rappelons-le) ? Avouez que c'est probable, car si l'on tient compte des récentes observations transmises par le télescope spatial Kepler, ce n'est pas une planète « habitable » autre que la nôtre que notre galaxie pourrait abriter, mais bien plusieurs milliards !

Encore faut-il les repérer, ce qui n'est pas évident puisqu'elles sont plutôt petites et sombres, mais plusieurs candidates ont déjà été répertoriées. Quant à pouvoir les observer, en obtenir des images afin de savoir à quoi elles ressemblent... voilà un tout autre défi ! Ces planètes sont loin, très loin de nous, puisque l'étoile la plus proche (Proxima Centauri) est distante de seize années-lumière ! Une année-lumière représentant approximativement une distance de dix mille milliards de kilomètres, le chemin à parcourir et le temps que cela prendrait pour seulement s'en approcher défient l'imagination.

Peut-être y a-t-il, loin, très loin de nous, une planète qui abrite la vie ; mais à quel stade ? Y a-t-il des vertébrés ? Des hominidés ? De la technologie permettant de communiquer, d'explorer l'Espace ? Des savants qui se posent les mêmes questions que celles qui nous assaillent ? Des guerres nucléaires qui ont déjà tout détruit ? Des épidémies ou des catastrophes naturelles ayant rayé de la carte toute trace de vie animée ?

Le saurons-nous un jour ? Nous ou les enfants des enfants de nos enfants ?

Eh bien ! Nous n'en savons rien ; mais nous pouvons toujours rêver !
L'imagination, c'est ce qui fait que l'Homme avance et que pour lui, le futur est déjà le présent et que le présent appartient déjà au passé.

lundi 13 juillet 2015

La porcherie

Lorsque j'entends parler du septième art ou que quelqu'un me suggère de me rendre dans une salle de cinéma, je ne peux dissimuler mon manque d'enthousiasme.

— On n'irait pas au cinéma ?
— Voir quel film ?
— Heu...

Car il y a un peu de ça aussi. Certaines personnes se rendent au complexe cinématographique sans avoir choisi le film qu'elles verront. Ces personnes fréquentent souvent les salles obscures ; pour elles, le plus important est de s'y rendre, d'y retrouver quelques connaissances et de passer en leur compagnie deux heures de détente. Le choix du programme n'est pas sans importance, mais il semble secondaire.

Pour ce qui me concerne, c'est plutôt l'inverse : l'important est justement d'aller voir le film que j'ai envie de voir. Et si aucun film ne me tente, je n'y vais pas. Et attention : je ne consulte pas les programmes en me disant que « j'irais bien au cinoche aujourd'hui, s'il y a un bon film ». Plus simplement, je ne m'imposerai le déplacement vers la salle de projection que s'il se joue un film que j'ai vraiment envie de voir tout de suite, sans attendre sa sortie en DVD.

Je ne sais pas comment ça se passe chez vous ; mais près de chez moi, une salle de cinéma, ça s'apparente malheureusement à une porcherie. Pas étonnant dès lors que je n'aie qu'exceptionnellement envie de la fréquenter.

Que les gens y viennent pour manger, voire s'empiffrer, c'est déjà quelque chose qui me dépasse. Comment peut-on bouffer autant ? Comment peut-on être affamé à quatorze heures, à seize heures ? Est-ce l'instant du dessert après le repas de midi ? L'heure de l'apéro avant celui du soir ?

C'est incroyable, ce que ces gens paraissent affamés ! En entrant, déjà ! Avant même d'avoir choisi leur fauteuil, les cinéphiles ont fait le détour (ce n'est pas loin) par le comptoir des denrées goinfrimentaires, d'où ils rapportent qui un seau de pop-corn, qui un sac géant de pommes chips, qui une monstrueuse crème glacée, qui un colossal paquet de friandises... sans oublier l'indispensable boisson – un soda servi dans un récipient gargantuesque – pour que tout « descende bien ». C'est dingue ! Parce que moi, quand j'ai faim, je vais au restaurant ou je rentre chez moi me préparer un bon repas. Je ne vais pas dans un cinéma.

Ces gens, ils bouffent. Avant le début du film et pendant le film. Et à l’entracte, s'il y en a un, ils mangent encore ou ils vont vite faire un petit tour aux toilettes pour vidanger avant de repasser par le comptoir faire leurs provisions pour tenir le coup pendant la seconde partie de la projection. Ils bouffent et ils boivent, parce que l'un ne va pas sans l'autre.

