mercredi 10 février 2016

Actualités à la gomme

* Ne le répétez pas : les grandes banques seraient en difficulté. Mais on nous rassure, ce n'est pas aussi grave qu'en 2008. En réalité, pour les banques, c'est à peu près aussi grave ; mais pour les épargnants, ça l'est moins. Les États ont pris leurs précautions, certaines pratiques ont été interdites et des garanties ont été données. Les banques, évidemment, ça n'arrange pas leurs petites affaires, puisqu'elles ne gagnent plus autant de pognon et qu'on ne les autorise plus à en perdre n'importe comment. Même les placements douteux ne rapportent plus. Et, évidemment, maintenant qu'elles ne peuvent plus faire vraiment tout ce qu'elles veulent de nos petites économies, ça la fout mal. Pour elles. Moi, avec le peu d'économies dont je dispose, ça me ferait plutôt marrer.

* Je n'arrête pas d'être ému autant que séduit par « notre modèle de société » (c'est ce qu'on disait des States, jadis, quand ils avaient – à ce qu'il paraît – vingt ans d'avance sur nous). Quel pays de rêve ! Gendarmes du Monde, les United States voudraient tout et tous à leurs bottes de cow-boys.
Ce qui laisse rêveur, outre les contradictions véhiculées par leur puritanisme hypocrite et leur habitude de vouloir faire faire par d'autres les efforts auxquels ils ne s'astreignent pas eux-mêmes, c'est le haut folklore qui agrémente leurs campagnes électorales : si les politiciens belges disaient autant de conneries, ils seraient rayés de notre carte politique. Même Jacqueline Galant ne leur arrive pas à la cheville ! Évidemment, dans le genre « je n'ai pas dit ça » (bien qu'elle l'ait dit et que tout le monde l'ait entendu), « je n'ai pas fait ça » (bien qu'elle l'ait fait et que tout le monde soit au courant) et « vous avez mal interprété mes paroles » (bien que tout le monde ici comprenne suffisamment le français pour éviter les erreurs d'interprétation), elle se pose un peu là. Mais ce sont, à ce qu'il paraît, des maladresses. C'est des bobards qu'elle balance comme ça pour essayer de se tirer de la bouse en essayant de nous faire croire que ce sont les autres qui l'ont mise là et pas elle qui s'y est fourrée toute seule. Elle se rend quand même bien compte qu'elle les dit, les bobards. Alors, rien à voir avec les comiques en campagne aux States. Eux, ils sont vraiment convaincus de ce qu'ils disent. Quoique...
Vous avez sûrement entendu que la Cour Suprême des États-Unis bloque le programme de lutte contre le réchauffement climatique qu'Obama se proposait de mettre en place. Il avait pourtant promis...
Mais dans son cas, à Obama, promettre, ça ne coûte rien. C'est la fin de son second mandat et il n'en obtiendra pas en supplément (non, aux States, on ne change pas la Constitution comme ça pour s'en payer un troisième). Il peut promettre, même s'il se doute bien en promettant qu'il ne pourra pas tenir, puisque tout sera rejeté par la suite. Mais il pourra faire son petit Jacqueline Galant : c'est pas moi, c'est eux.

* Tiens, et en parlant des States, je lisais dernièrement cet article écrit sur son blog par un cardiologue américain en visite en Allemagne. Le brave homme s'étonne : en Europe, on roule à vélo. Et même : on marche. Il n'y a pas en rue que des caisses monstrueuses monstrueusement polluantes. Pas à dire, mais nous sommes en retard. Eux, les Américains, ça fait déjà longtemps qu'ils n'utilisent plus leurs guibolles qu'avec la plus grande parcimonie. Nous, on en est encore à les employer de temps à autre à ce pour quoi elles ont été conçues. Nous sommes de bien piètres élèves. Heureusement quand même que le bon docteur n'est allé se promener qu'en Allemagne. S'il avait visité les Pays-Bas ou le Danemark, son étonnement aurait pris l'allure de la stupéfaction.

* Un pays où on fait tout très bien, c'est la Corée du Nord. On tire des missiles et on fait des essais nucléaires, tous avec un franc succès, cela va sans dire. On invente même un médicament qui guérit instantanément la gueule de bois. Si, si. Ils sont tellement géniaux, là-bas, qu'ils ont inventé ça. Mais comme ils n'ont aucun objectif mercantile, ils n'envisagent pas de vendre le remède à la France ou à la Belgique. Mauvais joueurs !

* À Bruxelles, les tunnels de circulation automobile tombent en ruine. On doit les fermer les uns après les autres pour éviter que les automobilistes ne reçoivent des morceaux de béton au passage. C'est vilain, mais c'est comme ça : on a construit, on n'a pas entretenu. Et maintenant, il faudrait réparer, mais on manque d'oseille. Alors, en attendant, on envisage de créer des commissions d'enquête pour savoir, par exemple, « comment il se fait qu'on n'ait pas entretenu » ou « qui est responsable de ces négligences »... C'est du surréalisme à la belge dans toute sa splendeur : pleurer sur le lait répandu ou essayer à tout prix de savoir qui l'a renversé, pourquoi et comment il a procédé. Honnêtement, je trouve qu'il serait plus utile de plancher sur les solutions : sortir la lavette ou la serpillière et aller racheter du lait. Mais ça, c'est sans doute trop évident : en Belgique, on aime faire compliqué.

* On nous reparle de la réforme de l'orthographe comme si elle venait d'être instaurée, alors que ça fait quelque vingt-cinq ans qu'elle a été mise en place. Et que, depuis lors, rien n'a changé : les modifications proposées n'ont rien d'obligatoire. En attendant, même chez nous, en Belgique, on voudrait inciter les enseignants à adopter la nouvelle graphie et à l'apprendre à leurs potaches. Je remarque toutefois que, quelle que soit l'orthographe adoptée, ancienne ou nouvelle, rares sont les enseignants qui la maîtrisent parfaitement. En proposant de simplifier, on est parvenu à compliquer ; et là, je ne pense pas que ce soit le but recherché. La proposition de réforme ne venait pas de la Belgique, rappelons-le.

* Il n'y a pas si longtemps, je me trouvais dans une clinique, dans une salle d'attente très peuplée. Une porte s'est ouverte sur le couloir voisin et une infirmière, un papier à la main, a essayé de lire un nom. « Monsieur Brkl... Brklja... », a-t-elle bafouillé ; mais un type s'est levé et a dit « c'est moi », lui épargnant la peine d'essayer de déchiffrer et prononcer la suite.
Pendant les minutes qui ont suivi, je me suis dit que ce gaillard n'était quand même pas à plaindre, comparé à d'autres. Imaginez le mec qui s'appelle « Conard », « Cocu » ou autre joyeuseté. Je sais qu'il en a l'habitude, qu'il s'est probablement, à la longue, constitué un cuir épais. Mais quand même : dans cette situation, ce n'est pas drôle. Pas pour lui, du moins.

1 commentaire:

  1. Excellent ! Bravo !
    C'est bien fun, tout ça ! Et tellement vrai...

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