mardi 8 juillet 2014

Les Belges ont vraiment mal joué !

Maintenant qu'ils sont rentrés à la maison, je peux vous l'avouer : les Belges ont mal joué.
Je parle de notre équipe nationale de football, à la Coupe du Monde. Ils ont mal joué.

Ici, les gens ont été surpris. Les gens, ce sont les joyeux supporters qui avaient pendu des drapeaux aux fenêtres, décoré leurs voitures aux couleurs nationales et défilé dans les rues au son du klaxon. Ils attendaient le retour des diables rouges à Zaventem pour pouvoir les acclamer, puis leur réserver un accueil triomphal sur la Grand-Place de Bruxelles ; mais... rien de tout ça !

Les communiqués ne leur promettaient rien de tout ça, et c'est juste une paire d'heures avant l'atterrissage que les vedettes ont annoncé qu'ils accepteraient de saluer la foule avant de prendre leurs deux semaines de vacances.

Alors, ils sont venus et ils ont salué. Mollement. Brièvement.

Que s'est-il passé ?

Le bon peuple peine à comprendre, parce qu'ici, nous étions fiers d'avoir enfin des représentants en phase finale de la Coupe du Monde de football, ce qui ne s'était plus produit depuis douze ans !

On était contents de les avoir vus se qualifier brillamment (huit victoires et deux partages), décrocher une place enviable de tête de série, sortir de la phase de groupes en terminant à la première place, franchir les huitièmes de finale et n'échouer qu'en quart, face à une très efficace équipe d'Argentine. Alors, quoi ?

Disons-le tout net : ces messieurs sont gênés. C'est trop la honte. Ils espéraient mieux. Ils rentrent au pays avec le sentiment d'avoir failli. Un peu comme l'élève que ses parents entendent féliciter parce qu'il a réussi ses examens avec 70 % des points, mais qui fait la moue parce qu'il considère avoir bâclé l'ouvrage en n’en obtenant pas 80 !

Cela prouve deux choses : l'orgueil et l'ambition de ces joueurs qui restent persuadés d'avoir failli au moment crucial ; et la passion doublée d'indulgence qui a animé leurs supporters pendant toute cette campagne.

Avant que ne s'entament, dès ce soir, les demi-finales de la Coupe du Monde, j'aimerais livrer ici quelques observations...

En phase finale, il n'y a plus de « petites équipes », si on en juge par les scores souvent étriqués. En effet, les deux tiers des rencontres jouées se sont soldés soit par un partage (parfois jusqu'à la fin des prolongations), soit par une victoire par un seul but d'écart.
Tout le monde se défend bien, tous les pays tirent leur épingle du jeu. Il n'y a plus de « clients », de « petites nations du football » s'inclinant par quatre ou cinq buts d'écart. Les quelques raclées qui ont été administrées l'ont été à l'Espagne (tenante du titre !) et au Portugal (pourtant bien coté).

Ce nivellement n'est peut-être pas seulement dû à une amélioration des performances des pays les moins huppés ! Les grandes nations, celles qui recueillent les faveurs des pronostics, sont loin d'avoir convaincu ! C'est à se demander si ces cadors qui peinent à s'imposer n'arrivent pas en phase finale dans de piètres conditions : joueurs-vedettes épuisés par des championnats éprouvants, nervosité face à l'enjeu quand on a plus à perdre qu'à gagner, volonté d'en garder « sous la pédale » pour des matchs à priori plus compliqués...

Le football moderne est devenu très tactique et très physique. Souvent, l'équipe qui ouvre la marque s'impose au terme de la rencontre. La tendance est à fermer le jeu et à attendre l'erreur de l'adversaire. Y a-t-il trop d'argent en jeu ?

Les Belges ont peiné lors de leur première rencontre face à l'Algérie qui jouait la défense à tout crin et qui a eu la chance d'ouvrir rapidement la marque sur coup de réparation (leur seul tir cadré en 90 minutes) ! On a dit alors que les Belges jouaient mal, mais dans ces conditions, il était difficile de produire un jeu chatoyant. Ils ont pu néanmoins renverser la vapeur en fin de match, à force d'opiniâtreté et grâce à des remplacements judicieux.

Les Belges ont également peiné lors de leur seconde rencontre, les Russes pourtant obligés de réussir un bon résultat (ils n'avaient obtenu qu'un partage face à la Corée) se montrant à peine moins prudents que les Algériens. C'est sûr : Kokorin doit encore se botter l'arrière-train pour son occasion complètement loupée ! Cette fois-là, les diables n'ont pas bien joué, mais ils ont pu s'imposer dans le dernier quart d'heure grâce à une condition physique exemplaire, une technique supérieure et un jeu plus collectif.

Face à la Corée, qualification acquise et importants changements dans la composition de l'équipe ont fait que le match n'avait plus trop grande importance. L'adversaire ayant surtout songé à casser le jeu, aucun miracle n'était à attendre. Un match honorable, avec un résultat plus positif que la manière.

En huitième de finale face aux États-Unis, le spectateur a pu vibrer. Enfin ! Une rencontre très spectaculaire qui prouve une fois de plus que pour réussir un beau match, il faut que les deux équipes jouent le jeu. Le score final n'en fut pas moins serré que lors de rencontres précédentes, mais la manière – si l'on excepte les nombreuses occasions manquées – était cette fois plaisante et porteuse d'espoirs.

C'est face à l'Argentine que les Belges ont vraiment déçu (un peu à la manière des Français contre les Allemands, d'ailleurs). Un but rapidement encaissé en première mi-temps... et la messe fut dite : très professionnellement, l'équipe ayant ouvert le score a « fermé la boutique », laissant l'adversaire se briser les dents sur une défense bien organisée tout en n'osant pas trop se découvrir de crainte de prendre un second but lors d'une contre-attaque meurtrière.

C'est ce dernier match qui a laissé à nos joueurs un goût d'inachevé : ils restent persuadés d'avoir failli dans leur tâche, d'avoir déçu.

Cette réaction me semble positive s'ils ont la volonté de faire mieux la prochaine fois. Ils sont jeunes et talentueux alors, pourquoi pas ? D'autant que cette « prochaine fois », ce sera en France, lors de l'Euro 2016. Avec des Bleus jeunes et talentueux et qui, pour l'occasion, ne manqueront certainement pas d'ambition !

En attendant, la Coupe du Monde entre dans sa dernière ligne droite avec, toujours en suspens, cette question que tant de gens se posent depuis le début : « Qui perdra la finale face au Brésil ? »


Edit 9 juin 2014

Bon, quand j'avouais n'y rien connaître en football, je n'étais pas loin de la vérité. Qui, hormis un ignare dans mon genre, aurait pronostiqué la raclée du Brésil (7 buts à 1) face à l'Allemagne ?

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