jeudi 24 juillet 2014

La crise politique belge pour les cancres (7)

À présent que dans chacune des régions les gouvernements se forment et qu’au niveau fédéral les libéraux sont en passe de réaliser leur vieux fantasme consistant à diriger le pays en renvoyant les socialistes dans l’opposition, on pourrait croire que la crise politique belge est à peu près terminée, mais ce serait aller vite en besogne.

La crise n’est pas terminée. Elle marque tout simplement une pause et reprend son souffle avant de produire son effort en vue d’un retour tonitruant.

La dernière réforme de l’État ayant accordé aux régions des compétences accrues, le « centre de gravité » décisionnel (comme on l’entend souvent dire) s’est déplacé du fédéral vers les entités fédérées. Certes, les compétences budgétaires du gouvernement central restent importantes, mais la gestion des moyens financiers dégagés est de plus en plus confiée aux organes de pouvoir décentralisés.

Exclus du jeu en Wallonie et à Bruxelles, où la domination socialiste reste importante, les libéraux du MR avaient soif de revanche et, quitte à verser dans les pires compromissions, les voici prêts à s’associer au niveau national à leurs confrères flamands de l’OpenVLD (ce qui est logique) ainsi qu’au CD&V (ce qui n’a rien d’anormal non plus) et à la NVA (ce qui ne serait guère surprenant si Charles Michel, président du MR, n’avait pas annoncé avant les élections son refus de gouverner avec ladite NVA) ; tout cela dans un gouvernement non seulement de droite, mais aussi très « flamingant » puisque dans cette majorité, le sud du pays sera sous-représenté à un point tel qu’on n’hésite pas à la qualifier de « kamikaze ».

Si les libéraux agissent de la sorte, c’est parce qu’ils espéraient – à l’issue d’un scrutin qui s’annonçait favorable pour eux – pouvoir gouverner à Bruxelles et en Wallonie, ce qui ne sera pas le cas. En conséquence, et sous peine de déclencher une crise du pouvoir au sein du parti, il fallait faire quelque chose, quitte à renier sa parole. De toute façon, en politique, promettre ne veut pas dire tenir et un moment de honte est encore vite passé.

Il faut rappeler aussi qu’au fédéral, comme je l’avais évoqué dans ce précédent billet, la mise en place d’une majorité comme celle qui s’annonce paraissait problématique, d’une part en raison de son déséquilibre et d’autre part à cause du refus du CD&V et de la NVA d’ouvrir les négociations, pour le gouvernement flamand, à un OpenVLD exigeant d’être présent aux deux niveaux de pouvoir (régional et fédéral).

Nommé informateur, Charles Michel a débloqué la situation en convainquant ses interlocuteurs flamands d’associer leur famille libérale aux tractations. Il nous a ensuite expliqué qu’il était temps de mettre en place un gouvernement qui prenne ses responsabilités (au MR, on adore déclarer prendre ses responsabilités) en appliquant le programme socioéconomique indispensable à la sortie du pays de la crise, quitte à se passer d’une majorité côté francophone.

Toute honte bue, les libéraux du MR en sont donc arrivés là ; et de grands mots ont déjà été prononcés avec le plus grand sérieux, non sans dissimuler avec peine un petit sourire de triomphe : rigueur, réformes, compétitivité, programme socioéconomique.

Moi, quand j’entends des types de droite utiliser le mot « social » (et les préfixes qui en dérivent) dans des phrases qui laissent presque entendre qu’ils seraient à la fois les inventeurs et les défenseurs de la sécu, je m’estime en droit de m’interroger sur l’innocuité de leurs intentions !

