Puisque nous venons d’entamer un juillet que nous espérons tous moins pourri que les deux mois qui l’ont précédé, il serait plus logique de parler de grandes vacances que de rentrée ; mais voilà : pour moi, c’est la rentrée, puisque j’ai pris mes congés en juin. Des congés au soleil, donc loin de chez moi, cela va de soi.
Évidemment, en me recollant au boulot, j’ai eu droit aux questions habituelles des collègues, toutes empreintes d’une ironie sous-jacente destinée à me rappeler que « c’est fini » et que « bientôt ce sera notre tour » :
— Ça s’est bien passé ?
— T’as eu du beau temps ?
— Pourquoi tu nous as pas rapporté le soleil ?
— C’est toujours trop court, hein ?
— Alors, bien reposé ?
Et la liste n’est pas exhaustive.
La rentrée, c’est aussi l’occasion de renouer avec l’actualité, qui n’était certes pas en veilleuse en mon absence, mais sur laquelle j’avais clos les yeux et les oreilles au cours de nombreuses siestes bienfaisantes.
Bien sûr, j’avais eu l’occasion de voir quelques images de football, au détour de visites au bar, mais sans avoir jamais eu le cœur de m’installer durablement au sein de la foule des hardis supporters de l’écran géant.
Bien sûr, les résultats du second tour des élections législatives françaises m’avaient subrepticement emprunté les trompes d’eustache, mais rien de plus que cela, tout compte fait.
De retour au pays, impossible par contre d’ignorer les bouillonnements d’une actualité poussée aux fesses par nos élus impatients de goûter bientôt aux vacances parlementaires et soucieux de boucler, avant leurs valises, quelques douloureux dossiers communautaires.
Mais déjà, plus prosaïquement, de nombreux parents s’interrogent : comment occuper leur progéniture pendant les mois d’été ? C’est que tout le monde ne bénéficie pas de deux mois de relâche, saperlipopette !
Les stages, c’est une solution, pour qui n’est pas embrigadé dans le scoutisme. Il y a des stages de chant, de théâtre, de danse en tout genre, d’initiation à la pêche à l’espadon, de yoga, de physique quantique et même de sport pour les plus vaillants. Sans oublier les séances de rattrapage de matière non maîtrisée destinées à ceux qui, faute d’avoir bien bossé pendant l’automne, l’hiver et le printemps, se trouvent soudain fort dépourvus quand la canicule est en vue.
Au détour d’un bulletin, non pas scolaire ni météorologique, souvent si mauvais, mais d’information, j’ai entendu que des illuminés organisaient des stages pompeusement appelés « d’art urbain ». C’est pour apprendre à notre belle jeunesse comment réaliser de magnifiques graffitis. Oui, des graffitis. Pas des tags, hein ! Faut pas insulter le prophète ! Parce que badigeonner les murs de la ville d’inscriptions vaguement en rapport avec une musique qu’on adore, ce n’est pas taguer, selon eux : c’est faire de l’art urbain.
Désolé d’avoir à le dire aux gentils organisateurs de ce stage, mais leur art, c’est de la foutaise. Du vandalisme organisé. Le graffiti discipliné, imaginé et réalisé dans le respect du bien d’autrui, c’est une vue de l’esprit. L’essence même de cet « art », c’est justement la transgression, la dégradation du bien public ou privé au nom d’une liberté d’expression qui ferait presque regretter l’intransigeance d’un régime totalitaire.
Bande de cons !
Et à la radio et à la télé, ils n’ont rien d’autre à raconter ? Ce n’est déjà pas suffisant, le télescopage des événements sportifs ? Football, tennis, automobilisme, athlétisme, cyclisme… la seconde quinzaine de juin et la première de juillet se bousculent pour nous fourguer l’urticaire du dossard, l’indigestion de la baballe et l’overdose de « chers téléspectateurs » !
Ah, si ! Ce matin, c’était le boson. Une expérience capitale faisant intervenir un accélérateur de particules destiné à traquer l’infiniment petit, si j’ai bien compris. Un truc de physiciens qui, paraît-il, pourrait donner les clés de l’Univers, du « big bang » et de nos origines et, accessoirement pour les intrépides découvreurs, l’un ou l’autre prix Nobel. Au prix que ça coûte, toutes ces recherches, ce serait bien qu’elles nous guérissent en passant de tous les cancers du sein, du côlon et de la prostate. Et tant qu’à faire, qu’elles nous débarrassent aussi des moustiques, des mélanomes malins et des requins de la finance, tout en assurant la retraite des vieux et le remboursement des dettes de la sécu.
Ben quoi ?
On a encore le droit de rêver, non ?
en plus du boxon de Higgs, ce serait bien qu'on nous débarasse des faiseurs de stages, du cancer, de la vérole, du Vlaams Belang, du FN et plus généralement des cons; mais il est vrai que dans tous ces cas, ya du boulot!!!
RépondreSupprimerOui, y a que le condor qui est en voie de disparition. Dans d'autres matières, il en reste des tas.
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