lundi 15 juin 2015

Dracula est-il bien mort ?

C’est bizarre, comme question, parce que Dracula ne meurt pas. Il est déjà mort mais il s'agite la nuit pour de funestes activités. Donc, on ne peut pas dire que le célèbre comte de Bram Stoker soit mort dans le sens habituel du terme.

Cependant, quand on songe au fameux vampire, on ne peut s’empêcher de penser à Christopher Lee. Et lui, il est mort. Tout récemment.

Évidemment, il est permis d’entretenir quelques doutes. Surtout si on ne lui a pas planté dans le cœur un pieu en bois béni, qu’on ne lui a pas calé les crocs avec des gousses d’ail, mis un chapelet entre les doigts et, au final, tranché la tête bien proprement.

Ce n’est pas bien de faire ça, donc je présume qu’on ne l’a pas fait. Et Christopher Lee, c’était quand même quelqu’un ! Un physique, une voix et un talent impressionnants ! La toute grande classe, pour un comédien à qui l'on a presque toujours fait interpréter le rôle du méchant.

Et Christopher Lee, c’est quand même quelques scènes mémorables dans les vieux films de la Hammer, dont cette finale exceptionnelle, dans le premier de la série, qui le voit affronter Peter Cushing et à l’issue de laquelle il agonise spectaculairement dans les rayons du soleil, un crucifix brandi devant lui, pour finir en poussière chassée petit à petit par un courant d’air (il y a toujours des courants d’air dans les châteaux).

Imaginez à présent que notre comte des Carpates revienne, sous les traits du célèbre comédien, hanter nos longues nuits d’hiver… Bon sang ! Ce ne serait pas de veine !

Dracula parti, il ne faut cependant pas croire qu’on ne puisse plus nous saigner. Je connais quelques vampires haut placés qui s’ingénient à nous pomper le fruit de notre labeur sans même avoir à visiter nos nuits ! On trouve de sinistres vampires au sang bleu et au regard glaçant au sein du gouvernement et des assemblées parlementaires, mais aussi parmi les administrateurs de sociétés exerçant un monopole de fait ou acoquinées entre elles pour saigner aux six artères le pauvre consommateur contribuable : distributeurs d’énergie, gestionnaires de réseaux de télécommunications ou de transports en commun, industrie pharmaceutique…

Et comme si ça ne suffisait pas, d’autres vilains succubes nous assaillent par milliers, remontant de contrées lointaines et nous apportant, en échange de notre hémoglobine, quelques maladies aux noms imprononçables et aux effets néfastes.

Dracula n’a peut-être jamais existé ailleurs que dans l’imagination d’un écrivain aux cauchemars inspirés ou devant l’objectif de cinéastes adeptes de grand guignol ; mais quand on compare ses agissements à ceux des vilains qui nous pompent à longueur d’année notre sueur, notre sang et nos larmes, reconnaissons que, même et surtout sous les traits du grand Christopher Lee, il lui arrive de nous paraître sympathique.

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