Les mots ayant donc été prononcés avant même que le programme ne soit divulgué aux citoyens mangeurs de frites, voici un avant-goût de ce qui nous attend probablement dans les prochains mois – je n’oserais écrire « dans les prochaines années », car je doute fort que cette coalition « kamikaze » parvienne à souffler, à l’été 2015, la bougie de son premier anniversaire ! Kris Peters (CD&V), futur premier ministre, doit certainement redouter cette issue fatale puisque, pour tenter peut-être de conjurer le mauvais sort qui semble promis à son équipe, on l’a entendu dire qu’il ne renonçait pas à tenter d’embrigader in extremis les chrétiens démocrates humanistes francophones (CDH) dans sa galère qui tire exagérément sur tribord. Que Joëlle Milquet – qui s’est d’ailleurs empressée de trouver un emploi sécurisant au gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles – et les siens aient envie de faire partie de la chiourme, rien n’est cependant moins sûr !

Voici donc l’avant-goût du présumé « programme socioéconomique ».


Rigueur.

Oui, dans le clan libéral, on dit « rigueur » et « rigueur budgétaire ». On ne dit pas « austérité » parce que c’est mal perçu par la population et qu’on a déjà vu, ailleurs en Europe dans les pays en crise, que ça ne sert strictement à rien d’autre qu’à aggraver la situation.
« Rigueur », ça voudra donc dire « faire des économies ».

La première idée qui sera probablement appliquée bien qu’elle soit impopulaire ailleurs qu’au sein du patronat, c’est le « saut d’index ».
Voilà une vieille mesure typiquement libérale tellement simple à mettre en place quand les socialistes ne sont pas là qu’on se demande pourquoi on a gouverné pendant tant d’années sans y recourir ! Eh bien ! C’est justement parce que les socialistes étaient là !

Pour ceux qui ignorent ce que cela représente, rappelons qu’en Belgique les salaires sont liés à l’indice des prix à la consommation. Cela signifie que lorsque le prix moyen du « panier de la ménagère » (un ensemble de produits et services jugés indispensables) augmente, les salaires bénéficient à leur tour d’une hausse selon des modalités définies par des conventions collectives propres à chaque secteur d’activité.

Préparons-nous à un ou deux « sauts d’index », comme à la grande époque du gouvernement « Martens-Gol » (une majorité réunissant libéraux et sociaux-chrétiens au temps où la NVA n’existait pas et où le CD&V – qui s’appelait alors CVP – était le parti le plus puissant du pays), une majorité qui, après avoir sévi pendant les années 80, s’était effacée au profit de socialistes ayant mené leur campagne électorale sous le slogan « le retour du cœur » (tout un poème). À l’époque, le libéral Louis Michel (père de Charles, l’actuel président du MR) avait déclaré, amer, au soir de sa défaite, qu’on rappellerait les libéraux au pouvoir quand les caisses seraient vides.
Voici donc le retour des libéraux, de leur rigueur et de leur talent à remplir les caisses. Mais pas tant celles de l’État que celles du secteur privé. Et s’ils déclarent aujourd’hui qu’il n’est pas question de toucher au système de liaison des salaires à l’index, comme le demande le patronat, n’oublions pas que l’expression « pas question de » utilisée par le MR doit être accueillie avec scepticisme, puisqu’il n’était « pas question de » gouverner avec la NVA, par exemple.

Gageons que d’autres mesures seront prises visant à réduire les frais : contrôle accru des chômeurs, diminution des dépenses de la sécu, répression de la fraude fiscale.
En ce qui concerne cette dernière, je présume que nous aurons droit à une énième campagne d’amnistie fiscale qui permettra aux fraudeurs de longue durée ayant planqué leurs avoirs à l’étranger pour les soustraire à l’impôt de les rapatrier au pays dans des conditions idéales, sans payer d’amende et sans passer par la case « prison ». Comme nous l’expliquera Didier Reynders (MR), ce seront des moyens financiers supplémentaires qui rentreront chez nous et qui vaudront bien qu’on prenne la peine de fermer (une fois de plus) les yeux sur une nouvelle fournée de repentis retardataires (aux abois depuis que la Suisse n’est plus ce qu’elle était).

