dimanche 18 décembre 2016

L'âne brait, mais dans quelle étable ?

Il m'arrive fréquemment d'être surpris par la naïveté des gens ; et encore plus depuis ces quelque dix à quinze ans ayant vu le triomphe des télécommunications, de l'Internet sans fil et des réseaux sociaux.

Lorsque nous ne disposions que de la presse, de la radio et de la télévision pour nous informer, nous étions parfois en proie au doute ou à l'incrédulité en découvrant l'une ou l'autre nouvelle sortant de l'ordinaire ; mais bien souvent, nous nous satisfaisions d'y croire en nous répétant que puisque c'était dit aux infos ou écrit dans le journal, ce devait être forcément vrai. Sauf peut-être un premier avril, à condition de nous être souvenus que c'est habituellement une journée propice aux canulars.

Autrefois, vérifier la véracité d'une nouvelle toute fraîche exigeait un petit effort, voire deux : écouter un bulletin d'information sur une autre chaîne, lire un journal différent, ouvrir une encyclopédie, sortir de chez soi et parler aux gens...

Aujourd'hui, c'est bien plus facile : Internet est à portée de doigts où que l'on soit, les chaînes d'information en continu sont disponibles dans les langues les plus courantes et tout le monde garde son téléphone sous haute surveillance, parfois même jusque dans les toilettes.

Je suis dès lors souvent surpris lorsque des gens bien intentionnés viennent me répéter quelque énormité relayée par d'autres gens peut-être bien intentionnés eux aussi, mais lancée par des personnes ayant des objectifs beaucoup moins innocents.

J'en ai déjà parlé dans un précédent article consacré aux balivernes qui atterrissent aussi bien dans ma messagerie électronique que dans les tuyaux de mes oreilles : comment est-il possible de transmettre à d'autres certaines âneries sans avoir pris la peine de vérifier le sérieux de l'expéditeur ou celui de l'information originale ?

Tout récemment, dans mon pays, les médias ont abondamment évoqué le dixième anniversaire d'un des canulars les plus célèbres jamais concoctés par la télévision francophone belge, et que l'on avait appelé « bye bye Belgium ». Très sérieusement et peu après le journal télévisé, la RTBF avait interrompu ses programmes pour diffuser une « édition spéciale » au cours de laquelle le présentateur nous expliquait, images à l'appui, que la Flandre venait de proclamer son indépendance.

C'était gros. Très gros. Comme tout le monde, je fus d'abord fortement surpris par la nouvelle. Les images paraissaient crédibles, le journaliste aussi. Et nous n'étions pas un premier avril.

Passées les premières minutes de surprise, je m'empressai alors de changer de chaîne télé (en écoutant brièvement Bel-RTL, très au fait de l'actualité belge), puis d'allumer la radio. Dame ! Une nouvelle d'une telle importance ne pouvait être que relayée par les autres médias nationaux ! Mais non. Rien. Le train-train.

L'évidence me sauta aux yeux : c'était un canular ! Je me mis à suivre avidement les informations qui se succédaient, hilare face à la qualité du montage (des images et des morceaux d'interviews tirés de leur contexte) et à l'énormité de certaines scènes (des barrières sur les rails du tram bruxellois et les voyageurs stoïques descendant du véhicule pour embarquer dans un autobus flamand).

Pourtant, la RTBF s'empressa d'afficher en bas de l'écran un bandeau indiquant que le reportage était une fiction ! Apparemment, beaucoup de téléspectateurs s'étaient laissé prendre et réagissaient en sens divers, les plus féroces étant ceux qui, incapables de comprendre assez vite qu'il s'agissait d'une fiction, s'offusquaient de ce que la chaîne soit sortie de son rôle (qui est d'informer, selon eux, et pas de distraire ou de s'interroger sur ce qui pourrait se produire dans un futur plus ou moins proche).

C'est un peu comme quand vous faites une bonne blague à quelqu'un d'autre : son sens de l'humour ne va pas toujours jusqu'à rire de s'être laissé prendre. En quelque sorte, quand on a l'air con, ce n'est pas parce qu'on est con, mais parce que quelqu'un d'autre en est un.

Dix ans plus tard, je reste étonné par la naïveté de beaucoup de gens, lors de la diffusion de ce reportage. Bien sûr, c'était il y a bien longtemps, sans doute avant les réseaux sociaux, les smartphones dans les mains et Internet partout et à toute heure ; mais quand même !

Pourtant, lorsque je songe à certains messages ayant atterri un jour dans ma boîte courriel, comme celui censé m'apprendre qu'un réfugié recevait, à l'époque, trente-cinq euros par jour (ce qui était scandaleux et devait être répété partout), alors qu'il s'agissait en réalité de la subvention accordée quotidiennement à la commune assurant son hébergement (information vérifiée en une paire de minutes), plus rien ne devrait m'étonner.

Mais si. Ça m'étonne encore.

Ce qui m'étonne, ce n'est pas que de telles énormités soient diffusées, c'est que des gens apparemment bien éduqués, scolarisés, matures et responsables puissent encore, aujourd'hui, se satisfaire d'ignorer dans quelle étable se cache l'âne qu'ils ont entendu braire.

Mais, puisqu'il est question d'âne et d'étable, je m'en voudrais de ne pas terminer sur une note positive en vous souhaitant, à tous, d'agréables fêtes de fin d'année !

À bientôt !

samedi 19 novembre 2016

Actus alitées

En ce moment, on parle beaucoup d'élections : celles qui ont eu lieu, celles qui auront lieu. Avant elles, on suppute, on sonde, on projette, on promet ; après elles, on se gratte le crâne, on se réjouit ou on se désole, on s'interroge sur les causes et sur les conséquences, on essaie de comprendre pourquoi ça n'a pas marché comme on le souhaitait, comme on l'escomptait, comme les sondages l'annonçaient.

Les experts apparaissent, pareils aux milliers d'entraîneurs installés dans les gradins ou devant leur télé pendant le match, qui étalent leur science lorsque la partie est terminée, car après coup, c'est plus facile.

En ce moment, en parlant d'élections, on se rend compte que notre Monde est malade de sa démocratie, handicapé du suffrage universel. Les gens n'aiment pas leurs gouvernants et souhaiteraient du changement, mais les taux de participation médiocres aux élections sont bien souvent le reflet de l'apathie d'une majorité silencieuse qui choisit de subir en râlant plutôt que de faire l'effort de se rebeller, même pacifiquement dans un isoloir.

Certains « experts » de tout bord incriminent souvent l'abstentionnisme. Il faut d'abord inciter les gens à aller voter, à marquer leur avis et à le glisser dans une urne ; et quand ça ne marche pas, quand à peine la moitié des électeurs s'expriment, on accorde souvent une importance considérable à ceux qui se sont intéressés, au moment crucial, à autre chose qu'à l'avenir de leur pays. Dans chaque camp, on compte et on se dit que ceux qui ne se sont pas exprimés étaient certainement et majoritairement ceux qui auraient fait le bon choix, si seulement ils avaient eu l'envie de le faire.

Que pensent donc les silencieux ? Pour qui voteraient-ils ?

En Belgique, certains se posaient, depuis quelques années, la question inverse : à qui profiterait l'abstentionnisme ? Parce qu'en Belgique, comme dans une minorité de pays, le vote est non seulement un droit, mais aussi un devoir : il est donc obligatoire sous peine de sanctions.

