lundi 9 décembre 2013

Pauvre, pauvre, pauvre football belge

Je sais que ça peut sembler bizarre, un titre comme celui-là, alors que notre équipe nationale est qualifiée pour le Mondial et fait partie de ce qu'on appelle les « outsiders », mais c'est vraiment l'impression que j'ai lorsque j'ai sous les yeux les résultats de nos clubs.

La Belgique est un pays où l'on vit encore bien, en moyenne, même s'il y a de la pauvreté un peu partout. Ce qui est pauvre, hormis notre enseignement, nos subsides à la culture et la mentalité d'une bonne partie de nos dirigeants, c'est notre football. Et quand je parle du football belge, c'est à nos clubs et à notre championnat que je pense, pas à nos joueurs expatriés. Ceux-là ne sont pas pauvres.

Mais la Belgique est un petit pays ; et un petit pays ne peut pas lutter à armes égales avec les gros, surtout quand il fait partie d'un système politicoéconomique – comme l'UE – qui lui enlève une bonne part de ce qu'il pourrait encore faire valoir comme sujet de fierté : le vrai chocolat, la bière trappiste, les frites bien cuites, les moules marinières et les querelles communautaires.

Le contraste entre les résultats de notre équipe nationale de foot et ceux de nos clubs est édifiant : le jour et la nuit. Nos meilleures équipes font de la figuration dans les compétitions européennes dominées par les entreprises les plus fortunées. Je dis bien « entreprises », parce que le football de clubs est devenu un vrai bizness, avec mises de fonds et retours sur investissements.

Nous ne pouvons plus lutter. Nos stades sont si proches les uns des autres que le potentiel de spectateurs est limité. Les recettes publicitaires le sont donc aussi, de même que les occasions, pour les caïds de la finance, de trouver gloire et fortune en investissant dans nos clubs.

Si sur la scène européenne nous sommes presque ridicules, chaque semaine nos matchs de championnat sont, pour la plupart, d'une médiocrité crasse : manque de talent, manque de motivation, manque de moyens.

Incapables de garder au pays nos meilleurs joueurs faute de pouvoir leur offrir un salaire à la hauteur de ce qu'ils peuvent négocier ailleurs, nous devons nous contenter de ceux qui restent mais qui espèrent toutefois s'améliorer pour trouver embauche extra-muros. Certains de nos clubs font pourtant des efforts en matière de formation : trouver de jeunes talents, les amener sur le devant de la scène... Las ! À peine formés, ils s'en vont chercher ailleurs ce qu'ils ne peuvent trouver chez nous.

Chaque période de transferts voit nos petits clubs pillés par les plus gros et nos plus gros pillés par l'étranger. Les recruteurs belges sont désormais passés maîtres dans l'art d'embaucher, un peu partout en Europe, des joueurs qui font banquette dans leur club ou jouent en équipe « réserve » dans l'attente de jours meilleurs. Ceux-là, comme tant d'autres, viennent un temps exercer chez nous leurs talents ou se refaire une santé, avant de s'envoler vers des cieux plus rémunérateurs.

La conséquence en est une instabilité générale de nos équipes, qui alternent le chaud et le froid en se montrant incapables d'aligner plusieurs matchs de qualité convenable dans un championnat émaillé d'incidents ridicules voire préoccupants (agressivité des supporters et des joueurs, vandalisme, insultes, quolibets...) et dans lequel les meilleurs clubs ne sont plus que l'ombre de ce qu'ils ont pu être à une époque où le sport n'était pas encore aussi pourri par le fric.

Tous ces propos peuvent paraître bien amers, mais ils ne sont que le constat d'une triste réalité.

Les résultats de notre équipe nationale viennent heureusement nous mettre un peu de baume au cœur et on se dit « pourvu que ça dure » !

Et, pour terminer sur une note d'optimisme, je signalerai qu'une finale du Coupe du Monde opposant la France à la Belgique est tout à fait possible : il suffit de gagner tous nos matchs, chacun de notre côté, et de nous expliquer à la fin.

C'est simple, non ?

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