[Mode second degré ON]
Pour les chômeurs, il est grand temps de sévir. En effet, la Belgique présente cette tare presque mondialement unique de verser des allocations de chômage, pendant des années et presque sans contrôle, à des milliers de paresseux et de sous-diplômés qui profitent du système, surtout du côté wallon, au grand dam de Bart De Wever et de sa NVA. Cela doit cesser car, comme on le constate, dans les pays européens où il n’y a pas ou peu d’allocations de chômage et où, quand il y en a, elles sont très limitées dans le temps, cela va beaucoup mieux que chez nous. Il y a moins de chômeurs, de pauvreté et d’insécurité.
[Mode second degré OFF]

On en arrive donc au deuxième grand fantasme libéral : les réformes. Les lettres MR n’abrègent-elles pas « mouvement réformateur » ?


Réformes.

La majorité « kamikaze » va vraisemblablement vouloir réformer, outre certaines règles de droit aux allocations de chômage (et bien qu’au MR, on nous certifie qu’il n’est « pas question de » les limiter dans le temps), le système des pensions et prépensions.
Travailler plus pour gagner moins.
Allonger les carrières professionnelles permettra de réduire la durée des pensions, ce qui est logique puisque nous vivons de plus en plus vieux. Enfin, il paraît.
Mais il me semble qu’en nous faisant bosser plus longtemps, nous vieillirons et mourrons prématurément, surtout compte tenu des crasses qu’on nous fait avaler et que nous respirons ! (Et la gauche écologiste ayant été éjectée de tous les niveaux de pouvoir, ça ne va pas s’arranger.)

[Mode second degré ON]
Les chômeurs, il faudra aussi les mettre au travail au lieu de les payer à ne rien faire. Du boulot, il y en a. Il faut juste que le chômeur accepte de suivre une formation ou d’aller bosser loin de son domicile dans un patelin dont il ne parle pas la langue. Ce n’est quand même pas compliqué !
Pour cela, il faut évidemment des incitants dans le genre « coup de pied au cul » ou « c’est ça ou rien » ; tout refus d’un emploi « convenable » équivalant à une menace d’exclusion du droit aux allocations de chômage. Heureusement que la droite accède enfin au pouvoir pour mettre en place ces mesures de salubrité publique ! Et on peut compter sur le patronat, toujours empressé à rendre service, pour aider les libéraux à définir avec certitude ce qu’est un emploi « convenable ».
[Mode second degré OFF]

Un autre truc à réformer, c’est le système d’accueil des étrangers et des réfugiés politiques dans notre pays. On ne sait pas encore très bien comment on va faire, donc on évite d’évoquer clairement ce sujet délicat aux relents légèrement xénophobes, mais il faudra prendre des mesures. Il en va de notre sécurité.
Il faut d’ailleurs réformer la justice. Les malfrats au gnouf et pour longtemps ; et s’ils ne sont pas « de chez nous », autant les renvoyer « chez eux ». [J’aurais peut-être dû activer le mode second degré pour la phrase qui précède.]

Indispensable également : une réforme fiscale. Baisse des impôts directs, donc baisse des charges patronales. Dire aux travailleurs qu’ils vont toucher un salaire net un peu plus élevé, c’est les appâter. Ne pas leur dire que le manque à gagner qui s’ensuivra pour l’État devra être compensé par d’autres recettes indirectes ou par une baisse des dépenses, notamment en matière de sécurité sociale, c’est leur cacher une vérité moins reluisante.


L’emploi et la compétitivité des entreprises.

Voilà encore un refrain libéral : nos entreprises ne sont pas compétitives. Le travailleur coûte trop cher. Il faut réduire les charges patronales (donc les salaires). Voilà toute l’utilité des « sauts d’index » et de la « réforme fiscale » évoqués précédemment.

D’un autre côté, trop de jeunes sont au chômage et ne trouvent pas d’emploi parce qu’ils manquent d’expérience, alors que les travailleurs âgés qui, eux, ont l’expérience, coûtent trop cher et manquent de productivité. Il faut donc réaménager les « fins de carrière » et prendre des mesures pour l’accompagnement des jeunes vers leur premier emploi.

