lundi 6 mars 2017

Tu es jeune et ambitieux, lance-toi dans la politique !

Oui, si tu es jeune et ambitieux, lance-toi donc dans la politique !

Si un jour tu fais partie des élus du peuple, si tu décroches un mandat, tu pourras toi aussi, comme bien d'autres avant toi, retirer les nombreux avantages qu'offre l'accession au pouvoir.

Et tout d'abord : premier arrivé, premier servi. Lorsque tu seras aux premières loges, ne manque surtout pas de profiter des occasions – parfaitement légales – de t'offrir des voyages et séjours tous frais payés, un véhicule de fonction bien équipé, du personnel dévoué et l'un ou l'autre indispensable pied-à-terre dans les quartiers les plus chics.

N'oublie pas de faire plaisir à quelques amis en jouant de ton influence pour leur obtenir quelque faveur, passe-droit ou poste en vue dont ils te seront reconnaissants ; et de procurer de l'emploi aux plus modestes des membres de ta famille.

Ne manque pas de remercier ceux qui ont voté pour toi et ceux qui, reconnaissant leurs erreurs passées, voteront à leur tour pour toi à l'occasion du prochain scrutin.

Si quelque jaloux – la réussite suscite toujours de la jalousie – essaie de s'en prendre à ta notoriété en t'accusant de malversations ou de trafics d'influence, garde ton calme et ton sérieux, sois hautain et n'hésite pas à contre-attaquer en indiquant qu'il s'agit d'une cabale créée dans l'intention de te nuire.

En effet, lorsque tu seras l'élu du peuple, tu auras la légitimité pour toi. Tu n'auras pas été mis en place comme ces magistrats arrivistes avides de célébrité et manipulés par tes opposants politiques ; tu n'auras pas été, comme ces journalistes fouille-merde, incité à créer scandale et calomnie au profit des marchands de papier qui les dirigent.

N'oublie jamais que personne ne peut t'enlever ce que tu as légitimement gagné. Le peuple est roi. S'en prendre ouvertement à l'élu du peuple, c'est un déni de démocratie ; c'est mettre en danger le suffrage universel, l'honneur de nation, les droits de l'Homme.
Ni la police, ni les magistrats ne pourront jamais contester ce qui te revient de droit : l'exercice du pouvoir. Il t'aura été confié par le peuple avec un enthousiasme jamais démenti, comme le prouveront les rassemblements de foules et les manifestations de soutien qui seront organisées à ton intention.

Fièrement alors, tu rappelleras à tes ennemis que les hommes qui ont écrit les pages les plus mémorables de l'Histoire ont presque toujours été, eux aussi, élus démocratiquement par leurs concitoyens.

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