mercredi 26 janvier 2011

Marge, profit, bénef

Je ne sais pas si vous avez déjà tenté l’expérience suivante…

Lorsque vous payez quelque chose, bien ou service, à un commerçant, glissez-lui la phrase suivante : « Vous faites quand même votre bénéfice, là-dessus, hein ! »

Ne dites pas ça à la caissière du supermarché ou au commis de comptoir, qui n’en ont rien à battre, mais au patron ou au gérant du magasin, au plombier qui vous présente sa facture ou au représentant qui marche au pourcentage.

Dites-le sans agressivité, mais en souriant comme s’il s’agissait d’une tentative de plaisanterie ; ou sur un ton de confidence appuyé par un clin d’œil complice.

Rares sont ceux qui vous répondront : « Bien sûr, que je gagne du pognon avec ça ! Si je ne fais pas de profit, je peux fermer boutique ! »

La plupart vont s’offusquer, dire que ce n’est pas facile pour un indépendant à l’heure actuelle, qu’ils ne gagnent pas des masses, qu’on les abrutit de taxes, qu’ils ont des frais à ne plus savoir qu’en faire et du boulot par-dessus la tête (« tel que vous me voyez, je n’ai même pas encore pris mon repas de midi, et il est plus de quatorze heures ! ») pour ne gagner que des clopinettes.

Ce qui les offusque, ce n’est pas que vous évoquiez leur marge bénéficiaire, mais c’est d’imaginer que vous pourriez les prendre pour des escrocs. Car même si vous prononcez votre phrase en riant, il est peu probable qu’ils la tiennent pour une plaisanterie.

Une transaction commerciale réussie est celle où on se quitte satisfait : le vendeur parce qu’il a réalisé un profit, l’acheteur parce qu’il a obtenu ce qu’il voulait pour un prix correct. « Merci et au revoir. »

Énoncer de vive voix une évidence connue et acceptée, c’est briser un tabou. On ne parle pas de son bénéfice à un commerçant. On lui demande son prix, on marchande si c’est possible, on achète ou on n’achète pas, mais on ne lui demande pas combien il gagne et on ne sous-entend pas que c’est beaucoup. On ne lui demande même pas s’il gagne quelque chose.

Un commerçant, un prestataire de service, c’est un bienfaiteur. Un type qui bosse pour son bien et, éventuellement, pour le vôtre.

Un médecin, par exemple, ce n’est pas un commerçant. Vous n’êtes pas son client, vous êtes son patient. Il ne vous demande pas de fric. C’est vous qui lui demandez, d’un air gêné, pendant qu’il griffonne sa prescription, le prix de la visite. Le dialogue est généralement le suivant :

— Cmmbnn… j’vs… dois ?
— Xsznmmmn… euros.
— Cmnbn ?
— Xczcnmm…
— Voilà. Je… heu… vous avez la monnaie ?
— Attendez… je vais voir…
— J’ai les mmrmmnns… si vous voulez…
— Ah ! oui, c’est plus facile, oui…

Les voix sont basses, murmurées, soufflées, à la limite du dialogue de confessionnal. Tout le monde est gêné. C’est dommage de devoir en arriver là, mais hélas ! cher patient, il vient un moment où vous vous sentez devenir un client.

Mais c’est comme ça. On est malade, on appelle le toubib. Un seul, en général (pour commencer), et sans lui demander d’avance combien coûtera la visite. Ça ne se fait pas. La médecine, ce n’est pas du commerce. Sauf la chirurgie esthétique. Là, vous pouvez demander un devis, comme pour un ravalement de façade.

Chez l’avocat, par contre, vous êtes un client. D’ailleurs il le dit : « mon client ». Il ne vous appellera certainement pas « cher client », alors ne l’appelez pas « mon cher avocat », même si c’est vrai. Avec lui, vous apprendrez que l’expression « faire ses provisions » peut recouvrir diverses acceptions.

Il reste quand même un mystère : le cas de Madame Pipi. Est-ce une commerçante ? Réalise-t-elle un profit ? La pièce que vous déposez dans la soucoupe et qui disparaît prestement dès que vous avez tourné le dos finit-elle comme bénéfice net ? Est-ce une recette brute dont la préposée déduira le prix d’achat du PQ, de la serpillière et de la javel ? Madame travaille-t-elle au forfait ? À l’heure ? Est-elle rémunérée pour sa présence ou, au contraire, paie-t-elle sa place au propriétaire des toilettes en espérant réaliser un profit directement lié au nombre de clients ? Son seul salaire est-il versé dans la soucoupe ?