J'ai l'impression que, pour eux, visionner un film donne de l'appétit. Les émotions, peut-être ? On dit d'elles que ça creuse façon fringale de sportif en plein effort.

S'ils ont envie de bâfrer, si ça leur plaît de claquer leur fric pour des monceaux de friandises et de trucs gras accompagnés de litres de boissons industrielles hypersucrées, qui suis-je pour les critiquer ? Je ne les critique pas. Je constate. Je m'interroge.

Certes, les voir bâfrer et respirer l'odeur de toute leur bouftance aurait un peu tendance à m’écœurer, mais lorsque s'éteignent les lumières, le cinéma reprend ses droits : on oublie le voisin qui plonge répétitivement la main dans le sac de chips, la voisine qui grignote ses pop-corn, le môme qui suçote ses bombons. C'est à peine si l'on entend les bruits de mastication, les froissements d'emballages plastiques. Non qu'ils soient discrets, mais le volume sonore qui sort des haut-parleurs stratégiquement disposés autour des spectateurs est si important qu'il couvre le moindre claquement de mandibules, le moindre rot satisfait.

C'est pour ça, peut-être, que le son est réglé si fort dans un cinoche ?

Non, ce qui me dérange, ce n'est pas qu'on mange dans une salle de cinéma, mais qu'on y mange salement. Des trucs tombent, personne ne les ramasse – surtout dans l'obscurité – et on s'assoit ou on marche dessus. Du soda se renverse, des mains poissées se posent sur les sièges, les accoudoirs...

La salle de cinoche, aujourd'hui, c'est sale et ça pue. Une porcherie. Encore que le porc soit, contrairement à ce qu'on peut communément penser, un animal relativement propre.

En tout cas, lui, il ne met pas de la bouffe partout. Et il n'a pas besoin qu'on lui projette un film pour éprouver une soudaine et irrépressible envie de manger.

mardi 30 juin 2015

La piste cyclable, lieu où les cyclistes sont en sécurité !

Dans leur immense bonté et dans le but d'offrir aux cyclistes un espace spécialement aménagé pour qu'ils y circulent en toute sécurité, les pouvoirs publics créent, aménagent et entretiennent de merveilleuses pistes cyclables.

Contrairement à ce que certains pourraient songer, ces parties de chaussée ne sont pas là pour interdire ailleurs la présence des modestes deux-roues et de ceux qui les chevauchent, mais pour montrer à quel point, en haut lieu, on se préoccupe de leur bien-être.

Pour vous le montrer, j'ai pris la peine de m'arrêter pour capturer quelques images le long des routes que je fréquente presque quotidiennement à la force des guibolles, à la belle saison.

Comme vous pouvez le constater ci-après, les autorités compétentes, toujours soucieuses de nous enchanter, ont aménagé le long des espaces réservés aux cyclistes quelques parterres abondamment fleuris qui créent de la couleur, de l'odeur et possèdent un petit je-ne-sais-quoi d'attachant qui incite même à opérer de petits détours en leur honneur ! 



Afin de rompre la plus petite amorce de ce que les plus ingrats des cyclistes pourraient qualifier à tort de monotonie, les pouvoirs publics ont songé à installer quelques passages en dévers qui procureront aux plus hardis la sensation de fréquenter un coûteux vélodrome. Ils y ont ajouté fort opportunément, ici et là, des changements d'aspect du revêtement destinés à retenir l'attention de ceux qui, fatigués peut-être, risqueraient l'endormissement.





Émus par tant de sollicitude, les riverains ne sont pas en reste, eux qui désormais agrémentent les abords des mêmes pistes cyclables par de charmantes haies qui procurent un ombrage si bienfaisant que nous ne pouvons résister au réflexe de leur offrir en guise de remerciement quelques respectueuses et admiratives courbettes.



Mieux encore : certains d'entre eux, préoccupés par l'un ou l'autre défaut de revêtement qui pourrait rendre dangereuse cette aire de pur plaisir, ne reculent devant aucun effort pour nous venir en aide ! Plus prompts encore que les autorités publiques, ils réparent séance tenante les passages devenus dangereux en y ajoutant l'indispensable couche de gravillons qui avait malencontreusement disparu.

Qu'elles sont belles, nos pistes cyclables !