Chez les libéraux, le projet avait été émis de rendre le vote facultatif. D'après leurs estimations (qui, comme beaucoup d'estimations, ne valent pas un pet de lapin), l'abstentionnisme leur aurait été probablement profitable...

Ils ont renoncé au projet, pour le moment tout au moins. Ouf !

Moi, le vote obligatoire, je trouve que c'est une bonne chose. J'en ai déjà débattu avec d'autres personnes, qui m'ont opposé leur conviction que s'abstenir d'aller voter constitue un acte politique. Bien que je respecte leur opinion, j'estime que l'abstention n'est un acte politique que dans la mesure où elle s'exprime par une action concrète : voter nul, voter blanc, manifester ouvertement son rejet du système ou, à tout le moins, de l'ensemble des candidats qui se présentent au suffrage. Pourquoi ne pas choisir ce jour-là pour aller manifester, pour aller distribuer devant les bureaux de vote des tracts invitant les électeurs à rejeter l'ensemble de la classe politique ?

Choisir ce jour-là pour rester dans son lit, aller à la pêche, faire du tourisme ou quoi que ce soit n'ayant rien à voir avec l'actualité électorale ne constitue pas, selon moi, l'expression d'une opinion politique. C'est de la paresse, de la désinvolture, de l'ignorance, de l'irresponsabilité... Les termes ne manquent pas !

Les gens qui se conduisent de la sorte, ceux qui ne s'expriment pas clairement ce jour-là, ceux qui ne profitent pas de leur droit de vote... ceux-là devraient perdre, jusqu'aux prochaines élections, le droit de râler contre les mesures prises par ceux qui auront été élus grâce à leur indifférence.

Enfin, droit ou devoir, réjouissons-nous de vivre dans des pays où le suffrage universel est une réalité. Il en est d'autres où c'est un rêve inaccessible.

dimanche 30 octobre 2016

Scandaleusement débile !

Sur notre Terre, il existe des gens (peu nombreux) scandaleusement riches et d'autres (très nombreux) qui sont scandaleusement pauvres. Entre ces deux extrêmes, nous en trouvons de très nombreux aussi qui aimeraient bien faire partie du premier groupe tout en redoutant de tomber dans le second.

Chez nous, la Loterie nationale use et abuse, dans ses messages publicitaires, de l'expression « devenez scandaleusement riche ». Au singulier, sans aucun doute, bien que les messages soient adressés à un certain pluriel. À un pluriel le plus vaste possible, naturellement, histoire d'attirer des mises de plus en plus folles et de pouvoir annoncer des montants de gains qui ressortent du fantasme.

Et, effectivement, ce très vieux jeu de hasard qui consiste à faire tomber des billes numérotées se pratique si couramment et rencontre un tel succès dans les pays d'Europe qu'on a imaginé, au sein de l'Union, une nouvelle loterie impliquant tant de joueurs et de pays pour une probabilité de gain individuel si prodigieusement faible que les supercagnottes de plusieurs dizaines de millions d'euros ne sont vraiment pas rares. Et, bien sûr, ça fait saliver. Ou rêver. Même si c'est toujours quelqu'un d'autre, bien loin dans un autre pays, qui emporte la timbale.

Tout récemment, pourtant, deux joueurs belges ont vu le sort leur être si favorable que l'un a remporté quelque cent soixante-huit millions d'euros ; et l'autre, cinquante millions. Ça fait tout de suite beaucoup moins pour le second que pour le premier, mais c'est quand même considérable. Combien d'années faudrait-il travailler pour gagner tout cela ? Ne calculez pas : beaucoup. Et, pour le travailleur moyen de nos pays de l'Union, toute une vie de labeur n'y suffirait pas.

Évidemment, les heureux gagnants demandent que leur anonymat soit respecté. Chose promise d'ailleurs par la Loterie. Mais comment voulez-vous que de tels nouveaux riches – scandaleusement riches – passent inaperçus ? Obligés de disparaître loin, très loin, afin d'échapper aux harceleurs. De se brouiller sans doute avec leur famille, leurs amis... parce qu'ils ne distribueront jamais assez de leur fortune, parce que certains parmi leurs proches, leurs collègues, leurs voisins... considéreront que leur argent est « sale ». Un peu comme s'ils l'avaient volé.
Et en outre, comme le libraire qui a validé le ticket gagnant a été identifié, il est lui-même harcelé, menacé...

Tout cela est donc prodigieusement débile.

Personne ne devrait emporter des sommes pareilles, du jour au lendemain, par tirage au sort. Plutôt que de donner une centaine de millions d'euros à un zigue qui, tout compte fait, n'en demandait pas tant (même s'il ne va pas cracher dessus), ne seraient-ils pas mieux inspirés de faire une centaine, un millier d'heureux ? Un million d'euros, ça ne suffit pas ? Et cent mille ? C'est bien, tout de même, non ?

Mais ça va sembler trop peu. Trop peu pour motiver les gens à jouer. Et pourtant, miser quelques euros et en remporter cent ou deux cent mille en retour ne permettrait-il pas déjà de réaliser quelques rêves ? De mettre en route un projet que l'on doit normalement repousser de plusieurs années ? Quelque chose de raisonnable mais qui change quand même la vie, comme un nouveau logement, par exemple ?

Mais hélas ! On n'en est pas là. Ce qui fait fantasmer, c'est l'inaccessible, le truc qui n'arrive qu'à une poignée de veinards. Pas le petit coup de pouce du destin qui permet de réaliser un rêve raisonnable.

Alors, moi, ces jeux-là, je n'y joue pas. J'y ai joué autrefois, de petites sommes, quand la Loterie européenne n'existait pas encore et que les gains, déjà parfois considérables, ne donnaient pas encore le tournis. Mais à présent, je n'y joue plus. Je trouve ça débile. 
Scandaleusement débile.

mercredi 12 octobre 2016

L'année des records

C'est peut-être parce que 2016 était une année olympique qu'on y a battu des records ?
On parle par exemple de records de températures. C'est vrai que par moments, il a fait chaud. Et qu'à d'autres moments, à défaut de nous faire suer, le climat nous a rarement fait claquer des dents.
C'est le réchauffement climatique. L'effet de serre. La surproduction de dioxyde de carbone causée par la combustion des énergies fossiles, les flatulences des bovidés devant nous fournir notre dose de bidoche et les pollutions industrielles et agricoles, qui ne sont plus compensées par la production d'oxygène de forêts de feuillus dont on rase hectare après hectare.

La terre se réchauffe, donc. Et ce n'est pas bon. Pas bon du tout pour un tas de raisons qu'on nous expose et répète à longueur d'année : hausse du niveau des océans, fonte des glaciers, augmentation des précipitations dans certaines régions et désertification d'autres zones du Globe, recrudescence de phénomènes climatiques violents tels les ouragans, destruction de la faune et de la flore, expansion des zones habitables par des moustiques vecteurs de maladies graves, réapparition d'épidémies que l'on croyait appartenir au passé...

