samedi 29 avril 2017

Les régimes "sans" et les régimes tout court

Aujourd'hui, la mode est aux régimes « sans ». Sans viande, sans produits laitiers, sans féculents, sans pain, sans sucre, sans graisses... Un peu comme si nous priver de quelque chose était synonyme de meilleure santé. On nous explique que le lait de vache, c'est pour les veaux, donc que c'est mauvais pour nous ; même pour les enfants. Et puis, que c'est plein de graisse : quatre pour cent, pour du lait entier. C'est vrai que c'est beaucoup.

Et la viande ? Ce n'est pas bon, la viande. Ou alors, très maigre, genre blanc de poulet sans la peau. Mais sans viande, c'est mieux. Et comme il nous faut des protéines, où les puiser, si ce n'est dans les œufs (bio, bien sûr) ? Ou alors dans les lentilles, les pois chiches et les trucs végétariens genre tofu, parce que les œufs, c'est plein de cholestérol ; et quand on sait d'où ils sortent...

Les graisses aussi, c'est vraiment mauvais. Surtout les graisses animales, le porc, les viandes rouges, les charcuteries, le jambon industriel... Quant aux graisses végétales, c'est mieux, mais pas n'importe lesquelles ! Pas l'huile de palme. Très mauvaise, l'huile de palme. Il faut des omega3, de l'huile de colza, d'olive... Et manger du poisson gras : maquereau, saumon...

Ne parlons pas du sucre. Ou alors, très peu, juste pour affirmer que ce n'est pas mieux. Il y en a dans tout, du sucre. Ça détruit les dents et ça fait grossir.

Les régimes « sans », c'est donc la mode. Sans viande, par exemple. Pourquoi pas ? Mais si c'est pour avaler des denrées industrielles supposées avoir un goût de viande, là, je cale. Quand on choisit un régime, on l'assume : sans viande, c'est sans viande. Végétarien ou végétalien, c'est comme on veut, mais nul besoin de s'illusionner en avalant des « hamburgers végétaux », comme j'ai vu des opportunistes en proposer aux consommateurs. On cuit ça comme un steak haché, sur un grill, un barbecue, dans une poêle à frire... et c'est supposé avoir l'aspect, l'odeur et le goût de la viande, sans en contenir. Ouf ! L'honneur est sauf !

Mais l'industrie fait pire. Pour produire à bon marché – très bon marché, elle nous fabrique des pizzas sans vrai fromage et sans vrai jambon, par exemple. Et on nous explique que c'est la grande distribution qui veut ça, pour tirer les prix de vente vers le bas en gardant une marge bénéficiaire suffisante. Et dans la grande distribution, on nous rétorque que c'est le client qui demande ça : moins cher, toujours moins cher, même si c'est de la merde.

J'ai même vu qu'on fabrique du jambon, des charcuteries, du saumon... fumés sans avoir jamais séjourné dans un fumoir. On verse sur la chair du gros sel agrémenté de quelques gouttes d'un extrait de fumée produit mystérieusement (le processus est un secret jalousement préservé) par une entreprise aux accès mieux protégés que ceux de Fort-Knox. Il faut savoir lire la liste interminable (en petits caractères) des ingrédients, sur l'emballage, où figure le mot « fumée ». Même quand c'est « fumé au bois de hêtre », ça ne garantit pas le séjour en fumoir. Plutôt que dans le fumage, on baigne dans la fumisterie.

Et les produits sans sucre ? Avec des édulcorants qui ne valent guère mieux ? Et les produits « light » truffés d'une chimie plus que douteuse destinée à rendre attrayants, onctueux et odorants des aliments qui sinon seraient à peu près immangeables par un quidam accoutumé à d'autres saveurs ?

Nous vivons dans un monde du faux, du frelaté. Sous des dehors de « préservez votre santé », la vérité s'appelle « accroissez mes bénéfices ». Et les régimes « sans » qu'on nous vend avec un certain succès n'ont d'autre but que celui-là : le profit. Bien sûr, il y a des « études qui... », mais on ne nous dit pas par qui elles sont financées. C'est néanmoins très facile à deviner !

Et si je vous entretiens des régimes « sans », que je trouve débiles – à moins de subir une allergie ou intolérance à certains aliments, bien sûr –, c'est parce qu'ils vont bien souvent à l'encontre de notre santé et de notre portefeuille. Le mieux est, en bon omnivore, de consommer de tout avec modération en profitant des produits de saison, locaux autant que possible, et non transformés par l'agro-industrie avide de profits.

Et si de récentes découvertes et études de fossiles nous indiquent parfois que certains de nos ancêtres étaient végétariens, alors que d'autres se révélaient carnivores voire cannibales, elles ne constituent pas un argument en faveur d'un régime alimentaire plutôt qu'un autre. Elles démontrent juste que l'Homme a été, de tout temps, un opportuniste aux incroyables facultés d'adaptation, capable de survivre dans des milieux souvent hostiles. Le régime « sans » était un régime par défaut et non par choix.