Probablement envieux de notre sort, de nombreux automobilistes n'hésitent guère à franchir le pas : ils délaissent les mornes espaces qui leur sont réservés et viennent s'installer dans nos charmants espaces verts si accueillants, tout en veillant cependant à nous laisser encore en partage la place nécessaire à notre bonne circulation. Quels charmants voisins !



Parfois, dans un moment d'égarement, distraits ou poussés par une bourrasque inattendue, il arrive que nous nous égarions hors de ces pures merveilles que sont nos pistes cyclables. Qu'à cela ne tienne ! Toujours attentifs à notre bonheur, les autres usagers de la route nous rappellent aimablement, d'un discret et musical coup d'avertisseur accompagné de gestes amicaux de la main, à côté de quel plaisir nous sommes en train de passer !

Merveilleuse Belgique !

lundi 15 juin 2015

Dracula est-il bien mort ?

C’est bizarre, comme question, parce que Dracula ne meurt pas. Il est déjà mort mais il s'agite la nuit pour de funestes activités. Donc, on ne peut pas dire que le célèbre comte de Bram Stoker soit mort dans le sens habituel du terme.

Cependant, quand on songe au fameux vampire, on ne peut s’empêcher de penser à Christopher Lee. Et lui, il est mort. Tout récemment.

Évidemment, il est permis d’entretenir quelques doutes. Surtout si on ne lui a pas planté dans le cœur un pieu en bois béni, qu’on ne lui a pas calé les crocs avec des gousses d’ail, mis un chapelet entre les doigts et, au final, tranché la tête bien proprement.

Ce n’est pas bien de faire ça, donc je présume qu’on ne l’a pas fait. Et Christopher Lee, c’était quand même quelqu’un ! Un physique, une voix et un talent impressionnants ! La toute grande classe, pour un comédien à qui l'on a presque toujours fait interpréter le rôle du méchant.

Et Christopher Lee, c’est quand même quelques scènes mémorables dans les vieux films de la Hammer, dont cette finale exceptionnelle, dans le premier de la série, qui le voit affronter Peter Cushing et à l’issue de laquelle il agonise spectaculairement dans les rayons du soleil, un crucifix brandi devant lui, pour finir en poussière chassée petit à petit par un courant d’air (il y a toujours des courants d’air dans les châteaux).

Imaginez à présent que notre comte des Carpates revienne, sous les traits du célèbre comédien, hanter nos longues nuits d’hiver… Bon sang ! Ce ne serait pas de veine !

Dracula parti, il ne faut cependant pas croire qu’on ne puisse plus nous saigner. Je connais quelques vampires haut placés qui s’ingénient à nous pomper le fruit de notre labeur sans même avoir à visiter nos nuits ! On trouve de sinistres vampires au sang bleu et au regard glaçant au sein du gouvernement et des assemblées parlementaires, mais aussi parmi les administrateurs de sociétés exerçant un monopole de fait ou acoquinées entre elles pour saigner aux six artères le pauvre consommateur contribuable : distributeurs d’énergie, gestionnaires de réseaux de télécommunications ou de transports en commun, industrie pharmaceutique…

Et comme si ça ne suffisait pas, d’autres vilains succubes nous assaillent par milliers, remontant de contrées lointaines et nous apportant, en échange de notre hémoglobine, quelques maladies aux noms imprononçables et aux effets néfastes.

Dracula n’a peut-être jamais existé ailleurs que dans l’imagination d’un écrivain aux cauchemars inspirés ou devant l’objectif de cinéastes adeptes de grand guignol ; mais quand on compare ses agissements à ceux des vilains qui nous pompent à longueur d’année notre sueur, notre sang et nos larmes, reconnaissons que, même et surtout sous les traits du grand Christopher Lee, il lui arrive de nous paraître sympathique.

mardi 26 mai 2015

Selle SMP : pas si bizarre que ça !

Il arrive de temps à autre que des gens s'intéressent à mon vélo et, plus particulièrement, à cet objet bizarre sur lequel je pose le séant et qu'il convient d'appeler une selle, même s'il ne ressemble pas vraiment à l'image qu'on se fait habituellement d'une selle de vélo.


Les questions les plus fréquentes ont évidemment trait à la forme étrange de ce périphérique essentiel au cycliste, ainsi qu'à sa fermeté. Les observateurs s'inquiètent de mon confort : « Et tu n'as pas mal, là-dessus ? »
Si, évidemment, que j'ai mal là-dessus ; mais uniquement si j'y pose le postérieur plusieurs heures sans interruption pour une longue randonnée cycliste. Évidemment également, ce n'est pas là, dans une telle éventualité, que les douleurs seront les plus vives, mais plutôt aux guibolles ; parce que pédaler, c'est assez éprouvant.