Bien sûr, des gens bien-pensants – et très influents – que je ne citerai pas nous expliquent sans rire que, depuis qu'elle existe, notre Terre a connu un tas de bouleversements climatiques la faisant se réchauffer puis se refroidir pour se réchauffer à nouveau ; et qu'il n'est donc pas étonnant qu'un nouveau cycle apparaisse. Et d'ajouter, toujours sans rire, qu'on n'y peut rien et que, de toute façon, tout ce qu'on pourrait faire pour empêcher le réchauffement, c'est de la roupie de sansonnet à côté de ce que la Nature, la Terre, le Soleil et tout l'Univers peuvent nous imposer sans qu'on ait voix au chapitre.

La vérité, c'est que les bouleversements climatiques qu'a connus notre bonne vieille Terre se sont généralement produits en dizaines, en centaines de milliers d'années, voire en millions d'années ; et pas sur quelques décennies comme nous sommes occupés à le faire actuellement.

Évidemment, quand les grandes catastrophes surgiront, les décideurs actuels ne seront plus là. Leurs enfants et petits-enfants, peut-être bien. Et les nôtres aussi. Mais eux, non. Et apparemment, « après eux, les mouches » semble être leur seule préoccupation.

On atteint donc des records d'hypocrisie et d'égoïsme dans ce domaine-là comme dans bien d'autres, auxquels il convient d'ajouter ceux de la stupidité.

Stupidité, égoïsme et hypocrisie d'utiliser des céréales pour en faire du carburant quand des gens crèvent de faim.
Stupidité, égoïsme et cupidité quand on massacre des millions de civils innocents au nom d'idéologies barbares servant uniquement à masquer haine et soif de pouvoir.
Cruauté et mégalomanie quand on envoie à la mort de pauvres gens qui n'ont plus rien pour vivre ni rêver que l'illusion d'un paradis qui n'existe pas, qui ne peut pas exister quand on le cherche avec du sang plein les mains.

Pour sauver les apparences, ramasser les morts, puis soigner les blessés dans des hôpitaux qui n'existent plus avec des médicaments qui n'arrivent jamais, on conclut un cesser-le-feu hypocrite qu'aucun des belligérants ne respectera.

Pour sauver ce qui leur reste, c'est-à-dire rien à part la capacité d'encore respirer, des millions d'innocents fuient ce « chez eux » devenu un enfer de feu, de famine, de violence et de maladies ; en espérant trouver chez nous un peu d'humanité, de nourriture et d'espoir dans des lendemains moins horribles que leur présent.

Lorsqu'ils arrivent chez nous, quand par miracle ils ont survécu aux pièges d'un long et périlleux voyage très mal orchestré par des escrocs à qui ils ont abandonné au passage l'ensemble de leurs économies, nous ne voulons pas d'eux. Nous battons des records. Des records d'égoïsme, d'hypocrisie, d'aveuglement, de haine gratuite, de stupidité. Quand j'écris « nous », je ne pense pas seulement à nous, les « petites gens », mais aussi et surtout à nos élus, à ceux qui le seront bientôt ou qui voudraient bien l'être. À ceux qui nous fauchent nos emplois, nos économies et notre dignité au profit de nantis toujours mieux nantis, d'actionnaires cupides de multinationales cyniques qui exploitent jusqu'à la moelle les travailleurs les plus modestes, les plus pauvres, les plus démunis.
Je pense à ceux qui se battent à coup de slogans faciles, de coups bas écœurants, de mensonges grossiers... pour accéder aux rênes du pouvoir des grandes puissances de ce Monde.

Oui, cette année, les records tombent les uns après les autres.

Moi-même, je pulvérise involontairement un record auquel je n'imaginais pas m'attaquer, ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais : le record de mes journées de maladie, un record qui s'était contenu, d'aussi loin que je m'en souvienne, à une poignée de jours par an au maximum. En 2016, le compte est passé en semaines.
Cela explique probablement mon humeur morose, le peu de messages postés sur mon blog et une tendance à beaucoup moins rire de tout.
Mais j'aurais néanmoins mauvaise grâce de me plaindre, car il n'est pas nécessaire de chercher bien loin pour trouver plus malchanceux que moi.

Comme le dit le proverbe chinois (il y a un proverbe chinois pour tout) : « J'étais triste parce que je n'avais pas de chaussures, puis j'ai rencontré un homme qui n'avait pas de pieds, alors j'ai été content de mon sort. »

dimanche 4 septembre 2016

Photos de vacances

Contrairement à ce que le titre de cet article pourrait donner à penser, je ne vais pas vous gratifier de mes photos de vacances. J'en ai fait des tas, comme d'habitude, que j'ai dû trier, comme d'habitude aussi, puis qu'il me faudra bientôt archiver, lorsque j'aurai fait réaliser quelques impressions pour mes albums de souvenirs.

Car je suis démodé, comme je l'ai avoué à plusieurs reprises sur ce blog. Cela ne me gêne pas. Et même, quelque part, j'en serais plutôt fier, car les modes, ça passe et, tant qu'à faire, tant qu'à choisir, j'aimerais autant rester.

Tandis que je me vautrais dans mes confortables et rassurantes habitudes, le monde de l'image a évolué. Moi aussi, par conséquent, mais non sans avoir, au début, rechigné à modifier quelque peu mon comportement.

Autrefois, je tiens à le préciser à l'attention de l'éventuel lecteur qui n'aurait pas connu cette époque, pas encore si lointaine, où la photographie était davantage une question de chimie que d'informatique et où les images se travaillaient dans d'obscurs labos plutôt que sur des ordinateurs... autrefois, donc, rapporter des images de mes vacances équivalait à acheter quelques rouleaux de pellicule de vingt-quatre ou trente-six poses, à les exposer, puis à les déposer au labo pour leur développement et l'impression des meilleurs résultats. Comme tout était payant et que les instantanés ratés étaient bons pour la poubelle ou, à la rigueur, quelque vieille boîte à chaussures (quelques mots à ce sujet un peu plus loin), il fallait avoir le déclencheur parcimonieux lorsque le portefeuille avait la platitude d'un estomac de fakir.

Pour les vacances, le meilleur choix était la diapositive, qui permettait de « shooter » abondamment puis de déposer les rouleaux et de demander juste leur développement. Un premier tri envoyait une bonne partie à la corbeille, le reste étant mis sous cache et examiné à la visionneuse. Un chargeur permettait de sélectionner les meilleures diapos que l'on se projetait sur écran, en grand format et en famille. L'écueil habituel était : attention, pas trop, sous peine de changer la séance de projection en séance de torture.

Le plus comique, en fin de compte, c'était la confection d'albums à se passer de la main à la main ou à feuilleter, en petit groupe entassé dans le canapé. Les meilleures diapositives étaient donc, à cet effet, converties en images sur papier.

Ça, c'était pour les vacances ou certains événements au cours desquels l'index pouvait être pris de frénésie sur le déclencheur. En temps ordinaire, le film « négatif » faisait l'affaire. Il était possible de demander une « planche contact » destinée à sélectionner les images avant leur tirage en format standard (ou plus grand), mais généralement, je donnais les films et demandais toutes les impressions en petit format (10x15cm), les trop moches étaient déchirées, les belles mises dans des albums, les meilleures tirées plus tard en grand format. Quant aux « pas terribles », elles filaient dans une boîte à chaussures, comme je l'évoquais ci-dessus. À de très rares occasions, exhumer une de ces boîtes remplies d'images médiocres qu'on ne regarde jamais et qu'on a à peu près oubliées, c'est l'assurance de quelques bons moments d'hilarité.

