— Salut, Jean-Mi !
— Eh ! Dis donc, Joëlle, t’es toute bronzée !
— Ah, c’est pas comme toi. T’es allé en vacances dans ta salle de bains ?
— Ben non, je suis resté au pays. J’ai fait les festivals de l’été, et tout ça.
— Ah oui : les bains de foule… Très peu pour moi pendant les congés.
— En fait de bains de foule, c’était le bain tout court. La douche, je veux dire. Au moins, avec mon vélo, j’aurai pas pollué. Tandis que ton avion…
— Bah ! Ramené au kilomètre par tête de pipe, ça fait pas tant que ça. Tiens ! Voilà Charlot ! Alors, fiston, on reprend le collier ?
— Chez nous, on ne le lâche jamais.
— Ah ouais, c’est vrai. Les congés payés, c’est juste pour le prolétariat.
— Dis donc, le vert, t’as bouffé quoi pendant tes congés ?
— La bouffe, ça allait.
— Par contre, il a bu beaucoup d’eau !
— C’est vrai ? Eh bien nous, on s’est trouvé une petite auberge, avec un de ces petits beaujolais…
— Je croyais que t’avais pas pris de congés.
— J’ai pas lâché le collier, mais ça n’empêche pas le changement d’air. Y avait wi-fi et tout ça, pour rester branchés sur l’actu.
— Ben moi, aux îles, j’avais pas la tête à ça, mais n’empêche que quand ils ont battu le rappel des troupes, j’ai bien été avertie. Dommage. J’ai dû écourter mon séjour et...
— T’tention, voilà le boss. Notre futur premier.
— Tu crois ? Oui, peut-être… Hello, Elio.
— Salut, la jeunesse ! Alors, on pète la forme ?
— On pète ce qu’on veut, hein ! Par exemple, Joëlle, on l’aurait laissé péter sa sieste un peu plus longtemps…
— Va t’occuper de ta bicyclette, toi. T’as un pneu pété.
— Du calme, à gauche.
— Ha ha ha ! Va péter ton beaujolais, toi !
— Ce serait pas de refus, mais hélas ! Le boulot nous attend.
— Parlez-m’en. Je sors de chez Albert. On va finir par être à tu et à toi, lui et moi.
— Albert Frère ?
— Albert Deux, tête de nœud ! Je fréquente pas tes copains, moi !
— T’énerve pas, Elio. On rigole.
— Rigolez tant qu’il en est encore temps. Bientôt, faudra causer avec les Flamands. BHV, et tout ça. Réforme de l’État…
— Entre nous, ça pouvait attendre encore un peu. J’ai dû écourter mon séjour et…
— Et voilà ! Elle est de mauvais poil, elle va encore dire non.
— C’est pas plutôt ton pote Olivier qui va dire non ?
— Il n’y a pas de problème avec Olivier.
— Eh ben ça reste à prouver.
— L’avenir nous le dira, les enfants. J’ai dû programmer des bilatérales pour commencer.
— Pffff… Marre des bilatérales !
— Ouais. En plus, je comprends pas pourquoi on nous fait rentrer plus tôt. C’est d’un calme.
— Et la crise boursière ?
— Mais enfin ! C’est un non-sens ! Regardez le peuple. Est-ce qu’il s’affole ? Et il a raison : tout rentre dans l’ordre sans qu’on intervienne. Faisons comme le Belge moyen : laissons les boursicoteurs se bouffer le nez et profitons de la vie. Prenons du bon temps.
— Ben justement, question de bon temps… Tenez, ce week-end, je suis passé avec mon vélo près des barrages de l’Eau d’Heure... Y avait personne. Le calme plat.
— Tu vas à vélo jusque là-bas ?
— Il a dit « avec son vélo », pas « sur son vélo ». Si je ne m’abuse, sa bagnole a des barres de toit.
— On va pas se chamailler pour ça, les enfants.
— Mais on rigole, quoi !
— Oui, profitez-en. Parce qu’avec les Flamands…
— Tu vas de nouveau te mettre à table avec Wouter ?
— Faudra bien.
— Il sait se tenir ?
— Tant qu’il n’a pas de voisin, il s’occupe de sa propre assiette, oui.
— Et on va faire quoi, avec lui ?
— Ben, comme avant les congés : gagner du temps. C'est notre meilleur allié, Wouter. S'il bouge, il est mort.
— Ah. Alors, Yves peut rempiler ?
— Pas de problème.
— Génial ! Moi, je le trouve très bien, comme démissionnaire. Et vous ?
— Extra.
— Sensas’ !
— Ne nous emballons pas. Faudra tenir le coup comme ça jusqu’en 2014.
— On peut y arriver, tu crois ?
— Sans avoir l’air con, ça va être difficile.
— Mais… on n’a pas déjà l’air con, là ?
— Heu… Un peu, oui.
— On reprendrait pas des vacances ? Un peu de soleil ?
— Un peu de beaujolais ?
— Et un peu de vélo, peut-être ? Plus pour moi, merci. Mais dis-moi… Il reste pas des places, dans ta petite auberge avec wi-fi et beaujolais ?
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