Le choix d'une selle est une affaire délicate, car si toute paire de fesses peut trouver celle qui lui convient (un peu comme à chaque casserole peut s'adapter un couvercle), cela ne se fait pas toujours aisément.


Il existe donc des selles de vélo de toutes matières, tailles, formes ; des lourdes, des moins lourdes, des légères ; des chères et des bon marché ; des ordinaires aux franchement bizarres.






Comme la plupart des gens, lorsque j'ai acheté ma bicyclette, elle était équipée d'une selle. Et comme la plupart des gens, j'ai d'abord roulé avec celle-là. Sachant ce que je sais à présent, je n'essaierais même plus : rien qu'en la regardant, je comprends qu'elle ne peut pas me convenir.

Pour une petite balade d'une heure, à la rigueur ; mais pour cinquante, cent bornes... certainement pas !


Alors, maintenant, quand des gens voient ma Selle SMP au profil tordu, au nez en bec d'aigle et toute trouée au milieu, et qu'ils s'inquiètent de savoir s'il est vraiment possible que ce truc qui ressemble à un instrument de torture puisse être confortable, je leur réponds par l'affirmative. Et sans la moindre hésitation !


Bien entendu, il ne s'agit que de l'avis de mon postérieur, mais il fait pour moi autorité.


Parallèlement aux questions que me posent certaines personnes inquiètes de mon intégrité physique, d'autres questions émergent de temps à autre de manière moins désintéressée. Elles émanent de cyclistes qui se demandent – et me demandent – si pour eux aussi, une selle de ce genre-là n'est pas un choix judicieux.


Je ne peux leur répondre directement ni oui, ni non ; car je le rappelle, un postérieur n'est pas l'autre ; mais à ceux-là, voici plus ou moins ce que j'explique...



1. Quand on s'intéresse à une selle de ce type autrement que par simple curiosité, c'est qu'on a déjà envisagé d'en essayer une parce qu'elle pourrait convenir. Et c'est logique : un cycliste qui se sent bien sur une selle « conventionnelle » ne va pas, autrement que par simple curiosité, s'inquiéter d'un objet aux formes aussi torturées.



2. Ce qui intrigue le plus, c'est le centre complètement évidé. Quand on en arrive à penser qu'on pourrait éventuellement se sentir bien, assis là-dessus pour faire du vélo, c'est que précisément on se sent un peu mal lorsqu'on se trouve en appui sur le périnée sur une selle conventionnelle.



3. Quand le bec plongeant apparaît comme une possible solution, c'est peut-être qu'on connaît des problèmes de frottement du côté des cuisses ou d'appui malencontreux au niveau des parties génitales.




Les médecins vous le diront : une activité sportive, pour autant qu'on la pratique raisonnablement et qu'elle soit compatible avec notre état de santé, c'est toujours bénéfique. La marche, la natation, le cyclisme, un peu de footing ou de gymnastique... qu'importe ! Bouger, prendre l'air, manger sainement sont les meilleurs atouts pour conserver une bonne santé ou tenter de la retrouver.


À ceux qui choisissent le vélo, le médecin conseillera de pratiquer sans excès et, même, modérément s'il ne s'agit pas de leur profession. Un urologue me confiait d'ailleurs récemment recevoir presque tous les jours des cyclistes en consultation. Car c'est bien là un des problèmes principaux en la matière : la bicyclette est bonne pour la santé, mais sévère pour l'entrejambe !



Le coccyx, l'anus, le périnée et les parties génitales ne sont pas conçus pour recevoir des coups, encaisser des trépidations et se faire comprimer pendant des heures. Et sur un vélo, c'est ce qui se produit à moins de ne rouler que très peu et sur de très bonnes routes.


Tant qu'on ne ressent aucune gêne de ce côté-là, une selle conventionnelle ressemble à ce qui se fait de mieux ; mais lorsqu'une heure ou deux de bicyclette suffisent à en créer une dizaine d'engourdissements et douleurs divers, on se dit que quelque chose ne va pas.