En famille, avec les amis, nous feuilletions les albums. C'était quelques moments de plaisir auxquels nous sommes, Chérie et moi, restés attachés. La photographie étant désormais numérique, le tri se fait sur écran, la mise à la poubelle également. Plus de boîtes à chaussures, mais des disques durs nomades pour l'archivage des bonnes images. Les meilleures, nous continuons à les imprimer et à les ranger dans des albums, parce que nous trouvons ça chouette, qu'elles s'y conservent bien, qu'on n'en égare pas dans un plantage d'ordinateur, la perte d'un CD-rom ou les obscurs méandres d'Internet.

Autour de nous, de plus jeunes que nous mitraillent à tout va avec leur smartphone, réalisent des « selfies » qu'ils regardent immédiatement, des images où ils grimacent, d'autres immédiatement trafiquées à l'aide de petites applications rigolotes, de minis séquences filmées... Ils se les envoient, les déposent sur les réseaux sociaux, les commentent dans les minutes où elles ont été prises, voire quelques heures ou jours plus tard ; puis elles disparaissent. Elles ne sont pas éliminées séance tenante, non, mais elles sont un peu perdues, un peu – ou beaucoup – oubliées, et ne ressortiront sans doute jamais. Peu seront imprimées et placées dans des albums. De toute façon, leur qualité technique ne permet généralement pas d'en réaliser de beaux tirages. Qu'importe ! Ce n'est pas ce que ces accros au smartphone et aux réseaux sociaux recherchent.

Récemment, un de ces adeptes m'assurait que ces images étaient archivées sur « des clés USB », ce que je crois volontiers. Seront-elles encore regardées plus tard ? Et, surtout, pourront-elles être encore regardées plus tard ? La technologie évolue si vite, les supports numériques sont si capricieux...

Les photos imprimées, je leur fais confiance. Elles sont un reflet de l'histoire du siècle dernier. J'en possède encore, soigneusement étiquetées ou annotées au verso, en noir et blanc comme en couleur, du temps de mon enfance. D'autres, en noir et blanc, me montrent mes parents et grands-parents tels que je ne les ai jamais connus ou tels que j'en ai perdu le souvenir. Mes arrières-grands-parents existent encore, en image sur papier, en petit format aux bordures festonnées.

Nos enfants, aujourd'hui, découvrent tout cela en écarquillant les yeux. Pourra-t-il en être autant, dans quelques dizaines d'années, pour les enfants de leurs enfants ?

Nous ne vivons pas dans le passé (qui est triste parce que, justement, il est passé), mais c'est à la lumière de ce qui existait autrefois que l'on comprend mieux ce qui se passe aujourd'hui et qu'on peut imaginer ce qui se passera demain.

De nombreuses images imprimées en témoignent.

mercredi 10 août 2016

À côté de la plaque...

Ce matin, sur la route qui me conduisait au boulot, j'ai pu m'apercevoir une fois de plus que les plaques d'immatriculation des véhicules peuvent avoir parfois un charme particulier.

Comme les législations et modes d'attribution de ces combinaisons de caractères alphanumériques distinctifs varient selon les pays, il serait fastidieux de tenter d'en dresser un relevé comparatif exhaustif, mais sachez que ce n'est pas toujours aussi aléatoire qu'il n'y paraît de prime abord.

Certains pays, par exemple, pratiquent la « mise aux enchères » de certaines combinaisons, lorsqu'elles sont disponibles, ce qui peut rapporter pas mal de pognon aux autorités compétentes tout en déchaînant les passions des amateurs les plus fortunés.

Certains diront que c'est accorder beaucoup de valeur à des futilités, mais en chacun de nous – ou presque – un collectionneur sommeille ; et il n'est donc pas rare que l'on puisse s'attacher à certains objets au point de donner de l'importance à ce qui, a priori, n'en a aucune.

Tous les pays ne pratiquent pas non plus la règle indiquant qu'une plaque d'immatriculation est attribuée d'abord à une personne, pour être ensuite collée sur un véhicule, puis sur un autre, à chaque fois que le propriétaire concerné change de voiture. Chez nos proches voisins francophones, par exemple, le principe serait plutôt inverse : la combinaison alphanumérique suit le véhicule, même s'il change de propriétaire (au sein du même département, toutefois).

En Belgique, le principe est, de longue date, d'attribuer une plaque à une personne (parfois plusieurs s'il immatricule à son nom plusieurs véhicules en même temps), plus ou moins aléatoirement. Tant qu'il en a besoin, le propriétaire conserve la combinaison qui lui a été attribuée. S'il change de voiture, conserver sa propre plaque lui permet de réduire les frais : il ne paie que la taxe d'immatriculation et de mise en circulation, pas l'objet lui-même, puisqu'il l'a déjà acquis précédemment.

Néanmoins, la possibilité existait de longue date d'obtenir, moyennant supplément, une combinaison dite « personnalisée ». Autrefois, le choix se limitait à choisir parmi les séquences disponibles (donc essentiellement « à venir »), sans autre fantaisie ; mais actuellement, nos autorités ont flairé le bon coup : pour deux mille euros (au lieu de trente normalement), presque toutes les fantaisies sont permises, pour autant qu'elles soient encore disponibles (lisez : non encore attribuées à l'un ou l'autre gugusse) ou ne fassent pas partie de combinaisons expressément interdites ou réservées (famille royale, ministres, diplomates et autres sommités), comme expliqué ici.

Donc, si vous aimez être un automobiliste belge qui sort de l'ordinaire – et qui est prêt à sortir deux mille euros pour le faire –, optez pour une immatriculation qui vous distinguera du tout-venant : « CHOUCHOU », « TITINE-2 », « FRANK-4 », « POPOL-69 », « MOI-MOI »... l'imagination me manque, mais sachez que les injures sont interdites, de même que certains sigles réservés. C'est idiot, n'est-ce pas ? Surtout au prix que ça coûte ; mais si ça fait rentrer des sous dans les caisses de l'État... Comme disait Coluche : « S'il y a des couillons pour payer... »

Mais pourquoi suis-je en train de vous raconter ça, en fait ?

Ben, c'est parce que, ce matin, j'ai pu m'apercevoir une fois de plus que le hasard ne fait pas toujours bien les choses. Si vous êtes économe, si vous vous en foutez d'avoir une plaque personnalisée sur votre bagnole, si vous jugez que trente euros pour un bout de ferraille orné de chiffres et de lettres, c'est déjà plus que suffisant... laissez donc faire les « séries officielles ». Avec un peu de chance, vous toucherez une combinaison pas trop tarte commençant par « 1- » (actuellement, les plaques ordinaires commencent par « 1- »), suivi de trois lettres et trois chiffres séparés par un tiret. Par exemple : « 1-ABC-789 ».

Un manque de bol, par contre, pourrait vous attribuer un truc du genre « 1-PUI-100 » ou des combinaisons de lettres intégrant « KK », « QQ » ou « PT ».

C'est à cela que j'ai songé ce matin, alors que de nombreuses voitures me dépassaient sur l'autoroute – des tas de voitures me dépassent toujours sur l'autoroute – et que parmi elles j'ai successivement vu une plaque commençant par « 1-JPU » et une autre débutant par « 1-GPT ». Est-ce que ces gens qui n'ont pas eu de bol (enfin, il me semble) ne pourraient pas avoir droit à une réduction ? Quinze euros au lieu de trente ? Ou la gratuité ?

