— Dites une fois, madame Peeters,
vous ne trouvez pas ça un peu bizarre, vous, cette histoire de
mariage pour tous ?
— Bizarre ?
— Oué. Le mariage pour tous. Les
Français ils sont un peu embêtés avec ça, en ce moment.
— Ah ! Oué, madame Janssens,
c'est vrai. Mais enfin... bon... Moi, je dis rien là-contre, hein,
parce qu'il me semble quand même qu'on a déjà ça en Belgique.
— On a déjà ça ?
— Oué, madame Janssens. Le mariage
pour tous. Même si on n'appelle pas ça comme ça et qu'on fait
beaucoup moins de bruit là autour.
— Ah ! Ça, c'est sûr ! On
a déjà. Mais moi non plus, hein, je n'ai rien là-contre, madame
Peeters. Du moment qu'on vient pas m'embêter chez moi, y a pas de
problème. Moi, si ils veulent s'embrasser et tout ça, ça me
dérange pas, hein ! Du moment qu'ils viennent pas se pûteler
en public ; parce que ça, c'est pas bien.
— C'est pas bien de faire ça en
public. Surtout si on est gay.
— Oué. Si on est triste aussi, notez
bien.
— Non, je veux dire : si on est
gay. Les gays, c'est comme ça qu'on appelle les homosexuels.
— Ah, oué ! J'avais pas compris
tout de suite.
— Pasque qu'on soit gay ou pas gay,
on fait pas ça en public, quand même !
— Allez, madame Peeters, vous avez
été jeune vous aussi, même si y a longtemps, donc vous pouvez
comprendre.
— Je comprends pas moins bien que
vous, madame Janssens, d'autant que vous êtes plus toute jeune non
plus.
— Ah, ça ! On a vécu, hein !
— Il n'empêche qu'en public, il faut
se tenir. En privé, ça...
— Oué, en privé, oué, ça peut
aller. Ça choque personne.
— Mais y a quand même quelque chose
que je comprends pas très bien, madame Janssens, c'est pourquoi les
Français ils sont d'accord pour ça, et pas pour les enfants.
— Pas pour les enfants ?
— Tout le monde peut se marier
ensemble à deux, vous comprenez, mais quand on se marie ensemble à
deux, c'est peut-être bien aussi pour fonder une famille, avoir des
enfants...
— Ah ! Oué... C'est vrai que
deux mâles ensemble, ça va pas être simple du premier coup.
— Remarquez, deux femmes ensemble non
plus. Mais enfin, là, elles peuvent tricher.
— Oué, madame Peeters. Ça est
encore une fois un avantage qu'on a, nous autres du beau sexe. On
peut tricher.
— Ah, ça ! On peut même faire
semblant.
— Faire semblant ?
— Oué, madame Janssens. Faire
semblant. J'ai vu ça au cinéma. Enfin, à la télé, dans un film.
— Faire semblant d'avoir un enfant ou
faire semblant d'en faire ?
— Non ! Faire semblant de...
Enfin ! Vous voyez ce que je veux dire, hein !
— Non.
— Je veux dire... heu... faire
semblant d'avoir... heu... du plaisir.
— Du plaisir quand...
— Ben oué, hein !
— Ah ! Oué ! Simuler, vous
voulez dire ?
— Voilà.
— Ah ! Ça, c'est vrai que nous,
on sait faire ça. Tandis que nos hommes... quand ça veut pas, ça
veut pas.
— Je ne vous le fais pas dire !
— Ah, bon ? Parce que Jefke...
— De temps en temps, oué.
— C'est comme Fonske, alors. De temps
en temps... Et même plus souvent que de temps en temps, je dois
dire.
— Rhoooo...
— Grandeur et décadence !
— Sic transit gloria mundi...
— Verdoume ! Vous avez été à
l'école, vous !
— Un peu, oué. Mais pour en revenir
à ce que je disais, madame Janssens, ce que je trouve une fois
bizarre, c'est que ce soit oui pour une chose et non pour l'autre.