Par exemple, on diminue le temps de travail (et la paie) des quinquagénaires et on engage des jeunes en compensation (au salaire minimal avec allègement des charges patronales pour encourager l’entreprise à adopter le système), ce qui permettra de les former pendant un an avant de les rendre au chômage où, bien sûr, ils ne resteront pas longtemps puisqu’ils auront acquis de l’expérience.

[Mode second degré ON]
À condition bien sûr que les patrons engagent « pour de bon » au lieu de continuer à utiliser des petits vieux en fin de carrière (prolongée) et des jeunes diplômés en quête d’un premier emploi. Mais pourquoi en douter ? Tout le monde sait bien – et le passé l’a maintes fois démontré – que chaque mesure prise en vue de réduire les charges patronales a pour effet immédiat et enthousiasmant la création de dizaines de milliers d’emplois !
[Mode second degré OFF]


Et après ?

C’est la question qu’on se pose, évidemment ! Et on se la pose d’autant plus volontiers que le mot « après » risque d’être synonyme de « bientôt », tant ce gouvernement « kamikaze » paraît mal né et promis à une fin prématurée. Alors, combien de temps cela va-t-il durer ? À quand le prochain volet de la crise politique belge ?

Certains n’hésitent pas à dire que les libéraux francophones sont en position de force, puisque leur retrait de la coalition signerait sa perte ; mais cette vision des choses me semble exagérée puisqu’il en va de même pour chacun des partenaires de la nouvelle majorité.

Je crains plutôt que notre équipe de kamikazes ne soit là que le temps de donner au navire belge le coup de barre à droite qui satisferait les demandes les plus basiques du patronat, pour ensuite se retirer avec fracas, chacun des partenaires se déclarant irresponsable du fiasco. À la NVA, on dira qu’avec ces fichus francophones, ce n’est vraiment pas possible et que la Belgique est devenue ingouvernable.

Je demanderais bien l’asile politique quelque part, mais où ?
En Théorie, peut-être ?
Parce que tout le monde sait qu’en Théorie, tout va bien.

mardi 8 juillet 2014

Les Belges ont vraiment mal joué !

Maintenant qu'ils sont rentrés à la maison, je peux vous l'avouer : les Belges ont mal joué.
Je parle de notre équipe nationale de football, à la Coupe du Monde. Ils ont mal joué.

Ici, les gens ont été surpris. Les gens, ce sont les joyeux supporters qui avaient pendu des drapeaux aux fenêtres, décoré leurs voitures aux couleurs nationales et défilé dans les rues au son du klaxon. Ils attendaient le retour des diables rouges à Zaventem pour pouvoir les acclamer, puis leur réserver un accueil triomphal sur la Grand-Place de Bruxelles ; mais... rien de tout ça !

Les communiqués ne leur promettaient rien de tout ça, et c'est juste une paire d'heures avant l'atterrissage que les vedettes ont annoncé qu'ils accepteraient de saluer la foule avant de prendre leurs deux semaines de vacances.

Alors, ils sont venus et ils ont salué. Mollement. Brièvement.

Que s'est-il passé ?

Le bon peuple peine à comprendre, parce qu'ici, nous étions fiers d'avoir enfin des représentants en phase finale de la Coupe du Monde de football, ce qui ne s'était plus produit depuis douze ans !

On était contents de les avoir vus se qualifier brillamment (huit victoires et deux partages), décrocher une place enviable de tête de série, sortir de la phase de groupes en terminant à la première place, franchir les huitièmes de finale et n'échouer qu'en quart, face à une très efficace équipe d'Argentine. Alors, quoi ?

Disons-le tout net : ces messieurs sont gênés. C'est trop la honte. Ils espéraient mieux. Ils rentrent au pays avec le sentiment d'avoir failli. Un peu comme l'élève que ses parents entendent féliciter parce qu'il a réussi ses examens avec 70 % des points, mais qui fait la moue parce qu'il considère avoir bâclé l'ouvrage en n’en obtenant pas 80 !

Cela prouve deux choses : l'orgueil et l'ambition de ces joueurs qui restent persuadés d'avoir failli au moment crucial ; et la passion doublée d'indulgence qui a animé leurs supporters pendant toute cette campagne.