Une chose est sûre : elle ne travaille pas à la tête du client. Ce statut est réservé aux coiffeurs, maquilleurs et visagistes.

Les prostituées, par contre… mais je ne m’étendrai pas là-dessus.

samedi 22 janvier 2011

Commentaires citoyens

De temps à autre, Chérie – légèrement agacée – m'apostrophe avec une phrase qui commence généralement en ces termes : « Au lieu de passer ton temps à écrire des conneries sur ton ordinateur, tu ferais mieux de... »

Ce que « je ferais mieux de » dépend des circonstances. Il peut s'agir de tondre la pelouse, tailler les haies, ranger le garage, vider la caisse du chat, passer l'aspirateur, réparer ce foutu robinet, repeindre la façade, évacuer vers la déchetterie ce qu'elle a patiemment entassé, jour après jour, dans la remorque (voir rubrique « ranger le garage »), etc.

Parfois, elle rédige des listes qu'elle accroche au mur de la cuisine et dont mon torticolis chronique m'empêche de prendre connaissance.

Mais jamais, au grand jamais, elle ne me suggère de « passer mon temps à écrire des choses intelligentes plutôt que des conneries sur mon ordinateur ». J'en déduis donc que ce n'est pas la nature de ce que j'écris qui la dérange, mais le temps que je consacre à le faire. En témoignent ses inquiétudes pour ma santé : « comment t'as pas mal aux yeux, à rester aussi longtemps gnagnagna... moi je ne saurais pas gnagnagna... »

Non, je n'ai pas mal aux yeux, non. Moins en tout cas que si je passais la soirée à regarder TF1, par exemple (mais ce n'est pas aux yeux que ça fait le plus mal, je le concède).

Alors, tant qu'à écrire, je vais continuer à écrire des conneries. Voilà. Mais aujourd'hui, je vais éviter d'écrire les miennes. Pas partout, du moins.
Aujourd'hui, je vais écrire celles du Comité de Lecture citoyen. Vous savez, ces Madame, Mademoiselle et Monsieur Toutlemonde, grands amateurs de lecture et acheteurs potentiels de bouquins, qui donnent (au travers de superbes fiches de lecture) des avis éclairés sur les manuscrits des pauvres scribouillards dans mon genre. J'en ai parlé dans cet article.

Pour ceux qui ne voient pas très bien de quoi il s'agit, je rappelle qu'il est question ici de ces bienfaiteurs du business appliqué à la littérature, ceux qui se font appeler Les Nouveaux Auteurs. Ils auraient pu se baptiser « Les Nouveaux Éditeurs », puisqu'ils sont éditeurs, mais ils ont préféré sans doute utiliser une dénomination qui peut les faire passer pour des bienfaiteurs ayant – eux, au moins ! – du respect pour les tâcherons du traitement de texte.

Je ne rappellerai pas le principe, détaillé dans un précédent article et sa suite, que je laisserai à l'appréciation de chacun. Je m'autoriserai, dans les lignes qui vont suivre, à recopier des commentaires (avec la note sur dix auxquels ils sont associés) pêchés au hasard des fiches de lecture publiées sur leur site.

Tous les membres du comité ne sont pas des cadors de l'écriture, ce n'est d'ailleurs pas ce qu'on leur demande, mais c'est quand même parfois à la limite du compréhensible. Du moment qu'ils savent lire...

« 8,5/10 * La théorie du complot reste un théme d'actualité toujours trés percutant, beaucoup d'exemple sont trés détaillés on touche quelque fois à la réalitée. »

« 10/10 * parce que c'est original, mouvementé et que on vit l'histoire à travers chaque personnage. On visualise les scènes que on a des surprises que c'est un très bonne ouvrage je pense que sa résume assez bien »

« les gens vont forcement adorer tout comme j'ai adoré ce mélange de quelque chose de sérieux de tragique mais juste adoucie par des petites notes d'humour et de douceur »

« 6/10 *
Ce que je pense des personnages :
 ils sont sympathique est facile a comprendre les garcons sont pas tres ressenblant en carctere c'est ceux qui fait leur charme les motard sont assez mauvais pour leur vengance »


Il arrive parfois que les notes soient très sévères. La plus élémentaire des politesses, pour un auteur, est de soigner l'écriture, l'orthographe et la présentation de son manuscrit. Sans en exiger autant du critique, on peut néanmoins émettre de sérieux doutes quant à la compétence de certains membres du Comité de Lecture Citoyen. Quelle indulgence ! Et savent-ils seulement lire ? 

