Voilà déjà deux ans déjà que je
proposais sur mon blog cet article vous entretenant des pièges de l'édition. Le moment me semble venu d'y ajouter un second chapitre,
car les questions restent nombreuses dans un monde qui évolue à
grande vitesse.
Ami auteur, toi qui cherches un
éditeur, tu pourrais être tenté par les propositions alléchantes
que te feront certains individus prompts à saisir la moindre
occasion de profiter de ta naïveté ou de ton inexpérience.
Dans mon précédent article, je
n'avais pas abordé l'aspect « numérique » de
l'édition : les formats e-pub et consorts. En effet, il est
très à la mode, dans certains milieux, de déclarer péremptoirement
que « le livre est mort » ou, plus raisonnablement, que
« le téléchargement, c'est l'avenir ». Aujourd'hui, les
biens que l'on acquiert sont souvent éphémères : on télécharge, on copie, on échange ; et quand on est lassé, on
supprime, on efface, on oublie.
Tout le monde n'a pas envie de stocker
des bouquins dans une bibliothèque, dans des cartons, dans une cave
ou un grenier dans le but – bien hypothétique – de les relire un
jour ou de les céder à quelqu'un d'autre, gracieusement ou non.
Il peut donc être tentant, surtout
pour ceux qui désirent vivre avec leur temps, de se contenter d'un
fichier numérique acquis à peu de frais et qui sera supprimé après
consommation.
Ami auteur, tu trouveras sur Internet
des éditeurs qui racolent de « nouveaux talents ». Sache
que ces éditeurs ne sont pas sérieux. Un éditeur sérieux ne court
pas derrière les auteurs, ce sont les auteurs qui le sollicitent (et
qu'il envoie poliment promener dans presque tous les cas). Sur
Internet, tu trouveras des « éditeurs » du genre de
celui que Stoni appelle « Pourrito ». Si tu ne l'as pas
déjà fait, va lire sur son blog cet article intéressant où il
t'explique pourquoi certains soi-disant éditeurs sont pourris.
Parmi ceux-là, il en est qui te
proposeront de t'éditer sur papier, mais il en est d'autres qui se
feront forts de te diffuser sous format numérique. Ton roman
téléchargeable sera référencé sur les sites de vente en ligne...
et tout le laïus coutumier.
Libre à toi de considérer que le
téléchargement, c'est l'avenir, mais laisse-moi t'expliquer
pourquoi ces éditeurs-là sont pourris...
Ils vont t'offrir un contrat où tu
touches 30, 40, 50 % (!) de droit d'auteur sur le prix de vente
de chaque exemplaire téléchargé. C'est vrai qu'un tel pourcentage,
comparé aux 10 % que te laissent les éditeurs traditionnels
pas trop pingres, ça peut sembler beaucoup ; mais 10 % de
20 € ou 40 % de 5 €, c'est kif-kif bourricot !
Ben oui : imprimer, distribuer, gérer des stocks... ça coûte
de l'argent. Les livres « papier » sont donc vendus
beaucoup plus cher que les fichiers téléchargeables.
Tu vois déjà, cher auteur, que la
différence de prix de vente compense celle du pourcentage de tes
droits.
Autre chose que tu comprendras
facilement, c'est que pour imprimer ton livre, l'éditeur doit
réaliser un fichier numérique tip-top qu'il transmettra à
l'imprimeur quand tu auras signé le « bon à tirer » ;
tandis que ton éditeur « numérique » se contentera de
ton fichier qu'il rectifiera peut-être un peu pour obtenir une
présentation correcte avant de le proposer à la vente en
téléchargement.
Alors que l'éditeur traditionnel
engagera de l'argent, ton éditeur pourri ne dépensera que des
broutilles. Pour rentrer dans ses frais d'impression d'un ou deux
milliers d'exemplaires, le premier consentira des efforts pour vendre
le livre, le mettre en étalage chez les libraires... tandis que le
second ne fera rien. Il se contentera d'encaisser 100 % du prix
des éventuels téléchargements.
Et comme ça ne lui coûte quasi rien,
il s'arrangera pour faire signer un grand nombre de pigeons :
comme cela, chaque téléchargement lui rapportera du fric. Et sois
sûr qu'il s'abstiendra de t'informer du nombre de ventes réalisées.
Et si par un heureux hasard –
probablement parce que tu auras fait de ton côté des efforts pour
promouvoir ta prose – ton roman fait « le buzz », ton
éditeur pourri se fera un plaisir de te rappeler les termes du
contrat que tu as conclu avec lui et par lequel il te dépouille de
l'essentiel de tes droits.
Alors, cher auteur, si tu veux vraiment
que ton roman soit diffusé sous format numérique, fais-le toi-même.
Crée ton blog, parles-en sur les réseaux sociaux, propose en
lecture les premiers chapitres et demande qu'on te contacte par MP
pour connaître la suite. Même en réclamant un modeste euro contre
l'envoi du fichier numérique complet, tu seras encore gagnant par
rapport à ce que te rapporterait un éditeur pourri.