Avant que ne s'entament, dès ce soir, les demi-finales de la Coupe du Monde, j'aimerais livrer ici quelques observations...

En phase finale, il n'y a plus de « petites équipes », si on en juge par les scores souvent étriqués. En effet, les deux tiers des rencontres jouées se sont soldés soit par un partage (parfois jusqu'à la fin des prolongations), soit par une victoire par un seul but d'écart.
Tout le monde se défend bien, tous les pays tirent leur épingle du jeu. Il n'y a plus de « clients », de « petites nations du football » s'inclinant par quatre ou cinq buts d'écart. Les quelques raclées qui ont été administrées l'ont été à l'Espagne (tenante du titre !) et au Portugal (pourtant bien coté).

Ce nivellement n'est peut-être pas seulement dû à une amélioration des performances des pays les moins huppés ! Les grandes nations, celles qui recueillent les faveurs des pronostics, sont loin d'avoir convaincu ! C'est à se demander si ces cadors qui peinent à s'imposer n'arrivent pas en phase finale dans de piètres conditions : joueurs-vedettes épuisés par des championnats éprouvants, nervosité face à l'enjeu quand on a plus à perdre qu'à gagner, volonté d'en garder « sous la pédale » pour des matchs à priori plus compliqués...

Le football moderne est devenu très tactique et très physique. Souvent, l'équipe qui ouvre la marque s'impose au terme de la rencontre. La tendance est à fermer le jeu et à attendre l'erreur de l'adversaire. Y a-t-il trop d'argent en jeu ?

Les Belges ont peiné lors de leur première rencontre face à l'Algérie qui jouait la défense à tout crin et qui a eu la chance d'ouvrir rapidement la marque sur coup de réparation (leur seul tir cadré en 90 minutes) ! On a dit alors que les Belges jouaient mal, mais dans ces conditions, il était difficile de produire un jeu chatoyant. Ils ont pu néanmoins renverser la vapeur en fin de match, à force d'opiniâtreté et grâce à des remplacements judicieux.

Les Belges ont également peiné lors de leur seconde rencontre, les Russes pourtant obligés de réussir un bon résultat (ils n'avaient obtenu qu'un partage face à la Corée) se montrant à peine moins prudents que les Algériens. C'est sûr : Kokorin doit encore se botter l'arrière-train pour son occasion complètement loupée ! Cette fois-là, les diables n'ont pas bien joué, mais ils ont pu s'imposer dans le dernier quart d'heure grâce à une condition physique exemplaire, une technique supérieure et un jeu plus collectif.

Face à la Corée, qualification acquise et importants changements dans la composition de l'équipe ont fait que le match n'avait plus trop grande importance. L'adversaire ayant surtout songé à casser le jeu, aucun miracle n'était à attendre. Un match honorable, avec un résultat plus positif que la manière.

En huitième de finale face aux États-Unis, le spectateur a pu vibrer. Enfin ! Une rencontre très spectaculaire qui prouve une fois de plus que pour réussir un beau match, il faut que les deux équipes jouent le jeu. Le score final n'en fut pas moins serré que lors de rencontres précédentes, mais la manière – si l'on excepte les nombreuses occasions manquées – était cette fois plaisante et porteuse d'espoirs.

C'est face à l'Argentine que les Belges ont vraiment déçu (un peu à la manière des Français contre les Allemands, d'ailleurs). Un but rapidement encaissé en première mi-temps... et la messe fut dite : très professionnellement, l'équipe ayant ouvert le score a « fermé la boutique », laissant l'adversaire se briser les dents sur une défense bien organisée tout en n'osant pas trop se découvrir de crainte de prendre un second but lors d'une contre-attaque meurtrière.

C'est ce dernier match qui a laissé à nos joueurs un goût d'inachevé : ils restent persuadés d'avoir failli dans leur tâche, d'avoir déçu.

