jeudi 21 mars 2019

Toujours vivant !

Rien à voir avec un certain chanteur, bien que, comme lui, je sois encore de ce Monde. Mais quant à être toujours debout ou avoir la banane, ce n’est pas tout le temps. Loin de là.
Déjà, pour gagner ma croûte, je suis bien obligé d’abandonner mon lit chaque jour dès potron-minet (à la belle saison) et même avant (en hiver)... vous imaginez que ce n’est pas spécialement rigolo. Je ne vais d’ailleurs pas vous entretenir de mon boulot, le mentionner suffit déjà amplement. Je dirai seulement que bosser ne me dérange pas, mais que le faire pour certaines personnes, c’est autre chose.

Avec le temps tout s’en va, comme le chantait Léo Ferré ; et il faut admettre qu’il avait raison, même si tout ne s’en va pas en même temps et à la même allure. De là sans doute vient l’expression « garder de beaux restes », qui s’applique aux personnes pour lesquelles tout n’est pas encore parti sans espoir de retour. J’espère pouvoir encore faire longtemps partie de cette catégorie de gens.

J’ai donc un peu négligé mon blog parce que parmi ce qui s’en va et ne revient pas nécessairement figurent la motivation et l’inspiration. Il est d’ailleurs tant de choses intéressantes à faire dans la vie que, parfois, on se dit qu’une seule existence ne suffira pas pour les entreprendre ; et dès lors, la mise à jour d’un simple blog peut s’égarer au sein des préoccupations secondaires.

Des ennuis de santé comme ceux que j’ai connus ces derniers mois et connais encore aujourd’hui, ça vous change la vie à un point tel que vos centres d’intérêt peuvent se détourner des habituels famille, travail, loisirs. Et c’est ce qui m’est arrivé.

Étrangement, il m’est devenu difficile de regarder un film, lire un roman ou m’intéresser aux œuvres de pure fiction. L’évasion vers l’imaginaire a pour moi cédé la place à des préoccupations plus terre-à-terre comme les actualités, les documentaires, les reportages, les articles à tendance scientifique et, bien sûr, les questions de santé.

C’est pour ces raisons que la tenue de mon blog est passée à l’arrière-plan ces derniers mois. Et c’est pour ces mêmes raisons qu’auparavant déjà, mes articles avaient petit à petit abandonné la bonne humeur et le sarcasme pour adopter un ton plus grave que j’imagine volontiers ennuyeux pour le vaillant lecteur. J’espère qu’il voudra bien m’en excuser !

À présent que je ne vais pas spécialement mieux, mais que les incertitudes (vais-je pouvoir guérir ?) ont laissé la place à une forme de résignation philosophique (il n’y a pas de remède, inutile de broyer du noir, profitons de la vie, il en est qui souffrent davantage…), je compte bien remonter la pente grâce au soutien de mes proches et – pourquoi pas ? – en « reprenant la plume » de temps en temps pour quelques délires dont j’espère n’avoir pas laissé la source se tarir.

En me relisant, je me dis que pour la bonne humeur, c’est déjà mal emmanché ! Mais il est des choses qu’on a parfois besoin de dire ou d’écrire pour trouver l’apaisement, comme ces quelques lignes qui m’ont fait grand bien ! C’est déjà ça de gagné.

Comme quoi, parfois, le bonheur peut se cacher dans de menus détails.


lundi 5 novembre 2018

Charlot et les F-35

Le 26 octobre dernier, je suis sorti de ma léthargie automnale pour écouter, sur la première chaîne radio, notre brave Premier ministre Charles Michel nous expliquer pourquoi la Belgique avait choisi le F-35 américain pour remplacer nos bons vieux F-16, américains eux aussi.

