vendredi 14 juin 2013

Photosss...

Quand on n'est plus de toute première jeunesse, mais qu'on s'est, de longue date, intéressé à la photographie, on a souvent plein les tiroirs ou empaquetées dans des cartons, quelque part au grenier, une multitude de pochettes de négatifs.

Pour les plus jeunes qui n'ont pas connu les joies de la photographie argentique (le film, comme on appelait ça, puisque le support le plus populaire était issu en droite ligne du 35 mm cinématographique), rappelons qu'un « négatif », c'était ce bout de matière plastique plus ou moins colorée qu'on utilisait pour imprimer, sur papier, des « positifs ». Ces fameuses photos qu'on plaçait dans des albums ou qu'on manipulait avec plus ou moins de soin, pour les montrer à d'autres.

Le cérémonial complet de la photographie populaire consistait à acheter des rouleaux de pellicule, à les exposer dans un boîtier reflex ou compact, à tout rembobiner ensuite (rouleaux de 12, 24 ou 36 vues) et à les glisser dans des pochettes pour qu'un labo se charge du développement du négatif et de l'impression d'une première série de positifs. Les plus acharnés faisaient même cette seconde partie du travail (développement, tirage) à la maison, s'étant installé une « chambre noire » ou détournant provisoirement l'usage de la salle de bain.

Ensuite, il fallait trier les images, épreuves en mains, et c'est avec regret qu'on se décidait à en jeter quelques-unes, parce que bonnes ou mauvaises, elles étaient payées. Souvent, on plaçait les bonnes dans des albums, les moins bonnes dans des boîtes à chaussures ; et de nos préférées, après avoir repéré le négatif correspondant, on faisait tirer des agrandissements, parfois très grands, à encadrer et épingler au mur.


Chaque déclenchement coûtait des sous. C'est dire si, fréquemment, on se montrait économe, ne se laissant aller à la frénésie du déclenchement que lors de fêtes familiales, mariages d'amis ou grandes vacances dans des contrées de rêve.


Aujourd'hui, à l'exception de quelques acharnés, tout le monde est passé au numérique, au déclenchement gratuit pour un oui ou pour un non et au visionnage immédiat du résultat sur l'écran de l'appareil.


Autour de moi, des tas de gens prennent des photos. Et même parfois avec un appareil photo. Sinon, c'est avec un téléphone, une tablette ou n'importe quel autre engin multimédia permettant la capture d'images.


Lors de fêtes de famille, de festivités, de réceptions, je vois des tas de gens mitrailler à qui mieux mieux, mais rarement on me montre les images. C'est le paradoxe : le déclenchement ne coûte presque rien, le résultat est visible immédiatement, mais peu le voient.


Que font-ils donc, de toutes ces images ? Ils les regardent puis les effacent ? Les envoient à des copains par Internet ou les postent sur les réseaux sociaux ?


Aujourd'hui, nous sommes dans le fugitif, dans l'éphémère. Plus de pochettes de négatifs, plus de boîtes à chaussures remplies de ces photos ratées que l'on ressort parfois lors d'une longue soirée d'hiver et qui nous font rire aux larmes : « Ouah ! J'étais comme ça, moi ? Et quelle gueule je faisais sur cette image ! »


Nos images numériques, nous les avons peut-être archivées, gravées sur des CD ou DVD, copiées sur un disque dur... Mais pourrons-nous encore les regarder dans dix, vingt, trente ans ? Les montrer à nos petits-enfants ?


Je suis un vieux croûton attaché aux traditions : je trie toujours mes images, même si elles sont devenues numériques, imprime les meilleures pour les coller dans des albums et les montrer à ma famille, à mes amis ; et archive le tout soigneusement.


Inconvénient de la technologie moderne et du déclenchement gratuit : je prends dix images plutôt qu'une. Alors que jadis, par mesure d'économie, j'aurais renoncé à prendre une photo dans des conditions trop douteuses, aujourd'hui je multiplie les essais.


Malheureusement, au bout du compte, je ne fais pas plus de bonnes photos qu'auparavant. Tout ce que j'arrive à faire, c'est alourdir le tri des images. Je jette, je jette, je jette... Et il en reste encore trop.


Et comme Chérie aime aussi rapporter des images qu'elle a prises elle-même, il nous arrive de « doubler » les photos : chacun mitraille les mêmes sujets.

J'arrête ici ma bafouille, parce que j'ai encore deux cartes SD à nettoyer !

4 commentaires:

  1. En tout cas, en voici quelques-unes qui sont bien chouettes ! Bravo !

    Mais tiens, ça me fait penser à ça : http://www.youtube.com/watch?v=nAzKnQ-0FDg

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    1. J'aime beaucoup cette chanson (même si je ne suis pas un grand fan de son auteur) ; je la trouve forte et intelligente.

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    2. Oui, c'est une excellente chanson. Cela dit, je trouvais Benabar meilleur au début de sa carrière. Difficile d'être bien inspiré indéfiniment et de ne pas donner l'impression de se répéter.
      Merci pour votre commentaire !

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