D'ailleurs, les régimes, c'est mauvais.

Dans cet ancien article, j'expliquais qu'il ne faut pas suivre de régime amaigrissant. En effet : les régimes sont néfastes parce qu'ils engendrent frustrations, privations et mauvaise humeur ; ce qui impose à l'organisme un stress inutile. Notre corps a bonne mémoire : quand on le prive de ce dont il a besoin, il prend non seulement des mesures pour se défendre, mais il prépare le futur en réduisant ses besoins de manière à ne plus devoir se priver soudain de choses qui lui paraissaient indispensables.

Comprenons bien que suivre un régime amaigrissant, quel qu'il soit, consiste à absorber moins de calories qu'on n'en dépense de manière à inciter le corps à puiser dans ses réserves de graisse ; et puiser dans ses réserves, le corps déteste cela : il se sent agressé et, de manière à tenir le coup (entendez : minimiser les risques de famine), il diminue ses besoins. En conséquence, il va tenter, en même temps que nous essaierons de lui faire brûler ses graisses, de diminuer ses besoins en énergie en réduisant sa masse musculaire, car les muscles sont gros consommateurs de calories. Ce qui veut dire que moins on mange, plus notre corps s'adaptera à recevoir moins de nourriture. S'il a puisé dans ses réserves, il réagira en stockant dès que possible un maximum d'énergie sous forme de graisses (le meilleur rapport poids/calories) en prévision de futures disettes.

Ajoutons que la souhaitée conversion en sucre des couches de graisse accumulées çà et là est un processus lent, généralement incompatible avec une pratique sportive saine et efficace. Insuffisamment nourri, on découvre la fringale du sportif. Faire du sport sans rien manger avant ni pendant en espérant que le corps puisera dans ses réserves est donc une illusion.

J'ai d'ailleurs remarqué que les gens en surpoids ne mangent généralement pas les bonnes choses au bon moment et en quantité adéquate. Leur hygiène alimentaire est soit mauvaise, soit inadaptée à leurs activités. Bien souvent, ils jeûnent pour travailler et mangent pour se reposer. En d'autres termes, ils ne déjeunent pas ou trop peu, mangent mal ou insuffisamment pendant leur journée de travail et terminent par un repas copieux le soir avant de se vautrer devant la télé puis d'aller dormir.

Comme je l'écrivais plus haut dans cet article, le corps a bonne mémoire : puisqu'on le prive ou le nourrit mal pendant la journée, il se rattrape avec le plantureux repas du soir qui lui permet de constituer des réserves de graisse pendant la nuit.

Inversement, se coucher le ventre à peu près vide contrarie notre gourmandise, mais pas notre organisme. Pendant notre sommeil, le corps a peu de besoins en énergie. Il vit au ralenti. Si le ventre est vide, convertir en sucres une petite partie des réserves de graisse se fera sans peine. Le matin, nous aurons faim. Un bon petit déjeuner regarnira le ventre et, si nous partons travailler, l'énergie absorbée sera entièrement dépensée. Il en sera de même avec le repas de midi, si nous sommes toujours actifs jusqu'en fin d'après-midi. Le véritable danger, c'est le repas du soir, souvent trop copieux et trop tardif.

Ne faites donc pas de régime : adaptez simplement votre alimentation à vos activités.

Et, surtout, fuyez comme la peste les régimes « sans ». Je sais que c'est la mode, y compris celle de jeûner un jour par semaine, mais c'est inutile. Et même : c'est nuisible. À moins d'être vraiment allergique ou intolérant à certaines denrées, le mieux est de manger de tout... avec modération.

Et sur ce, bon appétit !

2 commentaires:

  1. Bravo !!!
    Je souscris à tout ça en applaudissant bien haut de toutes mes mains !

    J'ajoute juste que nous ne réagissons pas tous de la même façon ; j'ai autour de moi des gens qui mangent et mangent et mangent et ne prennent pas une once de graisse, tandis que d'autres s'épaississent au moindre gros repas qui dénote de leur habitude.
    Et ces gens ont tous appris à faire avec. Et adaptent leur quotidien autant que faire se peut.

    Mais je confirme pour en avoir vu autour de moi que tous ces régimes ne servent globalement pas à grand-chose.


    De mon côté, j'ai fait un régime "sans" : je n'ai pas bu une goutte d'alcool pendant un mois plein. Moralité, pas grand-chose. Je ne me suis pas particulièrement senti mieux. Donc j'ai décidé de continuer à boire de l'alcool... ha ha !

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    1. Je suis un régime sans régimes. C'est le mieux que j'ai trouvé pour rester svelte. Ha, ha, ha !

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