Et tout d’abord, il y avait toutes ces choses qu’on savait bien à propos du choix à opérer entre les divers concurrents encore en lice : le déjà nommé F-35 américain, le français Rafale et l’européen Eurofighter. On savait, par exemple, que le chouchou de nos militaires était le F-35. On savait aussi que, de tous les appareils mis en concurrence, il était de loin le plus cher. On se doutait bien que l’attribution de ce juteux marché ferait l’objet de pressions diverses et que la transparence allait être reléguée au second plan. Mais quand même…

Quelques jours auparavant, alors que les médias annonçaient que le choix était fait et que l’heureux élu serait le F-35, Charles « tout-va-bien » Michel, la voix vibrante d’indignation, nous rappelait que le marché n’était pas encore attribué, que rien n’était décidé, etc. Il n’empêche que le 25, le couperet tombait et, qu’à la surprise générale, notre Premier ministre nous annonçait, la voix vibrante d’émotion, que le choix de la Belgique s’était porté sur le… F-35 !

Donc, ce 26 octobre vers 7 h 45, j’entends à la radio l’interview de notre Premier à ce sujet. Et que nous déclare ce brave Charlot, pour qui tout va toujours très bien si l’on en croit son perpétuel petit sourire satisfait quand il passe à la télé ?

Il nous dit qu’en réalité, le F-35 américain est moins cher. Si, si. Et Charlot d’ajouter que grâce à ce choix judicieux, nous économiserons quelque six cents millions que l’État pourra consacrer à autre chose, comme venir en aide aux plus démunis, par exemple (chez nous, les libéraux ont inventé le libéralisme social – c’est le terme qu’ils utilisent – qui, si j’ai bien compris, consiste à tenter de nous faire croire que c’est la droite libérale qui a inventé la sécu et est le meilleur garant de sa pérennité).

On nous aurait donc menti ? Le F-35 ne serait pas le plus cher ? Le journaliste insiste, mais Charlot nous rassure une nouvelle fois. L’avion américain est bien le moins cher. D’ailleurs, ajoute le Premier ministre, « je ne connais même pas le prix de l’avion français ». « On n’a pas d’offre ».

Vertuchou ! Trop fort, notre Charlot ! C’est un peu comme si je rentrais chez moi pour dire à ma femme :

« On va acheter cette voiture-là. Elle est moins chère.
Ah bon ! me répondrait-elle. Et les autres, c’est combien ?
Je ne sais pas, mais elles sont plus chères. »

Bon, là, c’est mes sous et ceux de ma femme, donc j’ai le droit d’être un tout petit peu de mauvaise foi. Et de toute façon, ma femme peut aussi aller au garage et demander le prix des autres modèles, des autres marques…

Mais Charlot, c’est avec nos sous qu’il joue. Avec le fric de tout le Pays. Et quand on essaie de savoir, c’est « top-secret ». Nos politiciens et nos militaires peuvent claquer notre pognon comme ils l’entendent, en quelque sorte.

Du côté des retombées économiques, il me revient d'avoir entendu que l’offre française était alléchante. Mais bon, c’est la France. C’est pas les States. C’est pas Trump avec ses menaces sur l’OTAN et son insistance à rappeler qu’on ne contribue pas assez aux finances de la défense commune.

Là aussi, Charlot insiste : il n’y a pas eu de pressions américaines.

Et les retombées économiques pour nous, alors ? Ah, oui ! On en aura. Des tas. Combien ? Ben, ça, on ne sait pas. Nous n’avons reçu, nous rétorque-t-on par ailleurs, que de vagues lettres d’intention…

Dis, Charlot, tu ne nous prendrais pas un peu pour des couillons, des fois ?

Si, certainement ; mais ne t’en fais pas. Dans quelques mois, en prenant le chemin de l’isoloir, on saura s’en souvenir.


samedi 10 mars 2018

Westvleteren : les moines ne sont pas contents

Dans cette bafouille publiée en 2011 (Dieu, que le temps passe vite !), je vous entretenais de ma façon de penser aux moines trappistes de l'abbaye de Westveteren.

