vendredi 26 juillet 2013

L'Homme et la machine

L’arrivée tant attendue des beaux jours n’incitant à rester enfermés que les allergiques au soleil, à la chaleur et au bol d’air, la tendance générale à laquelle j’ai cédé volontiers ces dernières semaines était davantage à la sieste au jardin et aux barbecues entre potes qu’aux longues soirées devant la télé ou à surfer sur Internet.
Je ne me cherche pas d’excuse pour avoir quelque peu négligé mon blog, car, tout compte fait, l’entretenir et y publier l’une ou l’autre bafouille est un plaisir et doit le rester. Depuis quelques semaines, mon plaisir est parti ailleurs. Privé de soleil pendant si longtemps, je compense la disette en abusant de balades, d’apéros, de barbecues, de jardinage à allure pépère et de siestes crapuleuses. Que celui qui n’a pas encore cédé me jette la première pierre !

Forcément, à force de sortir, on s’aventure un peu plus loin que son propre quartier ; juste le temps de se dire que la bicyclette, c’est vraiment trop dur par cette chaleur, et on laisse parler la loi du moindre effort en choisissant plutôt la voiture pour se déplacer de plus de cinq cents mètres. C’est bien entendu dans de telles circonstances qu’on s’aperçoit vraiment que la clim’ est devenue indispensable ; et que même si le véhicule en est équipé, cela ne signifie pas à cent pour cent qu’elle va fonctionner. Parce que ce genre de dispositif demande de l’entretien et que, tant qu’il fait mauvais – et Dieu sait ce que ça peut durer en Belgique –, on ne songe pas que ledit entretien n’a pas été fait depuis belle lurette !

Le propre de toute machinerie étant de déclarer forfait au moment où on en a besoin et qu’on décide de s’en servir, la mésaventure n’a rien d’exceptionnel. À force de confier tout à des machines pour nous faciliter la vie, on en arrive à se la compliquer.

Prenez le GPS, par exemple : une belle invention, apparemment. Surtout pour la navigation, quand la mer s’étend à perte de vue et qu’on ne sait plus très bien où on en est. C’était une de ses premières applications (avec son usage militaire, of course), pour laquelle la précision du système actuel était bien suffisante ! Dans l’attente de la mise en place, sans cesse retardée, du système européen Galileo qui offrira théoriquement toute la finesse requise pour diriger le promeneur là où il veut aller plutôt qu’à peu près là où il espère arriver, nous devons nous contenter du réseau satellitaire américain. Avec ses hauts et ses bas.

Je ne sais pas ce que vous pensez de ce foutu GPS, mais moi, vous l’aurez compris, je l’utilise de moins en moins souvent. Bien entendu, lorsque j’ai acquis un de ces engins, j’ai fait comme tout le monde dans cette situation : l’essayer pour bien vérifier à quel point son utilité est douteuse. La méthode est simple : choisir une destination où on se rendrait les yeux fermés et laisser le GPS choisir l’itinéraire, inévitablement plus long, plus lent ou complètement débile.

Bien entendu, quand on ne connaît pas, on peut n’y voir que du feu, puisque généralement l’engin nous conduit quand même à destination ! Je connais d’ailleurs quelques bienheureux qui répondent, lorsqu’on leur demande par où ils sont venus : « Je sais pas, j’ai suivi le GPS ». Souhaitons-leur de ne pas voir l’engin rendre l’âme à l’heure du retour, surtout s’il fait nuit noire !

Une bonne carte routière, ça ne tombe pas en panne. Il faut juste en acheter une nouvelle avant que l’ancienne ne tombe en ruine. Et pour le reste, même si ça peut procurer un bref instant de honte à certains, demander son chemin ne devrait tuer personne. Pas chez nous, en tout cas.

La seule utilité que j’ai trouvée au GPS est de me guider lorsque je cherche une adresse bien précise dans une grande ville que je ne connais pas. Et encore faut-il que je lui pardonne ses égarements lorsqu’il m’indique de tourner à gauche alors que devant moi se présente un sens giratoire apparemment inconnu malgré une mise à jour très régulière de la cartographie embarquée, une rue barrée pour cause de travaux ou de festivités locales, un obstacle infranchissable là où devrait s’ouvrir un chemin.
Dans de tels cas, le sens de l’orientation me guide vers un itinéraire « bis », que je parcours en demeurant sourd aux injonctions du GPS tant qu’il essaie de me rabattre sur la rue en travaux ou le sens interdit imprévus au programme.

La machine doit nous faciliter la vie, me semble-t-il. La technologie est intéressante lorsqu’elle nous vient en aide et l’Homme fait montre d’intelligence lorsqu’il l’utilise avec bon sens.

Il reste des progrès à accomplir dans la gestion des rapports de l’Homme à la machine. L’une devrait refuser d’agir lorsque l’autre omet de réfléchir, et l’autre apprendre à réfléchir lorsque l’engin qui lui est confié montre ses limites.
Les défaillances devraient être compensées par la clairvoyance et l’étourderie par la logique.

Aujourd’hui encore, des tragédies surviennent lorsque manquent les dispositifs de sécurité indispensables à empêcher les faiblesses humaines de transformer en engin de mort un moyen de transport collectif : sur la route, sur le rail, en mer ou dans les airs, les exemples ne manquent pas où la vie de centaines voire de milliers de personnes est tributaire des agissements d’un seul être ou de la défaillance d’une simple pièce faisant partie d'un ensemble sophistiqué.

Deux précautions valent mieux qu’une, et trois mieux que deux.
Et s’il est vraiment crucial qu’un pantalon ne tombe pas, je n’ai rien contre le port combiné de la ceinture et des bretelles.

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