vendredi 15 juillet 2016

Je riais encore...

Je riais encore de l'arrivée de l'étape du Tour de France, ce Quatorze Juillet au mont Ventoux. Je riais de voir Froome courir, puis essayer de rouler sur un vélo trop petit pour lui et pourvu d'un modèle de pédales ne correspondant pas aux cales de ses chaussures, puis enfin passer la ligne comme les autres...

Je riais encore de la mésaventure des Bleus en finale de l'Euro de football, leur tir sur le poteau à la 93e minute, puis la défaite chez eux, devant leur public. J'aurais pourtant bien aimé qu'ils gagnent, ça m'aurait permis de l'emporter au petit jeu des pronostics organisé au boulot, entre collègues ; mais entre voisins francophones, on aime bien de se chambrer. Ils avaient ri de nous, de notre élimination sans gloire ; je pouvais bien rire d'eux...

Je riais encore de la décision des Brittons de quitter l'Union européenne, bien soutenue par la sortie de l'Euro 2016 de leur équipe nationale de foot ; je riais de leur peu d'empressement à s'en aller pour de bon alors qu'ils semblaient si bien décidés à partir. Qu'ils s'en aillent, donc ! me disais-je. Et le plus tôt sera le mieux. Je pouvais bien en rire...

Je riais encore de la dernière bonne blague que l'on m'avait racontée et que j'avais répétée à mon tour ; je riais de la dernière bonne vidéo circulant sur la Toile...

Je riais encore de mes mésaventures avec une imprimante capricieuse nécessitant de l'encre rouge, imprimant deux feuillets puis réclamant du papier, imprimant une seule page encore avant d'exiger une nouvelle cartouche noire... Je riais encore en le racontant, bien que sur le moment ça m'ait fichu les boules, je riais parce que tout compte fait, j'aime bien rire.

Et puis, soudain, le rire s'est figé. L'atroce réalité m'a réveillé. Paris, Bruxelles, Istamboul, Nice...

L'horreur est partout, la violence se fait chaque jour plus pressante. Elle étouffe nos rires, provoque les cris, les larmes, la douleur.

De toutes les espèces ayant peuplé la Terre, l'Homme est, de loin, la plus violente, la plus cruelle, la plus meurtrière, la plus cupide, la plus destructrice. Un grand requin blanc, un tigre, un t rex... ce sont ou c'étaient des tueurs, mais sans arrière-pensée, sans volonté de nuire, sans plaisir de détruire.

Devant l'horreur, l'injustice, la cruauté... les rires s'éteignent. On se tait. On n'ose y croire.

Mais aujourd'hui, déjà, la vie continue. Dans quelques semaines, les rires reviendront.

Nous n'oublierons pas, non ; mais nous n'y penserons plus. Nous reprendrons le cours de notre existence jusqu'au jour où un nouveau drame se produira. Alors, les mauvais souvenirs referont surface pour un temps.

De notre vie, on tente de ne retenir que le meilleur ; mais le pire n'est souvent qu'assoupi.

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