Pour faire plus bref, je rappelle que ces abrutis de tonsurés, qui ont vu leur bière trappiste « XII » se faire élire « meilleure bière du Monde » par quelques illuminés d'Outre-Atlantique, ne peuvent plus faire face à la demande, qui a grimpé en flèche depuis lors. Comme leur objectif – louable, je l'admets – n'est pas de s'enrichir mais juste de vendre leur modeste production pour subvenir à leurs tout aussi modestes besoins, les moines refusent donc d'augmenter ladite production. Catégoriquement.

Donc, leur bière est rare. Si vous en voulez, il faut prendre contact (par téléphone) avec l'abbaye, réserver un ou deux casiers (pas plus, ils ne veulent pas) et aller les chercher et les payer sur place. La bière est également servie par l'un ou l'autre bistrot des alentours, mais rien de plus.

Comme tout ce qui est rare et apprécié devient forcément très cher, de deux euros cinquante la bouteille achetée à la source, certains petits malins tirent des dizaines, des centaines d'euros (ou de dollars). On voit donc fleurir dans les parages de l'abbaye de Westvleteren un trafic de casiers de bière passant d'un coffre de voiture à un autre coffre de voiture, moyennant bénéfice au passage. Le trésor change alors de mains à plusieurs reprises avant de s'en aller enfin arroser la dalle de quelques consommateurs passionnés et – fatalement – suffisamment fortunés (ou fous) pour claquer un tas de fric dans de la bière qui n'en vaut pas autant.

Tout récemment, j'ai entendu aux infos que ces putains de moines étaient mécontents. Pourquoi ? Parce que, par un curieux concours de circonstances qu'on ne qualifie pas mais qui a sans doute un tout petit peu à voir avec de la magouille, une chaîne de supermarchés des Pays-Bas serait entrée en possession de quelques milliers de bouteilles de « XII » qu'elle proposerait à la vente à un prix environ cinq fois supérieur à celui demandé « à la source ».

Alors, les moines sont fâchés. Se faire du fric avec leur bière, ça ne se fait pas. Une honte. Un scandale. Jusqu'alors, ils pouvaient toujours faire semblant de ne pas savoir que leur bêtise crasse permettait la mise en place de petits trafics juteux ; mais cette fois, que des supermarchés s'y mettent à grand renfort de pub...

Alors, j'ai une suggestion à faire à ces abrutis de tonsurés : augmenter leur production, ce qui permettra d'une part de couper l'herbe sous les pieds des magouilleurs, et d'autre part d'autoriser le commun des mortels à goûter une de leurs bières aussi facilement et honnêtement que les autres.
Et s'ils ne veulent pas s'enrichir, chose que j'approuve entièrement, qu'ils donnent donc leur excédent de pognon, généré par la vente de brassins supplémentaires, aux malades et aux nécessiteux. Il y a sur notre Terre suffisamment de misère à soulager !

Je vois déjà les bras se lever au ciel, les moues dégoûtées, les crucifix s'agiter... Mais pourquoi ? S'entêter dans un tel crétinisme, ce n'est pas faire le bien, c'est permettre au mal de sévir.

Ou alors, tiens, qu'ils soient logiques : puisque leur breuvage suscite des vocations malhonnêtes, qu'ils en arrêtent la production ! Je ne vais pas pleurer ; car je n'en bois jamais, de toute façon. Je ne vais quand même pas me taper Westvleteren pour deux casiers de bière. Qu'il y en ait un pack de six à vendre au supermarché où je me rends toutes les semaines, ou qu'on en serve au bistrot du coin ne me dérangerait pas. Peut-être même que j'en boirais, de leur fichue « XII ». Mais ils sont vraiment trop cons.

Finalement, je préfère acheter de la bière trappiste brassée en Wallonie par des moines qui ont assez de cervelle pour comprendre que l'argent rapporté par la vente de leur bière peut servir à financer des projets sociaux, éducatifs ou culturels intelligents dans leur région ; et aussi à donner du travail à des gens qui, sans cela, iraient grossir les statistiques du chômage.