« 3/10 * J'ai mis un 3 ,car je trouve qu'il y'a certains mots compliqués ,on ne peut pas lire le livre avec un dictionnaire a coté de soi.Il manque aussi des mots aux phrases c'es peut-être juste une erreur d'impression ,mais du coup on à du mal à comprendre les phrases.

Ce que je pense des personnages :
Il y' a à est certains ne son pas intéressant ,par exemple l'histoire du pigeon ce n'était pas nécessaire de le raconter. »

« 5/10 * j'ai du mal a lit les nouvelles au présent je trouve ça génant »


Les commentaires sont-ils vraiment utiles ? Aident-ils l'auteur à progresser ?
Le florilège semble inépuisable...

« 7/10 * J'ai particulièrement apprécié :
L'intrigue qui dure presque jusqu'à la fin du roman. Le choix des personnages est intéressant. Malgré le fait que ça parle d'un livre, il y a de l'action. »

(Oui, c'est vrai que c'est bien. En général, l'intrigue s'arrête cinquante pages avant la fin. Ici, elle dure presque jusqu'à la fin. Une dizaine de pages pour rien, seulement.)


« 7/10 * C'est un roman écrit dans un langage simple ormis les chapitres "philosophique" qui eu sont plus recherchés »

(Heureusement, tout compte fait !)


« 10/10 * En une phrase :
très bon livre »

(— D’ailleurs j’ai mis 10/10, preuve que c’est très bon.)


« 10/10 * Pourquoi cette note :
j'ai adoré ce livre le mélange de l'histoire en elle-même et de la poésie est du meilleur effet. »



« 9,5/10 * En une phrase :
Excellent roman, excellente histoire.
J'ai particulièrement apprécié :
J'ai apprécié pleinement ce livre, le style et l'histoire qui m'a tenu en haleine jusqu'aux dernières lignes.
Pourquoi cette note :

Mon sentiment sur le titre du livre :
Titre bien choisi
Ce que je pense des personnages :
personnages légendaires connus... Les autres nous tiennent en haleine tout au long de l'ouvrage
Ce que je pense du thème général du livre :
très original
Ce livre ferait-il un bon film ?
 »

(Voilà une critique vraiment instructive, je trouve.)


« 9/10 * En une phrase :
Rare sont les livres d'aventure dans ma bibliothèque, car je les trouve souvent trop ennuyeux. ce que j'aime dans ce roman est le lien entre l'histoire, la géographie, et la vie. en d'autre terme, l'aventure est sa vie, et la leçon qui nous donne, est de profiter de notre vie, de notre aventure. J'ai adoré »

(C’est clair.)


« 9/10 * J'ai particulièrement apprécié :
Une fin inatendu. Quand on s'attend a ce qu'enfin Endo tombe amoureux de Mado, elle qu'il prend pour une ecerveler va lui redonner goût à la vie au détriment de la sienne.
Mon sentiment sur le titre du livre :
Titre bien choisie,mystérieux on voie sa provenance à la fin du livre ce qui lui fait prendre tout sont sense d'un coup.
Ce que je pense des personnages :
Les personnages sont trés différents et complémentaires. Aucun n'est superflu et tous on leus rôle a jouer. J'ai apréciée le fait qu'au fure et à mesure des chapitres on passe dans la peau de chaques personnages et même celle des objets et lieux. Bonne idée de personification. »

(Heureusement que la note est de 9/10 !)


« 8/10 * Ce que je pense des personnages :
Les personnages ne sont pas très interessants. Deux se ressemble beaucoup, à tel point qu'il a fallut que je relise quelques pages afin de savoir si l'on parlait du personnage auquel je pensais ou s'il s'agissait d'un nouveau. »

(— Finalement, ce n'est pas terrible, mais j’ai mis 8/10 parce que je suis sympa.)


« 7/10 * En une phrase :
Nous restons dans un roman sentimental de bonne tenu certes et achevé... »

(Valait mieux l’achever, en effet.)


« 9/10 * En une phrase :
jAI MIS 9 MA NOTE DE SATISFACTION CAR JE NE PEUX METTRE 10 ! LE TITRE EST ACCROCHEUR ET LE LIVRE NOUS LIVRE LE POURQUOI DU TITRE; A EDITER »

(Ben non. 9, c’est plus que « satisfaction », en principe. Et ne criez pas si fort, s'il vous plaît. Merci.)