Cette réaction me semble positive s'ils ont la volonté de faire mieux la prochaine fois. Ils sont jeunes et talentueux alors, pourquoi pas ? D'autant que cette « prochaine fois », ce sera en France, lors de l'Euro 2016. Avec des Bleus jeunes et talentueux et qui, pour l'occasion, ne manqueront certainement pas d'ambition !

En attendant, la Coupe du Monde entre dans sa dernière ligne droite avec, toujours en suspens, cette question que tant de gens se posent depuis le début : « Qui perdra la finale face au Brésil ? »


Edit 9 juin 2014

Bon, quand j'avouais n'y rien connaître en football, je n'étais pas loin de la vérité. Qui, hormis un ignare dans mon genre, aurait pronostiqué la raclée du Brésil (7 buts à 1) face à l'Allemagne ?

jeudi 3 juillet 2014

Les Français jouent bien !

L'avantage de vivre dans un petit pays comme la Belgique, c'est que les frontières ne sont jamais bien loin et qu'il est relativement aisé de s'en aller vider un godet chez les voisins.
Je ne me suis pas privé d'aller vérifier qu'en France il existe aussi quelques cafés des sports, et j'en ai profité pour en rapporter quelques commentaires avisés échangés autour de quelques bons verres.

« Si on bat l'Allemagne, on est en finale ! »

J'avoue que cette prévision-là m'a un peu surpris. En toute honnêteté et sans la moindre parcelle d'esprit partisan, je dirais plutôt que si la France bat l'Allemagne, elle va en demi-finale. Pas en finale. À moins qu'il existe une subtilité du règlement qui précise que l'équipe qui bat la mannschaft en quart accède d'office à la finale sans passer par la case demi et sans toucher la prime ? Sinon, c'est faire quand même assez peu de cas du Brésil et de la Colombie ; mais là, je suis déjà moins objectif. N'empêche que, si j'en crois les commentaires, le Brésil joue mal. Un peu comme les Belges, en quelque sorte : il joue mal mais il gagne.

Je dois avouer qu'au café des sports, certains ont des avis bien tranchés sur la question de l'équilibre des forces entre la France et l'Allemagne :

« L'Allemagne magique, belle et puissante, gagnera toujours contre la France sauf à la belote. »

C'est peut-être vrai, mais je n'en suis pas convaincu. Et de ce qui suit, encore moins, bien que ça détienne également le mérite de présenter la chose sous un aspect humoristique :

« Les Français, pour battre les Allemands il vous faut comme toujours un coup de main des Anglais, des Américains et des Russes. »

Je ne suis pas sûr que celui qui a dit ça soit bien un Français... mais de toute façon c'est mal barré, puisque tant les Anglais que les Russes avaient déjà bouclé leurs valises depuis belle lurette, et que si les Américains n'en ont pas encore fait autant, c'est parce qu'ils ont réservé leur hôtel jusqu'au lendemain de la finale.

Un aspect que la clientèle du café des sports semble ne pas négliger, c'est le devoir d'honorer la mémoire d'Émile Coué et de sa célèbre méthode :

« La France gagnera demain, peut-être dans quatre ans les Allemands »

« On va les faire rouler dans la farine. Oui, Monsieur ! »

« Le facteur déterminant sera la condition physique. La différence se fera dans les vingt dernières minutes du match : l'équipe la plus en forme gagnera. Et je pense que la France est au top physiquement. »

J'ai retenu aussi certains avis un peu curieux, comme celui-ci :

« Pour battre le Brésil à la régulière il ne reste plus que deux pays voire trois : la France et l'Argentine, avec un bémol pour les Pays-Bas. »

J'ai peur de comprendre : il y aurait donc des équipes qui ne jouent pas à la régulière ? Les Allemands, les Belges, les Colombiens, les Costa-Ricains (et avec un bémol les Pays-Bas) seraient donc des tricheurs ?

Comment se débrouilleraient-ils pour ne pas gagner à la régulière ? Soudoyer l'arbitre ou leurs adversaires ? Verser de la mort-aux-rats dans leurs bidons de flotte ? Envoyer des ninjas les terroriser la nuit à l'hôtel ou charger la mafia de leur promettre les pires sévices en cas de victoire malencontreuse ? Ou en continuant à jouer mal, peut-être ?