On descend la selle, on la remonte, on l'incline, on la fait glisser un peu vers l'avant... mais rien n'y fait ! Quelques kilomètres, et on commence à changer de position, le plus souvent en essayant de se poser vers l'arrière, là où la selle offre la plus grande largeur. Ce faisant, notre postérieur marque clairement son aversion pour le bec de selle (la partie la plus étroite, vers l'avant) et son souhait de disposer d'un appui plus large, qui sollicite les os inférieurs du bassin (les ischions) plutôt que le périnée.


C'est quand on en est là qu'on songe à une selle plus large, plus tendre ou évidée en son centre.


Trop large, elle gênera le pédalage ; trop tendre, on s'y enfoncera et elle deviendra vite inconfortable en augmentant les frottements sans supprimer pour autant l'appui central.


La selle évidée apparaît alors comme une bonne solution.


Mais il existe de nombreuses marques et modèles, certains un peu creusés, d'autres davantage. Le fabricant italien Selle SMP propose l'évidement central sur toute la longueur, le bec plongeant et la forme en berceau. Tout le jargon commercial, tout le pourquoi du comment étant expliqué sur leur site, je ne vais pas me fatiguer à le recopier. Ce n'est de toute façon qu'un jargon commercial et je n'ai aucun intérêt chez ce fabricant, j'ai acheté ma selle avec mes sous et au prix du commerce de détail.


Simplement, pour les cyclistes qui ressentent une gêne au niveau de l'entrejambe lorsqu'ils utilisent une selle « conventionnelle », essayer une SMP est peut-être une solution. À l'intention de ceux-là, je me permettrai d'ajouter ci-après quelques précisions qui pourraient les aider ou répondre à l'une ou l'autre question.



— Personne ne peut dire à votre place si une selle vous conviendra : il faut essayer.


— Le modèle et la largeur qui vous conviendront sont non seulement fonction de votre morphologie, mais également de votre position sur le vélo. Si vous connaissez l'écartement de vos ischions, ça peut être une bonne indication ; mais guère plus fiable que la taille de votre pantalon (SMP se sert de cette dernière donnée). Considérez ça comme un point de départ, sans plus.


— Pour ceux qui lisent l'anglais, un article intéressant a été publié par Steve HOGG, sur son blog. Il y explique les différences entre les modèles proposés par le fabricant italien et donne de précieux conseils concernant les choix les plus judicieux et les divers réglages.


— Si vous envisagez une selle évidée « à titre préventif », armez-vous de courage et de patience, car si vous n'éprouvez ni gêne ni douleur au niveau de l'entrejambe, vous aurez beaucoup de mal à comprendre comment on peut se sentir bien à vélo en posant les fesses seulement « sur deux rails » !


— La largeur d'une selle se mesure à l'endroit où elle présente sa largeur maximale, qui peut être plus ou moins loin vers l'arrière en fonction des modèles (exemple ci-dessous).


— Il y a un tas de manières de mesurer la largeur de ses ischions. Certaines boutiques disposent d'un kit permettant de la mesurer, mais c'est payant. Si la dépense vous rebute, utilisez la méthode scientifique courante nécessitant ce qui suit : une surface horizontale, plate et dure ; un morceau de carton épais mais tendre ou une petite plaque de polystyrène ou une serviette de bain pliée surmontée d'une feuille d'aluminium ménager ; un mètre.

Vous posez le carton (ou le polystyrène ou la serviette de bain) sur la surface plate ; vous vous y asseyez (sans pantalon) en douceur puis remontez les genoux vers les épaules ; vous vous relevez précautionneusement. Le carton, le polystyrène ou la feuille d'alu garderont les marques de vos os (l'écartement maximal de vos ischions). Vous mesurez l'écart en millimètres du centre d'un des creux à l'autre (éventuellement en y faisant rouler une bille). En ajoutant 20 mm au chiffre obtenu, vous obtiendrez un chiffre de base vous indiquant quelle largeur de selle pourrait vous convenir.

Rappel : pour SMP, utilisez plutôt votre taille de pantalon (S, M, L, XL...).



— Même si vous êtes nanti de tous ces chiffres, aucune garantie de succès ne sera donnée. Il faut essayer, prendre le temps de peaufiner les réglages (hauteur, recul, inclinaison) avant de décider si ça convient ou non.


— Si vous pouvez emprunter un selle pour essai, c'est une excellente chose ; mais bien souvent, vous devrez acheter et revendre ce qui ne convient pas. Songez au marché de l'occasion : on y trouve des selles neuves à très bon prix. Et pour cause !


Une bonne selle de vélo, ça ne se trouve pas sur le dos d'un cheval.