Quand on n'est plus de toute première
jeunesse, mais qu'on s'est, de longue date, intéressé à la
photographie, on a souvent plein les tiroirs ou empaquetées dans des
cartons, quelque part au grenier, une multitude de pochettes de
négatifs.
Pour les plus jeunes qui n'ont pas
connu les joies de la photographie argentique (le film, comme on
appelait ça, puisque le support le plus populaire était issu en
droite ligne du 35 mm cinématographique), rappelons qu'un
« négatif », c'était ce bout de matière plastique plus
ou moins colorée qu'on utilisait pour imprimer, sur papier, des
« positifs ». Ces fameuses photos qu'on plaçait dans des
albums ou qu'on manipulait avec plus ou moins de soin, pour les
montrer à d'autres.
Le cérémonial complet de la
photographie populaire consistait à acheter des rouleaux de
pellicule, à les exposer dans un boîtier reflex ou compact, à tout
rembobiner ensuite (rouleaux de 12, 24 ou 36 vues) et à les glisser
dans des pochettes pour qu'un labo se charge du développement du
négatif et de l'impression d'une première série de positifs. Les
plus acharnés faisaient même cette seconde partie du travail
(développement, tirage) à la maison, s'étant installé une
« chambre noire » ou détournant provisoirement l'usage
de la salle de bain.
Ensuite, il fallait trier les images,
épreuves en mains, et c'est avec regret qu'on se décidait à en
jeter quelques-unes, parce que bonnes ou mauvaises, elles étaient
payées. Souvent, on plaçait les bonnes dans des albums, les moins
bonnes dans des boîtes à chaussures ; et de nos préférées,
après avoir repéré le négatif correspondant, on faisait tirer des
agrandissements, parfois très grands, à encadrer et épingler au
mur.
Chaque déclenchement coûtait des
sous. C'est dire si, fréquemment, on se montrait économe, ne se
laissant aller à la frénésie du déclenchement que lors de fêtes
familiales, mariages d'amis ou grandes vacances dans des contrées de
rêve.
Aujourd'hui, à l'exception de quelques
acharnés, tout le monde est passé au numérique, au déclenchement
gratuit pour un oui ou pour un non et au visionnage immédiat du
résultat sur l'écran de l'appareil.
Autour de moi, des tas de gens prennent
des photos. Et même parfois avec un appareil photo. Sinon, c'est
avec un téléphone, une tablette ou n'importe quel autre engin
multimédia permettant la capture d'images.
Lors de fêtes de famille, de
festivités, de réceptions, je vois des tas de gens mitrailler à
qui mieux mieux, mais rarement on me montre les images. C'est le
paradoxe : le déclenchement ne coûte presque rien, le résultat
est visible immédiatement, mais peu le voient.
Que font-ils donc, de toutes ces
images ? Ils les regardent puis les effacent ? Les envoient
à des copains par Internet ou les postent sur les réseaux sociaux ?
Aujourd'hui, nous sommes dans le
fugitif, dans l'éphémère. Plus de pochettes de négatifs, plus de
boîtes à chaussures remplies de ces photos ratées que l'on ressort
parfois lors d'une longue soirée d'hiver et qui nous font rire aux
larmes : « Ouah ! J'étais comme ça, moi ? Et
quelle gueule je faisais sur cette image ! »
Nos images numériques, nous les avons
peut-être archivées, gravées sur des CD ou DVD, copiées sur un
disque dur... Mais pourrons-nous encore les regarder dans dix, vingt,
trente ans ? Les montrer à nos petits-enfants ?
Je suis un vieux croûton attaché aux
traditions : je trie toujours mes images, même si elles sont
devenues numériques, imprime les meilleures pour les coller dans des
albums et les montrer à ma famille, à mes amis ; et archive le
tout soigneusement.
Inconvénient de la technologie moderne
et du déclenchement gratuit : je prends dix images plutôt
qu'une. Alors que jadis, par mesure d'économie, j'aurais renoncé à
prendre une photo dans des conditions trop douteuses, aujourd'hui je
multiplie les essais.
Malheureusement, au bout du compte, je
ne fais pas plus de bonnes photos qu'auparavant. Tout ce que j'arrive
à faire, c'est alourdir le tri des images. Je jette, je jette, je
jette... Et il en reste encore trop.
Et comme Chérie aime aussi rapporter
des images qu'elle a prises elle-même, il nous arrive de « doubler »
les photos : chacun mitraille les mêmes sujets.
J'arrête ici ma bafouille, parce que
j'ai encore deux cartes SD à nettoyer !
En tout cas, en voici quelques-unes qui sont bien chouettes ! Bravo !
RépondreSupprimerMais tiens, ça me fait penser à ça : http://www.youtube.com/watch?v=nAzKnQ-0FDg
Ah, oui ! Ben Abar...
SupprimerJ'aime beaucoup cette chanson (même si je ne suis pas un grand fan de son auteur) ; je la trouve forte et intelligente.
SupprimerOui, c'est une excellente chanson. Cela dit, je trouvais Benabar meilleur au début de sa carrière. Difficile d'être bien inspiré indéfiniment et de ne pas donner l'impression de se répéter.
SupprimerMerci pour votre commentaire !