« J'ai particulièrement apprécié :
lA DESCRIPTION DES LIEUX ET SURTOUT LES PASSAGES DES RESSENTIS DES OURS ET DES LOUPS DANS CETTE MONTAGNE.rnrnEUX AUSSI DOIVENT CHASSER PAS POUR LE PLAISIR MAIS POUR SURVIVRE L AUTEUR NOUS LES DECRIT EN LES HUMANISANT. ET ON S'Y ATTACHE SURTOUT LE BALAFRE
Ce que je pense des personnages :
TOUS LES PERSONNAGES SONT BIEN DANS LEUR RÖLE ET PARTICULIEREMENT MOLY QUI EST TRES ATTACHANTE EN MEME TARTINE. rnDUMPER HEROS MALGRE LUI PROFITE D UNE SITUATION ET NE PREND PAS CONSCIENCE DES RISQUES QU IL ENCOURRErnHELENE FEMME FROIDE SANS HUMANITE KEIJI LE MAFIEUX JAPONNAIS A PLUS D'ETAT D 'AME »

(— BEN QUOI rnrn C’EST POURTANT rnCLAIR !)


« 4,2/10 * En une phrase :
bof »

(Heureusement qu’on n’a pas demandé « en une lettre ».)


« 7/10 * Très bon livre qui nous tiens en suspense jusqu'aux dernières pages. Une fois commencé l'histoire , vous ne pourrez plus vous séparez du livre avant d'en connaître la fin!!!! Je le conseille à tous!!! »

(D’ailleurs il y a de la colle forte sur la quatrième de couverture !!!!!)

« J'ai particulièrement apprécié :
J'ai beaucoup aimé les descriptions importantes de certains lieux( ex : le lycée p 11) qui nous permettent de bien comprendre le lieux ou se passent la scène, de visionner comme si on y était. J'ai également aimé certaines phrases comme p7 : "il est froid , plus que froid , glacé.Rendu semblable à la pierre des murs. »

(C'est vrai que ça jette !)


« 5/10 * En une phrase :
négatif »

(— Je n’ai peut-être pas été un peu bref dans ma phrase, mais ce que je ne voulais pas ne pas dire, en fait, ce n’était pas que je n’avais pas trouvé votre roman négatif. Je ne voulais plutôt pas dire que je ne l’avais pas trouvé positif. Positivement ennuyeux, en réalité. Ce qui n’a rien à voir avec négatif, vous en disconviendrez. Ne m’excusez-moi pas de ne pas m’être bien mal exprimé. Maintenant, je ne crois pas que ce n’est pas à la fois pas plus clair et plus complet.)


« 8/10 * En une phrase :
c'est un livre que j'ai bien apprécié et que j'ai eu du mal à m'en détacher (j'aurai pu le lire d'une seule traite) »

(Ah, que oui !)

« J'ai particulièrement apprécié :
les deux enquêtes en parallèle qui permettent au lecteur de se faire sa propre opignon des uns et des autres »

(— À l’issue de la visite, je m’étais fait une bonne au pignon de la maison.)


« 9/10 * Pourquoi cette note :
très bien écrit sans mots trop compliqués tout le monde peux le lire »

(— Même moi.)


« 9/10 * Pourquoi cette note :
bien détaillé et bien écrit!
Mon sentiment sur le titre du livre :
c'est le bon titre, on le comprend mieux à la fin.
Ce que je pense des personnages :
bien décrit, on voit bien les personnalité de chacun.
Ce que je pense du thème général du livre :
c'est un thème qui me plait, une femme avec un énorme courage qu'on aimerait tous avoir.
Ce livre ferait-il un bon film ?
sa ferait un très bon film, à voir avec plaisir »

(— Ça va ? J'ai bien critiqué ? J'ai le sentiment d'en avoir fait un peu trop...)


« 1/10 * Pourquoi cette note :
trop pompeux, écrit à la 1èer personne, pratiquement toujours au passé simple.
Mon sentiment sur le titre du livre :
bof.
Ce que je pense des personnages :
Pas grand-chose, puisqu'ils changent à chaque "conte". Aucune période n'est précisée, je pense que c'est contemporain mais je n'en suis pas sûre.
Ce que je pense du thème général du livre :
Aurait pu être nettement mieux si moins de détails touristiques et des nouvelles un peu pus "prenantes". »

(Oui, le passé simple, c’est trop compliqué et la première personne, c'est pompeux. D'ailleurs écrire « je pense que », même au présent, c'est pompeux !)