Moi, j'ai échappé à ça. Mais enfin, ce qu'on m'a refilé est imprononçable (en français) mais pourrait – qui sait ? – avoir un sens en polonais ou en slovaque.

Toujours est-il que si vous trouvez des combinaisons très drôles à trente euros, vous pouvez me les faire suivre : ça doit commencer par « 1 », puis trois lettres et trois chiffres. Et bientôt, sans doute, on inversera : trois chiffres et trois lettres. Y a de quoi faire !

vendredi 29 juillet 2016

Homo cretinensis

Vous vous êtes peut-être déjà demandé, comme il m'arrive fréquemment de le faire, si tous les homo sapiens sapiens sont vraiment équipés d'un cerveau...

L'actu regorge de faits divers stupides, de drames affreux, de crimes sordides, de comportements débiles et autres joyeusetés dues uniquement au manque de cervelle de certains de nos congénères. Entre ceux qui se laissent laver l'unique neurone par des fanatiques avant de se faire sauter le caisson au milieu de la foule, ceux qui s'en prennent aux petits enfants qui n'ont jamais fait de mal à personne et les imbéciles qui sévissent sur le bord des routes lors du passage de coureurs cyclistes...
 
 
 ...les cas d'étude ne devraient pas manquer afin de décrire une nouvelle sous-espèce humaine qu'on pourrait appeler homo sapiens cretinensis. Ou carrément homo cretinensis tout court, en supprimant le sapiens, bien qu'il soit malgré tout question d'une sous-espèce vraiment sous-espèce. Ces gens ne sapiens pas grand-chose, apparemment.


Moi, je ne suis pas un spécialiste du cerveau, mais j'ai déjà remarqué que cette matière grise possède des caractéristiques vraiment curieuses. En discutant de la question avec d'autres personnes, j'ai par exemple noté que notre mémoire et celle d'un ordinateur possèdent certains points commun dans leur fonctionnement.

Dans un ordinateur, nous trouvons de la mémoire vive : c'est la mémoire « de travail » qui se vide dès que le courant est coupé ou la machine mise à l'arrêt. Il existe aussi de la mémoire dite morte, qui est une mémoire de stockage de données, de programmes... et qui ne se vide que si on l'efface volontairement.

Quand nous utilisons un ordinateur, nous plaçons des choses « en mémoire » avant de l'éteindre, sinon notre travail (un texte, des images...) est perdu. De la mémoire vive, nous déplaçons les informations dans la mémoire morte.

Quand nous ouvrons l'armoire à provisions et que nous remarquons qu'il va bientôt manquer de sucre, de café et de farine, nous plaçons cette donnée dans notre mémoire vive. Si nous ne la mémorisons pas vraiment, soit en l'écrivant sur un bout de papier, soit en essayant de la conserver en tête jusqu'au moment où nous irons au magasin, il est probable que nous peinerons à nous souvenir de tout ce qu'il faut acheter.

À la différence de la mémoire vive des ordinateurs modernes, la nôtre est vraiment limitée. Alors que vous pouvez, sur votre computer, jongler avec plusieurs pages de texte, plusieurs paragraphes affichés à l'écran, des monceaux de calculs... rien qu'en utilisant la mémoire vive ; dans votre tête, vous êtes limité à quelques lignes pas trop compliquées.

Dans notre crâne, nous utilisons une forme de « presse papier » très volatile, dans lequel nous stockons quelques données pour usage immédiat et qui sont rapidement remplacées par d'autres données réservées au même usage. La capacité est limitée en volume, mais aussi en temps.

Pour reprendre l'exemple de la liste de courses, je pourrais dire que si nous partons vers l'épicerie du coin pour acheter du beurre, de la farine et des œufs, sans avoir noté ces quelques mots sur un bout de papier, il est probable que nous n'oublierons rien. Surtout si ces trois ingrédients sont nécessaires à un dessert que nous voulons préparer en rentrant.

Si la liste est plus complexe, nous pouvons, en chemin puis en attendant notre tour d'être servi, la répéter mentalement inlassablement : « Deux tranches de jambon, six œufs, un litre de lait, deux cent grammes de gruyère râpé, un tube de dentifrice au menthol, un briquet, une éponge à récurer ».
Si, en chemin, nous sommes distrait par un voisin qui vient nous saluer, il est probable que nous oublierons quelque chose ; et même sans être distrait, retenir la petite leçon reste malaisé.

Se rendre au supermarché pour les courses de la semaine sans emporter d'aide-mémoire, c'est une course à l'oubli ou aux achats superflus. À moins de s'appeler Chérie, mais là c'est un autre débat.

Nous n'avons donc pas beaucoup de mémoire vive. Combien de fois ne nous déplaçons-nous pas d'une pièce à l'autre de la maison dans un but bien précis pour constater, une fois sur place, ne plus savoir quelle était notre intention : « Bon. Qu'est-ce que j'étais venu chercher dans cette chambre ? »
Notre mémoire vive est minime et volatile.

Nous mémorisons pourtant beaucoup de choses dans notre « mémoire morte » : ce que nous avons appris à l'école, comme l'écriture et la lecture ; nos données personnelles pourtant assez complexes, des épisodes de notre vie, des images, des lieux visités, des visages et des noms... mais aussi des méthodes pour accomplir des tâches longues et difficiles, de longs textes appris « par cœur », etc.

Toutes ces choses, nous les ressortons si nécessaire – mais parfois avec peine – pour les utiliser avec ce que nous plaçons dans nos quelques secondes de mémoire vive. N'est-ce pas merveilleux ?

Eh bien, l'homo cretinensis, j'ai peine à croire qu'il puisse fonctionner comme ça. C'est la raison pour laquelle je ne l'appellerais pas homo sapiens cretinensis.

vendredi 15 juillet 2016

Je riais encore...

Je riais encore de l'arrivée de l'étape du Tour de France, ce Quatorze Juillet au mont Ventoux. Je riais de voir Froome courir, puis essayer de rouler sur un vélo trop petit pour lui et pourvu d'un modèle de pédales ne correspondant pas aux cales de ses chaussures, puis enfin passer la ligne comme les autres...

Je riais encore de la mésaventure des Bleus en finale de l'Euro de football, leur tir sur le poteau à la 93e minute, puis la défaite chez eux, devant leur public. J'aurais pourtant bien aimé qu'ils gagnent, ça m'aurait permis de l'emporter au petit jeu des pronostics organisé au boulot, entre collègues ; mais entre voisins francophones, on aime bien de se chambrer. Ils avaient ri de nous, de notre élimination sans gloire ; je pouvais bien rire d'eux...

Je riais encore de la décision des Brittons de quitter l'Union européenne, bien soutenue par la sortie de l'Euro 2016 de leur équipe nationale de foot ; je riais de leur peu d'empressement à s'en aller pour de bon alors qu'ils semblaient si bien décidés à partir. Qu'ils s'en aillent, donc ! me disais-je. Et le plus tôt sera le mieux. Je pouvais bien en rire...

Je riais encore de la dernière bonne blague que l'on m'avait racontée et que j'avais répétée à mon tour ; je riais de la dernière bonne vidéo circulant sur la Toile...

