lundi 6 juin 2016

La juste dose de sport

La juste dose de sport, c'est un sujet à la mode. Je ne parle pas du sport qu'on regarde à la télé, style match de foot avec sac de chips sur les genoux et canette de bière à la main. Je parle du sport qu'on pratique soi-même, à la sueur de son front, de ses aisselles et de ses pieds.

Je ne sais pas ce qu'il leur prend, à tous ces toubibs et ces scientifiques à la gomme, mais ils n'arrêtent pas de réaliser des études statistiques sur l'état de santé des gens, du patapouf de canapé au plus acharné des triathloniens, sur leur espérance de vie, sur les trucs qu'ils avalent pour satisfaire leur goinfrerie ou qu'ils s'abstiennent d'avaler dans le respect de leur chasse aux kilos, sur le temps qu'ils passent à glander ou à suer... enfin, toutes ces données qui sont supposées dresser le bilan de ce que nous faisons et qu'il ne faudrait pas faire, et vice-versa.

En gros et sans jeu de mots, voici de quoi il retourne :

— Primo, que l'image que donne le mec svelte et sportif, toujours en mouvement et surveillant son alimentation, c'est l'image d'un mec en bonne santé. Un exemple à suivre.

— Deuzio, que l'image que donne le gus affalé sur son gros cul et qui bouffe en regardant la téloche, c'est l'image d'un gus qui creuse sa tombe avec ses dents. L'exemple à ne pas suivre.

— Troisio, que le truc que les statisticiens et les toubibs ont découvert, c'est que le mec a priori en bonne santé ne l'est pas autant qu'il en a l'air ; et que le lourd du cul ne creuse pas sa tombe aussi vite qu'on pourrait être amené à le penser.

Et paf.
Dans notre tronche à tous, chiffres à l'appui.
Je sais bien que les chiffres, on leur fait parfois dire ce qu'on veut ; mais ils sont quand même là, qui montrent que le gaillard qui galope ses vingt bornes d'affilée ou qui en pédale cent en une seule sortie joue davantage avec sa santé que le touriste peinard qui sirote son pastis en terrasse avant d'aller dîner tranquille puis de se taper une bonne sieste.
J'exagère ?
Presque pas.
Ce qu'il ressort de ces études, c'est que quand on fait zéro exercice physique et qu'on grossit tranquillement, on joue probablement avec son espérance de vie ; mais que quand on s'entraîne assidûment pour un marathon ou la Vasaloppet, c'est à coup sûr qu'on joue avec.

Bref, le sport, c'est comme le reste. Un peu, c'est bien. Beaucoup, c'est trop.
Comme disent les sages quand ils passent à table : « De tout, avec modération ».

Les spécialistes donnent alors des conseils tous azimuts : manger des fruits et des légumes, éviter le café, fuir les sodas et les sucres rapides, éviter les graisses cuites, rechercher les bonnes graisses dans le poisson et l'huile d'olive, limiter sa consommation d'alcool à un verre de vin ou de bière par jour, manger de la viande seulement deux fois par semaine, aller se coucher et se lever à heures régulières, dormir tranquillement six à huit heures par nuit, ne pas mettre la télé dans la chambre, éviter le surmenage et le stress... et pratiquer une activité physique raisonnable (pour la prière avant le repas, ils n'ont pas d'avis). Raisonnable, c'est trois à cinq fois par semaine, pas plus de quarante-cinq minutes par séance, et sans forcer. Et sans oublier d'aller voir le toubib avant pour s'assurer qu'on ne présente pas de contre-indication sérieuse.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, de ces conseils, mais à moi, ils m'inspirent cette constatation : vivre sainement, c'est dur.

Très dur.

Un peu comme un régime amaigrissant. Beaucoup de frustrations, peu de plaisir.

Quand vous avez fini votre apéro, vous n'avez pas envie d'un second ?
Et au barbecue ? Seulement une brochette ? Pas de saucisse à côté ?
Et le steak ? Sans les frites ?
Et comme dessert, une pomme ou une « dame blanche » ?

Et pour l'activité physique ? Trois quarts d'heure, c'est trop ou pas assez ?

Je vais vous le dire, moi : trois quarts d'heure de sport par séance, c'est très dur. Pas sur le moment, non, mais à la longue. C'est un peu comme un régime. Le jour où on commence, ça va. La première semaine, c'est OK. On perd un kilo, on se sent bien. Et puis petit à petit les frustrations arrivent. On craque au bout d'un mois, deux, trois. Et le poids égaré revient dare-dare là où il ne faut pas.

Le sport à petite dose, c'est sain, c'est recommandé par les médecins, mais c'est difficile. Parce que dans le sport, il y a du plaisir. Des endorphines, qu'on appelle ça. Ce sont les hormones du plaisir sportif. Ce sont elles qui donnent envie de refaire du sport le lendemain ou le surlendemain, malgré la fatigue.

Parce que le sport, c'est une drogue. Mais pas avec une séance de quarante-cinq minutes sans trop se fatiguer. Ce genre de truc, ça ne stimule pas. Il n'y a pas de plaisir. C'est donc aussi difficile à tenir qu'un régime amaigrissant. Ce serait un peu comme s'astreindre à faire l'amour sans jamais atteindre l'orgasme. Une fois de temps en temps, pourquoi pas ? Mais systématiquement, ce n'est vraiment pas top.

Vous voulez que je vous dise ? Ces scientifiques, ces statisticiens, ces toubibs... ce sont des rabat-joie.

Pour eux, tout ce qu'on aime bien, c'est mauvais.

Mais le pire, c'est qu'avec leurs études à la noix, on va finir par être convaincus que, finalement, rester le cul dans notre fauteuil, ce n'est pas si mauvais que ça.

Triste époque !

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