« 2/10 * En une phrase :
Sans intérêt »

(Bien vu !)


« 5,75/10 *
En une phrase :

on aime ou on aime pas, livre sans surprise »

(C'est comme vous voulez)


« 6/10 * l'idée est bonne mais ... les personnages ne sont pas approfondit il manque les détails qui font que l'on entre dans l'histoire, je suis restée a côte dommage j'avais l'impression de lire un resume d'histoire

livre sympathique qui peux interréssé les enfants fans de fantastique et trop jeune pour des livres plus effrayant ,les sentiments sont assez gentillets pour des enfants petits.livre qui se lit facilement et l'intrigue nous invite a ne pas arreter la lecture on reste assez accroché »

(Ouf ! Respirez, Madame.)

« 4/10 * Je n'est pas été séduite par ce roman. Trop de choses inutiles qui lassent le lecteur, des longueurs, à contrario, des raccourcis trop rapides. Des elipses difficiles à saisir pour de jeunes lecteurs et des références belges trop éloignées de la réalité des petits français. Il y a des détails que j'ai eu du mal à comprendre ... »

(— Faut dire que je n’essuie pas très au courant de ce qui se passe à plus de dix kilomètres des petits français de chez moi.)


« 3/10 * Désolée d'être si dure mais pour mon 1er roman, je crois être mal "tombée". Je me suis terriblement ennuyée et c'est la raison pour laquelle j'ai mis tout ce temps à le terminer ! Je me suis d'ailleurs forcée à le lire en entier. Pour tout dire, je crois sincèrement que j'aurais pu faire aussi bien ou en tout cas pas plus mal, càdire pas terrible ! »

(— D’ailleurs j’ai mis 3/10. Preuve que je me suis ennuyée. Mais je suis désolée, vraiment.
— Bah ! Faut pas vous excuser, vous savez.)


« 5/10 * En une phrase :
j'ai bien aimé l'histoire de cette jeune femme qui part a la recherche d'une carte electronique pour un generateur et qui découvre l'exterieur et que quelques survivants on réussi à vivre malgré la destruction et les radiations...
J'ai particulièrement apprécié :
l'histoire et interressante et bien expliquée la vie dans un bunker,la peur ,la liberte que l'on recherche,la peur de l'inconnu,de l'exterieur,et l'espoir d'une vie meilleur »

(Les survivants qui n'avaient pas réussi à vivre avaient été enterrés comme des cadavres décédés.)


« 7/10 * Il s'agit de ma première évaluation et je serai bien incapable d'en faire autant! Malgré un début un peu longuet à mon sens, je trouve l'ensemble plutot réussi et l'histoire prenante »

(Un début de compétence ?)



J'ai gardé pour la fin cette fiche complète remise par un lecteur ne manquant pas d'humour :


« 10/10 *
En une phrase :
 texte magnifique.
J'ai particulièrement apprécié :
le style.
Pourquoi cette note :
parce que.
Mon sentiment sur le titre du livre :
formidable.
Ce que je pense des personnages :
j'aimerais les rencontrer.
Ce que je pense du thème général du livre :
extraordinaire.
Ce livre ferait-il un bon film ?
oui, même plusieurs.



Conclusion provisoire :

Toute ma sympathie à mes collègues scribouillards et tous mes encouragements à ceux qui vont tenter le coup de soumettre leur manuscrit au Comité de Lecture Citoyen !
Et toute ma compassion pour ceux qui, après s'être fait jeter une première fois, rempilent et espèrent ; car rien ne les oblige à tendre la seconde fesse si on leur a déjà botté la première.

Vous trouverez d'autres "perles du comité" dans cet autre florilège.


Ne manquez pas non plus la suite de la saga dans cet article :

Les Nouveaux Auteurs - La saga continue !

mercredi 12 janvier 2011

Le juste prix

Les étiquettes, ça a quelque chose de magique. Et pour commencer, ça rassure. Mettez des disques, des bouquins dans un rayonnage, mais ne classez rien… ça va paraître bizarre. Les gens aiment qu’on leur mette des pancartes, des balises, des informations du genre : « ici, c’est de la science-fiction » ; « et là, faites gaffe, c’est du heavy metal ». Comme si on ne savait pas lire une pochette, une couverture.