Je riais encore de mes mésaventures avec une imprimante capricieuse nécessitant de l'encre rouge, imprimant deux feuillets puis réclamant du papier, imprimant une seule page encore avant d'exiger une nouvelle cartouche noire... Je riais encore en le racontant, bien que sur le moment ça m'ait fichu les boules, je riais parce que tout compte fait, j'aime bien rire.

Et puis, soudain, le rire s'est figé. L'atroce réalité m'a réveillé. Paris, Bruxelles, Istamboul, Nice...

L'horreur est partout, la violence se fait chaque jour plus pressante. Elle étouffe nos rires, provoque les cris, les larmes, la douleur.

De toutes les espèces ayant peuplé la Terre, l'Homme est, de loin, la plus violente, la plus cruelle, la plus meurtrière, la plus cupide, la plus destructrice. Un grand requin blanc, un tigre, un t rex... ce sont ou c'étaient des tueurs, mais sans arrière-pensée, sans volonté de nuire, sans plaisir de détruire.

Devant l'horreur, l'injustice, la cruauté... les rires s'éteignent. On se tait. On n'ose y croire.

Mais aujourd'hui, déjà, la vie continue. Dans quelques semaines, les rires reviendront.

Nous n'oublierons pas, non ; mais nous n'y penserons plus. Nous reprendrons le cours de notre existence jusqu'au jour où un nouveau drame se produira. Alors, les mauvais souvenirs referont surface pour un temps.

De notre vie, on tente de ne retenir que le meilleur ; mais le pire n'est souvent qu'assoupi.

samedi 25 juin 2016

Sans les Brittons ?

D'autres que moi, bien plus qualifiés sans nul doute, ont largement commenté le sujet ces derniers jours ; d'abord afin de tenter de deviner si ce serait « avec » ou « sans » à l'issue du référendum ; ensuite afin d'essayer de prévoir ce que seraient les conséquences du choix opéré par les Britanniques.

« La majorité, il n'y a que ça de vrai, faisait-on dire par Jacques Brel dans Mon oncle Benjamin. Mets dix savants d'un côté et onze imbéciles de l'autre, les imbéciles l'emportent. »

Loin de moi l'idée de qualifier qui que ce soit de savant ou d'imbécile, c'est juste une manière de dire que la démocratie et le suffrage universel, aussi intéressants soient-ils, ne sont pas obligatoirement une réponse à tous les problèmes.

N'étant spécialiste de rien du tout, y compris du sarcasme bien que je m'y entende assez bien, je suis bien incapable d'argumenter valablement dans un sens comme dans l'autre. Non, je ne sais pas si ce sera mieux ou moins bien sans les Brittons. À l'Euro de football, certainement : je soutiens à fond l'Islande pour le prochain match. Pour le reste, je n'ai ni argument m'incitant à dire « bonne affaire », comme ceux qui pensent qu'ils seront mieux sans nous et ceux qui se souviennent du Général et de sa volonté de tenir en dehors de l'Union ces Anglais qu'il connaissait si bien, ni argument à dire « catastrophe », comme bon nombre d'économistes qui songent à l'état de leurs Affaires.

Je serais plutôt à mettre dans le camp de ceux qui estiment que tout le monde va y perdre hormis les ennemis du Royaume-Uni et de l'Union européenne. Mais ne comptez pas sur moi pour vous expliquer le pourquoi du comment de cette impression.

La seule chose que la vie m'a apprise en la matière, c'est qu'on a toujours intérêt à bien s'entendre avec ses voisins. Toujours. Le mauvais voisinage, ça complique la vie. Les conflits de voisinage, ça la pourrit. La complicité avec les voisins, par contre, ça met de la joie dans l'existence.

Et quand on s'entend bien avec son voisin et que ledit voisin s'entend bien avec son autre voisin, qui lui-même n'a aucun problème avec ses voisins... on fait le tour du Monde et on lance une fête des voisins.

mardi 21 juin 2016

Actus sportifiques

Les MGM, vous connaissez ?
Aucun rapport avec la célèbre firme cinématographique au lion rugissant, bien sûr. Il s'agit tout simplement de Moustiques Génétiquement Modifiés.

J'ai entendu cette info ce matin : dans des labos, des scientifiques – on ne les arrêtera jamais, ceux-là – tripotent l'ADN des moustiques pour en faire de supermoustiques qui détruisent eux-mêmes les vilains virus qu'ils transportent parfois et qu'ils transmettent à l'Homme en le piquant. Rien que ça !
Et mieux encore : les chaînes d'ADN modifiées sont stables et transmissibles. Ce qui veut dire que ces charmantes bestioles piqueuses-suceuses transmettent à leurs descendants la même caractéristique génétique, qui fait qu'ils se débarrassent eux-mêmes tranquillement de ce qui pourrait nous nuire en cas de vampirisme. Alors, fini la malaria, la dengue et toutes ces saloperies, grâce aux moustiques génétiquement modifiés ! Génial, non ?

À la réflexion, pas tant que ça. Parce qu'avant de lâcher ces bestioles dans la nature (rassurez-moi : certaines ne vont pas s'échapper d'elles-mêmes du labo, n'est-ce pas ?), il est indispensable de réaliser d'importantes études d'incidence.
C'est que ces moustiques d'un nouveau pedigree, non contents de piquer aussi efficacement que les autres, seront aussi toujours consommés par leurs prédateurs (si, si, ils en ont d'autres que le spray insecticide et la tapette électrifiée). Et là, on ne sait pas.
C'est un peu comme le soja transgénique et les bricoles du même tonneau : on ne sait pas trop si c'est bien d'en manger, même si on est sûr que ça rapporte gros à ceux qui en produisent.

Imaginez que des touristes, qui viennent innocemment visiter votre pays où on a lâché quelques nuées de MGM, bouffent un morceau d'animal qui a bouffé un animal qui a bouffé quelques MGM et ramassent un truc tout neuf et pas du tout maîtrisé qui leur ramollit la cervelle et les change en bêtes furieuses à défaut de leur refiler une sale maladie bien connue qu'ils auraient attrapée en se faisant piquer pendant la sieste...

Et voilà ces braves touristes occupés à tout casser en ville, à balancer des canettes, à hurler des insanités... un peu comme des hordes de hooligans avec lesquels on risquerait de les confondre, alors que ce sont seulement de pauvres victimes de notre science, contrairement aux hooligans qui, eux, sont une variété d'Homo Sapiens pas tellement sapiens puisque non équipée d'un cerveau.
Ce serait vilain, non, comme résultat, pour les scientifiques ?

Je sais, je fais un peu mon vilain pessimiste catastrophiste, mais c'est l'ambiance du moment qui veut ça : avec le sport à toutes les heures et sur toutes les chaînes, puis la violence aussi à toutes les heures et partout dans le Monde, difficile de garder toujours le sourire.

Pourtant, le sport, j'aime bien. En faire (pas trop, j'y veille) et en regarder (pas trop, Chérie y veille).
Ça met un peu d'ambiance dans les soirées télé. Et puis, ça change des téléréalités pas très inspirées et de la musique encore moins inspirée dont Coluche, s'il était encore là, dirait sans doute à nouveau : « Quand on pense qu'il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça ne se vende pas ! »

J'aime bien le sport, écrivais-je, et cette glorieuse incertitude du sport dont on trouve fréquemment l'illustration et qui permet de répondre « non, pas tant que ça » à ceux qui prétendent que « c'est couru d'avance ». Combien de matchs de football où un but est marqué quelques secondes avant que l'arbitre ne donne le coup de sifflet final ? Combien de courses cyclistes où le vaillant échappé, qui méritait la gagne, est rejoint puis dépassé à deux cents mètres de la ligne d'arrivée ?
Et ces incroyables dix dernières minutes des récentes 24 heures du Mans, où tout d'abord le second, incapable de rattraper le premier, est rappelé au stand pour un changement de pneus en vue d'assurer tranquillement la deuxième place ; quelques minutes avant que ledit premier, qui croyait course gagnée, s'immobilise au bord du circuit et regarde le drapeau à damiers s'abaisser devant son rival ?