— Oué, mais ça c'est ce qu'on
appelle « faire passer la pilule progressivement ».
D'abord un petit peu, puis un moyen peu, puis un gros peu. Pasque
quand on commence à autoriser, y a pas de raison qu'on n'autorise
plus le reste derrière.
— Et même devant !
— Mais vous ne pensez qu'à ça,
vous, madame Janssens ! Vous êtes en manque à ce point-là ?
— Non, alleie, je plaisante !
— Ah, bon ! Je me disais...
— Il n'empêche que quand même, ça
doit faire mal, hein !
— Faire mal ?
— Oué... je veux dire : faire
mal de faire ça par là.
— Faire quoi par où, donc, madame
Janssens ?
— Mais enfin, madame Peeters !
Les gays, ils font ça par où, vous croyez ?
— Ah, oué ! C'est moi qui
n'avais pas compris, cette fois-ci. En effet, ça doit faire mal.
— Je ne vous le fais pas dire !
— Ah, bon ? Parce que Jefke...
— Il a déjà essayé, oué. Mais
j'ai pas voulu.
— C'est comme avec Fonske, alors.
J'ai pas voulu non plus.
— Et les femmes, alors, comment elles
font, entre elles ? Elles se mettent des trucs dedans, et tout
ça ?
— Ça, je sais pas. Y faudrait leur
demander.
— J'oserais jamais.
— Moi non plus ! Et pourtant,
j'en connais deux, dans le quartier où habite ma fille. Elles se
sont mariées l'année dernière, mais on les entend jamais,
paraît-il. Et on les voit presque pas.
— Elles sont discrètes.
— Voilà.
— C'est comme près de chez nous,
alors.
— Où ça, madame Janssens ?
— L'appartement, au-dessus de chez le
marchand de pneus.
— Ah, oué ! C'est le p'tit
Louis, qui habite là. Louis... Louis je ne sais plus comment. On
l'appelle toujours le p'tit Louis.
— Oué. Le p'tit Louis. Et ben il vit
avec un homme.
— Alleie ! C'est vrai ?
— Oué. Comme je vous l'dis.
— Le p'tit Louis. Moi qui l'ai connu
tout gamin, tout broebeleir. Avec son snotneus.
— Oué. Et ben il vit avec un homme.
— Ça, j'l'aurais jamais cru !
Et il vit là ?
— Là et chez l'autre. On les voit
pas souvent. Ils sont discrets.
— C'est mieux, hein ! C'est ça
que j'ai rien là-contre, moi, madame Janssens. Du moment que c'est
discret, ils font ce qu'il veulent.
— C'est sûr. Il faut être pour la
liberté, madame Peeters.
— Oué. Comme les Français. Liberté,
presque égalité et grande fraternité.
— Ha, ha, ha ! Ouééé !
Un dialogue digne des Vamps ;-) surtout avec Mme Janssens.
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=TTs8TZvrStc
Et un petit sketch berrichon qui date des années 70-80 mais qui parle aussi du sujet:
http://www.patrick-raynal.fr/gays.htm
En fait, en France ,l'opposition au mariage pour tous est surtout bourgeoise, réunit des cathos tradis et intégristes, et des politiques de droite dure et d'extrême droite. C'est à dire, pas des gens franchement représentatifs de notre pays. Mais plutôt représentatifs d'une frange riche, violente, xénophobe, homophobe et collet monté. Se sont les mêmes qui défileront pour la peine de mort, pour faire casser la loi sur l'avortement et les droits des femmes, les mêmes qui iront sous bannière royaliste, et fasciste, célébrer Jeanne d'Arc et réclamer la dictature, appeler à la violence et au putsch, au rassemblement avec différents mouvements néo-nazis...
La majorité des français sont loin de ces idéologies mortifères.Mais comme médiatiquement, les regards télévisuels et presse sont toujours tournés sur les plus affreux...beaucoup de pays pourraient être tentés de croire que le mouvement des anti-mariage pour tous est représentatif de l'état d'esprit français général.