mardi 1 avril 2014

Gallimard rachète Les Nouveaux Auteurs !

La nouvelle est tombée officiellement ce matin, après quelques semaines de demi-mots, de démentis et de non-dits : Gallimard rachète Les Nouveaux Auteurs, tractation dont le montant n'a pas (encore) été révélé.

Plusieurs coups de téléphone le mois dernier n'avaient rien donné, aucune des deux parties ne souhaitant vendre la mèche avant la conclusion en bonne et due forme de l'affaire, mais l'information m'a été confirmée aujourd'hui même, par Sophie Nolistic, attachée de presse auprès du grand éditeur.

« Nous ne pouvions pas manquer une telle occasion, m'a-t-elle confié. Le concept avait attiré notre attention en même temps que celle de nombreux auteurs, et nous trouvions l'idée séduisante ; mais il convenait de rester prudents avant d'annoncer ce rachat. Nous avons notre notoriété et ne pouvions la mettre en péril rien qu'en reprenant à notre compte un concept original mais souffrant de nombreux défauts, en tête desquels le scepticisme des responsables des circuits de vente et des libraires souvent réfractaires aux nouvelles idées aventureuses et à ce qui leur apparaît comme de l'amateurisme. »

Comme je m'inquiétais de cette étiquette d'amateurisme et de l'intérêt que pouvait bien avoir un éditeur comme Gallimard à adopter les méthodes propres à Les Nouveaux Auteurs, madame Nolistic s'est empressée de préciser les raisons de la démarche :

« Le monde de l'édition est sans pitié. Même une grande maison comme la nôtre ne peut se permettre de se reposer sur ses lauriers et de rester sourde aux appels de plus en plus pressants d'un business qui passe désormais autant si pas davantage par le truchement de l'Internet que par les canaux traditionnels de la vente.
Notre nom seul ne suffit pas à garantir des ventes confortables. Il nous arrive de nous fourvoyer en éditant un ouvrage, en croyant au succès d'un auteur. Les chiffres ne sont pas toujours brillants ! Bien entendu, dans l'ensemble, il n'y a pas péril en la demeure et nos grands succès compensent largement nos pertes ; mais nous ne pouvions pas rester insensibles à l'évolution du marché. »

« Le rachat d'un concurrent à la renommée quelque peu sulfureuse, s'il faut en croire les nombreux témoignages circulant sur Internet, peut-il quand même vous apporter quelque chose ? » ai-je demandé.

« Absolument. Mais le concept doit être canalisé dans la bonne direction. Soyons clairs : nous aimons le fait que des amateurs se prononcent quant aux choix de romans que nous pourrions éditer, parce que ce sont les amateurs qui les achètent, pas les critiques ni les lecteurs professionnels chargés du tri des manuscrits que l'on nous envoie. C'est aussi simple que cela. Voyez les émissions de téléréalité, voyez tous ces gens qui votent, qui disent oui à l'un et non à l'autre : vox populi, vox dei, dit-on.
Nous ne voulons cependant pas reprendre tel qu'il est le mode de fonctionnement de Les Nouveaux Auteurs, d'une part parce qu'en le faisant de cette façon, nous aurions mauvaise presse ; et d'autre part parce que notre objectif n'est pas non plus d'éditer n'importe quoi uniquement pour plaire aux gens en oubliant de conserver une dose maximale de professionnalisme.
Nous allons donc remanier le concept, mieux l'encadrer par nos spécialistes maison, afin qu'au bout du processus menant à l'édition nous obtenions un produit à la fois de qualité professionnelle et apte à séduire le lectorat.
Nous planchons actuellement sur le label sous lequel seront édités les ouvrages qui emprunteront ce canal de sélection très particulier. Rien ne presse. Nous souhaitons mettre de notre côté un maximum de chances de réussite. »

Ouais. Je me suis dit aussi que faire faire gratuitement par des amateurs un boulot pour lequel d'ordinaire on rétribue des professionnels, ça doit être bien tentant ; même si au bout du compte ce seront ces mêmes professionnels qui auront le dernier mot. Les économies d'échelle seront bien là ; et au bout du parcours, une belle récupération d'une affaire qui était en train de suivre son petit bonhomme de chemin et qui aurait peut-être fini par faire de l'ombre aux maîtres du marché.

Interrogée sur ce dernier point comme sur le coût du rachat de Les Nouveaux Auteurs, Sophie Nolistic s'est cantonnée dans un mutisme presque coupable.

Wait and see, comme disent les Anglo-Saxons !

1 commentaire:

  1. Tu es donc en correspondance privilégiée avec cette dame de chez Gallimatiard ?

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