J'aime bien aussi le « Café des Sports », sur Internet, où les entraîneurs sur clavier énoncent leurs vérités, leurs conseils tactiques, dénoncent, encensent, conspuent tout en s'injuriant les uns les autres.

Il est surtout intéressant de comparer ce que nous disons des nôtres avec ce que les autres disent des leurs ; comparaison qui illustre à merveille le sage dicton : « nul n'est prophète en son pays ».
Quand nous gagnons, c'est parce que l'adversaire était faible. Nous recevrons d'ailleurs notre branlée bien méritée des œuvres du premier adversaire sérieux que nous rencontrerons. Alors, pas la peine de s'imaginer qu'on est les meilleurs et qu'on va tout gagner les doigts dans le nez ; pas la peine d'attraper le melon après un match gagné in extremis face à une équipe de culs-de-jatte...
À l'inverse, lorsque nous perdons, c'est parce que nous sommes mauvais, comme on nous l'avait bien dit. Et sans les largesses de l'arbitre, le talent du gardien de but, un poteau salvateur ou la flexibilité de la queue de la vache au moment d'entrer dans l'étable, nous aurions été aussi ridicules dans les chiffres que dans la manière.

Regardez les autres équipes : ça, c'est du talent ! Ils n'ont pas, comme nous, hérité d'un tirage au sort favorable voire carrément arrangé. D'ailleurs, ils se réjouissent de nous rencontrer au prochain tour, car il vaut mieux nous rencontrer, nous, que certains cadors bien plus talentueux, travailleurs et mieux entraînés.

Bon, moi, je parle de l'équipe belge de football. De ce qu'on en dit chez nous. De sa faiblesse maladive quand il s'agit de rencontrer une équipe convenable.

Je ne parle pas des autres équipes, mais j'ai pu lire un peu ce qu'on raconte en France. Et puis en Angleterre, aussi. Et vous voulez que je vous dise ? À en croire les intervenants sur leurs forums, ils ont aussi des joueurs qui manquent de talent, qui ne mouillent pas le maillot et qui ont du bol de rencontrer des équipes faibles. Faudrait pas qu'ils attrapent le melon !

Non, vraiment, on n'est pas prophète chez soi. Juste oiseau de mauvais augure.

lundi 6 juin 2016

La juste dose de sport

La juste dose de sport, c'est un sujet à la mode. Je ne parle pas du sport qu'on regarde à la télé, style match de foot avec sac de chips sur les genoux et canette de bière à la main. Je parle du sport qu'on pratique soi-même, à la sueur de son front, de ses aisselles et de ses pieds.

Je ne sais pas ce qu'il leur prend, à tous ces toubibs et ces scientifiques à la gomme, mais ils n'arrêtent pas de réaliser des études statistiques sur l'état de santé des gens, du patapouf de canapé au plus acharné des triathloniens, sur leur espérance de vie, sur les trucs qu'ils avalent pour satisfaire leur goinfrerie ou qu'ils s'abstiennent d'avaler dans le respect de leur chasse aux kilos, sur le temps qu'ils passent à glander ou à suer... enfin, toutes ces données qui sont supposées dresser le bilan de ce que nous faisons et qu'il ne faudrait pas faire, et vice-versa.

En gros et sans jeu de mots, voici de quoi il retourne :

— Primo, que l'image que donne le mec svelte et sportif, toujours en mouvement et surveillant son alimentation, c'est l'image d'un mec en bonne santé. Un exemple à suivre.

— Deuzio, que l'image que donne le gus affalé sur son gros cul et qui bouffe en regardant la téloche, c'est l'image d'un gus qui creuse sa tombe avec ses dents. L'exemple à ne pas suivre.

— Troisio, que le truc que les statisticiens et les toubibs ont découvert, c'est que le mec a priori en bonne santé ne l'est pas autant qu'il en a l'air ; et que le lourd du cul ne creuse pas sa tombe aussi vite qu'on pourrait être amené à le penser.

Et paf.
Dans notre tronche à tous, chiffres à l'appui.
Je sais bien que les chiffres, on leur fait parfois dire ce qu'on veut ; mais ils sont quand même là, qui montrent que le gaillard qui galope ses vingt bornes d'affilée ou qui en pédale cent en une seule sortie joue davantage avec sa santé que le touriste peinard qui sirote son pastis en terrasse avant d'aller dîner tranquille puis de se taper une bonne sieste.
J'exagère ?
Presque pas.
Ce qu'il ressort de ces études, c'est que quand on fait zéro exercice physique et qu'on grossit tranquillement, on joue probablement avec son espérance de vie ; mais que quand on s'entraîne assidûment pour un marathon ou la Vasaloppet, c'est à coup sûr qu'on joue avec.

Bref, le sport, c'est comme le reste. Un peu, c'est bien. Beaucoup, c'est trop.
Comme disent les sages quand ils passent à table : « De tout, avec modération ».

Les spécialistes donnent alors des conseils tous azimuts : manger des fruits et des légumes, éviter le café, fuir les sodas et les sucres rapides, éviter les graisses cuites, rechercher les bonnes graisses dans le poisson et l'huile d'olive, limiter sa consommation d'alcool à un verre de vin ou de bière par jour, manger de la viande seulement deux fois par semaine, aller se coucher et se lever à heures régulières, dormir tranquillement six à huit heures par nuit, ne pas mettre la télé dans la chambre, éviter le surmenage et le stress... et pratiquer une activité physique raisonnable (pour la prière avant le repas, ils n'ont pas d'avis). Raisonnable, c'est trois à cinq fois par semaine, pas plus de quarante-cinq minutes par séance, et sans forcer. Et sans oublier d'aller voir le toubib avant pour s'assurer qu'on ne présente pas de contre-indication sérieuse.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, de ces conseils, mais à moi, ils m'inspirent cette constatation : vivre sainement, c'est dur.

Très dur.

Un peu comme un régime amaigrissant. Beaucoup de frustrations, peu de plaisir.

Quand vous avez fini votre apéro, vous n'avez pas envie d'un second ?
Et au barbecue ? Seulement une brochette ? Pas de saucisse à côté ?
Et le steak ? Sans les frites ?
Et comme dessert, une pomme ou une « dame blanche » ?

Et pour l'activité physique ? Trois quarts d'heure, c'est trop ou pas assez ?

Je vais vous le dire, moi : trois quarts d'heure de sport par séance, c'est très dur. Pas sur le moment, non, mais à la longue. C'est un peu comme un régime. Le jour où on commence, ça va. La première semaine, c'est OK. On perd un kilo, on se sent bien. Et puis petit à petit les frustrations arrivent. On craque au bout d'un mois, deux, trois. Et le poids égaré revient dare-dare là où il ne faut pas.

