samedi 10 mars 2018

Westvleteren : les moines ne sont pas contents

Dans cette bafouille publiée en 2011 (Dieu, que le temps passe vite !), je vous entretenais de ma façon de penser aux moines trappistes de l'abbaye de Westveteren.

Pour faire plus bref, je rappelle que ces abrutis de tonsurés, qui ont vu leur bière trappiste « XII » se faire élire « meilleure bière du Monde » par quelques illuminés d'Outre-Atlantique, ne peuvent plus faire face à la demande, qui a grimpé en flèche depuis lors. Comme leur objectif – louable, je l'admets – n'est pas de s'enrichir mais juste de vendre leur modeste production pour subvenir à leurs tout aussi modestes besoins, les moines refusent donc d'augmenter ladite production. Catégoriquement.

Donc, leur bière est rare. Si vous en voulez, il faut prendre contact (par téléphone) avec l'abbaye, réserver un ou deux casiers (pas plus, ils ne veulent pas) et aller les chercher et les payer sur place. La bière est également servie par l'un ou l'autre bistrot des alentours, mais rien de plus.

Comme tout ce qui est rare et apprécié devient forcément très cher, de deux euros cinquante la bouteille achetée à la source, certains petits malins tirent des dizaines, des centaines d'euros (ou de dollars). On voit donc fleurir dans les parages de l'abbaye de Westvleteren un trafic de casiers de bière passant d'un coffre de voiture à un autre coffre de voiture, moyennant bénéfice au passage. Le trésor change alors de mains à plusieurs reprises avant de s'en aller enfin arroser la dalle de quelques consommateurs passionnés et – fatalement – suffisamment fortunés (ou fous) pour claquer un tas de fric dans de la bière qui n'en vaut pas autant.

Tout récemment, j'ai entendu aux infos que ces putains de moines étaient mécontents. Pourquoi ? Parce que, par un curieux concours de circonstances qu'on ne qualifie pas mais qui a sans doute un tout petit peu à voir avec de la magouille, une chaîne de supermarchés des Pays-Bas serait entrée en possession de quelques milliers de bouteilles de « XII » qu'elle proposerait à la vente à un prix environ cinq fois supérieur à celui demandé « à la source ».

Alors, les moines sont fâchés. Se faire du fric avec leur bière, ça ne se fait pas. Une honte. Un scandale. Jusqu'alors, ils pouvaient toujours faire semblant de ne pas savoir que leur bêtise crasse permettait la mise en place de petits trafics juteux ; mais cette fois, que des supermarchés s'y mettent à grand renfort de pub...

Alors, j'ai une suggestion à faire à ces abrutis de tonsurés : augmenter leur production, ce qui permettra d'une part de couper l'herbe sous les pieds des magouilleurs, et d'autre part d'autoriser le commun des mortels à goûter une de leurs bières aussi facilement et honnêtement que les autres.
Et s'ils ne veulent pas s'enrichir, chose que j'approuve entièrement, qu'ils donnent donc leur excédent de pognon, généré par la vente de brassins supplémentaires, aux malades et aux nécessiteux. Il y a sur notre Terre suffisamment de misère à soulager !

Je vois déjà les bras se lever au ciel, les moues dégoûtées, les crucifix s'agiter... Mais pourquoi ? S'entêter dans un tel crétinisme, ce n'est pas faire le bien, c'est permettre au mal de sévir.

Ou alors, tiens, qu'ils soient logiques : puisque leur breuvage suscite des vocations malhonnêtes, qu'ils en arrêtent la production ! Je ne vais pas pleurer ; car je n'en bois jamais, de toute façon. Je ne vais quand même pas me taper Westvleteren pour deux casiers de bière. Qu'il y en ait un pack de six à vendre au supermarché où je me rends toutes les semaines, ou qu'on en serve au bistrot du coin ne me dérangerait pas. Peut-être même que j'en boirais, de leur fichue « XII ». Mais ils sont vraiment trop cons.

Finalement, je préfère acheter de la bière trappiste brassée en Wallonie par des moines qui ont assez de cervelle pour comprendre que l'argent rapporté par la vente de leur bière peut servir à financer des projets sociaux, éducatifs ou culturels intelligents dans leur région ; et aussi à donner du travail à des gens qui, sans cela, iraient grossir les statistiques du chômage.