— Mais oui, m’expliquait un copain, c’est normal, ça. Regarde des montres, des bijoux dans une vitrine… Tu vas chercher l’étiquette.
— Ben ouais, le prix, déjà.
— Voilà. Et ton opinion de la chose va évoluer en fonction de cette étiquette. Si l’objet t’attire et que tu vois que c’est cher, tu vas soupirer et te dire « évidemment ! » mais si c’est vraiment pas cher, tu vas te gratter le crâne et te demander si c’est pas de la camelote. Tu vas même douter de tes goûts.

J’essayais de me représenter la scène, mais sans vraiment y parvenir. C’est vrai que je suis pas spécialement attiré par les montres et bijoux.

— T’as déjà essayé de vendre quelque chose sur eBay ? me demanda mon pote.
— Ouais, ça ouais.
— Et t’as eu le prix que tu voulais ?
— Bof.
— Eh ben tu vois, ça c’est l’art de l’étiquette ! Faut mettre la bonne description, avec les termes adéquats, et un prix de départ bien pensé.
— Et c’est quoi, un prix de départ bien pensé ?
— Celui qui te permet de vendre finalement ton objet pour bien plus cher que tu ne l’avais espéré.
— Ben oui, mais justement : si je mets un petit prix, j’ai pas d’acheteur. Ou alors juste un ou deux et ça part pour des clopinettes. Et si je vise plus haut, je reste avec mon brol.
— T’es pas commerçant. Faut sentir, ces trucs-là ! Tu dois connaître un peu le marché, les saisons où certains trucs se vendent mieux et la façon de les présenter. Et puis, tu mets un prix de départ assez bas pour intéresser les amateurs, mais pas assez bas pour qu’ils se disent qu’il pourrait y avoir une arnaque.
— C’est pas facile.
— C’est parce que t’es pas commerçant, voilà.

C’est vrai que mon pote, il réussirait à vendre une bicyclette à un cul-de-jatte !

— Les étiquettes, poursuivit-il, on leur fait dire ce qu’on veut.

Là, j’ai pensé que c’était bien possible. Ma maman disait d’ailleurs bien souvent que le papier, ça se laisse écrire.

— Quand t’entends parler d’élections quelque part dans le monde, et qu’on te dit « parti démocrate », « parti conservateur »… et des choses comme ça, tu penses « gauche » ou « droite », mais ça veut rien dire, en réalité. Il y a des pays où le candidat de gauche, c’est juste celui qui est le moins à droite. Et quand tu penses qu’aux States, certains traitent Obama de communiste, tu comprends que c’est juste des étiquettes. Alors, quand tu veux vendre quelque chose, ou te vendre toi, faut savoir manier les étiquettes.
— C’est sans doute pour ça que j’arrive jamais à rien vendre.
— Et donner ? T’as déjà essayé de donner ?
— Donner ? Donner aux œuvres, par exemple ?
— Non, pas aux œuvres. Enfin, je dis pas qu’il faut pas donner aux œuvres, mais les œuvres, elles demandent que tu donnes. Non, moi je parle de donner à des gens qui ne demandent pas spécialement. Un peu comme si tu voulais faire des cadeaux, mais pas à des copains ou des gens de ta famille, hein ! Juste à des gens que tu connais pas. Par exemple, tu te balades en rue en donnant des trucs, ou tu mets un étalage devant chez toi avec des objets où tu inscris « gratuit » ; eh ben les gens vont se méfier !
— Sûrement, oui.
— Ils vont trouver ça louche. Ils vont penser à une arnaque, ou à des trucs qui valent rien. Mais si tu mets des prix sur ton étalage, là ça va les intéresser. Si tes étiquettes sont bien pensées, tu vas vendre. Même si ta poupée malgache a été fabriquée en Chine, tu trouveras quelqu’un pour te l’acheter.

J’ai pensé à l’affichette que j’avais mise un jour à ma fenêtre, avec une photo de chiots que je voulais donner. Personne ne s’était montré intéressé. Ils étaient beaux, pourtant, mes chiots. J’avais fini par en faire cadeau à un marchand, qui les avait sans doute vendus bien cher. Cette fois-là, je m’étais dit que j’aurais dû mettre un prix. Parce que ce qui n’a pas de prix, dans l’esprit du commun des mortels, ça ne vaut rien.