Le sport à petite dose, c'est sain, c'est recommandé par les médecins, mais c'est difficile. Parce que dans le sport, il y a du plaisir. Des endorphines, qu'on appelle ça. Ce sont les hormones du plaisir sportif. Ce sont elles qui donnent envie de refaire du sport le lendemain ou le surlendemain, malgré la fatigue.

Parce que le sport, c'est une drogue. Mais pas avec une séance de quarante-cinq minutes sans trop se fatiguer. Ce genre de truc, ça ne stimule pas. Il n'y a pas de plaisir. C'est donc aussi difficile à tenir qu'un régime amaigrissant. Ce serait un peu comme s'astreindre à faire l'amour sans jamais atteindre l'orgasme. Une fois de temps en temps, pourquoi pas ? Mais systématiquement, ce n'est vraiment pas top.

Vous voulez que je vous dise ? Ces scientifiques, ces statisticiens, ces toubibs... ce sont des rabat-joie.

Pour eux, tout ce qu'on aime bien, c'est mauvais.

Mais le pire, c'est qu'avec leurs études à la noix, on va finir par être convaincus que, finalement, rester le cul dans notre fauteuil, ce n'est pas si mauvais que ça.

Triste époque !

jeudi 26 mai 2016

Allez en paix

En ce moment, en Belgique, on a un problème. Et même plusieurs. Ils se traduisent par des mouvements de révolte : grèves, manifestations.
Il n'y a pas qu'en Belgique que ça se passe comme ça. Chez nos voisins français, ça grogne pas mal aussi.

Que voulez-vous ? Le Monde est merveilleux. Il est entraîné sur la voie du chaos par ceux qui détiennent le pouvoir et l'argent et recherchent encore plus de pouvoir et d'argent. Ils n'en ont jamais assez. Le résultat de cette course au profit, de cet égoïsme mégalomane, c'est toujours plus d'inégalités sociales, toujours plus de tensions, de grèves, de manifestations, d'émeutes, de conflits, de violence... Les pauvres très pauvres, de plus en plus pauvres ; et les riches très riches, de plus en plus riches. Et au milieu de tout cela, une « classe moyenne » qui crache au bassinet et dont les membres glissent peu à peu vers la pauvreté ou réussissent, plus exceptionnellement, à se hisser parmi les nantis.

Depuis plusieurs semaines, chez nous, les gardiens de prison sont en grève. Ils rouspètent. Ils revendiquent. Ils exigent. Ils en ont marre et on les comprend : les établissements pénitentiaires sont surpeuplés et les effectifs en personnel sont insuffisants pour prendre en charge cette surpopulation.

Les prisonniers, dans la foulée, en ont ras la casquette eux aussi. Ils ne reçoivent plus de visites, ne peuvent plus s'aérer, se laver...
L'homme de la rue rétorquera que la prison, ce n'est pas le Club Med', et que c'est tant pis pour eux, qu'ils n'avaient qu'à respecter la loi, etc. C'est quand même oublier qu'une peine de prison, c'est une privation de liberté avec tout ce que ça entraîne comme tristesse et inconfort, mais qu'il n'est pas requis d'appliquer aux prisonniers une forme de maltraitance qui ne manquerait pas d'entraîner des suites dramatiques – pour eux et pour autrui – lorsqu'ils retrouveraient la liberté.

D'autant plus qu'en prison, il n'y a pas que des coupables. Tant qu'ils n'ont pas été jugés, les détenus en « préventive » sont présumés innocents.

On oublie trop souvent que la prison, sauf rares exceptions, on y entre un jour et l'on en sortira un autre jour. C'est ainsi. C'est la loi. Je sais que nombreux sont ceux qui voudraient qu'il n'y ait pas de remises de peine, de libérations pour bonne conduite... ni de libérations tout court ; mais ce n'est pas réaliste, et puis ce serait injuste. On ne peut pas condamner tous les accusés à la détention à vie ; et la peine de mort est abolie depuis longtemps.

Le problème, donc, est qu'il y a trop de gens dans les prisons et pas assez de gardiens pour s'en occuper. Il faudrait, en quelque sorte, construire de nouvelles prisons et engager davantage de gardiens. C'est facile, ça ne coûte pas cher.

Je blague. Ce n'est pas facile, ça coûte cher ; et puis ça prend du temps et du temps, on n'en a pas. Le problème il est là, tout de suite, maintenant : il faut engager du personnel et mettre dehors quelques détenus excédentaires.

— Quoi ? Les faire sortir ? Les libérer ? s'inquiétera l'homme de la rue. Mais vous n'y pensez pas !
— Si. On y pense.
— Mais c'est insensé ! Déjà que de nombreux malfrats, quand les flics les arrêtent, ils ne vont même pas au gnouf alors qu'ils devraient ! Ils ressortent avant même que les cognes qui les ont appréhendés n'aient rédigé leur rapport ! On ne va quand même pas en laisser sortir davantage ! Ceux qui y sont, qu'ils y restent !

Quelque part, l'homme de la rue, il a un peu raison. Il n'a pas envie de voir les individus nuisibles courir en toute liberté, voler, saccager, menacer, brutaliser voire pire encore. Moi non plus, d'ailleurs. Mais ajouter des prisons et des gardiens, est-ce la bonne solution ?

Dans notre Monde merveilleux, on a pris l'habitude de soigner les symptômes plutôt que le mal. Le mal, on ne peut pas y toucher. Le mal, c'est ce qui arrange les plus riches, les plus puissants : la recherche d'un profit maximal et d'un pouvoir absolu, ce qui passe obligatoirement par la création de pauvretés, la privation de libertés, la confiscation de biens, le pillage des ressources naturelles, la destruction de l'écosystème, la pollution de l'atmosphère, la déforestation massive, la commercialisation de denrées alimentaires toxiques... et bien d'autres horreurs encore. Le résultat de tout cela, c'est la pauvreté, la misère, le désœuvrement. 

Les symptômes, ce sont de pauvres types qui n'ont rien à faire de leurs journées parce qu'ils n'ont pas de boulot, et qui finissent par faire des conneries. Ce sont des gens qui n'ont pas de quoi vivre décemment et qui volent un peu du confort des autres. Les symptômes, ce sont des victimes de trafics honteux de substances prohibées, des gens pris dans un engrenage fatal et qu'ils auraient pu éviter si seulement on les avait un peu accueillis, écoutés, compris...

Les symptômes, ce sont des malheureux qu'on montre du doigt, qu'on rejette, qu'on juge sur la mine, la religion, la race... avant même qu'ils aient entrepris quoi que ce soit d'autre que de fuir un pays en guerre, un pays où la mort frappe aveuglement.

S'il n'y avait pas la guerre, la misère, les inégalités ; si l'éducation était accessible à tous et synonyme de plaisir... nous n'aurions pas besoin de prisons. Pas d'autant de prisons, en tout cas. Quand on dispose de tout ce dont on a besoin pour vivre heureux, et qui finalement n'est pas si inabordable que cela pourvu que les partages soient juste un petit peu équitables, on ne pense pas à mal. On n'a pas besoin de voler, on n'a pas besoin de violence, on n'a besoin que d'amour et de paix.

Je sais : ça fait un peu curé, mon discours ; mais tout ça, j'avais envie de l'écrire.

Allez en paix. Vous avez ma bénédiction.