Ce qui suit est aussi un peu troublant...

« C'est fini, cette belle équipe d'Allemagne. Aujourd'hui, il n'y a plus (ou presque plus) de vrais Allemands, voilà pourquoi ils ne gagneront rien. »

La race aryenne se perdrait-elle ? Un autre intervenant s'est empressé de remettre l'église au milieu du village :

« C'est sûr que Lahm, Neuer, Schweinsteiger, Müller, Kroos, Mertesacker, Hummels, Schürrle, Götze, Höwedes, Draxler, Grosskreutz, Weidenfeller, Zieler, Ginter, Kramer, Durm... ça ne sonne pas allemand. »

Ouf ! J'ai eu peur.
En effet. C'est bien typiquement allemand, tout ça.

Heureusement que ce sont les Français qui vont se taper la corvée d'affronter la mannschaft et de l'éliminer ! Nous, on n'aura affaire qu'à l'Argentine.

mercredi 2 juillet 2014

Les Belges jouent encore mal !

Je ne parle pas de la partie d'échecs qui se joue en ce moment et qui durera encore longtemps si les adversaires continuent à s'accorder des temps de réflexion excessifs sans que l'arbitre moufte.
Non, je ne parle pas de ces pseudotentatives d'essais de formation d'un éventuel gouvernement fédéral, non ! Je parle de notre équipe nationale de football dont nous devrions avoir honte tant elle est pénible à voir lors de cette phase finale de Coupe du Monde se déroulant au Brésil.

Comme je l'écrivais il y a quelques jours à peine, je n'y connais rien, mais il me semblait que cette fois, on avait quand même fait honneur à notre statut de « tête de série », en éliminant les États-Unis (et même que notre Élio Di Rupo avait parié une caisse de bière qu'on y arriverait mais que Barack Obama n'a pas osé tenir), mais pas du tout, comme me l'a fort justement expliqué un des spécialistes que j'ai rencontrés au café des sports, chope mousseuse et embuée à la main.

— C'est pas encore ça, hein !
— Quand même ! ai-je répliqué. Le gardien de but américain a fait le match du siècle, parce que sans ça...

Mon interlocuteur a reniflé, dédaigneux.

— Peuh ! Ouais, il a arrêté des tirs, mais quels tirs ? Une trentaine, la plupart en plein sur lui, c'était bonnard, il pouvait pas se louper. Si tu veux mon avis, les Belges ont été maladroits.
— Ils ont bien joué.
— Seize coups de coin. Seize ! Et pas une seule reprise de la tête ou du pied cadrée dans l'enchaînement !
— Ils ont dominé tout le match. Une seule équipe sur le terrain, ou presque. Ils ont vachement bien joué, même si la conclusion manquait un peu.
— Dominer, ça sert à rien. Bien jouer, ça sert à rien. C'est les buts qui comptent. C'est le Mondial, mon gars. Peu importe la manière, il faut gagner. Et pas après cent vingt minutes, quand on domine comme ça. Au bout d'une heure, le match aurait dû être plié.

Je me suis remémoré la conversation lors de mon précédent passage au café. Il y était question du triste spectacle offert par les diables rouges lors de leurs trois matchs éliminatoires soldés par de piteuses victoires, sans panache, sans saveur et par un seul but d'écart, contre l'Algérie, la Russie et la Corée.

Et je me suis dit : un but à zéro ou deux buts à un, ça ne fait en effet qu'un écart d'un but, mais c'est une victoire, en jouant bien comme en jouant mal.

Contre les États-Unis, l'équipe belge aurait pu empiler quelques buts, mais aussi en prendre deux ou trois. Nous aurions eu un score digne d'un set de tennis : six à deux ou six à trois.

Est-ce que ça aurait changé quelque chose ?

Pour le mec du café des sports, sûrement ! Il nous aurait sûrement reproché d'en avoir encaissé trois.

En tout cas, moi, j'aime toujours bien quand les Belges jouent mal.