Aujourd’hui, tout se vend, tout s’achète. Presque tout. Parce qu’il y a quand même des choses qui ne s’achètent pas. Comme l’amitié, par exemple. C’est vrai que ça ne s’achète pas, l’amitié. C’est trop cher. Tellement cher que ça n’a pas de prix.

mardi 4 janvier 2011

Controverse

 Notre débat d'aujourd'hui : "Faut-il en finir avec la masturbation ?"

Il circule sur la pratique de l’onanisme plusieurs idées reçues. Vérités ou mythes, nous avons voulu en avoir le cœur net en organisant un débat auquel nous avons convié un panel de spécialistes issus de divers milieux et aux idées bien arrêtées, afin de confronter leurs divers points de vue.


Nos invités :

Madame Maggy Tarembois, sexologue ;
Mademoiselle Annick Botte, élue Miss Trifouilly-les-Oies 2007 ;
Mademoiselle Solange P., prostituée ;
Monseigneur Doudissandmore, qu’on ne présente plus ;
Monsieur Marcel Van Paard, chauffeur routier ;
et Monsieur Jean Wisser, militaire de carrière.


L'Animateur : Madame, Mesdemoiselles, Messieurs, soyez les bienvenus sur notre plateau ; et merci d’avoir répondu à notre invitation. Alors, pour entrer tout de suite dans le vif du sujet, nous aimerions savoir si vous considérez la masturbation comme un phénomène de mode.

Maggy Tarembois : Vous plaisantez ? Qui dit phénomène de mode sous-entend le caractère éphémère de la chose ; or, dans le cas qui nous occupe, reconnaissons que le procédé n’a strictement rien d’évanescent, et…
Marcel Van Paard : Qui ?
Jean Wisser : Eva Nessent. Je la connais pas.
Maggy Tarembois : La pratique ne date pas d’hier. Rappelons-nous Onan…
Marcel Van Paard : (bas, à Jean Wisser) C’est qui, lui ?
Jean Wisser : (même ton) Sais pas. Le frère à Eva, peut-être.
Solange P. : (qui a entendu) C’est l’inventeur de la branlette, les mecs !
Monseigneur Doudissandmore : (choqué) Mademoiselle, je vous en prie…
Solange P. : Ah ben, Monseigneur, si vous aimez pas entendre parler de branlette, fallait pas venir !
Maggy Tarembois : (qui insiste) Non, le phénomène est de tout temps. Dès que l’Homme a découvert qu’il avait un sexe, il a remarqué que ça lui faisait plaisir de le toucher.
Solange P. : Et la femme, non, peut-être ?
Maggy Tarembois : (soupir agacé) Je disais l’Homme au sens large. L’être humain.
Annick Botte : C’est que les hommes qui font ça, quand même !
Solange P. : Et pas les femmes ?
Annick Botte : Ben, non.
Solange P. : Ouah ha ha ! On croit rêver ! (à Van Paard) Elle sort d’où, elle ?
Marcel Van Paard : Elle a sans doute jamais vu le tram ! Ouah ha ha !
Monseigneur Doudissandmore : Je vous en prie…
Maggy Tarembois : Vous-même, Monseigneur, ne nierez pas que Adam et Eve eux-mêmes avaient notion de la chose.
Jean Wisser : (bas, à Marcel Van Paard) Ah ! J’avais compris Eva, mais c’est Eve. Eve Anessent. Je savais pas que Adam avait un nom de famille comme ça.
Monseigneur Doudissandmore : Ah, mais pas du tout, madame Tarembois. Il n’est nulle part précisé que Adam et Eve se livraient à cette pratique. Les Saintes Écritures…
Maggy Tarembois : Ce n’est pas un ouvrage de référence en matière sexuelle.
Solange P. : Si Adam et Eve n’avaient pas joué à touche-pipi, on serait pas ici pour en parler, ça c’est sûr !
Jean Wisser et Marcel Van Paard : Wouah ha ha ha !
Monseigneur Doudissandmore : Allons, Messieurs, je vous…

L'Animateur :… Je vous en prie, en effet ! Merci, Monseigneur, de nous rappeler à l’ordre – sans jeu de mots, n’est-ce pas ! Bon, eh bien, poursuivons, poursuivons… Certains prétendent qu’un excès de masturbation rend sourd. Un avis sur la question ?

Marcel Van Paard : Quoi ?
Jean Wisser : Kèskidi ?
Marcel Van Paard : (à Jean Wisser) Ha ha ha ! Tu la connais aussi, hein !
Jean Wisser : (à Marcel Van Paard) Ah oui, ha ha ha ! Je réponds toujours ça quand on pose la question !
Monseigneur Doudissandmore : Messieurs, je vous en prie…
Marcel Van Paard : Faites pas le saint, Monseigneur. Je parie que vous avez de la tendinite aux poignets…
Monseigneur Doudissandmore : Oh ! Je ne vous permets pas !

L'Animateur : Ne nous écartons pas du sujet, s’il vous plaît.

Maggy Tarembois : Je n’ai pas de clients atteints de surdité précoce.
Solange P. : Moi non plus.
Maggy Tarembois : Je voulais dire « des patients », mademoiselle. Ne mélangeons pas les torchons et les serviettes.
Solange P. : Torchon vous-même, madame ! Contrairement aux vôtres, mes clients n’ont pas à se montrer patients. Ils en ont toujours pour leur argent.
Maggy Tarembois : C’est un scandale !
Annick Botte : Absolument. Un scandale. Je me plaindrai auprès de l’évêché !
Solange P. : Il est là, ma petite. Ne vous gênez pas !
Monseigneur Doudissandmore : Mesdemoiselles, je vous en prie !
Solange P. : Je vous en prie, je vous en prie… Vous faites pas un peu d’excès de zèle, sous votre habit ?
Monseigneur Doudissandmore : Oh !
Solange P. : (à Marcel Van Paard) D’ailleurs, il a pris l’habit parce que… sacerdoce !
Marcel Van Paard : Sacerdoce ?
Jean Wisser : (qui le pousse du coude) Mais oui ! Sacerdoce ! Sa-ser-doce ! Hahaha !
Marcel Van Paard : Ah ouais ! Elle est bonne tiens ! Hahaha !
Annick Botte : Ils sont d’un vulgaire !
Solange P. : Non, mais… écoutez-moi cette gourgandine !
Annick Botte : Gourgandine ? Vous parlez à Miss Trifouilly-les-Oies 2007, mademoiselle !
Solange P. : Tu parles d’une carte de visite ! Miss d’un patelin de dégénérés !
Annick Botte : Vous en arpentez les trottoirs, espèce de passe à deux sacs !
Solange P. : (qui file un aller-retour à Annick Botte) Voilà toujours une passe à deux claques, pour vous apprendre !
Annick Botte : Aïe !
Monseigneur Doudissandmore : Mesdemoiselles !
Marcel Van Paard et Jean Wisser : (hilares) Je vous en prie !

L'Animateur : Madame, Mesdemoiselles, du calme, s’il vous plaît.

Maggy Tarembois : C’est une honte ! Un scandale !
Solange P. : Oh, ça va !
Maggy Tarembois : Vous, l'horizontale, retournez derrière votre vitrine !
Solange P. : Dites donc, la scientifique, vous en voulez aussi, de la salade de phalanges ?

L'Animateur : Du calme ! Du calme ! Écoutez-moi…

Maggy Tarembois : Essayez voir !
Annick Botte : Oui, essayez voir, espèce de brute !

L'Animateur : C’est pas un peu fini ?

Solange P. : Oh, toi, la miss, on t’a pas sonné. Va t’acheter un gode.
Monseigneur Doudissandmore : Mon Dieu ! Mon Dieu ! Satan l’habite !
Marcel Van Paard et Jean Wisser : Ouaaah hahaha ! Ouh ! Hahaha !

L'Animateur : Je peux en placer une, oui ou non ?

Annick Botte : Retenez-moi, ou je lui crève les yeux !
Solange P. : Tu veux m’attaquer avec tes petits ongles ?
Maggy Tarembois : Mais arrêtez, bon sang !
Marcel Van Paard et Jean Wisser : Hahaha ! Hihihihi ! Ouuuuh ! Hahaha !

L'Animateur : VOS GUEULES, NOM DE DIEU !

Solange P. : …
Annick Botte : …
Maggy Tarembois : …
Marcel Van Paard : …
Jean Wisser : …
Monseigneur Doudissandmore : …

L'Animateur : Merci… Ainsi se clôturait notre débat à propos de la masturbation.



À la lumière des événements qui précèdent, si nous ne déconseillons pas formellement la pratique de la masturbation, nous nous permettons néanmoins de vous adresser cette mise en garde : n’en parlez pas. Surtout pas.